Il y a trois mois, Paul Saint Bris remportait la 15e édition du Prix Orange du Livre avec L’allègement des vernis (éditions Philippe Rey). Le jury présidé par Jean-Christophe Rufin récompensait ainsi un premier roman magistral imaginant la restauration controversée de la Joconde. Aujourd’hui, Paul Saint Bris vous fait entrer dans son univers littéraire en partageant ses dix livres indispensables…
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Les 10 romans indispensables de la bibliothèque de Paul Saint Bris
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Le monde d'hier de Stefan Zweig
Zweig fait le constat d’un monde au bord de la disparition, le sien, celui qu’il a connu de la paisible et romantique Vienne avant le chaos des grands évènements du XXe siècle. Puissamment nostalgique, mais pas seulement, comme le montre le regard bienveillant qu’il porte sur la jeunesse et l’assouplissement des mœurs, il relate aussi la naissance de sa vocation et l’émulation intellectuelle qui régnait en Europe ces années-là.
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Les années de Annie Ernaux
Encore un livre sur le temps qui passe. Avec une acuité extraordinaire et une certaine ambition, Annie Ernaux concentre ici le parfum du temps dans les grands mouvements de l’époque comme dans ses plus petites manifestations : les modes, les évolutions sociétales, les progrès, ce qu’on perd et ce qu’on gagne… En chroniquant méthodiquement ce qui fait l’essence des ans, elle scrute avec finesse sa condition de femme et donne à son autobiographie une portée universelle.
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La possibilité d'une île de Michel Houellebecq
À la fois satire contemporaine et roman d’anticipation, La possibilité d’une île raconte d’un côté l’existence médiocre d’un humoriste obsédé et désillusionné, et de l’autre la lecture que font de sa vie ses clones successifs. Isolés dans un bunker dans un monde effondré, ils auscultent les écrits de Daniel 1, leur original génétique, à la recherche de ce qu’ils ne peuvent plus éprouver : la joie, la tristesse, l’amour… Par effet de contraste, Houellebecq fait jaillir de la fange une beauté rare, une poésie éblouissante comme si demeurait toujours au pire de la condition humaine la possibilité d’une rédemption.
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Les bienveillantes de Jonathan Littell
Œuvre sulfureuse et hallucinée qui nous entraîne dans les rouages machiavéliques de la machinerie nazie. On suit l’implacable progression du zélé Maximilien Aue, officier SS aussi brillant que psychopathe, dans les théâtres du mal, des plaines ukrainiennes, jusqu’aux camps de la mort, en passant par l’enfer de Stalingrad. Extrêmement documentée, cette lecture éprouvante ne peut laisser indemne. Bravant l’interdit qui pèse sur la représentation de l’Holocauste, elle m’a fait prendre conscience, comme aucun manuel d’histoire, de l’horreur absolue de la Shoah par balles.
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L'Amant de Marguerite Duras
Dans son style inimitable, Duras revient sur son adolescence en Indochine et son aventure avec un riche chinois de douze ans son ainé dans la torpeur de Saigon. Elle interroge l'éveil du désir chez la jeune fille qu’elle était, mais rend aussi compte de la condition du colon pauvre. Sensuel, atmosphérique et profond, indéniablement son chef-d’œuvre.
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Le royaume de Emmanuel Carrère
Carrère questionne sa foi et remonte les origines du christianisme dans les pas de Saint Paul. À se demander ce qu’il en aurait été du sort de la religion sans le tempérament fougueux de Paul de Tarse et sa volonté d'ouvrir la chrétienté aux païens. L’auteur mêle à ce récit ses crises de doutes et ses expériences personnelles, dans une recette dont lui seul a le secret. Passionnant, érudit et sensible.
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Comme un ciel en nous de Jakuta Alikavazovic
Très beau texte de la collection Ma nuit au musée qui relate la nuit que l'autrice a passée au Louvre à la recherche de la figure de son père. Celui-ci avait coutume de lui demander : « Et toi, comment t’y prendrais-tu pour voler La Joconde ? » C’est merveilleux ce qu’elle dit sur l’intégration, sur la langue, sur la transmission, sur ce qu’on prétend être. C’est aussi un livre qui à certains endroits résonne avec le mien, notamment quand il interroge la relation aux œuvres.
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Mrs Dalloway de Virginia Woolf
Il est difficile d’exprimer l’attrait que provoque cette plongée dans la psyché d’une Anglaise de la haute société de l’entre-deux-guerres. La préparation d’une fête, sa condition de femme, ses espoirs, ses appréhensions, ses regrets, on déambule dans son monde intérieur, dans l’intimité de sa conscience, emmené par une langue virevoltante et serpentine qui peu à peu nous envoûte.
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L'Instant précis où Monet entre dans l'atelier de Jean-Philippe Toussaint
Dans ce très court livre à l’écriture ciselée, Jean-Philippe Toussaint entrevoit les dernières années du peintre. Il écrit que Monet met toute son énergie non pas à terminer les Nymphéas, mais à poursuivre leur inachèvement. Finir les Nymphéas c’est accepter la mort, c’est consentir à disparaitre. Évidemment, je pense à Léonard qui est aussi un peintre de l’inachevé.
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La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr
Livre gigogne, qui ouvre des trappes sur des profondeurs vertigineuses, livre labyrinthique et méta qui nous emmène à la poursuite d’un mystérieux manuscrit de Paris en Argentine, jusqu’au Sénégal, et ceci sur un siècle. À la fois lumineux et cryptique, parcouru d’un souffle magique, c’est ce texte libre et ambitieux qui m’a donné envie d’envoyer mon manuscrit à son courageux éditeur, Philippe Rey.
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Très bonne sélection, un choix très bien est connu ,un grand plaisir de lecture merci beaucoup
Bonjour, merci pour ces conseils de lecture je les note !