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L'ami du prince

Couverture du livre « L'ami du prince » de Marianne Jaegle aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782073061041
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

12 avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome. Des soldats en armes envahissent la villa de Sénèque, porteurs d'un ordre de l'empereur : le philosophe doit se donner la mort. Sénèque écrit alors une ultime lettre à son ami Lucilius, dressant pour lui le bilan de sa vie. Durant quinze... Voir plus

12 avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome. Des soldats en armes envahissent la villa de Sénèque, porteurs d'un ordre de l'empereur : le philosophe doit se donner la mort. Sénèque écrit alors une ultime lettre à son ami Lucilius, dressant pour lui le bilan de sa vie. Durant quinze années, il a été le précepteur, puis le conseiller, puis l'ami de celui qui exige désormais sa mort : l'empereur Néron. Parce qu'il vit ses dernières heures, Sénèque peut enfin tenir un discours de vérité sur son élève. Dans cet ultime moment d'introspection, le philosophe interroge la réalité du pouvoir, mais affronte aussi ses propres erreurs et sa compromission. L'Ami du Prince raconte comment Sénèque s'est retrouvé prisonnier d'un idéal de l'Empire, de ses illusions et d'un jeune homme imprévisible dont la vraie nature s'est révélée peu à peu. Après Vincent qu'on assassine et Un instant dans la vie de Léonard de Vinci, Marianne Jaeglé fait revivre le stupéfiant face-à-face entre un philosophe épris de vertu et un jeune tyran sans merci.

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Articles (5)

Avis (24)

  • Agrippine, Néron, Sénèque.
    C’est un honneur que nous fait Marianne Jaegle de nous convier parmi ces grands noms à trembler et vivre les dernières heures introspectives du philosophe et conseiller l’empereur au début de son règne.

    C’est un coup de cœur immense !

    J'ai adoré sa forme, une...
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    Agrippine, Néron, Sénèque.
    C’est un honneur que nous fait Marianne Jaegle de nous convier parmi ces grands noms à trembler et vivre les dernières heures introspectives du philosophe et conseiller l’empereur au début de son règne.

    C’est un coup de cœur immense !

    J'ai adoré sa forme, une longue lettre confession et témoignage. Un après-midi en compagnie de Sénèque pour vivre les complots d'Agrippine, pour voir Néron sombrer dans la folie, et recevoir les remords du philosophe pour avoir contribuer malgré tout à cela.

    La folie de leurs idées, la durete de leurs regards, la soif de pouvoir innasouvisable,
    La folie qui les saisit, et ne plus rien en savoir : la bascule, quand Néron devient le Néron que l’on connaît tous.
    Sénèque dit qu’aucun être humain ne peux supporter le poids d’un tel pouvoir sans perdre la raison, plus encore en croyant avoir atteint la sagesse alors qu’elle demeure une quête sans fin.

    Cinq années de paix et de prospection dans l’empire, puis… la folie.
    Celle où éliminer ceux que l’on considère encombrant, plus assez de son côté, ceux qui nous font douter.
    « C’est cette image hideuse de lui-même qu’il espère effacer en me faisant mourir. » page 254

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  • Marianne Jaeglé se glisse dans la peau de Sénèque qui écrit à son ami Lucilius pour lui narrer l'histoire de sa chute et de sa mort annoncée, durant les quelques heures que les soldats lui accordent. Il est tombé en disgrâce auprès de l'empereur Néron et celui-ci le condamne au suicide. Il ne...
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    Marianne Jaeglé se glisse dans la peau de Sénèque qui écrit à son ami Lucilius pour lui narrer l'histoire de sa chute et de sa mort annoncée, durant les quelques heures que les soldats lui accordent. Il est tombé en disgrâce auprès de l'empereur Néron et celui-ci le condamne au suicide. Il ne craint pas la mort. Il souhaite juste exprimer ce que furent sa vie, ses erreurs, ses regrets et ses compromissions, mais surtout dire la vérité sur son élève, Néron. Dans la quiétude de sa demeure aux abords de Rome, auprès de son épouse tant aimée, il raconte.

