Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Adolescente revêche et introvertie, Jenny Marchand traîne son ennui entre les allées blafardes de l'hypermarché de Sucy-en-Loire, sur les trottoirs fleuris des lotissements proprets, jusqu'aux couloirs du lycée Henri-Matisse. Dans le huis-clos du pavillon familial, entre les quatre murs de sa chambre saturés de posters d'Harry Potter, la vie se consume en silence et l'horizon ressemble à une impasse.
La fielleuse Chafia, elle, se rêve martyre et s'apprête à semer le chaos dans les rues de la capitale, tandis qu'à l'Élysée, le président Saint-Maxens vit ses dernières semaines au pouvoir, figure honnie d'un système politique épuisé.
Lorsque la haine de soi nourrit la haine des autres, les plus chétives existences peuvent déchaîner une violence insoupçonnée.
Jenny est une adolescent de quinze ans mal dans sa peau, très mal même.
En décalage avec ses parents, transparente pour les autres, humiliée par un garçon, elle se réfugie sur les réseaux sociaux dans le silence de sa chambre.
Et là, une personne enfin la comprend, c'est Dounia, une jeune radicalisée.
Une sœur, une vraie.
Les échanges se multiplient et Jenny franchit le pas à son tour.
Voilà une histoire bien actuelle.
Alors que dire ?
Le processus de décrochage social puis d'enrôlement est bien cerné.
On comprend bien comment ça se passe pour tous ces jeunes paumés qui n'ont plus de références.
Il y a une quarantaine d'année, il entraient dans des sectes.
Maintenant, c'est l'Islam qui les guette.
Certaines phrases sont très longues, certains passages aussi.
On sent l'avocat là-dessous.
Les passages Harry Potter m'ont semblé un peu superflus, mais bon, il s'agit d'une adolescente.
Les clins d''œil à des gens publics existants sont un peu gros.
Ceci dit, j'ai lu tout ça avec intérêt et plaisir, c'est globalement un bon livre.
Je n'ai pas grand chose à ajouter aux commentaires déjà faits si ce n'est que ce roman m'a fortement rappelé celui, magnifique et prémonitoire, de Thierry Jonquet sur un sujet proche intitulé "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ", son dernier livre, écrit en 2006, dont le titre provient des vers écrits par VICTOR HUGO au sujet alors des communards :
"Etant les ignorants, ils sont les incléments, / Hélas combien de temps faudra-t-il vous redire/ A vous tous que c'est à vous de les conduire, / Qu'il fallait leur donner leur part de la cité / Que votre aveuglement produit leur cécité ! / D'une tutelle avare, on recueille les suites, /Et le mal qu'ils vous font, c'est vous qui le leur fîtes. / Vous ne les avez pas guidés, pris par la main / Et renseignés sur l'ombre et sur le vrai chemin. / Vous les avez laissés en proie au labyrinthe, / Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte. / C'est qu'ils n'ont pas senti votre fraternité. / Comment peut-il penser, celui qui ne peut vivre ? "
Nul doute qu' Abel Quentin connait ces vers qui pourraient si bien résumer son roman.
Un premier roman proche de notre actualité, celle des risques de terrorisme, et en particulier, des jeunes gens qui prêtent allégeance à l'Etat Islamique et sont prêts à partir combattre en Syrie ou à effectuer des actes sur le territoire français contre les impurs. Jenny, est une adulescente "normale", un peu isolée, solitaire, avec un sentiment de rejet face aux autres ou qui n'arrive pas à trouver sa place, à se faire des amis. Elle a une scolarité un peu laborieuse, elle vivrait bien des aventures dignes du monde de Harry Potter. Alors, un jour, elle va rencontrer sur Internet Dounia, qui va l'entraîner, comme une soeur, dans la religion musulmane et elle va passer à l'acte. Pas facile de romancer un tel sujet, mais l'auteur arrive à nous toucher dans le portrait de cette jeune fille ordinaire, dans l'engrenage où elle va s'enfoncer, dans les relations qu'elle a avec les autres (un touchant portrait du père et de la mère qui vont essayer de comprendre, même s'ils sont vite perdus et ont l'impression d'être très seuls face à ces faits.. Plusieurs textes tentent de romancer et nous interpellent sur ces faits.
