Des lectures parmi les plus belles du moment...
« J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. » Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d'un anti-héros romantique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération.
Des lectures parmi les plus belles du moment...
Jubilatoire t réjouissant, ce roman immergé dans l'extrême contemporain est au coeur des idées les plus polémiques de l'époque : wokisme, appropriation culturelle, privilège de l'homme banc, néo-féminisme, cancel culture... A priori, pas de quoi surprendre, tant ces thèmes grèvent ad nauseam l'actualité. Mais avec Abel Quentin, on est loin d'avoir la gueule de bois. Bien au contraire, le lecteur a l'impression d'être boosté aux amphétamines du romanesque. Car "Le Voyant d’Étampes" est tout sauf un roman à thèse. L'humour corrosif vient à chaque page dynamiter les préjugés identitaires. Détecter les jargons les plus récents d'une novland ridicule, débusquer les travers d'une Université en voie d'obsolescence, désamorcer toute idée de bien-pensance, telles sont quelques-unes des voies qu’emprunte ce roman, en constants dérapages stylistiques, décapages idéologiques.
Un roman résolument équivoque, qui, jusqu'à la dernière page, nous tient en haleine.
Lors de la rentrée littéraire 2021, j’avais souvent vu passer ce roman et l’avais épinglé en me disant que le sujet pourrait être intéressant. Je n’ai pas été déçue !!
Ce roman c’est celui d’une chasse aux sorcières version moderne, autour d’un thème ô combien d’actualité : la cancel culture. Sujet délicat mais dont l’auteur déjoue avec maestria tous les pièges.
Jean Roscoff est un historien, universitaire de Paris VIII, Saint-Denis, tout juste retraité, « homme de gauche, qui gardait mes portes ouvertes aux vents nouveaux », engagé, militant de la première heure à SOS Racisme, alcoolique, divorcé, dépressif. Il a commis dans les années 90 un roman engagé pour défendre les époux Rosenberg, les taupes soviétiques accusés d’espionnage … au moment même où la CIA déclassifiait ses archives et prouvaient leur implication. Mauvais timing pour cet essai qui finira directement au pilori.
Au détour des recherches pour ce roman (en plein Maccarthysme), il croisera à plusieurs reprises le chemin d’un écrivain, communiste afro-américain, Robert Willow, qui le marquera au point d’en faire un nouveau livre, là encore documenté, éclairant, passionné, mais dont il occulte un point important dans son étude qui va mettre le feu aux poudres.
Une petite référence à ce texte dans un blog, repris sur les réseaux sociaux et la machine s’emballe. C’est cet engrenage implacable des réseaux sociaux et de la sphère médiatique qu’Abel Quentin décortique avec un humour féroce. Jamais Roscoff n’aurait imaginé être accusé d’appropriation culturelle, de wokisme ou encore de cancel culture, concepts qu’il découvre et dont il est « partagé entre l’effroi et l’admiration pour cette génération aux colères définitives ».
Si on a du mal à prendre la défense de ce boomer un peu dépassé, parfois de mauvaise foi, on est aussi sidéré par l’absence de nuances et les méthodes utilisées par cette génération qui ne doute de rien.
Injonctions contradictoires, réflexions profondes, intelligence des propos (même si la première partie m’a semblé un peu longue) autour de cette époque auscultée au scalpel qui nous interpelle et nous questionne. C’est mordant, jubilatoire, un brin désabusé. Brillant quoi !
Ce livre n’a pas du tout marché avec moi… Je n’ai accroché ni aux personnages, ni à l’histoire, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à le lire. J’ai trouvé énormément de longueurs, je trouvais l’écriture pas fluide et je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire. J’avais vraiment du mal à me concentrer sur ce que je lisais, c’est peut-être ce qui a fait que je n’ai pas accroché à l’histoire.
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Autre point, j’ai eu du mal avec le texte que je ne trouve pas aéré du tout, et ça a beaucoup compliqué ma lecture aussi… Dommage.