    J'ai immédiatement aimé la prose de l'autrice, fluide et belle. J'ai aimé l'immersion dans la Rome antique, auprès du pouvoir, ce nid de serpents. Car le danger était partout et Sénèque le savait, lui qui revenait en grâce après son exil forcé en Corse, rappelé par Agrippine pour être le précepteur de Domitius, futur Nero (Néron). Agrippine mère de Nero, épouse de l'empereur Claude, lui-même père de Britannicus et Octavie, les enfants qu'il a eu avec Messaline qu'il a fait exécuter. Agrippine, intrigante, ambitieuse et absolument sans scrupules, extrêmement dangereuse. Quant à Nero… il paraît qu'on ne naît pas psychopathe, on le devient… Mais sans doute que l'époque, les flagorneurs de tout poil et l'exercice du pouvoir y étaient propices. Cet endroit et cette période font vraiment froid dans le dos.

    Panem et circenses. Les combats, les mises à mort dans l'arène lors des jeux du cirque sont d'une sauvagerie absolue et ça plaît au peuple. Des spectacles horribles où on se repait de la souffrance d'autrui. Une société totalement inégalitaire et injuste, avec des esclaves, des affranchis, des maîtres, des grandes familles, et des voleurs ou tueurs qui eux finissaient massacrés dans l'arène sous les vivats de la foule en délire.

    Intrigues, calomnies et manigances sont l'essence même du pouvoir. Créer une rumeur pour se débarrasser de quelqu'un et attendre… C'est glaçant.
    On a vraiment le sentiment qu'à l'époque, la succession reposait essentiellement sur le meurtre. Agrippine, cruelle et calculatrice détient le pouvoir à travers son fils Nero, qui n'est que sa marionnette. C'est étrange d'imaginer que ce personnage incontrôlable, initiateur de tant de massacres, ait pu être un petit toutou craintif devant sa mère. À moins que ce ne soit le juste retour des choses…

    Passionnant, le récit de Sénèque nous amène tout doucement à comprendre ce qui l'a fait passer de Ami du Prince, quasi-père de substitution et précepteur qui a façonné Nero à ennemi à abattre. Car il a été fier du résultat quand il a eu le sentiment d'avoir fait de la chenille un papillon :
    "Quand je repense à cette période, il me semble avoir vécu un rêve.
    Où que Nero aille, dans Rome, on l'acclame, on se prosterne, on se félicite en sa présence. Beau, généreux, sage : un empereur en tout point semblable à Apollon. " peu à peu, à travers le récit de Sénèque on apprend comment le jeune homme agréable est devenu le fou sanguinaire que l'histoire a retenu. Sans doute que le pouvoir corrompt et monte à la tête.

    J'ai adoré cette plongée dans la Rome antique, dans les différentes strates de la société, très bien décrite, très visuelle, j'étais comme embusquée dans les moindres recoins, à observer, consternée par la cruauté et la vanité des hommes.

    Merci beaucoup à Lecteurs.com ainsi qu'aux Editions Gallimard qui m'ont permis de gagner ce livre lors d'un concours

