"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Qui se souvient de cette folle ambition : le cinéma va changer le monde ?
Démiurges au centre de l'intrigue, un trio de meilleurs amis qui vont devenir les beaux-frères ennemis : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. La soeur du premier, Anne-Marie, épouse le deuxième, dont la soeur, Arlette, vit avec le troisième. Ils ne vieilliront pas ensemble.
Autour d'eux, Christophe Donner fait tourner la ronde non autorisée des seventies : Raoul Lévy, Brigitte Bardot, Jean Yanne, Macha Méril, Jean-Louis Trintignant, Éric Rohmer, Sami Frey...
La grande histoire crève le grand écran : Mai 68 terrorisant le festival de Cannes ; Rassam et Berri à bord de la Mercedes de Truffaut allant sauver les enfants de Milos Forman dans une Prague envahie par les chars soviétiques ; l'improbable épopée de Godard dans les camps d'entraînement palestiniens.
Et puis, gueule de bois : après la grande bouffe des utopies, tous y en ont vouloir des sous !
Cinéastes grandioses, producteurs têtes brûlées, alcool à haute dose, parties de poker, de sexe et de drogue : des vies qui sont des films, des films qui mettent la vie en danger. Car on se tue beaucoup en ce temps-là, quand on joue encore vraiment sa peau avec l'art. Orson Welles peut lâcher sa malédiction ironique : « Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive. »
Ils sont trois, trois hommes unis par des liens amicaux, familiaux et professionnels. Une situation somme toute banale, si ce n'est qu'il s'agit là de Claude Berri, Maurice Pialat et Jean-Pierre Rassam. Le premier a épousé la sœur du troisième, le deuxième couche avec la sœur du premier et tous les trois font du cinéma. Pialat réalise des films à la hauteur de ses ambitions démesurées, Berri voudrait faire l'acteur, réaliser, produire et Rassam se lance dans la production, un peu en dilettante, mais fort d'une fortune familiale qui semble inépuisable. Entre trahisons, batailles d'ego, engueulades et rivalités, ces trois-là ont marqué de leur empreinte le cinéma français des années 70.
Il faut vraiment être féru de cinéma pour apprécier cette suite d'anecdotes qui tentent tant bien que mal et sans trop de nuances de nous faire revivre les débuts de ces trois figures du cinéma français. On saura que Maurice Pialat veut tourner des films, qu'il jalouse les plus jeunes qui réussissent alors que lui a beaucoup de mal à attirer le public dans les salles. On verra que Berri est peu sûr de lui, qu'il est partisan d'un cinéma autobiographique, qu'il peine à faire l'acteur mais réussit bien en tant que producteur, surtout lorsqu'il décide de financer un cinéma populaire, comique, mauvais mais rentable. Au grand dam de son beau-frère, Jean-Pierre Rassam qui l'accuse de vouloir faire du fric au détriment de la qualité. Ce dernier, personnage central du livre, est décrit comme flamboyant, flambeur, richissime, exubérant et grand consommateur d'alcool, de cigares, de filles et de drogues. A côté de ce fils à papa qui dépense les pétro-dollars que son père distribue à ses enfants comme des bonbons acidulés, Claude Berri, juif mélancolique, qui a commencé par être fourreur dans l'atelier parental, semble bien fade, voire mesquin quand il cherche à assurer ses arrières en finançant des films à succès.
Leurs histoires s'inscrivent dans celle du cinéma français et on assiste à quelques faits marquants comme le festival de Cannes perturbé en 1968 ou le montage de quelques grands classiques comme Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat ou Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil de Jean Yann. Pialat qui d'ailleurs est vite mis de côté par l'auteur qui préfèrent se concentrer sur la rivalité entre Berri Et Rassam, abordant même à l'occasion les crises internationales de l'époque entre Israël
et les pays arabes (guerre des six jours, prise d'otages aux J.O. De Munich, etc.) dans une vaine tentative pour faire de leur opposition professionnelle, un combat politique. Certes, Berri est juif et Rassam libanais, mais ils sont très peu politisés et leurs brouilles successives n'ont aucun rapport avec la situation au Moyen-Orient.