« Le Voyant d’Etampes » est le livre que le héros Jean Roscoff, jeune retraité désabusé, veut écrire pour redonner un sens à sa vie.
Ce livre, essai sur un poète américain méconnu, mort sur une route près d’Etampes, devient une vraie bombe.
Jean ne maîtrise pas les codes d’aujourd’hui et va vivre l’enfer dans notre époque des réseaux sociaux et de la woke culture.
Ce roman a reçu le Prix de Flore 2021 ( pour ceux que ça intéresse)
Je vais faire l’économie d’un résumé du roman car d’autres l’ont très bien fait avant moi sur ce site.
J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce livre et à le finir, ce que j’ai fait par égard pour le travail de son auteur et pour essayer de comprendre pourquoi je ne peux m’associer au concert de louanges qu’il a suscité.
Ce que j’attends d’un roman, c’est me permettre de m’évader des contingences quotidiennes et me libérer des débats souvent stériles qui agitent les média et la classe politique ; lorsque je veux approfondir un thème de société ou un débat politique, je me tourne alors vers des essais.
Abel Quentin mélange ici les deux genres, le personnage de Jean Roscoff n’étant là que pour aborder des thèmes très à la mode, médiatisés à outrance : féminisme radical, réseaux sociaux devenus des tribunaux populaires où chacun peut se retrouver jeté en pâture pour un mot ou une idée qui ne plaît pas, privilège blanc, wokisme, cancel culture dont il est à noter que la majorité nous arrive directement des États-Unis, sans contextualisation. Je me suis sentie engluée dans ces concepts parfois fumeux dont nous abreuvent les média. Les personnages sont relativement stéréotypés et n’ont pas de profondeur, si ce n’est par les caricatures que l’auteur leur fait incarner : Jean, le militant de SOS racisme qui s’en gargarise encore 30 ans après, la femme de Jean, droguée au travail et à la réussite, Marc, l’ami de Jean, ancien militant de SOS Racisme et cacique du PS à la réussite capitaliste insolente, Jeanne, la passionaria extrémiste du combat contre l’homme blanc oppresseur, l'éditeur veule qui lâche son auteur face au lynchage médiatique.
Malgré une lecture laborieuse et un sentiment d’ennui à certains passages, j’ai, cependant, aimé l’écriture brillante, l’intelligence, l’autodérision et l’ironie mordante avec lesquelles Abel Quentin dénonce tous ces extrémismes qui nous dressent les uns contre les autres (Blancs contre Noirs, femmes contre hommes,…). L’auteur se livre, au passage, à une critique acerbe de tous ceux qui pérorent sur des livres, en particulier de certains de ceux qui s’autoproclament critiques littéraires sans avoir lu l’objet de leur anathème. J’ai apprécié de me retrouver plongée dans une période que j’ai bien connue étant de la génération du personnage. Le livre est fort bien documenté et rend l’atmosphère des années 60 très réelle avec les figures de Sartre, James Baldwin, les interrogations sur le communisme, le combat pour l’égalité des droits pour les Noirs aux États-Unis...
Jubilatoire, « le voyant d’Etampes » mélange les genres : d’abord, Abel Quentin enveloppe le lecteur dans un nuage de fumée, semant le doute quant à l’existence réelle de ce poète exilé. Puis, de façon truculente, il décrit Jean Roscoff, le malheureux progressiste, ostracisé par une génération militante de conscientisés, soumis à une campagne de harcèlement, proche de la mise à mort et cela avec brio ce qui rend ce roman irrésistible, une vraie farce ironique contre l’intolérance, surtout anonyme, un pamphlet contre l’absurdité et la censure ! Le style de l’auteur, très dynamique empêche le lecteur de s’endormir, le laisse en éveil permanent,.
