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Cabane

Couverture du livre « Cabane » de Abel Quentin aux éditions L'observatoire
Résumé:

Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on... Voir plus

Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime. Après Soeur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d'étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d'Abel Quentin.

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Avis (14)

  • En 1972, quatre jeunes universitaires prédisaient, modélisation à l'appui, l'effondrement de notre croissance exponentielle. Abel Quentin nous rappelle le message plus que jamais pertinent de ces lanceurs d'alertes, des collapsologues avant l'heure.

    L'auteur, le livre (477 pages, 2024)...
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    En 1972, quatre jeunes universitaires prédisaient, modélisation à l'appui, l'effondrement de notre croissance exponentielle. Abel Quentin nous rappelle le message plus que jamais pertinent de ces lanceurs d'alertes, des collapsologues avant l'heure.

    L'auteur, le livre (477 pages, 2024) :
    Avec un peu de décalage, Abel Quentin s'empare du Rapport Meadows qui vient de fêter ses cinquante ans en 2022. Son bouquin, Cabane, a au moins le mérite de nous obliger à tapoter quelques recherches autour de ce fameux rapport et de ses auteurs qui en 1972, tirèrent (vainement) la sonnette d'alarme.
    On était un tout petit peu trop jeune pour avoir entendu parler de ce rapport, mais c'est là une bien piètre excuse car il a été régulièrement actualisé depuis, tous les dix ans à peu près.

    Le contexte :
    Le bouquin évoque les auteurs du Rapport Meadows intitulé Les limites de la croissance, publié en 1972. Ces 4 jeunes universitaires du MIT analysaient les interactions de plusieurs “systèmes dynamiques complexes” (économie, démographie, ressources, pollution). Leurs modèles prédisaient un effondrement mondial vers 2050, en raison de notre croissance exponentielle insoutenable pour la planète.
    À sa sortie, le rapport Meadows s'est vendu à des millions d'exemplaires mais ne nous inquiétons pas, il est tombé assez rapidement dans les oubliettes : aucun système politique n'est capable de faire les choix nécessaires et l'on sait aujourd'hui ce que devient notre planète.
    “Les prophètes de malheur sont rarement écoutés” et généralement “on préfère foncer dans le mur en klaxonnant”.
    Donc tout va bien, ce n'était qu'un rapport de plus, comme ceux du GIEC, une alarme que l'on peut oublier d'entendre en continuant de boursicoter sur des bulles spéculatives. Ouf.
    Les auteurs du Rapport Meadows de 1972 (rebaptisé Rapport 21 dans le livre) étaient des Cassandre, des lanceurs d'alerte avant l'heure, des collapsologues, bien avant que tous ces mots ne soient inventés.
    En 1979, quelques uns de leurs collègues vont même sortir le Rapport Charney sur le réchauffement climatique !
    Toutes ces alertes ne datent donc pas d'hier mais bien d'avant-hier, il n'est pas inutile de le rappeler.
    Comme ceux du GIEC, le rapport Meadows est souvent cité par ceux qui ne l'ont pas lu (moi, le premier) et le bouquin d'Abel Quentin est justement là pour vous permettre d'en parler à votre tour.

    ♥ On n'aime pas vraiment :
    ➔ La première partie du bouquin (beaucoup trop longue) s'attache aux pas des quatre universitaires du rapport, qui pour les besoins du roman, ont été redessinés et déménagés à Berkeley, la côte ouest est plus glamour et plus évocatrice des hippies. C'est un subtil mélange de bavardage intellectuel, d'ironie arrogante et d'amertume cynique : une recette qui ressemble fort aux figures imposées d'un prix qu'on court.
    On a donc bien failli décrocher de ce bavardage un peu vain.
    ➔ Mais à mi-parcours, le bouquin change du tout au tout : Abel Quentin catapulte le lecteur en 2022, année marquant le cinquantenaire du rapport. En quelques pages, il nous résume le contexte qu'il vient de trop longuement développer et introduit un nouveau personnage : un journaliste se met à enquêter sur le quatrième larron du Rapport, le mathématicien norvégien, que l'écrivain avait pris soin de nous rendre un peu mystérieux. L'intrigue est enfin lancée.
    ➔ Las, la dernière partie du roman se perd dans un délire catastrophiste de survivalistes sectaires. On comprend bien que ce n'est qu'une histoire et pas la thèse d'Abel Quentin, mais paradoxalement, cela dessert dangereusement le propos initial. Le roman semblait jusqu'ici plutôt un hommage un peu ennuyeux aux auteurs du fameux Rapport Meadows mais transformer l'un des auteurs en savant fou (littéralement) n'est pas vraiment rendre service aux lanceurs d'alertes.
    Avec beaucoup de mauvaise foi et un peu de méchanceté gratuite, laissons le dernier mot à Abel Quentin lui-même :
    [...] Je relus à l’aube, et trouvai tout cela un peu fabriqué. C’était paresseux, sensationnel, approximatif, mais tout le monde le faisait, et il fallait bien vivre.