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  • Ce roman nous ramène en avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome.
    Sénèque voit des soldats en armes envahir sa villa. II sait immédiatement qui les a envoyés et pour quoi.
    Le message porté par le préfet Silvanus est clair, l’empereur lui ordonne de se donner la mort.
    Le...
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    Ce roman nous ramène en avril 65 après Jésus-Christ, dans les environs de Rome.
    Sénèque voit des soldats en armes envahir sa villa. II sait immédiatement qui les a envoyés et pour quoi.
    Le message porté par le préfet Silvanus est clair, l’empereur lui ordonne de se donner la mort.
    Le philosophe va alors profiter des quelques heures que le chef de garde lui accorde pour rédiger une ultime lettre à l’intention de son ami Lucilius, une lettre dans laquelle il explique comment il a passé ses quinze dernières années auprès de celui pour qui il a d’abord été le précepteur, puis le conseiller, puis l’ami, celui qui aujourd’hui réclame sa mort : Néron.
    Maintenant que ses dernières heures sont arrivées, il regarde en arrière et se souvient.
    C’est ainsi que Marianne Jaeglé, dans L’Ami du Prince, fait revivre la confrontation entre celui qui a tenté de faire d’un enfant de douze ans le prince le plus accompli qui soit, et celui qui est devenu un tyran.
    Sénèque, avait durant son exil de huit ans en Corse, écrit entre autres, un traité « De la colère », développant ses conceptions en matière d’éducation et acquis une réputation de sagesse. À la demande d’Agrippine, l’épouse de Claude, il a accepté de s’occuper du fils de cette dernière et de devenir son guide, avouant que dès lors qu’Agrippine qui gagnait chaque jour en influence, avait obtenu que sa condamnation à l’exil soit levée, elle avait fait de lui son obligé.
    Dans ces derniers moments d’introspection, beaucoup de questions taraudent Sénèque. Pouvait-il empêcher ce qui est arrivé et que tout aille différemment et qu’aurait-il dû faire pour y parvenir ?
    Cette brillante réflexion sur les intrigues du pouvoir, l’attrait qu’il ne manque pas de susciter, les compromissions que tôt ou tard, il engendre quasi nécessairement, la lutte entre les fervents de la démocratie et les futurs despotes, n’a pas pris une ride et se révèle toujours d’actualité.
    Ce roman oblige également à méditer sur les principes d’éducation et le rôle plus ou moins influent de l’entourage.
    L’Ami du Prince est un roman historique richissime fort bien documenté qui se lit comme un thriller avec de multiples trahisons, rebondissements, meurtres et une angoisse latente à chaque page.
    En lisant ce livre, c’est la voix de Sénèque que j’ai entendue tant Marianne Jaeglé a su rendre vivant son discours, ses réflexions, ses questionnements et ses doutes.
    Avec une immense maestria, l’autrice nous fait déambuler, sur les pas de Sénèque, dans l’urbs, nous faisant découvrir cette Rome de l’Antiquité. Elle nous permet aussi de découvrir toutes les arcanes du pouvoir, la configuration géopolitique de l’époque, les opérations militaires et, en insérant quelques phrases en latin, bien décryptées, c’est à un véritable retour dans le passé qu’elle nous emmène pour notre plus grand plaisir.
    Marianne Jaeglé a obtenu pour L’Ami du Prince le prix Orange du livre 2024, un prix bien mérité, même si pour moi, Camera obscura de Gwenaëlle Lenoir le méritait tout autant !

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/07/marianne-jaegle-l-ami-du-prince.html

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  • Cette histoire est antique, pourtant elle pourrait être tout à fait actuelle. Un jeune homme, à la tête d'une grande nation, se révèle être un piètre dirigeant, égoïste et cruel, menant son peuple vers le chaos.

    Alors que les soldats siègent autour de sa villa, Sénèque rédige une dernière...
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    Cette histoire est antique, pourtant elle pourrait être tout à fait actuelle. Un jeune homme, à la tête d'une grande nation, se révèle être un piètre dirigeant, égoïste et cruel, menant son peuple vers le chaos.

    Alors que les soldats siègent autour de sa villa, Sénèque rédige une dernière lettre dans laquelle il confesse l'échec de sa vie. “Avec les meilleures intentions du monde, j'avais éduqué un monstre.”