❝Seulement le danger avec la haine, c'est que quand on commence il en monte cent fois plus qu'on en aurait voulu. Je ne connais rien de plus difficile à brider que la haine. Il est plus facile de renoncer à la bouteille que de juguler la haine, et ça n'est pas peu dire.❞
Philip Roth, La Tache
❝Quel crime avais-je commis ? Même en tenant pour acquis l’ensemble des prolégomènes de l’antiracisme moderne, quel putain de crime avais-je commis qui justifie que je sois sacrifié ?❞
Après le remarqué Sœur (Éditions de l'Observatoire, 2019 ; J'ai lu, 2021) bien ancré dans notre paysage social actuel, Abel Quentin récidive avec son 2e roman Le Voyant d’Étampes qui a reçu le prix de Flore 2021. On suit les heurs (rares) et malheurs (nombreux) du désabusé Jean Roscoff dans un XXIe siècle qu’il ne comprend pas, qui ne le comprend pas.
❝Le jeune dandy à crinière n'était plus. Quelques vestiges perpétuaient son souvenir : lippe charnue, sourcils épais et regard bleu horizon. Pour le reste, je ne me faisais pas d'illusion. J'étais un sexagénaire aux jambes maigres, avec une bedaine ; morphologiquement, je ressemblais à un poulet-bicyclette.❞
Ce professeur de Paris VIII depuis peu à la retraite, à qui on ne connaît qu’un seul véritable ami, Marc, brillant et serviable avocat (autoportrait de l’auteur ?), se retrouve pris dans une polémique que les réseaux sociaux s’empressent de faire monter, comme le lait sur le feu, jusqu’au débordement. Cet homme dont le principal défaut est de n'avoir pas les clefs qui décodent son époque va être voué aux nouvelles gémonies, cloué aux nouveaux piloris, bref ! conspué sur les réseaux sociaux, abandonné de presque tous ses amis, qu’ils détournent les yeux ou aboient avec la meute.
Jean Roscoff n’est qu’une caricature et les personnages secondaires le sont tout autant. En forçant intentionnellement le trait, en le déformant, en le boursouflant d’exagérations, Abel Quentin écrit un livre à charge qui dénonce les dérives de notre temps, et il le fait très bien en jouant sur les limites avec humour.
Vieilli, divorcé, une ex-femme, Agnès, bienveillante bien que d’une lucidité implacable, une fille, Léonie, vivant avec sa compagne Jeanne, néoféministe psychorigide, ❝éveillée❞, ❝conscientisée❞, qui a oublié de sourire (mais pas de mordre !), ce paumé se noie souvent dans l’ambre mousseuse d’une 1664. Comment imaginer qu’un homme déjà au plus bas puisse encore (dé)choir ?
Sa chute s’est amorcée dès le mitan des années 1990, au moment où ce spécialiste des États-Unis au temps de la guerre froide et du parti communiste américain (comprenez de la chasse aux sorcières et du Maccarthisme) avait publié un ouvrage qu’il consacrait à l’affaire des époux Rosenberg. Je résume : au début des années 1950, le couple avait été arrêté et jugé coupable d’être à la tête d’un important réseau espionnage soviétique avant d’être emprisonné et exécuté sur la chaise électrique en juin 1953. Las ! quelques jours après la parution de l’ouvrage dans lequel Roscoff œuvrait fervemment à leur réhabilitation, la CIA déclassifiait les documents qui rendaient patent l’espionnage de ce couple de new-yorkais pour le compte de l’URSS. Patatras ! réputation entachée dans un milieu qui pardonne mal ce genre de salissure, souvent par peur de s'en trouver éclaboussé.
Depuis son départ en retraite, Jean Roscoff est comme un poisson hors de son bocal.
❝La fac était le décor familier qui me déprimait autant qu'il me rassurait et c'était celui des ensembles en béton, de la morgue intellectuelle, des rétributions symboliques, des cols roulés, des publications pointues, des colloques jargonneux, des photocopieuses en panne, des jeux de pouvoir invisibles, ascenseurs vétustes et amiantés, chapelles, culte des titres, grades, étudiants chinois effarés, acronymes mystérieux, baies vitrées sales, syndicats sourcilleux, cartons de tracts crevés, tags fripons dans les chiottes, c'était cette vieille ruine au charme inaltéré : l'Université. J'y avais passé près de quarante ans, elle ne m'avait pas ouvert les portes aussi grandes que je l'aurais souhaité, elle m'avait déçu mais enfin c'était mon monde, mon environnement naturel.❞
Que faire de tout ce temps vacant et, disons-le, de cette soif de reconnaissance à étancher, de blason à redorer ?
