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Devant la famille rassemblée pour le repas du soir passent sur l'écran de la télévision des cortèges de miséreux, des corps d'affamés ou de suppliciés. Que faire de ce fait social ? Dans quelle mesure peut-on dire, de la souffrance à distance, qu'elle comporte, pour le spectateur, des exigences morales, voire une dimension politique ?
Face à la souffrance, un seul impératif : celui de l'action. Or, il existe trois manières de parler de la souffrance : la topique de la dénonciation ; la topique du sentiment et la topique esthétique, qui ont été forgées, notamment dans la littérature, après l'introduction de l'argument de la pitié en politique, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais sous quelles conditions une parole sur la souffrance peut-elle être tenue pour une parole agissante ? Cette question ouvre sur la crise actuelle de la pitié et sur les débats récurrents concernant l'action humanitaire et sa représentation dans les médias. Elle touche par là aux dimensions politiques de la vie quotidienne.
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