    Le canevas :
    Dans ce roman, Abel Quentin ré-invente donc le parcours des auteurs du célèbre Rapport Meadows (rebaptisé Rapport 21 dans le livre) en s'inspirant de quelques éléments de leur vie réelle pour créer ses propres personnages (il faut d'ailleurs régulièrement tapoter sur le ouèbe pour démêler le vrai du faux et de l'à peu près vrai).
    Ce seront les Dundee qui vont figurer les Meadows, un couple de hippies écolos (c'était l'époque).
    Dans la véritable équipe d'universitaires aux côtés des Meadows, il n'y avait pas de français mais bien un norvégien (Jørgen Randers) et un autre américain (William Behrens).
    Aucun des quatre personnages d'Abel Quentin n'est vraiment sympathique : on les découvre perdus entre leurs égos, leurs déceptions (leur rapport fera beaucoup de bruit ... pour rien), leurs obsessions et leurs mesquineries. Voire leurs contradictions, puisque le personnage fr

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  • Cabane parle du destin de quatre chercheurs, qui, en 1970 publient un rapport sur l’avenir du monde. Un rapport scientifique dont les conclusions quels que soient les scénarios sont sans appel. Il prédit l’effondrement à l’horizon 2050 de nos conditions de vie telles que nous les connaissons si...
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    Cabane parle du destin de quatre chercheurs, qui, en 1970 publient un rapport sur l’avenir du monde. Un rapport scientifique dont les conclusions quels que soient les scénarios sont sans appel. Il prédit l’effondrement à l’horizon 2050 de nos conditions de vie telles que nous les connaissons si l’humanité continue de se développer et à puiser dans ses ressources à cette même vitesse.
    Abel Quentin s’inspire directement du rapport scientifique « Meadows » sur la limite de la croissance en 1972 pour écrire la fiction qu’il nous propose. Il met en scène les quatre scientifiques auteurs de ce rapport qu’il nomme ici « rapport 21 » et imagine leurs destins. Il aborde également le thème littéraire de l’effondrement, non pas sous la forme d’un roman post apocalyptique ou d’anticipation , mais en racontant les cinquante dernières années de ces quatre scientifiques et comment chacun appréhende cette angoisse qui va crescendo pendant les cinquante années d’une vie humaine.
    L’auteur va mettre en scène un couple d’américains, Mildred et Eugène Dundee, qui, durant toute leur vie vont militer et porter le message extrêmement angoissant et terrifiant de ce rapport.
    Le troisième personnage, un français, Paul Quérillot, est le plus stratégique et le plus cynique. Il refuse de se laisser emporter par le message sinistre du rapport. Il a envie de vivre et de profiter. Il tournera le dos à ce message qui critique la société industrielle et sa consommation frénétique pour profiter de tout ce que la vie peut lui apporter, en étant tout de même travailler par la mauvaise conscience.
    Le dernier personnage est un norvégien, Johannes Gudsonn, jeune génie des mathématiques dont on perd la trace dans les années 1980.
    En 2023, un journaliste Rudy Merlin, découvre « le rapport 21 » et va se poser la question de ce quatrième savant dont on a perdu la trace. Certains disent qu’il est devenu fou, d’autres qu’il se serait marginalisé. Il décide alors de mener l’enquête et de suivre les quelques traces qu’il a laissées.
    Abel Quentin s’empare ici du réel et le décrit avec férocité afin de provoquer une prise de conscience sur l’urgence de réagir même s’il est déjà trop tard.
    Cabane aborde le thème de la crise climatique sur fond de croissance industrielle et démographique qui mène l’humanité vers l’effondrement de notre monde.
    Lu dans le cadre du « Prix Landerneau des Lecteurs 2024 » Je remercie les Editions « L’Observatoire » pour cet envoi.

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  • Au risque de faire bondir certains lecteurs, et malgré une très jolie plume et un sujet qui ne pouvait que m’interpeller, je n’ai malheureusement pas véritablement accroché à ce roman.

