Des lectures parmi les plus belles du moment...
« J'allais conjurer le sort, le mauvais oeil qui me collait le train depuis près de trente ans. Le Voyant d'Étampes serait ma renaissance et le premier jour de ma nouvelle vie. J'allais recaver une dernière fois, me refaire sur un registre plus confidentiel, mais moins dangereux. » Universitaire alcoolique et fraîchement retraité, Jean Roscoff se lance dans l'écriture d'un livre pour se remettre en selle : Le voyant d'Étampes, essai sur un poète américain méconnu qui se tua au volant dans l'Essonne, au début des années 60. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé ? Abel Quentin raconte la chute d'un anti-héros romantique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Et dresse, avec un humour délicieusement acide, le portrait d'une génération.
Des lectures parmi les plus belles du moment...
Quel plaisir de retrouver la plume intelligente et quelque peu caustique de l’auteur dont j’avais adoré Cabane.
Autre roman, autre contexte : nous suivons Jean Roscoff, universitaire à la retraite, alcoolique et divorcé dont les heures de gloire sont derrière lui.
J’ai aimé son ex-femme, une working-woman qui veut réussir son divorce comme elle réussit sa carrière professionnelle.
J’ai eu de la peine pour Jean, 65 ans, qui n’a qu’un seul ami Max, avocat plein aux as. Jean dont le précédent roman sur les époux Rosenberg a fait un flop deux jours après sa sortie.
J’ai eu de la peine pour Jean qui ne cesse de répéter qu’il a fait la marche des beurs et le concert de la Bastille du 15 juin 1985.
Mais j’ai aimé sa passion pour le poète américain Robert Willow qui émigrera en France, fréquentera Saint-Germains-des-Prés à la haute époque et finira sa vie à Etampes à écrire des poèmes avant de décédé jeune dans un accident de voiture.
J’ai aimé que des extraits de poèmes de Willow parsèment le roman.
J’ai adoré les mouvements féministes qui apparaissent dans le roman, notamment celui du trans-exclusionary radical feminism. Pour les TERF, on est une femme si on nait avec des organes génitaux féminins. Le ressenti d’identité de genre ne compte pas. Quelle horreur et quelle exclusion dans la pensée du groupe.
J’ai découvert l’arrière-cour du mouvement SOS racisme : Harlem Désir était utilisé comme une tête de gondole par Julien Dray qui dirigeait tout, en autocrate.
J’ai également découvert le critique Alain Pacadis dont la mort signe véritablement la fin du punk ; le gin Bombay Sapphire ; le projet Venona qui a tenté de casser les codes de communication des Russes.
J’ai aimé Marc qui cite Sun Tzu à tout bout de champ et Jean qui conduit sa vieille Toyota Prius.
J’ai aimé que ce roman me parle de la haine qui monte rapidement sur les réseaux sociaux, un monde totalement étranger à Jean. Mais une haine qui passe vite, trouvant sans cesse de nouvelle cible.
J’ai aimé que ce roman mêle années de militantisme socialiste des années 80, les années 50 avec Sartre et Camus, et notre monde connecté moderne.
Un roman riche et puissant dont j’ai à peine effleuré les sujets dans ce billet.
Quelques citations :
Dans ces années-là, j’avais l’impression que les étudiants étaient de plus en plus cons. C’était, bien sûr, une illusion : le signe que ma patience et mon dévouement trouvaient plus rapidement leurs limites. (p.55)
Je comprenais avec une acuité nouvelle la révolte des vieux que leurs enfants empêchent de s’autodétruire. C’était infantilisant et hypocrite, ce genre d’ingérence trahissait l’égoïsme le plus forcené, celui des enfants qui veulent se couvrir, dormir sur leurs deux oreilles sans entendre la voix singulière du vieillard, son besoin profond de voyager quelques heures en dehors de son corps. (p.72)
L’image que je retiendrai :
Celle de la librairie le Lézard enragé dans laquelle Jean présente son livre avant la catastrophe.
https://www.alexmotamots.fr/le-voyant-detampes-quentin-abel/
Jubilatoire t réjouissant, ce roman immergé dans l'extrême contemporain est au coeur des idées les plus polémiques de l'époque : wokisme, appropriation culturelle, privilège de l'homme banc, néo-féminisme, cancel culture... A priori, pas de quoi surprendre, tant ces thèmes grèvent ad nauseam l'actualité. Mais avec Abel Quentin, on est loin d'avoir la gueule de bois. Bien au contraire, le lecteur a l'impression d'être boosté aux amphétamines du romanesque. Car "Le Voyant d’Étampes" est tout sauf un roman à thèse. L'humour corrosif vient à chaque page dynamiter les préjugés identitaires. Détecter les jargons les plus récents d'une novland ridicule, débusquer les travers d'une Université en voie d'obsolescence, désamorcer toute idée de bien-pensance, telles sont quelques-unes des voies qu’emprunte ce roman, en constants dérapages stylistiques, décapages idéologiques.