    Il raconte : revenu en grâce à Rome après huit années d'exil passées en Corse, le célèbre philosophe devient le précepteur du jeune Domitius, sous les consignes d'Agrippine, la femme de l'empereur vieillissant. “Tu feras de lui le prince le plus accompli qui soit.” Pendant plusieurs années, il délivre son enseignement au garçon. “J'ai cru possible d'éveiller un coeur à la sagesse au moyen de leçons appropriées.” Ensemble, l'enfant et le philosophe, le Prince et l'Ami du Prince, échangent sur l'art, l'histoire, la justice, le fonctionnement de l'Empire, le système d'impôts et d'esclaves, l'influence néfaste de sa mère, la manière de conserver la paix. L'espoir est grand de faire de ce jeune garçon aux yeux verts hésitants et intelligents un empereur bon et clément, et non pas “un fou sanguinaire comme Caligula, un tyran colérique comme Claude.”

    Mais peu à peu, le jeune empereur lui échappe. “Nous sommes bien faibles, face à nos passions.” Écrasé par l'autorité maternelle, frustré de ne pas s'épanouir en tant qu'artiste, galvanisé par sa popularité naissante, entouré d'amis peu recommandables, Domitius devenu Nero s'éloigne de la voie de la vertu et du bien. Jusqu'à sombrer dans les pires exactions.

    Face à la brutalité du pouvoir, Sénèque a failli. “Je n'étais pas celui que je m'étais figuré être, le philosophe du prince, le prince des philosophes.” Pourtant, deux mille ans après, son enseignement, transmis par Marianne Jaeglé, reste plus que jamais valable et capital. “Celui qui cherche la sagesse est un sage, mais celui qui croit l'avoir trouvée est un fou !”

