"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Au mois de décembre 2014, il m'a été permis de prendre part à une expédition au Venezuela, dans l'État de Bolívar, plus précisément dans la municipalité de la Gran Sabana, pour y écrire un livre. Il était question de gravir la montagne de l'Auyantepuy, de la traverser et de la redescendre en rappel par la gorge du Diable, où se situe la cascade la plus haute du monde, le Kerepakupai Venà. Nous avons vécu pendant quinze jours au milieu d'un paysage fait de torrents et de marécages, de bois serrés et pluvieux, dans la chaleur épaisse des forêts équatoriales. Nous étions quatorze hommes.
Avant le départ, je lus tout ce que je trouvais sur le sujet. Du vieux manuscrit jusqu'au traité de biodiversité, je m'enfermai dans des bibliothèques et des librairies, je rencontrai des archéologues et des géographes, des journalistes spécialisés dans les exploitations minières et des poètes de Ciudad Guayana. J'abattis le travail de plusieurs hommes pour dresser une monographie régionale de la Gran Sabana. Je dois confesser ici que, lorsque je posai le premier pied dans la jungle, je compris que mon effort avait été vain. Toutes les pages des bibliothèques ne peuvent rien devant l'architecture d'une fleur." Miguel Bonnefoy
L'auteur raconte son voyage au Vénézuela. Plus qu'un voyage, il s'agit d'une réelle aventure puisqu'avec quelques hommes, il a eu l'occasion de s'enfoncer dans la jungle, de gravir la montagne et de descendre en rappel le long d'une chute d'eau extravagante. Ce fut épuisant mais aussi grandiose. Problème, les mots ne sortaient pas. Il était incapable de remplir son carnet, et même la parole entre les hommes était rare. Partout, la nature explose aux yeux de l'homme.
Heureusement pour nous, Miguel Bonnefoy est sorti indemne de cette expédition et les mots qu'il sait admirablement utiliser sont venus, pour notre plus grand plaisir.
En septembre 2017, peu de temps avant de quitter Paris, j'avais reçu en cadeau de Babelio Sucre noir de Miguel Bonnefoy, et j'avais été invitée à rencontrer l'auteur chez son éditeur, rivages.
A cette occasion, on nous avait offert le précédent opus de l'auteur, Jungle, un récit de voyage au travers de la forêt amazonienne.
Lors d'une recherche dans mes Billy, j'ai retrouvé cet ouvrage au mois d'août... Et hop une nationalité de plus dans mes lectures de 2020.
Au sud-est du Venezuela, en pleine forêt se dresse une montagne de 2000 m d'altitude, qu'on atteint après une marche épuisante dans la jungle, et qu'on ne peut redescendre qu'en rappel avec une nuit accroché entre ciel et terre !
Miguel Bonnefoy y a accompagné une expédition qui relevait le terrain avant de proposer ce voyage extrême à des touristes amateurs.
Dans une langue riche, il décrit à merveille la flore et la faune rencontrée, les campements rustiques, dans le bruit d'animaux qui fourragent la terre à deux pas d'eux, les chenilles immenses, l'ombre des arbres, si épaisse que le soleil ne peut la transpercer ...
Et la peur qui m'étreint, le paralyse presque lors de la descente en rappel ...
Je sais que je ne ferai jamais ce voyage, mais en lisant ce récit, j'ai vraiment eu l'impression de cheminer avec ces hommes ...
Miguel Bonnefoy raconte en 120 pages un trek qu'il a fait dans la jungle du Vénézuela avec comme objectif la descente en rappel le long du Salto del Angel, plus haute cascade au monde (plus de 900 mètres).
Ce qui est intéressant c'est que ce livre est écrit par un écrivain qui n'y connaît rien à la jungle et encore moins à la descente en rappel!
Il accompagne des aventuriers aguerris, des porteurs indiens et découvre ce monde hors du temps qu'est la jungle. Souvent naïf, l'auteur vit ce moment un passage dans sa vie. Un passage où il est initié à un autre monde que le sien - la forêt tropicale - qui pourtant fait partie de son pays. Il y fait part de ses doutes,ses peurs, et souvent se moque un peu de lui-même. Tout cela pour arriver à la fin du livre où il comprend qu'il n'est pas revenu indemne de ce voyage. Un livre très agréable à lire, qu'on aime ou non les espaces sauvages.
Le dernier texte de Miguel Bonnefoy, à la plume envoûtante et d'une étonnante maturité, n'est pas qu'un simple récit de voyage fleurant bon l'exotisme, qui nous emmène à sa suite au cœur d'une expédition sur les "tepuys" vénézuéliens, ces plateaux montagneux bordés de tous côtés d'abruptes falaises et qui abritent une flore et une faune endémiques dont ils gardent jalousement l'accès... Il y a bien sûr les sensations, les parfums, l'enivrement qu'offre cette nature profuse, attachante quoique hostile, et cette rencontre avec soi-même que constitue ce type d'aventure hors du commun ; mais le travail d'écriture imprègne en permanence les pensées et le journal de voyage de l'auteur, qui s'interroge sur le sens des mots face à la beauté indescriptible du monde et ses mystères comme autant d'éblouissements. De quoi faire regretter une quatrième de couverture plutôt indigente, en forme de recette de cuisine, qui fait bien peu d'honneur à la prose si joliment ouvragée de Bonnefoy. Car ce qu'écrit ce si jeune et talentueux auteur, c'est tout sauf de la tambouille !...
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