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Pour ou Contre ? Les critiques de "L’innocent" de Christophe Donner

Rentrée littéraire 2016 Grasset

Pour ou Contre ? Les critiques de "L’innocent" de Christophe Donner

Pour cette rentrée littéraire 2016, les éditeurs vous proposent plus de 500 romans. Cette année, Lecteurs.com a choisi d’explorer 50 romans français. Pendant tout l’été, les Explorateurs les ont lu en avant-première.

 

De la zizanie sur lecteurs.com !

 

Les Explorateurs n’auront pas travaillé pour rien, vous découvrez semaine après semaine le résultat de leur travail dans ces pages. A travers leurs lectures ont émergé des lignes de force et des points de vue parfois très différents sur les romans.

On vous fait profiter de leurs plus beaux désaccords à travers ces « pour-contre » que vous retrouverez une fois par semaine.

Parce que la critique d’un livre est subjective mais toujours juste quand elle est solidement argumentée, nous avons sélectionné les chroniques les plus tranchées afin que vous, lecteurs, puissiez vous faire une idée de l’étendue des émotions, réactions, réflexions proposées par un texte.

 

Et on continue avec un autre affrontement, celui de Danielle Revel et Camille Capron sur L’innocent de Christophe Donner (Grasset). Alors, qui vous convaincra le plus, Danielle ou Camille ?

 

« Je suis sorti de la maison au petit matin, j'ai marché à grands pas sous les platanes du cours Mirabeau, sans pouvoir m'empêcher de sourire. Une chose m'apparaissait sûre et certaine : je n'étais plus le même. Je venais de passer la nuit dans le lit d'une femme, à l'embrasser, la serrer, la baiser, car si cette nuit n'avait pas été celle de l'accomplissement de l'acte sexuel, elle n'en avait pas moins été une nuit d'amour, entière, complète, jusqu'au petit matin frisquet, le reste n'était qu'une question de vocabulaire : est-ce que nous avions fait l'amour ? C'est ce qu'il me semblait puisque j'étais amoureux. »   Christophe entre dans les années soixante-dix et dans l'adolescence bercé par les idées révolutionnaires de ses parents divorcés, entre qui il va et vient, et la découverte angoissante d'une sexualité dévorante, obsessionnelle. De Paris à Saint-Tropez en passant par la Tunisie, l'adulte qu'il est devenu égraine les souvenirs d'une jeunesse douce-amère à travers le prisme de ses aventures sexuelles. De brefs chapitres qui sont autant de souvenirs, paysages, odeurs, mêlent la voix de l'enfant précoce et de l'auteur qui, quarante ans plus tard, observe avec tendresse et cruauté ce Christophe d'une autre époque. L'école, la famille, la révolution, les vacances, la mer. Autant d'éléments de décor aux scènes que se remémore Donner avec ce court récit, très intime, qui montre le film irréalisable de sa vie, entre 13 et 15 ans, quand l'amour s'apprenait dans les tourments du sexe.

 

Pour !

Danielle Revel : une initiation au corps

 

Christophe est un adolescent précoce, qui entre dans les années soixante-dix et dans l’adolescence, bercé par les idées révolutionnaires (mai 68 est tout près) de ses parents divorcés. Il vit tantôt chez sa mère, tantôt chez son père, et fait la découverte angoissante d’une sexualité obsessionnelle. De l’adulte qu’il est devenu, le narrateur nous livre les souvenirs d’une jeunesse très perturbée à travers ses aventures sexuelles, de Paris à Saint-Tropez, et d’un séjour en Tunisie.

De courts chapitres qui sont autant de souvenirs, mêlant paysages, souvenirs d’une enfance précoce et d’une autre époque, que l’auteur raconte avec tendresse et cruauté.

