Cette semaine, nous vous proposons de découvrir un album qui nous tient particulièrement à cœur puisqu'il s'agit de la toute dernière BD de Jim Bishop.
Lauréat du Prix Orange de la BD pour Lettres perdues (Glénat) le dessinateur et scénariste avait ensuite publié Mon ami Pierrot (Glénat, 2022) et nous propose donc aujourd'hui L'Enfantôme. Un titre que l'auteur considère comment étant le dernier volet de sa "trilogie de l'enfance" et qui, à nos yeux, consacre son immense talent et sa singularité.
Si vous n'avez jamais lu Jim Bishop, sachez que les trois BD se déroulent dans des univers différents se peuvent se lire dans le "désordre", mais sachez surtout... que ce sont trois lectures indispensables !
Pour vous présenter ce dernier opus, nous laissons la parole à Ines Perluette @la_bibliotheque_de_perluette, elle-même ancienne jurée du Prix, qui nous parle à merveille de L'Enfantôme...
L'avis de Inès Perluette sur L'Enfantôme de Jim Bishop (Glénat)
"Tu vois à quoi ressemblait l'ambiance d'un collège à la fin des années 90, début 2000 ? Moi parfaitement. Imagine maintenant un ado, couvert de boutons, n’ayant pas les moyens de suivre les modes éphémères et absolument pas doué en cours, et tu te feras une idée de la pression que l’on peut y vivre. Convoqué par le conseiller d’orientation avec deux autres « cancres », sa vie va prendre un tournant funeste, quand on leur annonce que leurs parents les tueront en cas d’échec scolaire.
Suite à cet entretien, on voit peu à peu des éléments horrifiques apparaître, complétant cette ambiance glauque dans laquelle les adultes ont des mots extrêmement blessants et violents à l’encontre des enfants.
J’attendais cet album avec impatience, et je ne suis pas déçue. Comme avec ses BD précédentes, Jim Bishop joue avec nous, et nous surprend à chaque fois que l’on pense savoir où l’on va. Contrairement à Lettres perdues et Mon ami Pierrot, nous sommes dans un univers beaucoup plus familier, mais le surnaturel finit par s’inviter tout en gardant un ancrage réaliste.
Cette histoire nous met face à un système scolaire qui broie les élèves, on y sent toute la pression sociale liée à la réussite et l’idée qu’il faut entrer dans une certaine norme. Il y a de quoi réveiller certains traumas de l’adolescence (pour ma part, cela a totalement fait écho à des émotions liées à cette période).
Graphiquement, on trouve des planches frappantes qui pourraient bien ressurgir dans nos cauchemars. En jouant avec l’horreur et le malaise, elles créent des images génialement dérangeantes et fascinantes.