"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ils sont quatre, comme les Dalton. Quatre Français, un vidéaste, un photographe et deux écrivains, invités par un improbable « Festival du cheval » à Damas, en Syrie. Ils sont tellement flattés d'être parmi les rares Français à pouvoir fouler le sol de cette patrie ravagée par la guerre depuis huit ans, qu'ils sont prêts à tout pour assouvir leur passion du cheval. Prêts à ce qu'on les fasse passer pour ce qu'ils ne sont pas. Prêts à rencontrer les dignitaires locaux et avaler leurs discours patriotiques d'un autre temps. Prêts aussi à se laisser corrompre par le régime de Bachar el-Assad et à servir d'« idiots utiles », comme au bon vieux temps de Staline, Mao et autres Castro ? Là, ça coince un peu. Mais ils se croient protégés par l'ironie, par l'amour du cheval, ils ont la curiosité en guise de passeport, avec le visa inattaquable de l'impartialité. La réalité du pays va les entraîner dans un mensonge des plus loufoques au cours duquel la question se pose : est-ce qu'on a bien fait d'aller en Syrie ? Certainement pas... sauf si l'un des branquignols rapporte de ce voyage supposé servir la propagande du régime une sotie parfaitement incorrecte qui montre que le roi est nu...
Je me suis demandé tout le long de ces 154 pages si je n’étais pas en train de lire une farce. Une bonne grosse farce d'avril. Faut dire que ce livre, qui raconte l’histoire de quatre idiots inutiles en voyage en Syrie, paraît tellement surréaliste qu’on ne peut pas avoir d’autre sentiment que celui-ci. Puisque les quatre gonzes ne sont pas seulement que quatre idiots inutiles, c’est aussi quatre personnes qu’on prend pour des imbéciles.
Mais pour bien comprendre ce que je veux dire, je replace vite fait l’ambiance. Dans une Syrie ravagée par la guerre et qui tente de reprendre vie, un salon du cheval est organisé à Damas où nos quatre français (dont l’auteur) sont invités en tant que délégation française. Jusqu’ici rien de bizarre, visiblement ils vont faire un peu de tourisme tranquillement ; mais c’était sans compter avec le mec qui leur sert de guide et qui est un espèce d’hurluberlu qui va inventer le mensonge le plus improbable du monde dans un pays qui ne déconne pas : un des invité, Jean-Louis Gouraud, est le petit-fils du général Gouraud mort sans enfant. (Je suis en train de me dire que je n’ai jamais écrit un truc aussi débile de ma vie.) Bref ! De ce mensonge, où un des personnages va devoir faire avec et les autres suivre le mouvement, va sortir des situations que personne n’auraient imaginées et un recul de la part de l’auteur assez comique. (Je vous garantis que vous allez rire en lisant le livre.) En effet, ce dernier ne manque pas de trouver la situation surréaliste, de voir les discours pour ce qu’ils sont et de rire des traductions du guide ainsi que de son comportement. Cerise sur le gâteau, l’auteur ne manque pas non plus d’autodérision et ça rajoute au charme du livre.
Mais au-delà de la situation surréaliste que vivent nos protagonistes, ce livre est aussi appréciable pour ce qu’il montre de la Syrie : un pays qui, malgré un timide retour à la vie, n’est pas prêt de se reconstruire. Surtout pas avec le zozo huluberlu de guide qui refait l’histoire du monde à sa sauce. Bien sûr ce personnage réel est drôle quand on lit ce qu’il raconte comme connerie, mais il est aussi terriblement désolant car ce n’est pas avec des gens comme ça que l’on reconstruit un pays correctement.
Au-delà de l’affligent niveau intellectuel de l’hurluberlu et de cette Syrie pas prête de vivre et de croquer la vie à pleine dent, ce livre va aussi nous interroger sur notre vision des choses, nos priorités, et finalement on va se rendre compte que tout n’est que question d’impression personnelle.
En conclusion je ne peux que conseiller ce livre un peu farceur un peu triste.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2020/04/13/38197382.html
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