Un roman résolument équivoque, qui, jusqu'à la dernière page, nous tient en haleine.
Lors de la rentrée littéraire 2021, j’avais souvent vu passer ce roman et l’avais épinglé en me disant que le sujet pourrait être intéressant. Je n’ai pas été déçue !!
Ce roman c’est celui d’une chasse aux sorcières version moderne, autour d’un thème ô combien d’actualité : la cancel culture. Sujet délicat mais dont l’auteur déjoue avec maestria tous les pièges.
Jean Roscoff est un historien, universitaire de Paris VIII, Saint-Denis, tout juste retraité, « homme de gauche, qui gardait mes portes ouvertes aux vents nouveaux », engagé, militant de la première heure à SOS Racisme, alcoolique, divorcé, dépressif. Il a commis dans les années 90 un roman engagé pour défendre les époux Rosenberg, les taupes soviétiques accusés d’espionnage … au moment même où la CIA déclassifiait ses archives et prouvaient leur implication. Mauvais timing pour cet essai qui finira directement au pilori.
Au détour des recherches pour ce roman (en plein Maccarthysme), il croisera à plusieurs reprises le chemin d’un écrivain, communiste afro-américain, Robert Willow, qui le marquera au point d’en faire un nouveau livre, là encore documenté, éclairant, passionné, mais dont il occulte un point important dans son étude qui va mettre le feu aux poudres.
Une petite référence à ce texte dans un blog, repris sur les réseaux sociaux et la machine s’emballe. C’est cet engrenage implacable des réseaux sociaux et de la sphère médiatique qu’Abel Quentin décortique avec un humour féroce. Jamais Roscoff n’aurait imaginé être accusé d’appropriation culturelle, de wokisme ou encore de cancel culture, concepts qu’il découvre et dont il est « partagé entre l’effroi et l’admiration pour cette génération aux colères définitives ».
Si on a du mal à prendre la défense de ce boomer un peu dépassé, parfois de mauvaise foi, on est aussi sidéré par l’absence de nuances et les méthodes utilisées par cette génération qui ne doute de rien.
Injonctions contradictoires, réflexions profondes, intelligence des propos (même si la première partie m’a semblé un peu longue) autour de cette époque auscultée au scalpel qui nous interpelle et nous questionne. C’est mordant, jubilatoire, un brin désabusé. Brillant quoi !
Ce livre n’a pas du tout marché avec moi… Je n’ai accroché ni aux personnages, ni à l’histoire, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à le lire. J’ai trouvé énormément de longueurs, je trouvais l’écriture pas fluide et je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire. J’avais vraiment du mal à me concentrer sur ce que je lisais, c’est peut-être ce qui a fait que je n’ai pas accroché à l’histoire.
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Autre point, j’ai eu du mal avec le texte que je ne trouve pas aéré du tout, et ça a beaucoup compliqué ma lecture aussi… Dommage.
« Le Voyant d’Etampes » est le livre que le héros Jean Roscoff, jeune retraité désabusé, veut écrire pour redonner un sens à sa vie.
Ce livre, essai sur un poète américain méconnu, mort sur une route près d’Etampes, devient une vraie bombe.
Jean ne maîtrise pas les codes d’aujourd’hui et va vivre l’enfer dans notre époque des réseaux sociaux et de la woke culture.
Ce roman a reçu le Prix de Flore 2021 ( pour ceux que ça intéresse)
Je vais faire l’économie d’un résumé du roman car d’autres l’ont très bien fait avant moi sur ce site.
J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce livre et à le finir, ce que j’ai fait par égard pour le travail de son auteur et pour essayer de comprendre pourquoi je ne peux m’associer au concert de louanges qu’il a suscité.
Ce que j’attends d’un roman, c’est me permettre de m’évader des contingences quotidiennes et me libérer des débats souvent stériles qui agitent les média et la classe politique ; lorsque je veux approfondir un thème de société ou un débat politique, je me tourne alors vers des essais.
Abel Quentin mélange ici les deux genres, le personnage de Jean Roscoff n’étant là que pour aborder des thèmes très à la mode, médiatisés à outrance : féminisme radical, réseaux sociaux devenus des tribunaux populaires où chacun peut se retrouver jeté en pâture pour un mot ou une idée qui ne plaît pas, privilège blanc, wokisme, cancel culture dont il est à noter que la majorité nous arrive directement des États-Unis, sans contextualisation. Je me suis sentie engluée dans ces concepts parfois fumeux dont nous abreuvent les média. Les personnages sont relativement stéréotypés et n’ont pas de profondeur, si ce n’est par les caricatures que l’auteur leur fait incarner : Jean, le militant de SOS racisme qui s’en gargarise encore 30 ans après, la femme de Jean, droguée au travail et à la réussite, Marc, l’ami de Jean, ancien militant de SOS Racisme et cacique du PS à la réussite capitaliste insolente, Jeanne, la passionaria extrémiste du combat contre l’homme blanc oppresseur, l'éditeur veule qui lâche son auteur face au lynchage médiatique.
