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La critique des lecteurs pour "Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

Rentrée littéraire 2016 Albin Michel

La critique des lecteurs pour "Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

Pour cette rentrée littéraire 2016, les éditeurs vous proposent plus de 500 romans.

Mais alors, que lire et comment ne pas passer à côté de belles découvertes ? 

Cette année, Lecteurs.com a choisi d’explorer 50 romans français. Pendant tout l’été, les Explorateurs les ont lu en avant-première.

Ils ont relevé le défi, ils ont aimé ou détesté, mais dans tous les cas ils ont chroniqué pour vous avec leur passion de lecteurs.

 

« Papa est né l'année où tonton Adolf est devenu chancelier : 1933. C'est l'année où pour la première fois on a découvert le monstre du Loch Ness. C'est l'année, enfin, où sortait King Kong sur les écrans. Mon père, c'est pas rien. » Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir et un père comme André Sfar. Ce livre pudique, émouvant et très personnel, est le Kaddish de Joann Sfar pour son père disparu. Entre rire et larmes.

 

 

Découvrez l’avis de Jean-François Simmarano pour « Comment tu parles de ton père » de Joann Sfar :

Quel que soit l’âge auquel cela nous arrive, on reste inconsolable de la perte de son père. Plus qu’un autre, Joan Sfar orphelin de mère en a saisi la substantifique origine de bien des difficultés à vivre et à vieillir.

Mais durant les huit jours d’agonie d’Albert Sfar, le fils Joann est là et le tiendra dans ses bras dans son dernier souffle. Ce qui n’est pas rien et parfois change tout. Surtout quand il s’agit de faire un deuil à contre cœur du fait de laisser partir le père tout en voulant le garder.

Joann Sfar est clair : « Je n’écris pas pour qu’on se souvienne de l’agonie. Je souhaite m’en débarrasser. » Ce petit roman de 150 pages, pas toujours équilibré mais ô combien sincère, peut donc être pris pour ce que les psychologues avisés appellent « un travail sur soi ». Ce qui pourrait sembler rébarbatif si cet exercice n’était proposé par l’auteur des BD les plus délicieusement intelligentes et marrantes du moment.

Joann Sfar se lâche avec un humour dévastateur, celui du désespoir et un art assumé de la dérision, d’où le titre très inspiré « Comment tu parles de ton père ».

Derrière cet humour désespéré et cette dérision aérienne transparait la formidable confession d’un enfant d’entre deux siècles, hanté par l’image du père trop grande pour le cadre, une judaïcité contrariée, un rapport aux autres compliqué. On comprend très vite comment la création (dessins, romans, films) deviendra l’indispensable exutoire pour le petit garçon de Nice devenant peu à peu Joann Sfar.

Mais rien n’est simple. Cesare Pavese appelait ça Le métier de vivre. Sfar nous amène à croiser des pères de substitution avec une belle élégance et une certaine émotion, Hugo Pratt, Moebius, Dark Vador…L’absence pèse et ne disparaitra jamais, mais avec ce roman Sfar partage et allège donc quelque peu le fardeau.

Il serait dommage que dans le tsunami éditorial de la rentrée littéraire 2016, cette petite bulle soit engloutie avec une grosse majorité des romans français. Elle a toutes les qualités pour surnager, en priorité celle de sa profonde humanité.

 

© Jean-François Simmarano

 

Retrouvez les 50 romans français et les Explorateurs de la rentrée littéraire 2016

Les chroniques :

Mais également les chroniques :

"Où la lumière s’effondre" Guillaume Sire (Plon)

"Chanson douce" Leila Slimani (Gallimard)

"Une bouche sans personne" Gilles Marchand" (Aux Forges de Vulcain)

"Les lois de l’apogée" Jean Le Gall (Robert Laffont)

"Anguille sous roche" Ali Zamir (Le Tripode)

"Police" Hugo Boris (Grasset)

"Ma part de Gaulois" Magyd Cherfi (Actes Sud)

"Une fille et un flingue" d’Ollivier Pourriol (Stock)

"Celui-là est mon frère" de Marie Barthelet (Buchet-Chastel)

"Marcher droit, tourner en rond" Emmanuel Venet (Verdier)

"Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L’Olivier)

"Crépuscule du tourment" Léonora Miano (Grasset)

"Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

 

Les Pour ou Contre :

"Beaux rivages" de Nina Bouraoui (Lattès)

"L’Année la plus longue" de Daniel Grenier (Flammarion)

"L’innocent" de Christophe Donner (Grasset)

"Le Garçon" de Marcus Malte (Zulma)

"Les sorcières de la république" de Chloé Delaume (Seuil)

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