Ce livre démontre admirablement bien le mécanisme de l’endoctrinement. Je parle d’endoctrinement et non de radicalisation car Jenny était mûre pour suivre n’importe quelle personne s’intéressant à elle.
Un livre très très intéressant à lire est à decouvrir comment ses ados peuvent etres tres influencables est finir par tuer c est incontrolable car même les parents n on pas pu la sortir de la un livre prenant jusqu à la fin
J’avance sûrement dans mes chroniques et lectures pour les 68 premières fois. La session de janvier ne saurait tarder et je vous invite à vous inscrire à cette expérience si vous ne connaissez pas les bonnes fées des 68 premières fois !
Voici une de mes dernières lectures de cette expérience : il s’agit de Sœur d’Abel Quentin qui aborde un sujet fort, celui de la radicalisation chez les jeunes filles françaises.
Voici la présentation de l’éditeur – éditions de l’Observatoire :
Adolescente revêche et introvertie, Jenny Marchand traîne son ennui entre les allées blafardes de l'hypermarché de Sucy-en-Loire, sur les trottoirs fleuris des lotissements proprets, jusqu'aux couloirs du lycée Henri-Matisse. Dans le huis-clos du pavillon familial, entre les quatre murs de sa chambre saturés de posters d'Harry Potter, la vie se consume en silence et l'horizon ressemble à une impasse.
La fielleuse Chafia, elle, se rêve martyre et s'apprête à semer le chaos dans les rues de la capitale, tandis qu'à l'Élysée, le président Saint-Maxens vit ses dernières semaines au pouvoir, figure honnie d'un système politique épuisé.
Lorsque la haine de soi nourrit la haine des autres, les plus chétives existences peuvent déchaîner une violence insoupçonnée.
Le sujet choisi par l’auteur n’est pas aisé. La radicalisation est en effet un sujet d’actualité et si on sent le travail documenté de l’auteur, il n’en reste pas moins que Sœur est un roman. Certes réaliste mais un roman dont l’implicite est de délivrer un message à ses lecteurs. Et je pense qu’Abel Quentin réussit cet exercice de style. En nous expliquant le mécanisme de la radicalisation d’une adolescente que rien ne devrait mener sur le chemin du terrorisme, il rappelle à chacun que personne n’est à l’abri de cette infernale machine de haine et que les responsabilités sont bien souvent partagées.
Tableau glaçant de l’endoctrinement, ce roman est prenant. Malgré tout ce que l’on en a pu entendre sur le sujet, tous les reportages et émissions sur la radicalisation, j’ai lu ce livre avec intérêt car il porte un nouveau regard ou plutôt des regards multiples sur ce phénomène social.
En croisant les regards, ceux de Jenny, de ses parents et des hommes politiques, il analyse les mécanismes, le rôle que chacun joue à son niveau et comment tout se met en place pour aboutir à la haine, la violence et la terreur.
En résumé : un roman percutant et d’actualité.
Dévoré en une journée, je n'ai cependant ni aimé ni pas aimé. Mes attentes étaient peut-être trop grandes...
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Un livre sur la conversion à l'Islam puis sur la radicalisation d'une adolescente lambda, jusqu'à l'extrême...
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Ce livre n'est rien de plus qu'une synthèse tout juste romancée de tout ce qui a déjà été dit dans les médias de même qu'une succession de clichés. J'ai eu le sentiment à sa lecture de ne lire qu'une succession froide d'énoncés de faits...
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Ce n'est cependant pas mal écrit mais car oui il y a encore un mais, c'est comme si l'auteur avait voulu étaler sa culture verbale comme on étale de la confiture...
«Radicalisation. Les journalistes répéteront ce mot à l’envi, ravis d’avoir trouvé un concept-talisman que ses six syllabes paraient d’une vague aura scientifique, sans se rendre compte qu’ils commettent ainsi une erreur manifeste d’appréciation. La «radicalisation» de Jenny aurait supposé une phase transitoire de croyance apaisée qu’elle n’avait jamais traversée.» Dans son premier roman, Abel Quentin dresse le portrait saisissant d’une adolescente qui s’ennuie en province et bascule vers le terrorisme.