    J’ai du m’y reprendre à plusieurs fois pour atteindre la dernière page et je ne ressentais pas cette envie...
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    Au risque de faire bondir certains lecteurs, et malgré une très jolie plume et un sujet qui ne pouvait que m’interpeller, je n’ai malheureusement pas véritablement accroché à ce roman.

    J’ai du m’y reprendre à plusieurs fois pour atteindre la dernière page et je ne ressentais pas cette envie très caractéristique qui m’envahie lorsque je n’arrive pas à lâcher un livre. J’ai eu plusieurs fois envie de stopper. Mais, par respect pour l’auteur et s’agissant d’une lecture dans le cadre d’un prix littéraire, j’ai continué.

    Pourquoi n’ai-je pas accroché ?
    Pas le bon moment ? Pas mon style ?
    A vrai dire, je ne sais pas, car la plume est agréable.
    Mais, je n’ai pas été sensible à la vie de ces chercheurs, à cette fresque sociologique, psychologique et écologique. Je me suis presque ennuyée à les suivre dans leurs vies chamboulées à tout jamais par leur découverte de ce futur effondrement.
    Même la deuxième partie, menée comme une enquête à la recherche du 4ème protagoniste, n’a pas su donner un sursaut à mon intérêt.


    Alors bien sûr, le sujet est important et il est très agaçant de se dire que déjà dans les années 70 on connaissait l’énorme risque pris pour notre planète en continuant de vivre dans un monde consumériste. Il est aussi étonnant de découvrir les réactions de chacun face à une telle annonce.

    Mais, malgré toute l’importance du débat, ce roman ne restera pas gravé dans ma mémoire.
    Ce n’est que mon modeste avis et je sais que beaucoup ont eu un vrai coup de coeur pour cette lecture.

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  • Lu dans le cadre du prix Landerneau des lecteurs 2024

    Ce roman ne m'a pas accroché du tout. Je n’ai d’ailleurs lu que les 200 premières pages (non sans mal) je n'ai pas eu le courage de lire la suite, la lassitude m'a gagné rapidement. J'ai trouvé l'histoire ennuyeuse et trop longue....
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    Lu dans le cadre du prix Landerneau des lecteurs 2024

    Ce roman ne m'a pas accroché du tout. Je n’ai d’ailleurs lu que les 200 premières pages (non sans mal) je n'ai pas eu le courage de lire la suite, la lassitude m'a gagné rapidement. J'ai trouvé l'histoire ennuyeuse et trop longue.
    Attention je n'ai pas dit que ce livre est médiocre ou nul, c'est simplement qu'il ne m'a pas captivé. D'autres lecteurs ont sans doute apprécié « Cabane » mais pour ma part je n'en garderai pas un souvenir impérissable.

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  • S’inspirant du retentissant rapport Meadows qui, grâce à la dynamique des systèmes, démontrait dès 1972 qu’à défaut de mesures visant à inverser la tendance, les projections de croissance économique et démographique mènent tout droit le monde à un effondrement, Quentin Abel noue une intrigue...
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    S’inspirant du retentissant rapport Meadows qui, grâce à la dynamique des systèmes, démontrait dès 1972 qu’à défaut de mesures visant à inverser la tendance, les projections de croissance économique et démographique mènent tout droit le monde à un effondrement, Quentin Abel noue une intrigue aussi vaste que dérangeante autour de la passivité qui, cinquante ans après et malgré la réalisation à date de toutes les prédictions chiffrées de cette modélisation, continue à nous caractériser.

    Rebaptisée dans le roman « rapport 21 », cette publication tout à fait réelle est l’occasion pour l’écrivain d’imaginer le parcours de quatre jeunes scientifiques, recrutés par un éminent professeur de Berkeley – « la Harvard de l’Ouest » dont « le corps enseignant comptait onze Nobel » – pour modéliser, grâce aux tout premiers superordinateurs, notre système de croissance en fonction de ses différents ingrédients et facteurs. Les premiers secoués par leurs terribles conclusions, soudainement lâchés par leur mentor couru se mettre à l’abri, ils vont chacun opter pour une stratégie différente, incarnant au final l’ensemble des attitudes aujourd’hui adoptées dans la société face à la catastrophe annoncée.

