Ces moments d'échange avec les auteurs du moment sont disponibles en replay
Ces moments d'échange avec les auteurs du moment sont disponibles en replay
Aux Correspondances de Manosque, l'auteur du splendide "Héritage" nous explique sa fresque familiale
Quand Miguel Bonnefoy répond aux questions des lecteurs pour "Sucre noir" (Rivages)
Au début du XXème siècle à Maracaibo, un nouveau-né de trois jours est abandonné sur les marches d’une église dans une rue qui, plus tard, portera son nom. Il est recueilli par une mendiante Teresa la muette qui au départ le garde voyant qu’il attendrit les passants qui remplissent son escarcelle, ensuite cela se transforme ensuite en un tendre attachement. Cet enfant de la misère qui fabriqua des cigarettes, fut portefaix, homme à tout faire dans une maison clause, barman entre autres deviendra l’un des pères de la médecine vénézuélienne. Il passa les dix dernières année de sa vie à fonder l’université de Maracaibo et en devint le recteur. Il épouse Ana Maria qui sera la première femme médecin et gynécologue de l’état de Zulia et ouvrira aux femmes les portes de grandes écoles de la régions.
Ce livre retrace une saga familiale vibrante aux personnages inoubliables, fortement inspirée de celle de la famille de l’auteur tout en offrant une peinture du XXème siècle du Venezuela depuis la découverte du pétrole jusqu’à la dictature, où, adossée au destin de cette nation, chaque génération porte en elle un rêve, un rêve de jaguar.
Un récit flamboyant tout comme le sont ses personnages, qui, une fois le livre refermé, nous accompagnent encore.
Ma chronique : "Dans toute portée de chats il y a un jaguar".
Depuis que j'ai découvert "sucre noir" de Miguel Bonnefoy, je dévore tous ses romans. Oui ses ouvrages se dévorent tant ils sont flamboyants, tant les personnages sont pittoresques, tant la poésie est sublimée par l'exotisme ambiant. D'autres lecteurs le disent encore mieux que moi " Ses romans ne se résument pas, ils se dévorent avec gourmandise" .
Une fois de plus, il nous prouve son talent de conteur en signant une épopée resplendissante sur plusieurs générations qui s'intègre avec l'histoire de sa famille maternelle et du Venezuela.
Antonio est un enfant trouvé sur les marches d'une église, sauvé et élevé par la "muette", une mendiante. Rien ne laissait supposer l'incroyable destinée du jeune garçon.
A peine sorti de l'enfance, il travaille, d'abord pour un piroguier puis dans l'industrie pétrolière qui se développe au Venezuela.
Adolescent, il est barman dans un lupanar. Parmi les clients, il rencontre Elias, marin extravagant chercheur d'or et d'épaves, "mélange de gitan sévillan et de Lord anglais". Cette rencontre change la vie d'Antonio. Il est envoyé chez le frère du marin, dans une famille nombreuse où régnait un chahut magnifique.
Il étudie. Il sera médecin, comme Anna Maria, sa femme, pour qui il écrit un cahier de mille histoires d'amour.
Dans cette histoire qui flirte avec l'imaginaire des personnages hauts en couleurs évoluent autour de la statue de Simon Bolivar, des puits de pétrole et des champs de magnolias.
Vous croiserez des prostituées, un pêcheur et un pingouin sur une plage des Caraïbes, un autre pingouin en or, une gitane argentine, la tante Zina, une syrienne passionnée de cinéma français, des malfrats, des chamanes qui parle la langue de la pluie, des dictateurs et des révolutionnaires.
Mais surtout autour d'Antonio et de Anna Maria, il y a Eva Rosa, une beauté tropicale aux amours clandestines, Chinco, typographe syndicaliste luttant contre la dictature de Juan Vicente Gomez, leur fille et leur petit-fils dont les destins se jouent sur un autre continent.
Suivez ce roman au charme fou, où l'on retrouve l'extravagance des auteurs d'Amérique latine, ce mélange de fantaisie, de violence et de résistance.
J’ai eu le plaisir, cette année, d’être retenu comme membre du jury du Prix Landerneau des lecteurs 2024 et je vais essayer de vous retranscrire mes avis sur les quatre titres proposés : 1- « Le rêve du jaguar » Miguel Bonnefoy (Editions Rivages), 2- « Houris » de Kamel Daoud (Editions Gallimard, 3- « Badjens » de Delphine Minoui (Editions Seuil), 4- « Cabane » d’Abel Quentin (Editions de l’Observatoire). Premier constat, c’est ma première approche de ces écrivains et je n’ai, donc, pas d’à priori, c’est une bonne chose. Deuxièmement par souci de neutralité, sans tenir compte d’un quelconque intérêt, j’ai décidé d’enchainer les lectures par ordre alphabétique des noms d’auteurs.
Aujourd’hui je vais donc vous faire mon retour de lecture sur le roman de Miguel Bonnefoy « Le rêve du jaguar ». Joli moment de lecture, sans toutefois porter un jugement aussi dithyrambique que certains billets déposés sur ce site, je mettrai donc 4 étoiles.
Une profusion d’adjectifs me vient pour définir ma lecture, positive, enthousiasmante, foisonnante, exubérante, luxuriante comme une forêt vénézuélienne ; peut-être à l’accès, en étant sévère, on étouffe parfois sous la moiteur du récit, la profusion de personnages qui traversent l’histoire et les références historiques, géographiques, ethnologiques ou autres. Néanmoins, l’écriture de Miguel Bonnefoy coule avec la limpidité de l’eau descendue d’un torrent de montagne.