Tout commence par une scène de polar. Dans un commissariat de police on interroge Chafia, encore mineure, pour tenter d’obtenir des informations sur Dounia Bousaïd, l’une des filles qui figurent avec elle sur une photo de groupe et qui a disparu sans laisser de traces depuis près d’une semaine.
Puis on passe dans les bureaux lambrissés de la Présidence de la République pour assister à une conversation entre Saint-Maxens, le vieil homme qui dirige le pays et son conseiller Karawicz qui l’encourage à clarifier sa situation, c’est-à-dire à annoncer qu’il ne se représentera plus pour laisser la place à son ministre de l’intérieur.
Nous voici enfin sur le terre de Djihadistes où Dounia vient d’arriver. Prise en charge sommairement, on lui explique qu’elle pourrait soutenir la cause en les aidant à fomenter un attentat contre Saint-Maxens. Trois scènes d’ouverture fortes qui posent les bases de ce roman qui va dès lors se concentrer sur le parcours d’une jeune fille «bien sous tous rapports».
À quinze ans, Jennyfer mène une existence ordinaire dans la Nièvre, entouré de parents tout aussi ordinaires. Il est vrai que les perspectives ne sont guère exaltantes: «Sucy-en-Loire, ses rues étriquées qui tissent leur réseau en damier autour d’une église déserte, ses façades mal entretenues qui cachent des intérieurs confortables, bled impossible où l’on dit tranquillité pour parler d’ennui mortel, où la construction d’un dos-d’âne avait divisé ses cinq mille habitants comme s’il s’était agi de l’affaire Dreyfus.» Mais ce qui pèse encore davantage l’adolescente, c’est son corps qu’elle a de la peine à accepter et le regard des collégiens, les moqueries et le rejet dont elle va être victime. Alors elle se réfugie dans sa chambre. «Le soir, ce sont des séances de lecture solitaire, entre quatre murs saturés de posters. Harry Potter y fraye avec ses amis Ron Weasley et Hermione Granger, sous le chaperonnage inquiet de sir Albus Dumbledore, directeur de l’école de sorcellerie et ennemi juré du sinistre Voldemort. Leurs combats épiques étouffent le bruit de ses sanglots.» Si elle pouvait disposer de pouvoirs magiques…
La première main qui va se tendre, attentive et secourable, sera la bonne. L’amie qui l’écoute est une guerrière avec laquelle elle prend confiance. Une maie rencontrée via internet et qui va lui offrir un nouveau monde. La radicalisation se fait insidieusement, le basculement vers l’islam radical est vécu comme une libération.
La voilà en route pour Paris, laissant derrière elle son enfance et des parents désemparés. La voilà prête à passer à l’action, à se battre contre tous ces médiocres, ces pervers, ces mécréants.
Saluons la construction de ce roman qui gagne en intensité au fil des pages, qui tisse des fils entre une jeune adolescente et un Président de la République, entre Sucy-en-Loire et le Califat, entre Harry Potter et un attentat terroriste, entre fiction et actualité brûlante. Et finit par nous sidérer face à cette logique implacable qui va entraîner Jenny à concevoir son attentat.
Le jury du Prix Goncourt ne s’y est pas trompé en mettant ce roman dans sa première sélection. Sœur est en quelque sorte aussi le frère de Des hommes couleur de ciel d’Anaïs Llobet, publié dans la même maison d’édition, et qui retraçait aussi le parcours de terroristes. Tous deux ont cette vertu cardinale: nous obliger à regarder cette réalité en face, nous faire réfléchir à ces parcours, à ce qui pousse les gens à rejoindre les rangs de Daech, à notre responsabilité collective. Car Abel Quentin, qui en tant qu’avocat s’est occupé de jeunes radicalisés, a compris que si on ne naissait pas terroriste, on le devenait. Avec à chaque fois une histoire particulière: «La «radicalisation» de Jenny aurait supposé une phase transitoire de croyance apaisée qu’elle n’avait jamais traversée. Elle s’était convertie, voilà tout. Sans connaissance préalable de la religion, elle n’avait eu qu’une conscience diffuse d’en rejoindre une section dissidente.» La suite, effrayante, coule presque de source.
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...