Membre du jury du Prix Orange du Livre 2021, la romancière vous recommande 10 lectures essentielles
Une prodigieuse saga familiale, pleine de magie et de passion, qui confirme le talent de Miguel Bonnefoy pour mêler les trajectoires intimes à la grande histoire. Des coteaux du Jura jusqu'aux geôles de Pinochet, des tranchées de la Somme jusqu'au ciel britannique déchiré par les Messerschmitt, la famille Lonsonier a traversé le XXe siècle avec fougue, et y a laissé quelques plumes... Mais de Lazare le poilu chilien et de sa dulcinée Thérèse amoureuse des êtres ailés, de Margot l'aviatrice intrépide et d'Ilario Da son fils révolté, on retient surtout l'incoercible force de vie. Ces drôles d'oiseaux migrateurs, pris tour à tour dans l'oeil du cyclone, ne cessent de voler vers leur destin, d'un côté à l'autre de l'Atlantique, avec pour tout viatique la légende mystérieuse d'un oncle disparu...
Membre du jury du Prix Orange du Livre 2021, la romancière vous recommande 10 lectures essentielles
Aux Correspondances de Manosque, l'auteur du splendide "Héritage" nous explique sa fresque familiale
Miguel Bonnefoy est un des auteurs que j’ai repérés depuis un certain temps mais que je n’avais pas eu l’opportunité de lire jusqu’ici : « Héritage », son dernier roman, a été l’occasion de le découvrir…et ce ne sera sans doute pas le dernier que je lirai de cet écrivain.
C’est une saga familiale sur quatre générations qui est racontée dans ce livre. A l’origine de cette tribu chilienne, un jeune viticulteur français qui fuit à la fin du XIXe siècle les vignes du Jura ravagées par le phylloxéra et souhaite se rendre en Californie. Son voyage s’arrêtera finalement au Chili, où il sera renommé Lonsonier par l’employé de l’immigration. Il se mariera avec une jeune femme d’origine française, et aura trois garçons qui retourneront en France en 1914, le temps de se faire tuer dans les tranchées : un seul survivra, Lazare. Sa propre fille Margot s’engagera également, dans la Seconde Guerre Mondiale, en tant qu’aviatrice dans les Forces Françaises Libres. Quant au fils de celle-ci, Ilario Da, il sera pris dans la tourmente de la dictature de Pinochet…
Miguel Bonnefoy s’est inspiré de sa propre famille pour écrire « Héritage », et notamment de la vie de son père (personnifié par Ilario Da) et mêle avec brio faits historiques, réalisme et fantasmagorie. Génération après génération, chaque membre va être confronté à un dilemme et à la notion d’engagement. Le thème de la double culture, de la double nationalité traverse ce livre, tout comme celui de l’exil, qu’il soit économique ou politique : la France se situe à plus de dix mille kilomètres du Chili, mais elle ne représente pas uniquement l’origine d’une famille ou d’un nom pour les personnages d' »Héritage ». C’est aussi un pays que l’on ne connait pas mais pour lequel on est prêt à donner sa vie. Et également une terre que l’on a quittée un jour, pour trouver un avenir meilleur au Chili, mais qui, après un voyage en sens inverse, la boucle étant bouclée, finira par devenir un refuge.
Le tour de force de ce roman est de développer une histoire riche, portée par toute une gamme de personnages forts (et notamment les personnages féminins, des personnes de conviction, en avance sur leur temps, comme Thérèse l’ornithologue, ou sa fille Margot l’aviatrice) attachants, et hauts en couleur… en seulement deux cents pages !
« Héritage » est un livre inventif, lumineux, plein de surprises et de rebondissements, très romanesque…Miguel Bonnefoy possède un véritable talent de conteur : un très beau premier rendez-vous qui donne envie de découvrir le reste de son œuvre!
Ce roman s'est retrouvé dans mes mains (presque) par hasard.
Le nom de l'auteur me disait quelque chose car ma libraire préférée, à la rentrée littéraire de septembre 2022, m'avait parlé de son dernier roman, L'inventeur, qui est d'ailleurs depuis dans mon pense-bête.
Puis, lors d'une opération dans une bouquinerie près de chez moi qui faisait un rabais de 50% à partir de cinq livres achetés, j'ai trouvé ce roman à la couverture colorée. Je me suis dit que je ne prenais pas de grand risque.
Et ? Je suis tombée amoureuse de l'écriture dès les premières phrases.
