L'une est pour, l'autre est contre ! Découvrez les critiques de Danielle ou Camille pour "L'innocent" de Christophe Donner (Grasset)
L'une est pour, l'autre est contre ! Découvrez les critiques de Danielle ou Camille pour "L'innocent" de Christophe Donner (Grasset)
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Autour d’un titre énigmatique (il faudra patienter jusqu’aux dernières lignes pour percer son mystère), ce roman passe en souplesse d’un siècle à l’autre et tisse des liens entre des sujets a priori peu fongibles : Léon Daudet (ambitieux monarchiste des années 20), son fils chéri très perturbé, la relation à couteaux tirés entre Pétain et De Gaulle, un oligarque forcément russe féru d’art conceptuel et pionnier du métavers, une histoire familiale à tiroirs évoquée dans « La France goy » parue il y a deux ans...
Reste que ces liens s’entremêlent et se recoupent dans un récit où les fans de drames psychologiques et de tragédies familiales bien sanglantes battront des mains en vérifiant qu’il y a différentes manières de tuer le père ; les amateurs d‘Histoire découvriront, eux, et d’une façon encore jamais racontée, comment, vers la fin des années 20, le fascisme aurait pu renverser la IIIe République et s’installer aux commandes de la France mais a raté son coup.
Pas sûr que ce récit jubilatoire relève de la vérité historique mais il est aussi effrayant qu’ébouriffant et réussit à tenir en haleine jusqu’au bout.
Sans compter que tout un chacun apprendra tout et le reste sur les cryptomonnaies, bien mieux que dans un manuel dédié !
A partir de l’histoire de sa famille, Christophe Donner plonge avec La France Goy au cœur de la France nationaliste et populiste du milieu du XIXè siècle jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Ce roman est le récit de la transformation de la judéophobie en antisémitisme avec l’importance grandissante d’un Édouard Dumont, personnage assez hideux au talent polémiste hors norme, de son fils spirituel, Léon Daudet, jusqu’au fourbe François Maurras et son journal l’Action française.
Son arrière grand-père, Henri Gosset, découvre ses talents de guérisseur tout à fait fortuitement à l’adolescence. Pour répondre à la volonté de son père, il devient soignant et croise le jeune Léon Daudet. C’est cette proximité tout au long de la Troisième République puis après, que Christophe Donner raconte.
L’aïeul a une vie bien remplie : de palefrenier, il est reconnu à la fin de sa vie comme docteur en psychologie. Il épouse trois femmes, traverse la Commune et la première guerre mondiale et invente un outil pour empêcher les arnaques aux indemnités ! Mais, lui, le provincial se sent toujours à côtés des parisiens qu’ils fréquente. Ainsi son ami Léon l’appelle souvent mon petit et lui parle d’horreurs.
Car Léon est certes le fils du grand écrivain Alphonse Daudet. Mais, autour de son père gravite Édouard Dumont, très dévoué, qui sait répandre sa triste idéologie comme une vague de purin. Les frères Goncourt n’y sont pas insensibles. Mais Zola, ami aussi d’Alphonse, expose sa réprobation mais écrit L’Argent au même moment.
La suite avec photos
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/06/christophe-donner/
Je me suis demandé tout le long de ces 154 pages si je n’étais pas en train de lire une farce. Une bonne grosse farce d'avril. Faut dire que ce livre, qui raconte l’histoire de quatre idiots inutiles en voyage en Syrie, paraît tellement surréaliste qu’on ne peut pas avoir d’autre sentiment que celui-ci. Puisque les quatre gonzes ne sont pas seulement que quatre idiots inutiles, c’est aussi quatre personnes qu’on prend pour des imbéciles.
Mais pour bien comprendre ce que je veux dire, je replace vite fait l’ambiance. Dans une Syrie ravagée par la guerre et qui tente de reprendre vie, un salon du cheval est organisé à Damas où nos quatre français (dont l’auteur) sont invités en tant que délégation française. Jusqu’ici rien de bizarre, visiblement ils vont faire un peu de tourisme tranquillement ; mais c’était sans compter avec le mec qui leur sert de guide et qui est un espèce d’hurluberlu qui va inventer le mensonge le plus improbable du monde dans un pays qui ne déconne pas : un des invité, Jean-Louis Gouraud, est le petit-fils du général Gouraud mort sans enfant. (Je suis en train de me dire que je n’ai jamais écrit un truc aussi débile de ma vie.) Bref ! De ce mensonge, où un des personnages va devoir faire avec et les autres suivre le mouvement, va sortir des situations que personne n’auraient imaginées et un recul de la part de l’auteur assez comique. (Je vous garantis que vous allez rire en lisant le livre.) En effet, ce dernier ne manque pas de trouver la situation surréaliste, de voir les discours pour ce qu’ils sont et de rire des traductions du guide ainsi que de son comportement. Cerise sur le gâteau, l’auteur ne manque pas non plus d’autodérision et ça rajoute au charme du livre.