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  • L’Ami du Prince est une véritable prouesse littéraire justement mise en valeur par le Prix Orange du Livre 2024. Marianne Jaeglé que je lis pour la première fois, m’a embarqué en laissant parler Sénèque et j’ai été subjugué, passionné par ce récit d’un homme qui va se donner la mort dans sa...
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    L’Ami du Prince est une véritable prouesse littéraire justement mise en valeur par le Prix Orange du Livre 2024. Marianne Jaeglé que je lis pour la première fois, m’a embarqué en laissant parler Sénèque et j’ai été subjugué, passionné par ce récit d’un homme qui va se donner la mort dans sa villa, à l’écart de Rome, à Nomentum.
    Lucius Anneus Seneca, se sachant condamné par celui qu’il a formé et conseillé, l’Empereur Néron, Nero en latin, demande un délai au préfet Gavius Silvanus dont les soldats encerclent sa propriété, le 12 janvier 65 de notre ère. Il met ce temps à profit pour écrire une longue lettre à son ami Lucilius qui vit à Messine. Cette lettre, imaginée par Marianne Jeaglé qui a choisi de laisser parler Sénèque, m’a fait vivre des moments délicieux, stressants, terribles et pleins d’incertitude ; ils m’ont permis d’appréhender au plus près la vie de ceux qui détenaient le pouvoir à Rome.
    Malgré tout, le peuple n’est pas oublié. Il est souvent fait allusion aux esclaves, aux affranchis, aux serviteurs, aux hommes d’armes dont la vie ne pèse pas lourd devant les caprices de ceux qui ont le pouvoir.
    Alors que tout commence avec un tableau magnifique, plein de calme et de sérénité, j’apprends que l’issue annoncée est inévitable. Pauline, l’épouse bien aimée de Sénèque, pleure mais je me demande pourquoi le philosophe doit mourir et cette question va me tarauder jusqu’au bout de L’Ami du Prince, titre officiel décerné à Sénèque.
    C’est après avoir passé huit années d’exil en Corse qu’à 53 ans, il est rappelé par Agrippine afin d’enseigner l’éloquence à son fils, Domitius. Ce retour en grâce a, en même temps, impressionné et inquiété Sénèque. Durant son exil corse, il avait écrit un traité, De la colère, à propos de l’éducation d’un enfant. Avec le fils d’Agrippine qui vient de contracter un quatrième mariage avec l’empereur Claude, il va pouvoir mettre en application ses préceptes.
    Régulièrement, Marianne Jaeglé m’attache aux pas de Sénèque et me gratifie d’une visite détaillée de Rome, ville qu’elle connaît parfaitement. De plus, l’autrice note, de temps à autre, une petite phrase en latin tout en ayant la délicatesse de la traduire aussitôt.
    Les turpitudes de ces familles qui tentent de contrôler un empire immense, sont détaillées, expliquées et je tente de comprendre ce qui motive ces gens pour qui la vie humaine n’a guère de valeur mais qui, surtout, ne pensent qu’à s’enrichir, si possible en confisquant les biens de celui qu’ils viennent d’abattre.
    Si Marianne Jaeglé sait bien me guider dans Rome, elle sait aussi parfaitement détailler les menus des agapes princières et présenter la disposition des convives qui, hélas, ne sortiront pas toujours vivants comme cela est bien raconté par Sénèque lui-même… Son souci impressionnant du détail des lieux rend ma lecture des plus enrichissantes tout comme l’étude des caractères et de leur évolution.
    Domitius est devenu l’Empereur Nero grâce à … Agrippine. Il semble assidu aux enseignements de Sénèque mais son évolution ne tarde pas à bifurquer lorsqu’il se pique d’être reconnu comme le plus grand des artistes. Très vite, Sénèque voit son élève lui échapper même si, avec Burrus, son ami, qui est préfet du prétoire, il tente d’endiguer cela.
    Ma lecture de L’Ami du Prince est un véritable délice car je rencontre quantité de phrases merveilleuses, superbement écrites. Il faudrait toutes les mettre en exergue. Le rude débat de conscience qui agite Sénèque l’amène à un cruel dilemme quand il est sollicité par ceux qui veulent abattre cet empereur de plus en plus dangereux. L’incendie de Rome, parfaitement décrit, est un exemple éloquent des doutes qui peuvent subsister devant le rôle joué par Nero qui n’hésite pas à faire mettre en croix les premiers Chrestos puis à les faire transformer en torches vivantes…
    Sénèque, en bon philosophe, sait tirer un bilan équilibré terriblement émouvant de son passage sur terre avant de nous gratifier d’une magnifique conclusion, tellement juste. La lecture de L’Ami du Prince m’a profondément marqué et j’aurais vraiment aimé retenir quantité d’informations et de leçons que contient un ouvrage réussi grâce à la plume et au travail de Marianne Jaeglé.
    Ce Prix Orange du Livre 2024 est amplement mérité et je remercie Geneviève Munier comme Lecteurs.com et les éditions Gallimard, collection L’Arpenteur qui m’ont permis cette lecture à la fois passionnante, enrichissante et édifiante.

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/06/marianne-jaegle-l-ami-du-prince.html