Pourquoi ne pas reprendre cette biographie toujours recommencée jamais achevée, en jachère depuis 30 ans ? Celle de Robert Willow qu’il avait commencé d’ébaucher avant de l’abandonner faute de temps pour la mener à bien ? Et pourquoi pas, en effet ? Ce sujet est du pain béni pour tout universitaire qui veut se remettre en selle ! Imaginez. Écrire la biographie du fort méconnu Robert Willow à laquelle il donnerait pour titre Le Voyant d’Étampes …
❝J’allais conjurer le sort, le mauvais œil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d’Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J’allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux.❞
Mais qui est donc ce Robert Willow qu'Abel Quentin, qui n'est pas à une facétie près, cite en épigraphe de son roman ? Un poète américain, joueur de jazz à ses heures, fervent admirateur du grand Miles (Davis), communiste ayant préféré, plutôt que de subir les purges de McCarthy, se retirer dans les années 1950-60 en France avant de trouver la mort dans un accident de voiture à Étampes. Cet ouvrage, objet hybride, ❝un recueil poétique mâtiné d’un essai, un objet bâtard comme l’était son sujet, l’insaisissable Robert Willow❞, comme tous les travaux universitaires, n’est destiné qu’à un lectorat restreint d’initiés, a fortiori quand il est publié chez un éditeur qualifié pudiquement de confidentiel, avec les difficultés que l'on sait. Alors pourquoi est-il l’étincelle qui met le feu aux poudres des héritiers du combat antiraciste ? Ils vont tirer à vue sur ce pauvre, naïf et définitivement dépassé Jean Roscoff dont le seul acte répréhensible est d’avoir omis ce qui pour lui n’était qu’un détail ou, peut-être une évidence.
❝Le poète selon Roscoff est un ange, un être séraphique qui plane, gracile, au-dessus de son temps. Mais peut-on séparer l'œuvre des circonstances dans lesquelles elle a vu le jour ? À certains moments, le déni ressemble furieusement à la mauvaise foi. […] Déni, vraiment ? Il est permis de se poser la question.❞
Tout s'emballe pour cet homme décidément abonné aux mauvais choix. Comment peut-on l’accuser d’appropriation culturelle, de racisme, de mauvaise foi, lui militant socialiste de la première heure aux côtés de Julien Dray et Harlem Désir, à l’UNEF d’abord, à SOS Racisme ensuite ?
Certains passages bien caustiques sont à pleurer de rire. Qu'il est touchant de naïveté ce pauvre Roscoff qui, complètement déconnecté, va jusqu'à tendre le bâton pour se faire battre ! La fin n'en est que plus jubilatoire. Dans ce roman brutal et subtil (l’un n’excluant pas l’autre), Abel Quentin égratigne les travers de notre époque qu'il épie d’une plume polémique, juste, féroce, mordante et tout à fait réjouissante à laquelle j’ai envie de dire un grand merci tant m’insupportent ces nauséabonds tribunaux de la bien-pensance prompts à torpiller, à condamner sans appel avant de se lasser et se trouver une nouvelle victime à harceler.