    L’optimiste couple d’Américains Mildred et Eugene Dundee, convaincu qu’une fois informées, « les sociétés n’allaient pas sombrer sans réagir », entame à travers le monde une longue croisade médiatique à tout crin. Ces Cassandre en sortiront désabusés et brisés pour se retirer au vert, à la tête d’un petit élevage biologique.
    Le polytechnicien français Paul Quérillot, assez vite convaincu qu’incapables de « nous révolter contre nous-mêmes », nous continuerions comme si de rien n’était, renverser le « système technicien » revenant à « vouloir inverser un courant maritime, ou la rotation de la Terre », se lance, perdu pour perdu, dans une course égoïste à l’argent – après tout, « Qu’est-ce qu’elles ont fait pour nous les générations futures ? »
    Enfin, Johannes Gudsonn, le presque autiste génie des mathématiques, disparaît tout simplement des radars et, réfugié dans la cabane à l’origine du titre, hésite entre plusieurs voies alternatives, comme celles des mathématiciens Grothendieck et Kaczynski, devenus, l’un militant anti-techniciste à la tête du groupe Survivre et Vivre, l’autre activiste anarcho-écologiste surnommé Unabomber en raison de ses activités terroristes.

    Ainsi, des quatre lanceurs d’alerte à l’origine tout feu, tout flamme, ne reste au final que le petit tas de cendres de leur impuissance et de leurs désillusions, et au bout d’un demi-siècle, le navrant constat d’un échec : parmi les différents scénarios envisagés par le modèle de 1972, le monde n’a pas dévié d’un pouce de sa trajectoire initiale vers l’effondrement. Sans colère, tout au plus ironique mais surtout profondément mélancolique, le texte qui, mêlant personnages réels et fictifs, établit une rétrospective documentée et solide tout en entretenant le suspense autour de la disparition du chercheur suédois, ne laisse globalement guère de place à l’optimisme. Face à ce « système technicien » qui, « dirigé par personne », « obéit à sa logique propre, morne et implacable », « aliénant les êtres humains sans cesse davantage, interdisant que l’on questionne son utilité, et a fortiori sa participation au bonheur humain », « chaque invention de merde appelant une autre invention de merde, sans que personne ne songe à enrayer cette routine », ne subsiste au fond qu’un incommensurable sentiment de solitude, ne menant ici qu’au retrait du monde, au suicide ou à la folie.

    Un roman tout à fait passionnant, qui fait le tour de nos inactions face à l’urgence climatique avec un sens du détail n’entravant jamais la fluidité du texte, pour tenter de nous arracher, au moins le temps de sa lecture, ces oeillères qui nous font garder la vue courte, myopes comme des taupes face à un avenir moins concret que le présent immédiat. Coup de coeur.

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  • « Gros Bébé » a parlé et son verdict est sans appel, si nous n’agissons pas, au milieu du XXIème siècle la croissance va chuter brusquement et ce sera la fin du monde, du moins, la fin de ce monde que nous connaissons.

    1972, Berkeley Université de Californie, le professeur Stoddard a réuni...
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    « Gros Bébé » a parlé et son verdict est sans appel, si nous n’agissons pas, au milieu du XXIème siècle la croissance va chuter brusquement et ce sera la fin du monde, du moins, la fin de ce monde que nous connaissons.

    1972, Berkeley Université de Californie, le professeur Stoddard a réuni une équipe de quatre scientifiques. Nos chercheurs ont nourri ce « Gros Bébé », un IBM360, l’ordinateur le plus puissant de l’époque à coup de données regroupant cinq facteurs principaux : démographie, pollution globale, production industrielle, usages de ressources non renouvelables et production alimentaire. Le résultat est accablant, même pour l’esprit le plus pessimiste.

    Ce n’est malheureusement pas une œuvre de fiction, Abel Quentin nous le rappelle au début de son livre. Dans la vraie vie, notre attention avait été attirée par un rapport tout aussi implacable, également en 1972 : « Les limites de la croissance ». Pour ma part, jeune homme à cette époque, je me rappelle, à mon échelle, de la lecture du livre de René Dumont « L’utopie ou la mort ». Mais qu’ai-je fait depuis ? Qu’avons-nous fait tous ? Les aléas de la vie, le confort matériel que cette maudite croissance, à son apogée, nous procure, nous conforte dans notre oisiveté à chercher des solutions. Nous sommes comme des hamsters dans notre cage à faire tourner la roue du monde jusqu’à l’épuisement. Mais ce problème, n’aurait-il pas dû être pris en main au niveau des nations ? Pourquoi tant d’inaction ?