Mais au-delà de la situation surréaliste que vivent nos protagonistes, ce livre est aussi appréciable pour ce qu’il montre de la Syrie : un pays qui, malgré un timide retour à la vie, n’est pas prêt de se reconstruire. Surtout pas avec le zozo huluberlu de guide qui refait l’histoire du monde à sa sauce. Bien sûr ce personnage réel est drôle quand on lit ce qu’il raconte comme connerie, mais il est aussi terriblement désolant car ce n’est pas avec des gens comme ça que l’on reconstruit un pays correctement.
Au-delà de l’affligent niveau intellectuel de l’hurluberlu et de cette Syrie pas prête de vivre et de croquer la vie à pleine dent, ce livre va aussi nous interroger sur notre vision des choses, nos priorités, et finalement on va se rendre compte que tout n’est que question d’impression personnelle.
En conclusion je ne peux que conseiller ce livre un peu farceur un peu triste.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2020/04/13/38197382.html
Deux histoires s’entremêlent dans ce roman jusqu’à l’intime. Le héros, Henri Norden, (anagramme du nom de l’auteur : Donner) est contacté pour écrire le scénario d’un film sur Louis XVII. Le film, tout comme ses précédents, ne se fera pas. Mais, habité par ses personnages, l’enfant du temple et surtout Jacques-René Herbert, créateur du » Père Duchesne », journal satirique célèbre parmi les sans culottes, le héros n’a de cesse de raconter l’histoire, ou plutôt son histoire, à son entourage. Pourquoi avoir tant fantasmé sur l’évasion de l’enfant du temple ? Sa mort était-elle si gênante qu’il fallait lui substituer une mystérieuse disparition de l’enfant martyr de son époque ? La thèse de l’auteur est intéressante, le dauphin n’étant qu’un instrument, comme l’ont été les autres membres de la famille royale, pour alimenter les articles virulents de son journal populaire.
Henri Norden traverse la vie, habité par ses personnages qu’il décrit aux comédiens pressentis, aux personnes de son entourage. C’est ainsi qu’il tombe amoureux de Dora, animatrice TV d’une émission littéraire. Il la séduit grâce à son histoire de l’enfant prisonnier, roi sans lendemain.
L’histoire est particulièrement bien construite, avec des allers retours incessants mais qui rendent le roman plus vivant. On avance dans l’histoire pour revenir sur une anecdote à une date postérieure. Sans cesse stimulé par des retours en arrière, l’intérêt du lecteur va grandissant pour ce récit implacable.
Il faut saluer le travail de recherche et l’érudition de l’auteur qui nous donne à voir tous les épisodes dramatiques de cette période agitée de l’histoire. Il nous fait entrer de plain-pied dans une violence exacerbée, dans l’horreur d’une époque sanglante et cruelle. Il n’évoque les différentes thèses que pour mieux argumenter la sienne. Rien ne doit être tabou dans la recherche de vérité trop longtemps mystifiée.
Les personnages ont une réelle consistance, du caractère. Surtout JR Herbert, que l’on suit de l’enfance jusqu’à sa condamnation à mort.
Il est à regretter que l’histoire de H Norden, très présente au début du roman, se termine en filigrane, l’auteur ne nous délivrant plus que quelques rares phrases concises. J’ai l’impression qu’il s’est servi de son personnage pour nous emmener par des chemins détournés vers une histoire qui, a priori, peut sembler éculée. Le lecteur, pris au piège de son intérêt pour l’intrigue, même s’il en connaît le dénouement, ne peut plus lâcher le livre.
Tout l’art du romancier est là : il nous entraîne dans un roman contemporain ou l’on parle de réalisation de films et d’amours, le tout écrit dans un style limpide ou les dialogues, nombreux sont efficaces. Et, brusquement, le lecteur perd de vue le personnage d’Henri pour se trouver immerger dans l’histoire de cet enfant, roi sans lendemain.
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