Rendez-vous le mercredi 16 octobre à 19h sur le site « Un endroit où aller »
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du xxie siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou. De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque, et la satire féroce d'une humanité qui danse au bord de l'abime. Après Soeur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d'étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d'Abel Quentin.
Découvert avec « Le Voyant d'Étampes » (Prix de Flore 2021) dans lequel il réglait son compte avec une ironie mordante au wokisme, Abel Quentin est de retour avec un sujet brûlant : l'aveuglement face à la fin de notre monde tel que nous le connaissons.
Mais à rebours de l'engouement pour les dystopies apocalyptiques, l'écrivain nous propose un voyage dans le passé.
En 1972 paraissait une somme intitulée « Les Limites de la croissance » connue aussi sous le nom de « Rapport Meadows » (l'auteur le rebaptise le « Rapport 21 »). Commandé par le club de Rome, un think tank basé en Suisse, il était le fruit des travaux de scientifiques du MIT qui proposaient plusieurs scénarios dont le plus alarmant prévoyait, compte tenu de la démographie galopante et de la croissance économique, « un effondrement des conditions matérielles d'existence » dès 2050.
À partir de leurs conclusions, qui sont bien réelles, « Cabane » imagine les destins des quatre chercheurs de fiction.
Eugene et Mildred Dundee sont mariés. Ce sont les « stars » du groupe. Après la publication du rapport dont le succès fut immense, ils sillonnent la planète pour faire connaître les résultats alarmants de leur étude et provoquer la prise de conscience des populations et des décideurs.
Déçus de prêcher dans le désert, ils se reconvertissent dans l'élevage de porcs, en bio bien évidemment.
Paul Quérillot, alias le pessimiste et le traître. Conscient que l'histoire de l'humanité n'est qu'une « série de suicides collectifs » et persuadé que l'alarme que lui et ses acolytes ont sonnée aura peu d'écho, il moque « l'optimisme à la con » des Dundee.
Pourquoi, en effet, cesser de jouir de la grande fête de la consommation et de l'enrichissement général pour contrer une extinction annoncée que nous ne vivrons pas parce que nous serons déjà morts ?
Sans complexe, Quérillot fait sienne la formule de Groucho Marx : « Ces générations futures, qu'est-ce qu'elles ont fait pour moi ? ».
De retour des States, le polytechnicien est enrôlé par un groupe pétrolier français avant de voler de ses propres ailes et se faire un maximum d'argent.
Le dernier larron de ce quatuor de mauvais augure est un Norvégien du nom de Gudsonn sur lequel on ne dispose que de peu d'informations.
Cinquante ans après la publication du fameux rapport, un obscur journaliste français, qui apparaît au mitan du récit, va se saisir de son cas dans une quête obsessionnelle sur les traces de ce génie des mathématiques reconverti en activiste, un brin illuminé et fanatique, de la décroissance et, surtout, de la dénatalité.
Que nous raconte « Cabane » ? Nous sommes au bord du précipice alors que nous savions et que nous n'avons rien fait. Ou si peu. Les lanceurs d'alerte sont souvent taxés de farfelus et de peine-à-jouir ou pis, on a voulu, par intérêt et par cynisme, les faire passer comme tel.
Avec une grande maîtrise et un humour désabusé, Abel Quentin nous invite à une plongée existentielle et vertigineuse dans les errements et la cécité d'une humanité qui pille la nature en toute impunité parce qu'elle pense qu'elle lui est supérieure.
EXTRAITS
Le bon sens ne craint pas ce qu'il ne peut pas se représenter.
Les prophètes de malheur sont rarement écoutés.
Il était effarant de lire un livre vieux de cinquante ans qui disait tout.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-cabane-abel-quentin-lobservatoire/
Inspiré d’un rapport réel qui, en 1972, alertait le monde scientifique du risque majeur d’effondrement pour le milieu du vingt et unième siècle, à partir d’une modélisation qui prenait en compte de nombreux facteurs, le roman met en pages le destin des autre personnages, les auteurs du rapport, le parcours qui les a amené à rédiger ce rapport, mais aussi les conséquences à long terme de ce travail universitaire.
C’est l’occasion d’analyser avec beaucoup de sérieux quant à la documentation, l’évolution, ou la non évolution des mentalités, mais aussi avec l’humour qui caractérise les écrits d’Abel Quentin. Et il faut en avoir de l’humour quand on aborde un tel sujet.
Bien entendu, on sait le scepticisme qui accompagne encore les projections de notre monde dans le futur et le credo irraisonné envers la croissance, malgré la logique démontrée.
Un roman foisonnant, très intéressant sur le plan didactique mais aussi par l’attrait pour les personnages, aussi crédibles qu’incarnés.