Le lycée, la famille, la révolution, les vacances, la mer, tout un décor de scènes que se remémore l’auteur avec ce récit, très intime, qui narre l’histoire de sa vie, entre 13 et 15 ans, quand on ne sait rien sur la sexualité et que l’on veut tout apprendre de l’amour dans les affres d’une sexualité débordante et obsessionnelle. Un récit effronté, émouvant, où les ados des années 60/70 se retrouveront : l’innocent est innocent celui qui par nature ne fait de mal à autrui…

L’Innocent est une autobiographie de Christophe Donner, c’est facile à lire, cru par moment, effronté mais aussi très émouvant. Ce qui n'a plu, c'est la manière parfois crue qu'a l'auteur de se dévoiler, de se mettre à nu sans aucune honte, avec des mots simple.. Ce qui m'a ému, le plus, sa manière de décrire son adolescence perturbée dans une grande révolution culturelle et sexuelle que l'on a connue en mai 68. J'ai beaucoup aimé.

 

© Danielle Revel

 

 

Contre !

Camille Capron : Où va l’auteur ?

 

L’Innocent est un roman à la fois autobiographique et fictif qui nous emmène auprès de Christophe pendant plusieurs années, au début de sa vie sexuelle. Avec l’alternance du « je » et du « Christophe » dans la narration, Christophe Donner nous intègre plus ou moins dans son récit mais prend un regard extérieur sur son passé. On y découvre alors cet enfant, en 1965, à l’âge de 9 ans, au moment où il découvre le corps. Ses pensées sur son corps (et celui des autres) vont ensuite devenir omniprésentes. Au fil du temps, il connaitra l’attirance physique envers le sexe opposé mais aussi envers le même sexe, et fera ses propres découvertes.

 

Ce roman est empli de questionnements (principalement sur le corps) mais on y découvre aussi les relations qu’a Christophe avec sa famille notamment avec ses parents, et la conséquence des actes de leurs vies sur la sienne.

Cependant, même à la fin du roman, je n’ai pas réussi à savoir où voulait me mener l’auteur. Bien qu’ayant suivi le petit garçon, je ne l’ai pas forcément vu grandir psychologiquement à travers les pages : peut-être était-il déjà trop mûr dès le début (ce qui fait que je n’ai ressenti aucune différence à la fin) ? On le découvre à la frontière de l’adolescence, innocent et résistant dans l’âme, puis, on le quitte de la même manière, à la frontière de l’âge adulte ! La seule évolution concerne encore une fois le corps : sa première allusion au sexe, sa première masturbation puis son premier rapport sexuel.

 

C’est un roman qui traite donc bien de son sujet : la jeunesse de l’auteur axée sur la naissance de sa vie sexuelle. Mais il me manquait un je ne sais quoi qui fait que je n’ai pas vraiment réussi à rentrer dans ce roman et à savoir où cela allait m’emmener.

 

© Camille Capron

 

Retrouvez leurs avis sur les fiches des 50 romans français lus par les Explorateurs de la rentrée littéraire 2016,

Mais également les chroniques :

"Où la lumière s’effondre" Guillaume Sire (Plon)

"Chanson douce" Leila Slimani (Gallimard)

"Une bouche sans personne" Gilles Marchand" (Aux Forges de Vulcain)

"Les lois de l’apogée" Jean Le Gall (Robert Laffont)

"Anguille sous roche" Ali Zamir (Le Tripode)

"Police" Hugo Boris (Grasset)

"Ma part de Gaulois" Magyd Cherfi (Actes Sud)

"Une fille et un flingue" d’Ollivier Pourriol (Stock)

"Celui-là est mon frère" de Marie Barthelet (Buchet-Chastel)

"Marcher droit, tourner en rond" Emmanuel Venet (Verdier)

"Le Zeppelin" de Fanny Chiarello (L’Olivier)

"Crépuscule du tourment" Léonora Miano (Grasset)

"Comment tu parles de ton père" de Joann Sfar

 

Les Pour ou Contre :

"Beaux rivages" de Nina Bouraoui (Lattès)

"L’Année la plus longue" de Daniel Grenier (Flammarion)

"L’innocent" de Christophe Donner (Grasset)

"Le Garçon" de Marcus Malte (Zulma) : Prix Fémina 2016

"Les sorcières de la république" de Chloé Delaume (Seuil)

"La sainte famille" Florence Seyvos (éditions de l'olivier)

 

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