Malgré une lecture laborieuse et un sentiment d’ennui à certains passages, j’ai, cependant, aimé l’écriture brillante, l’intelligence, l’autodérision et l’ironie mordante avec lesquelles Abel Quentin dénonce tous ces extrémismes qui nous dressent les uns contre les autres (Blancs contre Noirs, femmes contre hommes,…). L’auteur se livre, au passage, à une critique acerbe de tous ceux qui pérorent sur des livres, en particulier de certains de ceux qui s’autoproclament critiques littéraires sans avoir lu l’objet de leur anathème. J’ai apprécié de me retrouver plongée dans une période que j’ai bien connue étant de la génération du personnage. Le livre est fort bien documenté et rend l’atmosphère des années 60 très réelle avec les figures de Sartre, James Baldwin, les interrogations sur le communisme, le combat pour l’égalité des droits pour les Noirs aux États-Unis...
Jubilatoire, « le voyant d’Etampes » mélange les genres : d’abord, Abel Quentin enveloppe le lecteur dans un nuage de fumée, semant le doute quant à l’existence réelle de ce poète exilé. Puis, de façon truculente, il décrit Jean Roscoff, le malheureux progressiste, ostracisé par une génération militante de conscientisés, soumis à une campagne de harcèlement, proche de la mise à mort et cela avec brio ce qui rend ce roman irrésistible, une vraie farce ironique contre l’intolérance, surtout anonyme, un pamphlet contre l’absurdité et la censure ! Le style de l’auteur, très dynamique empêche le lecteur de s’endormir, le laisse en éveil permanent,.
Le voyant d’Étampes est le titre de l'essai que Jean Roscoff a écrit sur Robert Willow. Un essai, pas un roman. Écrit pas un universitaire retraité, pas par un auteur à succès. A priori, pas de quoi déchaîner les foules et surtout les critiques. Oui mais voilà, l’auteur a juste omis une information de taille, enfin de couleur… Le poète disparu était afro-américain. Noir. Et alors, me direz-vous ?
Alors, lorsque l’on a milité contre le racisme et que l’on a fait partie du Mouvement SOS Racisme, forcément ça fait tâche. Et puis parce que de nos jours, tout passe et trépasse par les réseaux sociaux, l’ancien universitaire ne manquera pas d'être pris dans une tourmente médiatique, cueilli à froid par les gardiens de la pensée que sont les éveillés. Jean Roscoff va goûter au lynchage y compris de la Gauche, ce parti qu’il a tant fréquenté plus jeune et dont il partage encore les valeurs. Pourtant, ce Mouvement idéologique n’hésitera pas à le traiter de raciste, ce que l’extrême droite ne manquera pas d’exploiter. Absolument absurde. Ubuesque même.
Abel Quentin aborde ici un sujet éminemment d’actualité. Il raconte la chute d’un anti-héros romantique et cynique, à l’ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. Il dénonce le règne de la polémique et de l’insulte, les attaques aveugles et en meute sur les réseaux sociaux, la lâcheté d’amis et de proches qui se détournent plus vite que leur ombre de celui qui est mis à mort virtuellement et publiquement, trop heureux d’avoir été épargnés.
Bien que la thématique soit intéressante, que Le voyant d’Étampes comporte quelques jolies formules, que la plume d’Abel Quentin soit acérée et que la construction de son récit soit habile, il n’en demeure pas moins que cet anti-héros qu’est Jean Roscoff sombrant chaque jour qui passe un peu plus dans la déprime et totalement dépassé par son époque, m’a tenue à distance. En effet, malgré l’injustice dont il est victime, la surréaction des soi-disant bien-pensants, je n’ai pas ressenti d’empathie pour ce bonhomme. C'est donc de loin que j'ai assisté à son exécution virtuelle. C’est vraiment dommage !
Ça l’est parce que j’attendais beaucoup de cette lecture et parce que je reste convaincue qu’il est indispensable de sensibiliser le plus grand nombre sur les dérives des réseaux sociaux et la dictature de tous ceux qui s'auto-proclament gardiens notre conscience collective. Il est certain que les digressions et les longueurs du premier tiers du livre qui ont rendu ma lecture très poussive, n'ont pas aidé. De plus, et même s’il est patent que l’auteur se soit parfaitement documenté sur ce qu’il dénonce, il m'a manqué un souffle romanesque, si bien qu'en refermant ce livre, j’ai cru avoir lu, non pas un roman, mais un document. Quoi qu'il en soit, Le voyant d'Étampes mérite d'être lu, ne serait-ce que pour la prise de conscience qu'il suscite.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2022/03/mon-avis-sur-le-voyant-detampes-dabel.html
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