Un très bel opus , plus que jamais d’actualité
476 pages L’Observatoire 29 aout 2024
Berkeley 1973 : 4 chercheurs sont chargés de rédiger un rapport pour « modéliser les interactions entre l’activité humaine et les ressources naturelles » et les conclusions sont simples : si le monde ne modifie pas son mode de vie ( en terme de croissance et en terme de démographie , il court à sa perte dans un délai court ( XXI° siècle)
Devant un tel constat , chaque chercheur réagira différemment Nous les suivrons sur 50 ans jusqu’à aujourd’hui. Le moins qu’on puisse dire c’est que ce rapport les marquera leur vie à jamais
Dans ce roman, très documenté, il est question entre autres , d’environnement , de réchauffement climatique , de croissances démographiques Des sujets graves sur lesquels Abel Quentin nous alerte , avec talent et humour. Il jongle avec des concepts compliqués mais jamais ne nous perd .Ce roman est tout simplement passionnant. Il nous sensibilise , nous informe, nous bouscule , nous fait réfléchir.
Le constat est inquiétant , malgré l’urgence.
Un roman riche qui donne envie d’aller plus loin , de creuser certaines notions .
Un très beau roman.
Je découvre l’auteur avec son nouveau roman qui commence comme une histoire vraie : 4 scientifiques de Berkley écrivent le Rapport 21 en 1973 sur les perspectives de l’humanité. Bien sûr, les différents scenarios sont catastrophiques. L vrai rapport de 1972 a pour titre Les limites à la croissance.
J’ai aimé suivre Mildred et Eugene DUNDEE qui se verront confier la lourde tâche de parcourir le monde pour donner des conférences de presse en vue de faire connaître le rapport. Le couple décide, après la campagne de dénigrent dont ils ont fait l’objet, de se retirer à la campagne et d’élever des porcs.
Il y a le français Querillot qui ira ensuite travailler pour ELF et vivre une vie de nantis.
Et puis il y a le mystérieux norvégien Johannes GUDSONN, mathématicien prometteur, qui a littéralement disparu des radars.
Le journaliste Rudy Merlin est chargé de retrouver sa trace.
J’ai retrouvé avec plaisir le nom du mathématicien français Grothendieck, réformateur de la géométrie algébrique, plus grand mathématicien du 20e siècle, et qui a choisi la voie écologiste dès 1971.
J’ai découvert le groupe Bourbaki (toujours à propos des mathématiques), mais aussi mes enseignements de dynamique des systèmes et de typologie générale à Berkley.
J’ai eu de la peine pour le norvégien, jeune prodige des mathématiques, abandonné par sa famille, et obsédé par la suite de Fibonacci, la malédiction des villes et la bombe démographique.
Je me suis demandé pourquoi Unabomber se trouvait dans le texte : parce que Théodore Kaczynski a été lui aussi professeur à Berkley avant de devenir un ermite tueur.
Bien sûr, j’ai aimé ce roman qui remet la pensée de Bernanos au centre du combat du norvégien : un penseur contre la technique à tout prix (p.385).
J’ai aimé les pointes d’humour qui se glisse parfois : « La veuve Dundee était gaulée comme une momie » (p.420)
Un roman qui met en scène, dans sa seconde partie, la dérive d’un homme qui cherche la Perfection du Nombre en s’éloignant de l’humanité.
L’image que je retiendrai :
Celle de la cabane en Norvège dans laquelle vit Gudsonn quelques années avant de l’abandonner : en pleine nature, loin de la ville.
https://www.alexmotamots.fr/cabane-abel-quentin/
Avez-vous lu le précédent roman d’Abel Quentin, Le voyant d’Etampes ? Pour ma part c’est en tant que jurée de prix littéraires que je l’avais découvert. J’ai même eu la chance de signer une chronique dans le magazine Elle et de le rencontrer lors d’une table ronde pour le prix Summer 2022.
Il nous revient cette année avec un nouveau roman Cabane dans lequel il traite de façon très vivante de sujets très divers et controversés comme le réchauffement climatique, le fonctionnement des travaux universitaires et leur crédibilité, la notoriété publique, le complotisme et le déni, le couple, la place des intellectuels dans la société actuelle, l’avenir de notre planète, la croissance démographique, …
Pour ce qui est du résumé du roman, vous savez que je n’y consacre que peu de lignes puisque vous le trouverez sur la quatrième de couverture. Je préfère vous dire ce que j’en ai pensé.
C’est un roman à l’écriture soignée et intelligente, au scénario fictif et addictif, aux références documentées. C’est un texte grandiose, élégant, d’une hauteur hors norme, d’une profondeur abyssale et d’une richesse comme on en voit peu.
Bref, c’est un énorme coup de cœur dont vous allez beaucoup entendre parler et qui, à mon humble avis, se trouvera sur de nombreuses listes de prix littéraires de cette fin d’année 2024. Nous franchissons la limite de la littérature pour celle du grand art.
Je vous conseille vivement cette lecture qui est une des meilleures définitions de la littérature contemporaine française et qui vous fera sentir plus grand en la refermant.
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