En bref, ce roman ravira les fans de cinéma. Pour les autres, ce sera un peu plus compliqué : détails techniques, listes de personnalités plus ou moins célèbres du cinéma, accumulations de faits sans réel intérêt. On en gardera une découverte de Jean-Pierre Rassam, étoile filante du cinéma, personnalité hors-normes qui, d'ailleurs, méritait d'être un peu mieux traité par l'auteur qui bâcle sa fin de vie de grossière manière. Intéressant mais pas abouti et, surtout, à réserver aux fans de cinéma.
L'intrigue permet de revisiter 20 ans de l'histoire du cinéma français en se plaçant de l'autre côté de l'écran. Les trois personnages principaux - Berri, Pialat et Rassam - extraits de la réalité, forment de magnifiques personnages romanesques. La frontière entre documentaire et fiction est poreuse tant l'ensemble du roman présente une histoire vraisemblable.
Les épisodes se succèdent sur un rythme rapide, faisant et défaisant les amitiés, les alliances et les fortunes. L'art s'assujettit à une quête d'amour, de reconnaissane et d'identité. Le cinéma, l'usine à rêves, devient le lieu d'affrontement entre des choix artistiques et existentiels opposés.
En plaçant son livre entre fiction et réel, Christophe Donner nous oblige à réfléchir aux enjeux du cinéma et de l'Art en général. Du rêve de changer le monde on passe insensiblement à l'ambition de gagner toujours plus.
Christophe Donner mêle dans sa construction narrative, la vie de ses personnages aux films qu'ils créent sans qu'on sache jamais où se situe la frontière.
Un bon roman qui jette un coup de projecteur sur des histoires de cinéma.
Bien écrit, très vivant. Un livre qu'on peine à refermer ! Je ne connaissais pas le personnage principal, Jean Pierre Rassam, mais ce livre m'a donné envie d'en savoir plus sur lui. L’essentiel n'est pas dans l'authenticité mais dans l'intrigue, et dans l'écriture, agréable. A lire, pour qui a envie de suivre les aventures de claude Berri, de Godard (pas épargné) et de ses muses, de Pialat et autres.
Dire que ce roman est une biographie de Jean Pierre Rassam serait extrêmement réducteur. Le flambeur, jetseteur et producteur iconoclaste est effectivement au centre de cette histoire formidablement écrite par Christophe Donner qui lui donne un rythme qui emporte tout, le lecteur et ses préjugés. Mais de la fin des années 60 à la fin tragique et prévisible de Rassam en 1985, cette tornade à visage humain va mettre en lumière avec lui dans le récit les Claude Berri, Maurice Pialat et Jean Luc Godard notamment , chacun sortant de tout ça égratigné et désacralisé. Le tour de force étant malgré tout de rendre Rassam et ses "satellites" attachants parcequ'uniques et sans doute les derniers d'une génération du cinéma français dont la suivante deviendra sage, voire ennuyeuse et quelque peu prétentieuse.
L'épisode au cours duquel Rassam et Berri partent en Tchécoslovaquie en pleine occupation Russe dans la Mercedes de François Truffaut pour ramener les deux fils de Milos Foreman à Paris, montre bien que ces types là appartenaient à une autre époque et avaient un autre courage même si c'était sous LSD...
De cinéma il en est donc beaucoup question dans ce roman passionnant. La nostalgie de l'auteur pour ces "fous" en liberté et ce qu'ils ont apporté au 7ème art se lit à chaque phrase, sans que lui même ne se mette une seule fois en avant. Sincère et brillant.
Un roman inventaire de tous ces personnages publics ou semi publics, dans un milieu cinématographique où se trament toutes les intrigues, coups bas, amour, désamour. Quelle étrange famille qui nous entraîne dans toutes ses dérives. Les amateurs de grand écran ne pourront qu'être intéressés par les coulisses du cinéma des années 70/80 et, comme moi, découvriront probablement les protagonistes sous un angle différent. C'est un monde particulier, une atmosphère particulière, Jean Pierre Rassam n'est pas ce qu'on peut appeler un personnage attachant, Claude Berri nous est montré de telle façon qu'on peut difficilement s'y attacher, le sentiment qu'il dégage relevant davantage de la pitié que de l'admiration. Ce roman ne fera pas partie de mes coups de coeur, seul le style alerte de Christophe Donner réussit à l'emporter.
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