    Dans ce roman, nous suivons justement, nos quatre chercheurs, deux américains, un français et un norvégien dans leurs vies respectives de la parution des résultats de leur étude dans un document nommé le « rapport 21 » jusqu’à nos jours. Leurs réactions, leurs actions, leurs abattements. Deux d’entre eux, courageusement entreprennent un tour du monde pour alerter les gouvernements et informer du danger, un autre, tel Judas, s’enrichit en rejoignant un groupe pétrolier et devient en quelque sorte leur conseiller, le dernier, mathématicien au tempérament introverti, fuit le monde et sa croissance démographique qui le hante et sombre dans la folie.

    J’ai aimé l’écriture ironique, piquante, parfois humoristique d’Abel Quentin dans la première partie de l’ouvrage. Toutefois « notre mathématicien illuminé » m’a éteint. Je me suis perdu dans les méandres de son cerveau entre théories scientifiques et mysticisme. Néanmoins « Cabane » reste un bon roman qui nous interpelle, nous inquiète pour le devenir des générations futures. Car l’échéance approche, le dérèglement climatique et les catastrophes naturelles, de plus en plus nombreuses, ne sont que les premiers signes. Comment réagirons-nous dans les prochaines décennies, devant les déplacements démographiques de masse des populations quittant des zones trop hostiles, devant le manque de terres cultivables ? et bien d’autres problèmes. Et pendant ce temps nos dirigeants se déchirent à coups de querelles partisanes.


    D'ici quelques années on aura bouffé la feuille
    Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un œil
    En plein milieu du front ils te demanderont
    Pourquoi toi t'en as deux, tu passeras pour un con
    Ils te diront "comment t'as pu laisser faire ça"
    T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas
    C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens
    Mais y aura plus personne pour te laver les mains
    Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais
    Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés
    Y avait des animaux partout dans la forêt
    Au début du printemps, les oiseaux revenaient
    Il faut que tu respires, et ça c'est rien de le dire
    Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire
    Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire
    Tu vas pas mourir de rire, et c'est pas rien de le dire