Je ne sais pas comment expliquer mon ressenti sur ce livre qui m'a enchantée du début à la fin. Pourtant, il y a des passages sombres, très sombres, et tristes dans ce roman. Mais, la lumière, à chaque fois, éclot à un moment ou à un autre. Plus que l'histoire, c'est la mise en abîme, la poésie, les petites histoires dans la Grande, qui m'ont attachée à cette famille d'exilés français au Chili. Car oui, n'oublions pas, en cette période de migrations massives, que des Français ont également émigrés, contraints et forcés parfois, au détour d'une guerre de religion, d'une guerre tout court, ou d'une épidémie dans les vignes comme il est question ici. Et rien ne dit qu'à l'avenir les Français n'auront pas à partir encore.
A travers les générations d'une même famille, qui se donnent en héritage un nom et une histoire, mais aussi de l'amour, de la souffrance, de la culpabilité, nous traversons un siècle de tourments, prenant racine dans l'exil forcé et hasardeux jusqu'à la révolution chilienne, en passant par les deux guerres mondiales. L'auteur dresse le portrait d'une famille et de ses proches sans jamais juger mais, au contraire, en montrant beaucoup d'empathie pour ses personnages.
En bref, un roman lumineux, fort, très fort, servi par une plume magnifique (et je pèse mes mots), un petit coup de coeur inattendu.
En 1873, celui qui deviendra Lonsonier part de France où il était viticulteur dans le Jura, pour rejoindre la Californie après la grande épidémie de phylloxera du XIXe siècle. Le père de Lazare accoste finalement à Valparaíso au Chili avec trente Francs et un cep de vigne en poche. C’est à Santiago du Chili qu’il va refaire sa vie, d’abord en épousant Delphine, puis en lui faisant trois fils et en reconstituant là-bas les vignes perdues de France.
Quatre générations plus tard, que sont devenus ces enfants d’émigrés ?
Lazare a connu la guerre, la moche, celle des tranchées qui le laisse à jamais exsangue et amputé à la fois d’un poumon et de sa jeunesse comme de son insouciance. Il a fait sa vie auprès de la belle et sauvage Thérèse qui aime les oiseaux autant sinon plus que les hommes.
La vie continue, arrive Margot. C’est une enfant passionnée qui rêve de devenir pilote. Pas facile quand on est une femme dans un univers d’hommes et en plus dans une discipline balbutiante. Il faut de la pugnacité pour assouvir sa passion.
Mais à son tour, portée par l’amour d’un pays qui pourtant n’est pas le sien, elle part faire la guerre en Europe, la grande cette fois. Là, elle sera une combattante de l‘ombre et c’est une femme différente, bien que saine et sauve, qui revient au pays. Un fils, Ilario Da, et une révolution plus tard, le pays sombre dans la dictature. Il faut alors essayer de vivre ou de mourir, avec ou sans gloire. Ilario est arrêté, torturé, forcé à son tour à l’exil.
L’écriture est belle, puissante et simple à la fois, les caractères sont bien trempés, le surnaturel occupe sa juste place et le rythme ne faiblit jamais. L’auteur une fois de plus nous transporte dans une saga qui, à travers plusieurs générations, mêle les traditions de deux pays, dans cette époque difficile de deux grandes guerres, aborde les affres de la dictature et ses conséquences sur tout un pays, et y pose un brin de surnaturel comme il sait si bien le faire. Une histoire qu’il connait bien et qui est aussi son propre héritage.
Les personnages hauts en couleurs nous font vivre à travers leurs familles l’histoire du Chili, ses liens avec la France et la difficile adaptation des migrants qui jamais ne renient leur pays d’origine. Il est important aussi de se souvenir que si les français accueillent sur leur sol les migrants d’aujourd’hui, de nombreuses générations ont eu par le passé à migrer à leur tour vers des terres plus ou moins hospitalières.
lire ma chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/09/25/heritage-miguel-bonnefoy/
C'est toujours un ravissement, un moment choisi, attendu, désiré que se plonger dans un roman de Miguel Bonnefoy. Parce qu'on sait qu'on ne sera pas déçu, parce qu'on sait - depuis son premier livre -, qu'on s'embarque pour un long voyage, parce qu'on sait qu'au-delà des pages, de la vie des personnages, il y a toujours une réflexion profonde, subtile et puissante qui renvoie à nos propres existences, fortes et fragiles, pertinentes et insignifiantes.
De la France à la Cordillère des Andes, de la fin du XIXe siècle à nos jours (quasiment), on va suivre les aventures et mésaventures d'une famille pas ordinaire du tout, les Lonsonier.... Les Lonsonier, c'est eux, c'est un peu nous aussi, vont nous accompagner dans un nouveau voyage EXTRA ORDINAIRE !
Merci maestro ! CM
Une saga familiale franco-chilienne magnifiquement contée, rythmée par les horreurs de l'Histoire qui frapperont de plein fouet les héros de chaque génération, brisant bien des ambitions et des rêves.
Miguel Bonnefoy, grâce à son écriture extrêmement poétique et remplie de sensibilité, réussit à magnifier même le pire !
Je suis tombée littéralement sous le charme ! A lire absolument !
