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La critique des lecteurs pour "Une bouche sans personne" Gilles Marchand

Rentrée littéraire 2016 Aux Forges de Vulcain

La critique des lecteurs pour "Une bouche sans personne" Gilles Marchand

Pour cette rentrée littéraire 2016, les éditeurs vous proposent plus de 500 romans.

Mais alors, que lire et comment ne pas passer à côté de belles découvertes ? 

Cette année, Lecteurs.com a choisi d’explorer 50 romans français. Pendant tout l’été, les Explorateurs les ont lu en avant-première.

Ils ont relevé le défi, ils ont aimé ou détesté, mais dans tous les cas ils ont chroniqué pour vous avec leur passion de lecteurs.

 

Cette semaine, découvrez l’avis de Delphine de Du Calme Lucette pour Une bouche sans personne, le roman de Gilles Marchand paru aux éditions Aux forges de Vulcain.

 

J’avoue ne pas avoir accroché de suite à ce récit narré de façon légère mais fantasque, au style parfois répétitif. Mais je dois vous prévenir, ce roman, une fois apprivoisé, va vous surprendre et vous émouvoir !

 

Sous une apparente légèreté se cache un millefeuille émotionnel. Sa construction est originale et pour le moins déconcertante au premier abord. Nous embarquons à bord d’un véritable vaisseau spatial de la littérature qui met en scène quatre amis, les cicatrices de trois d’entre eux et un poème. De situations rocambolesques s’extraient la douleur des souvenirs, la capacité de chacun à se préserver et accéder du mieux possible à une vie plus heureuse, ou au moins plus supportable.

 

Le narrateur traîne sa cicatrice, un fardeau qu’il tente de dissimuler à tout prix. Il se ferme comme une huître et couve la perle reflétant la terreur de son passé. Mais ses amis vont l’aider à s’ouvrir, et c’est alors que le spectacle commence. Dans le café de la belle Lisa, la foule s’amasse au fil des chapitres, le narrateur devient conteur, artiste de sa vie et de celle de son grand-père Pierre-Jean, cet homme fantaisiste qui exorcisait ses douleurs dans la dérision, qui inventait un quotidien un peu fou pour se préserver du chagrin. Peu à peu le petit-fils va investir l’esprit abracadabrantesque de son grand-père et lui ressembler.

 

Puis il y a les amis du narrateur, Thomas, son mystérieux roman et les deux enfants qu’il n’a pas eus, Sam et ses lettres tout droit sorties d’outre-tombe, et enfin Lisa qu’il rêve de conquérir et qui ne cesse d’apporter soutien et allégresse dans ce monde de souffrances que chacun tente d’adjurer à sa façon.

 

C’est un roman sur l’amitié, la différence, les relations sociales et la résilience. Il décortique de façon juste, originale et émouvante la reconstruction de l’esprit après l’horreur, les moyens que se donne l’homme pour survivre au pire. Les histoires loufoques m’ont fait penser à celles d’Arnaud Le Guilcher, cette façon d’amener l’improbable à décrire les douleurs de la vie et à mettre le doigt sur les failles sociales.

 

Le rythme va crescendo et c’est en cela que j’ai apprécié, aimé de plus en plus ce roman. Les situations saugrenues se multiplient, la foule afflue pour le spectacle, les personnages extravagants abondent, les animaux s’humanisent, le narrateur se dévoile et se libère encore et encore, et puis tout se termine en apothéose émotionnelle. La dérision et la légèreté laissent place au nez qui pique, à la gorge qui se noue, aux larmes qui se pressent dangereusement au bord des yeux. Les allégories laissent échapper les cris des hommes et des femmes, un poème délie les affres du passé encore trop présentes, il n’y a plus que les mots qui résonnaient autrefois dans les âmes vides, une bouche qui hurlait, sans personne. Une bouche qui raconte désormais et libère, et unit. Un poème et une cicatrice.

 

© Delphine de Du calme Lucette

 

Retrouvez les 50 romans français et les Explorateurs de la rentrée littéraire 2016

Les chroniques :

Mais également les chroniques :

"Où la lumière s’effondre" Guillaume Sire (Plon)

"Chanson douce" Leila Slimani (Gallimard)

"Une bouche sans personne" Gilles Marchand (Aux Forges de Vulcain)

"Les lois de l’apogée" Jean Le Gall (Robert Laffont)

"Anguille sous roche" Ali Zamir (Le Tripode)

"Police" Hugo Boris (Grasset)

"Ma part de Gaulois" Magyd Cherfi (Actes Sud)

"Une fille et un flingue" d’Ollivier Pourriol (Stock)

"Celui-là est mon frère" de Marie Barthelet (Buchet-Chastel)

"Marcher droit, tourner en rond" Emmanuel Venet (Verdier)

"Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L’Olivier)

"Crépuscule du tourment" Léonora Miano (Grasset)

"Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

 

Les Pour ou Contre :

"Beaux rivages" de Nina Bouraoui (Lattès)

"L’Année la plus longue" de Daniel Grenier (Flammarion)

"L’innocent" de Christophe Donner (Grasset)

"Le Garçon" de Marcus Malte (Zulma)

"Les sorcières de la république" de Chloé Delaume (Seuil)

"La sainte famille" de Florence Seyvos (Editions de l’Olivier)

 

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Commentaires (3)

  • Colette LORBAT le 16/09/2016 à 11h38

    Je le note. Merci Delphine

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  • annie-france belaval le 09/09/2016 à 13h44

    J'ai beaucoup apprécié ce livre plutôt inclassable; le héros (sans nom) annonce d'emblée: j'ai une cicatrice et un poème(s'il nous vient l'idée idiote d'aller voir le poème...c'est foutu!). De l'humour, de la fantaisie, de l'amour platonique, de l'amitié et de l'émotion à la fin. Un comptable qui n'aime pas son métier et qui fuit ses collègues; le même qui rejoint un groupe au Café tenu par Lisa qui ne le laisse pas indifférent, Sam qui reçoit des lettres d'outre tombe, Thomas qui écrit pour les enfants qu'il n'a jamais eu, sans démordre qu'ils existent. Le narrateur reste muet sachant pourtant qu'il intrigue avec son écharpe lui couvrant le bas du visage; un incident: il renverse sa tasse de café sur son écharpe: le moment est peut-être venu de s'expliquer: il le fera au cours de soirées où il parlera du grand-père qui l'a élevé; son public va grossir de soir en soir (comme le tas d'ordures qui encombre son immeuble depuis la mort de la concierge..)
    Mais c'est en privé que le héros va dévoiler l'origine horrible de sa cicatrice.

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  • Delphine de Du calme Lucette le 07/09/2016 à 19h24

    Merci pour ce partage et surtout de m'avoir permis de découvrir ce superbe roman. Je le recommande vivement à mes amis lecteurs !

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