Ouverts à toutes les sensibilités, nos romans littéraires se singularisent par un goût prononcé pour les histoires puissantes, les personnages intenses : Marc Dugain, La chambre des officiers, Prix des Libraires ; Akli Tadjer, Alphonse ; Marc Durin-Valois, Chamelle ; Vincent Engel, Les Absentes ; Delphine de Vigan ; Fellag ; Abdourahman Waberi...
La maison reste ainsi fidèle à la tradition des éditions J.C Lattès qui furent l'éditeur de Jean d'Ormesson et d'Amin Maalouf...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Je suis Sophie de Baere depuis ses débuts d'auteure et ses trois précédents romans m'ont profondément touchée. Je ne pouvais passer à côté de celui-ci, me demandant cependant, comme cela m'arrive souvent, si je n'allais pas me lasser; ce fut à nouveau un coup de cœur car l'auteure sait se renouveler par ses intrigues, ses personnages; restent les émotions qu'elle sait éveiller en moi par son écriture et par ses magnifiques portraits, souvent de femmes mais aussi d'hommes, emportés, malmenés par la vie mais qui trouvent en eux la force, la lumière pour transcender les épreuves.
Nous sommes dans le Morvan, dans une ferme, alternativement en 2004 avec la voix de Colette qui revient après une quinzaine d'années d'absence pour enterrer sa mère, Augustine, et dans les années 60, avec la voix de Marthe, sa soeur aînée qui a disparu le 21 juillet 1969. Un lourd secret empoisonne cette famille; la mort d'Augustine permettra-t-elle de le dénouer?
Sophie de Baere nous offre trois magnifiques portraits de femmes, *Augustine, que la vie n'a pas épargnée, taiseuse, qui garde en elle ses émotions, paraissant froide et distante à ses enfants, prisonnière des diktats de la société de l'époque
*Marthe, éprise de liberté et d'absolu qui va se fracasser contre les conventions sociales et se faire broyer
*Colette, qui a fui pour échapper à l'atmosphère délétère de la ferme et qui cherche la vérité qu'on lui a toujours cachée mais dont elle avait une conscience indistincte.
Je me suis attachée à ces trois femmes auxquelles Sophie de Baere prête une profondeur psychologique qui nous les rend proches; nous souffrons avec elles, nous sommes heureuses avec elle, nous cherchons la vérité avec elles. L'écriture simple, sensible, sans aucune mièvrerie laisse affleurer les émotions et nous transmet toute l'empathie que l'auteure semble ressentir pour ses personnages.
Le roman nous plonge dans le Morvan rural des années 60 où tout le monde s'épie, se jalouse, où les commérages détruisent des vies. C'est aussi la description de la rude vie des paysans de l'époque qui se tuent à la tâche sans espoir de voir leur sort s'améliorer. Description également de la vie des femmes, des mères dont la hantise était que leur fille "faute" et soit rejetée par la société, ne pouvant plus trouver à se marier, le Graal ultime !!!
Un quatrième coup de cœur donc pour cette auteure qui fait désormais partie de mon panthéon personnel des mes auteur(e)s de prédilection.
Quand les secrets de famille s'accumulent
Quel formidable roman ! En suivant trois générations de femmes, du sortir de la Guerre à nos jours, Sophie de Baere raconte, autour du traitement réservé aux enfants placés et aux filles-mères, une sombre histoire de vengeance, de trahison et d'amour. Somptueux !
C'est avec Colette que s'ouvre ce roman. Nous sommes en août 2004, au moment où elle revient dans son Morvan natal pour accompagner sa mère dans son dernier voyage. Une épreuve qu'elle a bien du mal à affronter.
Puis on découvre Marthe. Nous sommes en janvier 1953 et la fillette se lie d'amitié avec Lucien, le gamin de l'assistance que son père a bien voulu accueillir sous son toit. Malgré le dur labeur et les conditions spartiates d'hébergement, Lucien peut s'estimer heureux de son traitement. Auprès de Serge et Augustine, il avait même trouvé un semblant d'affection. Tout le contraire d’Etienne, le frère de Marthe, qui jalousait le garçon et n’avait jamais accepté sa présence au sein de « sa » famille.
On va le retrouver en 1961, à seize ans. Au fil des ans, il s'est pris d'affection pour Marthe, a réussi son CAP et décidé de fêter son succès avec elle. Mais cette dernière s'est tournée vers Louis, le fils de l'épicier et rejette Lucien. « Une fois de plus, elle était méchante avec lui et elle le savait. Et c'était une sorte de vertige. Cette vérité laide, immonde qui la submergeait et la guidait, elle pouvait bien se l'avouer, en somme ce n'était rien de plus que ça : elle avait honte devant Louis, honte de ce que Lucien représentait. »
L'enfant placé décide alors de fuir et se fait embaucher par un marchand de bestiaux.