❝L’injure est entrée dans les mœurs. L’injure est devenue un mode d’expression. Elle a empoisonné toute la société.❞
Des bémols toutefois tempèrent mon enthousiasme. J’ai trouvé ce roman interminable dans sa première partie et, par la suite, très bavard, amoureux de son verbe, à la manière d’un article universitaire qui déballe son érudition devant un parterre de happy few du monde intellectuel contemporain dont l’auteur s’amuse à épingler autant l’entre-soi que la frilosité. Dans le roman d'Abel Quentin, la mise en abyme est donc aussi formelle. Amaigri de quelques pages, il n’aurait rien perdu de sa force, bien au contraire, et aurait peut-être eu droit à une correction digne de ce nom. Si je ne parle jamais de la qualité de la correction, fermant volontiers les yeux sur la faute résiduelle, je dois quand même dire que Le Voyant d’Étampes est un ramassis comme rarement vu de fautes d’orthographe, d’erreurs syntaxiques, de répétitions, etc. Faites également le deuil de votre confort de lecture ; ressortir indemnes de ces quelque 380 pages denses dont la taille de la police choisie est inadaptée à l’écriture serrée et à l’interlignage ridiculement faible est une prouesse dont mes yeux ne sont pas peu fiers !
Lu pour la sélection 2022 des #68premieresfois
https://www.calliope-petrichor.fr/2022/06/08/le-voyant-d-étampes-abel-quentin-l-observatoire/
Le voyant d’Étampes est le titre de l'essai que Jean Roscoff a écrit sur Robert Willow. Un essai, pas un roman. Écrit pas un universitaire retraité, pas par un auteur à succès. A priori, pas de quoi déchaîner les foules et surtout les critiques. Oui mais voilà, l’auteur a juste omis une information de taille, enfin de couleur… Le poète disparu était afro-américain. Noir. Et alors, me direz-vous ?
Alors, lorsque l’on a milité contre le racisme et que l’on a fait partie du Mouvement SOS Racisme, forcément ça fait tâche. Et puis parce que de nos jours, tout passe et trépasse par les réseaux sociaux, l’ancien universitaire ne manquera pas d'être pris dans une tourmente médiatique, cueilli à froid par les gardiens de la pensée que sont les éveillés. Jean Roscoff va goûter au lynchage y compris de la Gauche, ce parti qu’il a tant fréquenté plus jeune et dont il partage encore les valeurs. Pourtant, ce Mouvement idéologique n’hésitera pas à le traiter de raciste, ce que l’extrême droite ne manquera pas d’exploiter. Absolument absurde. Ubuesque même.
Abel Quentin aborde ici un sujet éminemment d’actualité. Il raconte la chute d’un anti-héros romantique et cynique, à l’ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Il dénonce le règne de la polémique et de l’insulte, les attaques aveugles et en meute sur les réseaux sociaux, la lâcheté d’amis et de proches qui se détournent plus vite que leur ombre de celui qui est mis à mort virtuellement et publiquement, trop heureux d’avoir été épargnés.
Bien que la thématique soit intéressante, que Le voyant d’Étampes comporte quelques jolies formules, que la plume d’Abel Quentin soit acérée et que la construction de son récit soit habile, il n’en demeure pas moins que cet anti-héros qu’est Jean Roscoff sombrant chaque jour qui passe un peu plus dans la déprime et totalement dépassé par son époque, m’a tenue à distance. En effet, malgré l’injustice dont il est victime, la surréaction des soi-disant bien-pensants, je n’ai pas ressenti d’empathie pour ce bonhomme. C'est donc de loin que j'ai assisté à son exécution virtuelle. C’est vraiment dommage !
Ça l’est parce que j’attendais beaucoup de cette lecture et parce que je reste convaincue qu’il est indispensable de sensibiliser le plus grand nombre sur les dérives des réseaux sociaux et la dictature de tous ceux qui s'auto-proclament gardiens notre conscience collective. Il est certain que les digressions et les longueurs du premier tiers du livre qui ont rendu ma lecture très poussive, n'ont pas aidé. De plus, et même s’il est patent que l’auteur se soit parfaitement documenté sur ce qu’il dénonce, il m'a manqué un souffle romanesque, si bien qu'en refermant ce livre, j’ai cru avoir lu, non pas un roman, mais un document. Quoi qu'il en soit, Le voyant d'Étampes mérite d'être lu, ne serait-ce que pour la prise de conscience qu'il suscite.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2022/03/mon-avis-sur-le-voyant-detampes-dabel.html
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