    Respire-Mickey3D

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  • Le rapport Meadows, Les limites à la croissance (dans un monde fini) publié en 1972 qui prévoit un effondrement possible au milieu du XXIème siècle est à l’origine de Cabane.
    Abel Quentin a créé une fiction dans laquelle le rapport Meadows devient le rapport 21.
    Dans les années 1970, à...
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    Le rapport Meadows, Les limites à la croissance (dans un monde fini) publié en 1972 qui prévoit un effondrement possible au milieu du XXIème siècle est à l’origine de Cabane.
    Abel Quentin a créé une fiction dans laquelle le rapport Meadows devient le rapport 21.
    Dans les années 1970, à l’université de Berkeley, « la Harvard de l’Ouest », berceau de la contre-culture, quatre jeunes chercheurs que rien ne lie, sous la houlette de leur mentor Daniel W. Stoddard, fondateur de la dynamique des systèmes, vont trimer jour et nuit, pendant un an sur une mission : « analyser les causes et les conséquences à long terme de la croissance sur la démographie et sur l’économie mondiale » et sur la question incidente : « Les activités humaines peuvent-elles poursuivre leur croissance de façon durable, face aux limites des ressources naturelles non renouvelables, de la surface des terres arables et de la capacité d’absorption de la pollution par les écosystèmes ? ».
    La réponse fournie par l’ordinateur l’IBM 360, alias « Gros Bébé » qu’ils ont nourri de données, est sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, ce sera l’effondrement de la civilisation humaine telle que nous la connaissons.
    Ce rapport 21 devient un best-seller mondial. Tout en semant la consternation, il n’est malheureusement suivi d’aucun effet.
    Son succès en librairie va précipiter la rupture entre les quatre de Berkeley.
    L’auteur imagine alors la vie de ces quatre jeunes scientifiques et la répercussion qu’aura sur chacun d’eux, cette effroyable révélation, cette responsabilité écrasante devant l’Histoire.
    Le couple d’Américains, Mildred et Eugène Dundee décide d’alerter l’opinion, s’engage politiquement dans une tournée des capitales mondiales ; le Français Paul Quérillot, lui, plus ébranlé qu’il n’ose l’avouer, songe cependant davantage à sa carrière et débute celle-ci au sein de la direction Recherche scientifique et technique du pétrolier Elf ; quant à l’énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, ce surdoué des maths, il a disparu de la circulation, est-il devenu fou comme certains le prétendent ?
    Un dernier personnage est le journaliste, Rudy. Le magazine Zones pour lequel il est pigiste lui demande un reportage sur le rapport 21, ce rapport écolo avant l’heure, cette étude sur les dangers de la croissance, car ça va être l’anniversaire des cinquante ans du rapport.
    Ce dernier qui ne s’intéresse que vaguement à ces questions est pourtant ébranlé par le contenu du rapport, par sa date de publication et se retrouve vite fasciné par Gudsonn.
    À rebours du roman d’anticipation, le roman s’arrête en 2023 et traite sous un angle rétrospectif plutôt la peur de l’effondrement que l’effondrement lui-même et il reprend un thème universel qui est de porter un discours en décalage avec une époque et donc pas écouté.
    Avec Cabane, récit nourri de l’authentique rapport Meadows, Abel Quentin signe un superbe thriller sur la désillusion écologique, dénonçant la croissance sans limite qui nous mène à notre fin.
    Comme notre journaliste, j’ai été choquée en découvrant le compte-rendu de ce rapport commandé en 1970 qui alertait sur les risques d’une croissance économique illimitée dans un monde aux ressources limitées et qui aurait dû être pris pour le moins comme un message de ralentissement.
    Abel Quentin raconte ce message non entendu, cette réalité historique avec des personnages inventés, des personnages reconnus mais qui ne sont pas écoutés. Il s’attache à décrire la réaction et le destin de ces chercheurs.
    J’ai particulièrement apprécié le cheminement intérieur de Rudy et le suivre dans sa traque de Gudsonn.
    Dans son enquête sur le Norvégien, il apprend que celui-ci a vécu dans une cabane, cette cabane, lieu ambivalent, miroir inversé de la grande ville, qui a un côté solaire mais, de par son isolement peut être le lieu de la folie, la folie pour fuir la réalité, peut-être...
    Cabane, troisième roman d’Abel Quentin ne se lit pas, il se dévore. Il est une fresque brillante, ample, richement documentée qui se déploie sur cinquante ans, de la tiède insouciance des seventies et des hippies jusqu’à la désillusion des années 2020 en passant par le choc pétrolier. Il est aussi une satire féroce, non dénuée d’humour, d’une humanité qui joue avec le feu et va droit dans le mur.
    Plus que jamais d’actualité !
    Nous sommes sur le Titanic, avec l’orchestre qui continue à jouer…

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/10/abel-quentin-cabane.html

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  • "Cabane" se présente comme une œuvre ambitieuse qui allie réflexion scientifique et critique sociale. Abel Quentin réussit à jongler avec des concepts complexes tout en rendant le tout accessible et captivant. L'humour grinçant et la prose mordante de l'auteur apportent une légèreté bienvenue à...
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    "Cabane" se présente comme une œuvre ambitieuse qui allie réflexion scientifique et critique sociale. Abel Quentin réussit à jongler avec des concepts complexes tout en rendant le tout accessible et captivant. L'humour grinçant et la prose mordante de l'auteur apportent une légèreté bienvenue à un sujet pourtant lourd : l’effondrement environnemental imminent.
    L'intrigue, bien que dense et parfois labyrinthique, révèle les nuances des personnages, chacun représentant une facette de la réaction humaine face à l'adversité. On y voit les Dundee, engagés et idéalistes, face à un Quérillot opportuniste, incarnant l'égoïsme de notre société consumériste. Gudsonn, quant à lui, est le symbole du génie incompris, dont le destin tragique souligne la solitude des visionnaires. La satire mordante de Quentin rappelle que, malgré la clarté des avertissements scientifiques, l'humanité semble condamnée à se voiler la face, préférant le confort d'une existence illusoire.
    Cependant, l’ouvrage ne manque pas de faiblesses. La multitude de digressions sur des théories mathématiques et des personnalités historiques dilue l’impact de l’histoire principale. De plus, la tonalité désabusée de certaines sections peut devenir accablante, laissant une impression de fatalisme pesant.
    Néanmoins, "Cabane" parvient à susciter une réflexion profonde sur notre rapport à l'environnement et aux conséquences de nos choix. Il nous interroge sur notre propre inertie et nous force à envisager notre place dans ce monde en mutation. À l’issue de la lecture, on ne peut que s’interroger : serons-nous, comme les personnages de Quentin, capables de faire face aux vérités qui nous dérangent, ou choisirons-nous, à l’instar de Quérillot, la voie de la facilité ?

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