"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« C’est un beau roman, c’est une belle histoire…. », mais contrairement à la chanson de Michel Fugain, ce n’est pas une romance d’aujourd’hui .
En effet, ce roman transporte son lecteur dans la société rurale chinoise du 19e siècle où les filles sont « les branches les plus inutiles de l’arbre familial » et où l’on bande les pieds des petites filles à l’âge de 6 ans .
Lisa See, dans cet ouvrage qu’elle revendique comme une œuvre de fiction, fruit de son intérêt et de ses longues et multiples recherches sur la Chine, donne la parole à une vieille femme de plus de 80 ans, proche de la mort, qui dans un récit à la première personne fait le bilan de sa vie .
Elle livre ainsi un document riche, solidement documenté et fort intéressant sur l’univers secret des femmes, qui se concentre sur 2 destins de femmes et révèle des coutumes que nous connaissons mal : outre le bandage des pieds des petites filles ( le chapitre qui relate cette pratique barbare est presque insoutenable ), l’association, le jumelage de deux petites filles : les LAOTONG qui se doivent soutien et fidélité jusqu’à la mort « devenir une bonne loatong, c’est aussi important que de faire un bon mariage », la pratique du NU SHU , code d’écriture féminin secret à l’usage exclusif des femmes, ou celle de la communauté de sœurs adoptives au sein d’un même village .
Nous sommes donc plongées dans le monde quotidien des femmes , le plus souvent enfermées dans une partie de l’habitation familiale : l’appartement des femmes .
Nous suivons le parcours de deux héroïnes : Fleur de Lys, la narratrice et sa LAOTONG : Fleur de Neige, qui s’étale sur 80 ans et s’articule autour de 4 parties : 1 .Jours d’enfance, 2 .Le temps des chignons : l’époque de l’adolescence et de l’apprentissage précédant le mariage, 3 . Les années de riz et de sel : celles de la vie d’épouse, de mère, celles des tâches domestiques au sein de la belle-famille , 4 . Assise au calme, la période du veuvage .
Dans ce récit aux nombreux rebondissements , essentiellement narratif ou descriptif, les scènes de la vie quotidienne abondent, apportant informations sur la nourriture, les vêtements, sur les grands moments de la vie : naissance, mariage, décès .
Certes, on y trouve du sang et des larmes et certains passages peuvent paraître outrés ou mélodramatiques, mais c’est la loi dans ce type de roman et Linda See a su éviter les pièges du manichéisme et rendre ses personnages attachants .
Un voyage exotique dans le temps et l’espace dont on sort ému et enrichi .
La Chine : ses plantations de thé, ses minorités ethniques, son développement urbain rapide et l’enrichissement de certains de ses habitants.
J’ai aimé suivre la narratrice depuis son enfance dans le village de la Source du Printemps, sur le mont Nannuo, dans la province du Yunnan. Li-yan appartient à une tribu Akha qui préserve ses us et coutumes.
J’ai aimé son amitié avec Ci-teh, une amitié faite de jalousie et de profonde affection.
J’ai adoré découvrir un peu de la culture Akha : le Festival de la Balançoire, le portail aux esprits construit chaque année, le ruma et le nima qui sont des sortes de guides spirituels, le dieu suprême A-po-mi-ye, les coiffes des femmes ornées de nombreux charmes en argent, leur semaine de 12 jours dont chaque jour correspond à un animal…
Mais j’ai été horrifiée par ce qu’ils appellent des rejets humains, dont les jumeaux font partie, et du sort qui leur est réservé. J’en ai appris également beaucoup sur l’accouchement et les premiers cris du nourrisson.
Et bien sûr, le thé pu’er que le village apprend à refaire fermenter pour tuer le vert, mieux se conserver et ainsi prendre de la valeur au fil des années.
J’ai découvert la politique de Trente Ans sans Changement, et je connaissais déjà les hommes et femmes obligés de s’installer dans les campagnes pour apprendre des paysans.
J’ai aimé l’expression « voler l’amour » pour « essayer la machette » avant le mariage. Et lors de ce mariage, l’homme doit posséder une arbalète. Se marier se dit d’ailleurs « aller-travailler-manger ».
J’ai aimé le bracelet en argent avec les deux dragons qui se font faces qu’aime Li-yan et qu’elle retrouvera à la fin du récit.
J’ai été un peu dérouté par certaines facilités du roman, mais j’ai aimé le parti-pris de l’auteure : pas de coïncidences, pas d’histoire.
Un roman sur le peuple Akha plus que sur le thé, que j’ai aimé.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’arbre à thé maudit dont hérite Li-yan et qui est entouré d’une curieuse poudre jaune qui soigne.
https://www.alexmotamots.fr/la-memoire-du-the-lisa-see/
Rien ne prédestinait Fleur de Lis et Fleur de Neige à se rencontrer, si ce n'était leur jour de naissance et l'aval de l'entremetteuse, à l'origine d'un lien puissant et unique. Dans la Chine du 19ème siècle, les deux femmes nous convient à une exploration précieuse de leurs traditions...
Autre contrée, autres mœurs, autre époque ; à travers le récit captivant d'une amitié bouleversante et intime. À travers la promesse et les vœux échangés dès leur plus tendre enfance, Fleur de Lis et Fleur de Neige se témoignent leur affection. Elles traversent les mêmes épreuves, faites d'obéissance et de résignation, surmontent les peines, échangent un langage secret et réconfortant.
Les femmes ici sont soumises à leur famille ; mutilations, sensualité, drames, maternité rythment leur quotidien qu'elles affrontent avec détermination. Il y a une solennité dans leur renoncement qui ne peut laisser indifférent. Leurs rendez-vous expriment des rapprochements, mais aussi des différences source de souffrance et de malentendus.
L'écriture est belle, descriptive, sublime de féminité. Cette histoire passionne, terrifie, émeut. Le soulier au pied bandé et l'éventail deviennent des symboles, une mémoire de vie passée.
Laissez-vous transporter et séduire par ce voyage exotique, à fleur de portée !
Une magnifique histoire d’amitié sur fond historique.
L’histoire des Haenyeo de Jeju. Île au large de la péninsule coréenne.
Ces femmes plongeuses qui donnent tout pour leur famille avec un amour immense et un énorme courage.
L’histoire tourmentée et douloureuse de l’Ile de Jeju rattrapée par l’histoire et la politique… j’ai adoré ce livre et le relirai certainement.
Une histoire pleine d’émotions ❤️
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