Un jour de foire, il tiendra sa revanche. Marthe s'est rendue compte de son erreur et se jeter dans ses bras, ceux du seul homme qui la fait vibrer. Suivront des rendez-vous aussi brûlants que secrets qui vont finir par mettre Marthe enceinte. Quand elle s'en rendra compte, Lucien sera pourtant déjà loin, ignorant l'existence de cet enfant. À la ferme, pour ne pas voir le déshonneur sur la famille, on va chercher à forcer Louis à réparer son "erreur", car Marthe l'a désigné comme le père de l'enfant. Un mensonge qui volera en éclat après la publication des bans. Augustine décidera alors son mari de placer Joséphine dans une maison maternelle, établissement qui accueillait les filles-mères et s'occupait du placement des enfants.
Aux côtés de ses compagnes d'infortune, Marthe rêve secrètement qu'elle pourra garder son enfant, que Lucien viendra la sauver.
Sophie de Baere a remarquablement bien construit son roman, nous offrant des révélations successives au fur et à mesure que les secrets de famille se dévoilent. Autour des questions de maternité, d'enfants placés, d'arrangements avec l'état-civil, elle explore l'histoire et les traumatismes de la famille Legendre sur trois générations. À la fois bien documenté et maintenant un suspense grandissant, la romancière de La Dérobée (2018), Les Corps conjugaux (2020) et Les Ailes collées (2022), prouve avec ce quatrième roman qu'elle est comme un grand vin, elle se bonifie au fil des ans. Utilisant à merveille les armes du roman, elle montre combien la place des femmes aura – trop longtemps – été subalterne, voire dégradante. Quand l’émotion nous étreint face à l’injustice et au mensonge, on comprend mieux qu’avec toutes les études sur le sujet combien il était alors difficile pour une femme d’exister à part entière. Entre les lignes, on comprend aussi que le combat est loin d’être gagné.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Une foule d'émotions en lisant l'histoire très émouvante de la famille de Colette, de retour dans le Morvan où elle a grandi, pour y veiller sa mère mourante.
Comme le titre l'indique, elle va progressivement lever le voile sur des secrets de famille profondément enfouis.
Cette histoire m'a captivée du début à la fin, tout comme le précédent roman de Sophie de Baere ''Les ailes collées''.
Ce nouveau roman est fort bien documenté, on se retrouve en immersion dans la France rurale de l'après guerre jusqu'à la fin des années 60.
Quelques instants d'un bonheur fugitif, un travail quotidien harassant à la ferme, d'énormes souffrances, des décisions qui risquent de broyer des vies, un mutisme familial impossible à briser, une époque où l'on tait certains évènements.
Des personnages attachants font de ce roman un sublime moment de lecture. Que vais-je bien pouvoir lire après une histoire aussi puissante, portée par l'écriture poétique de la si talentueuse Sophie de Baere ?
Après mon immense coup de coeur pour Les Ailes collées, j'étais impatiente de retrouver la plume sensible de Sophie de Baere. Ce nouveau roman n'a pas détrôné mon coup de coeur, mais il m'a offert une très belle lecture.
L'histoire nous emmène dans le Morvan, où Colette revient après de longues années d'absence pour veiller sa mère mourante. Confrontée une fois encore au mutisme familial, elle décide d'enquêter sur un événement tragique survenu un soir de juillet 1969. Peu à peu, elle met à jour un passé qui bouleverse toutes ses certitudes.
Avec le Secret des mères, l'autrice explore avec finesse l'intimité des femmes d'une époque révolue. Elle nous plonge dans la France rurale de l'après-guerre aux années 60, évoquant les amours empêchées et les maisons maternelles où les jeunes filles étaient envoyées pour cacher leur grossesse.
À travers l'histoire des "Petits-Paris", ces enfants de l'Assistance publique placés dans le Morvan entre 1850 et 1970, l'autrice livre un récit poignant sur la mémoire et les secrets familiaux.
Je recommande vivement les romans de Sophie de Baere, une autrice talentueuse qui sait toucher le coeur de ses lecteurs. le Secret des mères est une lecture émouvante, captivante et bouleversante. Impossible de le lâcher !
Un récit puissant, empreint de vérité et d'émotions intenses.