Quel plaisir de découvrir la plume de Miguel Bonnefoy à travers cette saga, de la France de 1873 au Chili de 1973, du phylloxéra à Pinochet, mélangeant à la fois la culture française et la culture chilienne. Les histoires familiales de trois générations se croisent au fil des pages pour les intégrer à la grande Histoire et cela prend toute sa saveur au gré de leurs rencontres et des événements qui parsèment leurs routes.
Les personnages sont passionnants et passionnés, diablement bien travaillés donnant toute cette sève essentielle à tout bon roman. 200 pages d’une densité et épaisseur d’une rare qualité, le tout servi par une plume lumineuse, où chaque mot est minutieusement choisi.
L’auteur aborde des thèmes très actuels, comme l’exil, le déracinement, l’émigration, les horreurs de la guerre ou de la dictature, avec un message politique qui, au-delà de l’aspect romancé, apporte une certaine réflexion sur la nature humaine.
Un livre envoûtant, superbement réel et fantasmagorique à la fois !
Une histoire vraie ou du moins semblant vraie d'immigration française vers l'Amérique du sud après les attaques du phylloxéra vers 1870 dans le haut Jura, mais les racines auraient pu se trouver aussi bien en bordelais ou en Bourgogne puis que toutes ces régions viti-vinicoles ont été ravagées à cette période, de même qu'en Italie et partout en Europe, jetant des familles entières dans le dénuement le plus complet, forçant les plus jeunes à partir vers d'autres cieux ; beaucoup ont choisi bien sur l'Amérique.. du nord, mais se sont arrêtés en route, d'autres ont délibérément opté pour le Brésil ou l'Argentine.
C'est ainsi que Lonsonier, qui ne s'appelait pas Lonsonier mais venait de Lons le Saulnier posa le pied au Chili, y fit souche en se mariant avec une française, eut un fils Lazare et .. je ne vais pas vous raconter l'histoire ! Lisez la !!
et régalez vous de la plume de Miguel Bonnefoy, que personnellement j'avais moyennement appréciée dans son précédent ouvrage « sucre noir » qui ne m'avait ni embarquée ni débarquée ! Mais celui ci, sans doute grâce à la base véridique et possible, m'a emmenée loin, plantée au milieu des esprits chamanes de la région, fait décoller dans l'avion de Margot, atterrir en Angleterre pour redécoller en direction des Andes !
Les deux guerres mondiales n'ont pas épargné ces familles du bout du monde, ils ont regagné la France pour combattre dans les rangs de l’armée française, sont revenus, marqués à vie pour tomber dans les événements mortels révolutionnaires des années 70 au Chili avec Allende puis dramatiques avec Pinochet, engendrant une nouvelle migration .. dans l'autre sens !
Un livre à l'écriture flamboyante, une langue imagée et des couleurs sud américaines, des envols de condors et des chutes vertigineuses, un récit mêlant réalité et esprits, Europe et Amérique du sud, en français car la langue de Molière est restée l'apanage de cette population immigrée si loin !
A lire absolument.
J'avoue avoir un faible pour les sagas familiales et celle-ci, ancrée au cœur des grands événements du 20ème siècle, entre l'Europe et l'Amérique du Sud, était particulièrement alléchante. J'avais par ailleurs lu des interviews de l'auteur, Miguel Bonnefoy, que j'avais trouvé pétillant et plein d'esprit, ce qui ne s'est pas démenti lors ma lecture.
J'ai apprécié son style, mêlant le romanesque à la narration de faits réels tragiques de l'Histoire, ainsi que la construction du roman : chaque personnage se retrouve confronté à un choix décisif qui se répercutera sur la prochaine génération.
Cependant, bien que le destin de cette famille soit captivant et riche en rebondissements, les personnages ne m'ont pas fait vibrer, à mon grand regret. Ceux-ci sont tellement habités par leurs passions et leurs convictions, qu'ils en deviennent un peu hermétiques aux autres. J'ai eu l'impression qu'ils évoluaient côte à côte, sans véritables interactions, chacun restant dans son monde, à l'écart dans une bulle. Il y a d'ailleurs très peu de dialogues entre les personnages et l'auteur laisse peu de place aux sentiments. Ce parti pris, qui contribue à renforcer leur singularité et à bâtir la légende de ces ancêtres d'exception, me les a rendus peu attachants.
Je suis donc un peu déçue de ne pas avoir eu le coup de cœur attendu pour cette lecture, mais la qualité d'écriture me pousse à persévérer avec cet auteur : je compte lire prochainement Sucre noir.
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J'aime beaucoup cet auteur! A Manosque en 2020, il insistait sur le fait qu'il fallait construire des ponts plutôt que des murs. Il disait aussi que parmi les réfugiés, il pouvait y avoir des génies.