Nous nous trouvons donc au Venezuela, en cette première moitié du XXème siècle. Antonio est mal parti dans la vie, abandonné sur les marches d’une église au bord du lac de Maracaibo. Il ne doit sa survie qu’à une pauvre mendiante « la muette Teresa ». Elle le recueille, non pas par charité, mais tout simplement parce qu’elle s’aperçoit qu’il lui rapporte quelques piécettes de plus lors de ses quêtes. Toutefois avec le temps elle s’attendrit et l’élève dans son environnement misérable.
Arrivé à l’adolescence, Antonio fera preuve de débrouillardise pour gagner sa vie, alternant toutes sortes de petits boulots. Au détour d’une rencontre, il fait la connaissance d’Elias, un baroudeur, un aventurier, qui prit d’une envie de fumer sort de sa poche une machine à rouler les cigarettes, bien caractéristique. Nul doute, le même objet que celui glissé dans ses langes lors de son abandon. Les dés ont tourné, le géniteur prit de remords, lui remet une enveloppe pleine de billets pour subvenir à sa scolarité et lui indique l’adresse de son frère, l’oncle d’Antonio, chez lequel il pourra s’installer.
Quand le destin s’emmêle de façon positive, il ne faut pas le snober. Le jeune Antonio l’a bien compris et s’applique dans ses études pendant lesquelles il rencontrera Ana Maria, sa future épouse. Une vie riche d’évènements attend notre couple, qui les mènera jusqu’à de hautes fonctions.
De ce couple, pierre angulaire de cette saga familiale, nous volerons de feuille en feuille de l’arbre généalogique dans des aventures colorées, tristes ou gaies au gré des soubresauts de cette nation bigarrée. Jusqu’à Cristobal, dernier maillon de la chaine, qui veut devenir écrivain. Fou amoureux de ce pays, il veut relater cette histoire singulière et nous comprenons, alors, avec émotion que c’est un peu l’histoire de sa propre famille que nous venons de parcourir.
Lire Miguel Bonnefoy c'est la certitude de faire un voyage extraordinaire en Amérique du Sud, d'y vivre des aventures hors normes, le tout parsemé d'une pointe de réalisme magique. le dernier roman de l'auteur franco-vénézuélien, le rêve du jaguar (Payot et Rivages) réunit tous ces ingrédients et comme à l'accoutumée, ça fonctionne à merveille.
Le rêve du jaguar est avant tout une saga familiale, inspirée de la lignée maternelle de l'auteur. le récit s'étire sur trois générations et se mêle à l'Histoire du Venezuela. Il commence sur les marches d'une église où un bébé de trois jours y a été abandonné et se termine lors d'une cérémonie officielle. de la rue à la plaque de rue il n'y a qu'un nom, celui d'Antonio Borjas Romero, l'homme aux mille vies et aux mille récits d'amour. Cet homme d'exception a exercé toutes sortes de métiers avant d'accéder à l'instruction. Ce changement de paradigme et sa détermination lui permettront de conquérir le coeur de la plus inaccessible des jeunes filles. Ensemble, ils seront de tous les combats. Ils lutteront contre la dictature du pouvoir en place, se battront pour défendre les droits des plus fragiles et rendre l'instruction accessible au plus grand nombre.
Outre ces êtres d'exception, dans le rêve du jaguar on croise un pingouin originaire du pôle qui aurait nagé jusqu'aux eaux tropicales, une tara noire annonciatrice de la mort, un papillon géant qui n'apparaît que dans les songes, un jaguar enfanté par une chatte, on entend les râles caverneux d'un mort qui hante la maison dont les meubles sont sculptés de méduses et tant d'autres étrangetés qui nous ouvrent avec émerveillement au réalisme magique fermement revendiqué par Miguel Bonnefoy.
Heureusement que ce dernier a navigué dans la sève de son arbre familial comme on remonte le fleuve du passé, qu'il a trouvé la souche du rêve du jaguar, qu'il a expliqué le cahier des mille histoires d'amour, qu'il a décrit les paysages irréels de Pela el Ojo, qu'il a gravi le talus des songes, qu'il a bu à la racine, a pris son stylo et s'est mis à écrire le rêve du jaguar. En partageant le destin de son grand-père et sa grand-mère exceptionnels, mythiques, à l'origine de tant d'avancées sociales et économiques, Miguel Bonnefoy nous régale d'une épopée flamboyante d'un enfant abandonné au troisième jour de sa vie sur les marches d'une église d'une rue qui aujourd'hui porte son nom. C'est un merveilleux conteur à la plume poétique qui nous embarque pour un voyage hors du temps. Un conseil, ne passez pas à côté de ce jaguar d'une puissance hors norme !
https://the-fab-blog.blogspot.com/2024/09/mon-avis-sur-le-reve-du-jaguar-de.html
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Rendez-vous le mercredi 16 octobre à 19h sur le site « Un endroit où aller »
En 2024, ces auteurs et autrices nous émerveillent plus que jamais !
Des livres documentaires passionnants et ludiques pour les 7 à 11 ans
Ce road-movie intimiste est l'une des BD à ne pas manquer en cette rentrée