C'est un roman incontournable de la rentrée littéraire.
Sophie De Baere que j'ai pu découvrir avec "les ailes collées" évoque dans cette nouvelle parution le Morvan qui est un territoire incontournable de ma région et avec une intrigue sur une relation mère/fille. Impossible de résister pour moi a cette lecture sélectionné pour le prix RTL-Lire Magazine.
L'autrice explore trois générations de femmes de la guerre à nos jours, des personnages profonds, les secrets de famille, des références historiques. Avec une alternance de temporalité avec une forme de journal, on découvre une narration à deux voix, comme une enquête Colette va révéler les secrets et les relations de sa mère avec son mutisme. Fin de vie, Famille, Secret, Société. Une lecture captivante, pleine d'émotions, des personnages aussi profond que puissants. Une écriture sensible.
"Que retient-on d'une mère? m'a demandé un jour mon amie Mylène qui venait de perdre la sienne. Oui, c'est vrai au fond, que me restera-t-il de cette femme quand ses os reposeront sous terre ? "
"Qu’est ce que l’on peut bien attendre de la vie quand on couche chaque nuit dans ce qui ressemble à une punition ?"
Que sait-on vraiment de nos mères ? De leur jeunesse, de leur vie avant nous, de leurs blessures, de leurs secrets ? Ces douleurs deviennent-elles nôtres quand les secrets perdurent de génération en génération ? C’est la question qui sous-tend ce nouveau roman de Sophie de Baere autour d’un secret tissé entre trois femmes sur deux générations, Marthe, Augustine et Colette.
On rencontre cette dernière en 2004 dans le Morvan, où elle vient retrouver son père et son frère au chevet d’Augustine, sa mère mourante. Mais ce voyage n’est pas un simple retour aux sources dans la ferme familiale. C’est un retour à la source des silences, des non-dits, ces vides envahissants qui l’ont empêchée de vivre sereinement depuis de jour de juillet 1969, ce jour où « sa famille est devenue pareille à un nœud d’espérance et se défaisant jour après jour, jusqu’à ne laisser entre [eux] qu’un vide infranchissable ». Et si le décès de sa mère était l’occasion de faire éclater une fois pour toutes le mutisme familial ? Récit à deux voix, celle de Marthe à partir de 1954 et celle de Colette de nos jours, pour remonter le fil du souvenir et dénouer l’écheveau des secrets.
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Sophie de Baere a un talent propre qui est d’attraper ses lecteurs par le cœur. Dans chacun de ses romans elle nous propose des héros ordinaires, des femmes et des hommes comme vous et moi et elle nous les rend inoubliables grâce aux flots d’émotion que l’on traverse avec eux. Le point commun de toutes leurs histoires est le secret. Secrets de famille, secrets d’identité, secrets de couples, l’autrice excelle à les imbriquer dans des intrigues foisonnantes, et on en sort conquis. Ici c’est le secret des origines qu’elle explore, et même si les évènements sont un peu plus prévisibles j’ai été happée par cette histoire de famille habilement tissée. L’alternance des deux temporalités, contées comme un journal de bord par les deux narratrices nous ramène dans les années 60, ce temps finalement pas si lointain, où se retrouver mère pouvait conduire dans ces sinistres maisons maternelles. Ces temps où la survenue d’une grossesse pouvait ressembler à une malédiction, où le venin de la rumeur, le fardeau des conventions pouvait détruire des vies, cette époque où dans ces villages il ne faisait pas bon être « un petit Paris », où tout se savait mais où rien ne se disait.
Dans cette histoire tristement banale, j’ai été touchée par la justesse de chaque personnage. Les trois femmes bien sûr, victimes d’une société qui les méprisent, finement décrites jusque dans l’introspection de leurs pensées les plus cachées, mais aussi les hommes. Père, frère, amants ou voisins, leur rôle est primordial, et tour à tour fourbes ou lâches, taiseux ou trop diserts, ce sont finalement eux les pivots de l’histoire, eux les responsables du drame et de ses effets dévastateurs.
Alors, envie de découvrir ce secret des mères ? Je vous promets une douce lecture, de beaux portraits de femme et une émouvante histoire d’amour
« On reste bien peu de temps dans l’enfance, mais je crois que malgré soi, toute sa vie, on ne cesse d’y revenir »
Adoré cette lecture. C'est dur, image d'une société qui heureusement a évolué.
Beaucoup d'amour, amour haine, amour colère, amour jalousie, amour vengeance, amour passion
Ça fait très, très, mal.
Ce roman est un très gros coup de
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