"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'ai la satisfaction de pouvoir t'annoncer enfin, qu'à l'aide du perfectionnement de mes procédés je suis parvenu à obtenir un point de vue tel que je pouvais le désirer (...) L'image des objets s'y trouve représentée avec une netteté, une fidélité étonnantes, jusque dans ses moindres détails, et avec leurs nuances les plus délicates. » Nicéphore Niépce « Messieurs, je viens vous annoncer une bonne nouvelle : la voix humaine s'écrit elle-même. » Édouard-Léon Scott de Martinville En capturant l'image et en reproduisant le son, les inventeurs de la photographie et de la phonographie ont changé le monde. N'ont-ils pas pris le risque, aussi, de ressusciter les morts ? Sinon, par quel maléfice Nicéphore Niépce et Scott de Martinville ont-ils été privés de la gloire et de la fortune qui leur étaient promises ?
C'est le mystère de cet empêchement, caché dans leurs vies intimes, que dévoile ce roman.
De temps en temps, un livre comme celui-ci arrive et je me régale de voir qu’un écrivain que je ne connais pas réussit à raconter une histoire qui remet les découvertes à leur place et rend hommage à des inventeurs de génie, souvent spoliés et oubliés alors que nous leur devons tant.
Au clair de la lune, chanson populaire s’il en est, c’est le premier enregistrement de voix humaine jamais réalisé mais j’y reviendrai car Christophe Donner commence en parlant des frères Montgolfier, de Pilâtre de Rozier, du marquis d’Arlandes, précisant : « Il n’est pas de science, pas de progrès sans cette obsession d’être le premier. »
Auguste Toussaint Scott de Martinville a publié un ouvrage dédié aux frères Montgolfier mais la Révolution est passée par là et son fils, prénommé aussi Auguste, trouve du travail comme apprenti typographe chez Louis Courcier. Le XIXe siècle vient de commencer, un siècle riche en inventions.
Les soubresauts politiques bouleversent souvent la vie publique mais les gens travaillent. Beaucoup de journaux, de revues paraissent. En France, sur 28 millions d’habitants, ils sont plus de 700 000 à travailler dans les métiers du livre : graveurs, libraires, bibliothécaires, relieurs, éditeurs, écrivains, journalistes. Justement, un procédé nouveau, la lithographie, du grec lithos, la pierre, se développe et un certain Joseph Nicéphore Niépce possède une carrière à Chalon-sur-Saône. D’ailleurs, il veut qu’on l’appelle Nicéphore, le porteur de victoire, et a une obsession : fixer l’image.
J’ai été captivé par les essais réalisés par cet homme qui soutient financièrement son frère, Claude, qui veut inventer un moteur. À l’imprimerie, le jeune apprenti qu’on appelle Scott devient homme de conscience de son atelier car il perd la vue. Il va acheter des lunettes chez Vincent Chevalier qui fournit Nicéphore Niépce en optique…
Je passe tous les détails car débarque un certain Louis Daguerre, décorateur de théâtre, qui tente de s’approprier les découvertes de Niépce. À l’imprimerie, Scott voit son fils, Edouard devenir apprenti, se passionner pour la sténographie puis réussir à fixer tous les sons de la nature sur du papier enduit de noir de fumée. C’est lui qui chantera le fameux Au clair de la lune…
C’est bien raconté avec des événements qui font l’actualité de l’époque et surtout cette lutte sans merci entre ces inventeurs géniaux ou opportunistes, une course contre la montre qui passe par-dessus l’océan Atlantique avec un certain Thomas Edison : « Le célèbre inventeur qui n’a rien inventé. »
Tout ce roman tourne autour de l’invention, surtout de l’inventeur avec ses doutes, ses difficultés, surtout financières, et sa bataille pour faire reconnaître sa trouvaille face au scepticisme et à la jalousie. Bien documenté, Christophe Donner met en valeur ces hommes passionnés de technique qui se sont battus contre le scepticisme et l’incrédulité, mettant souvent leurs finances en péril et parfois même leur vie.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Au clair de la lune, ce sont les quelques paroles d'une chanson qui seront l'objet des premiers sons jamais enregistrés et sur lesquelles va se pencher l'auteur dans cet impressionnant roman, véritable célébration des avancées scientifiques de ce XIX° siècle.
Christophe Donner nous plonge de façon saisissante, époustouflante, dans ce monde de découvertes technologiques qu'il nous fait vivre comme un véritable feuilleton avec plein de rebondissements.
Ces hommes assoiffés de découvertes y laissent énormément d'énergie, parfois leur fortune, mais grâce à eux, la photographie et l'enregistrement de la voix humaine ont pu naître et se développer.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Excellent roman de la rentrée ! Christophe Donner nous embarque à petits pas rapides du tout début des grandes inventions qui virent le jour dans les années 1800 en mettant l’accent sur le phonographe et l’appareil photo. Il nous fait rencontrer tous ces inventeurs chevronnés qui se sont ruinés pour leur passion, privés de la gloire qui aurait dû leur revenir jusqu’à leur noms mêmes tombés dans l’oubli, noyés dans le succès de ceux qui ont su améliorer et aboutir leurs inventions balbutiées. L’auteur nous fait plonger dans la société de l’époque, la politique, les éditeurs, les imprimeurs, les opticiens et dans la vie intime parsemée de drames de ces hommes de conviction et entêtés tels Nicéphore Niépce pour fixer sur un support l’image reçue au fond des chambres obscures et Scott de Martinville pour reproduire la voix humaine par le biais de son ‘phonautographe’. Pourtant tous deux virent la promesse de leurs fortunes et leurs notoriétés raflées par d’autres tels Daguerre ou Edison. Ils se consoleront avec le fait que la vraie richesse est d’avoir fait avancer la science.
« Scott reconnaît à Edison d’avoir fait parler une machine. Mais est-ce là le problème merveilleux qu’il s’agissait de résoudre ? (…) On ne peut comparer cet entêtement qu’à celui d’Etienne-Jules Marey qui, après avoir réussi à décomposer le mouvement de l’animal, restera indifférent et même hostile au cinéma, car ‘peu utile au point de vue scientifique ‘. »
Un enchainement chronologique fait de courts paragraphes rend la lecture rapide et confortable. Le récit relatant des faits précis de l’époque est captivant. Un talent d’écriture certain pour transmettre les sentiments qu’ont pu avoir ces hommes tout au long de leur quête scientifique. L’écriture est simple, claire et fluide. Un excellent moment de lecture agréable et très instructive.
« —Au clair de la lu-ne, mon ami Pierrot. Prête… Fin du rouleau de papier. Fin de démonstration. Le concierge arrête de tourner la manivelle tandis que chacun, dans l’assistance, continue mentalement la comptine jusqu’à l’amour de Dieu. (…) Edouard détache du tambour la bande de papier enduite de noir de fumée et gravée par le son de sa voix. Il plonge cette bande de papier dans le bac rempli d’alcool. Il attend quelques secondes interminables que l’alcool fixe les particules de suie sur le rouleau de papier. Il sort le rouleau, le lève pour montrer aux spectateurs le premier phonautogramme officiel de l’histoire. C’est-à-dire le premier enregistrement jamais réalisé de la voix humaine. »
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