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  • Avant de vous parler de ce livre, je vous dois une confidence : il ne me tentait pas du tout, et j’en ai plusieurs fois repoussé la lecture. La faute à un sujet que j’imaginais trop austère. La faute à une édition à la couverture peu attirante, la faute à une quatrième qui ravivait des souvenirs...
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    Avant de vous parler de ce livre, je vous dois une confidence : il ne me tentait pas du tout, et j’en ai plusieurs fois repoussé la lecture. La faute à un sujet que j’imaginais trop austère. La faute à une édition à la couverture peu attirante, la faute à une quatrième qui ravivait des souvenirs de latiniste contrariée.
    Et des avis dithyrambiques sans cesse plus nombreux. Et les recommandations d’amies, d’auteurs. Et puis le prix Orange. Et puis enfin le discours de Mariane Jaegle à la remise du Prix, plus que convaincante. Pourquoi vous dit je tout cela ? Pour que nous vous ne fassiez pas comme moi, et pour que vous entamiez cette lecture confiants. Elle vous éblouira.
    .
    « L’ami du prince » c’est Sénèque. Nous sommes à Rome en l’an 65 après JC et le philosophe est sommé par l’empereur de se donner la mort. Durant les quelques heures de répit qui lui sont accordées il prend la plume, et s’adresse à Lucillius son plus fidèle ami pour lui conter les circonstances de cette fin tragique ordonnée par celui dont il a été le précepteur pendant 15 ans : Néron. Des lignes testament où il revient sur ses espoirs, ses doutes, ses compromissions et ses regrets, se questionnant sur sa responsabilité à avoir façonné un tyran. Des lignes qui se lisent avec avidité tant le suspense lié à cette condamnation est captivant.
    .
    C’est un texte virtuose que nous offre Marianne Jaegle, un roman puissant, passionnant et intelligent, et je me réjouis d’avoir dépassé mes appréhensions. Dans cette longue lettre, le philosophe revisite les années durant lesquelles il s’est efforcé de guider ce jeune homme, de façonner sa pensée pour en faire un homme sage. Lui qui a fait de la vertu et de la justice ses valeurs cardinales il ne peut que constater son échec en le voyant verser vers la cupidité et l’ivresse du pouvoir. Par d’habiles introspections, il cherche à identifier les germes de cette dérive, à voir les signes avant coureur de cette folie sanguinaire. Et par la même occasion, il nous pousse à la réflexion. Sur l’éducation et son « art difficile », sur la liberté que l’on a de ses actes, sur la transmission de la violence, ou sur le difficile exercice du pouvoir. Des thèmes philosophiques universels dont j’aurais aimé qu’ils me soient enseignés avec autant de clarté que dans ce beau roman. Il mérite en cela d’être lus dans les classe de terminale. Je suis sure qu’il y fera naître des vocations pour cette belle matière.
    Mais ne vous y trompez pas, c’est bien d’un roman qu’il s’agit. Un roman qui nous transporte dans le temps et nous plonge dans les ruelles de Rome. Un roman où le suspense est présent et dont on tourne les pages avec avidité. Un roman dont on ressort grandi, nourri par son érudition. Un roman à la superbe plume qu’a mon tour je vous recommande chaleureusement.

    «L'éducation, je ne l'ignore pas, est un art difficile. De tous les animaux, le plus intraitable est l'homme. Aucun n'a besoin d'être conduit avec plus d'art; aucun n'exige plus d'indulgence.
    Je me faisais fort, la patience aidant, d'amener mon élève à raisonner juste, et ce faisant, à cheminer sur la route de la vertu. Non pas par amour de la vertu elle-même, mais tout simplement parce que, selon moi, c'est le seul chemin qui mène au bonheur. »

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  • Une plongée au cœur de la Rome antique. Les réflexions de Sénèque, mentor de Néron. Avant de mourir, le philosophe se questionne dans une longue lettre adressée à son ami Lucilius sur le rôle qu'il a joué dans l'éducation de l'empereur. Entre doutes et regrets. L’écriture est vive, efficace....
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    Une plongée au cœur de la Rome antique. Les réflexions de Sénèque, mentor de Néron. Avant de mourir, le philosophe se questionne dans une longue lettre adressée à son ami Lucilius sur le rôle qu'il a joué dans l'éducation de l'empereur. Entre doutes et regrets. L’écriture est vive, efficace. Rédigé à la première personne, au présent. Nous vivons ces réflexions en direct. Un très beau texte érudit de Marianne Jaeglé qui nous a déjà régalé de ses autres ouvrages.

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  • La lecture d’un roman de Marianne Jaeglé me procure toujours un immense plaisir. Qu’elle me raconte la vie – et la mort – de Van Gogh ou qu’elle me parle de Léonard de Vinci et autres artistes talentueux, la magie opère toujours. Elle réitère cette fois en m’emmenant à Rome aux côtés de "L’ami...
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    La lecture d’un roman de Marianne Jaeglé me procure toujours un immense plaisir. Qu’elle me raconte la vie – et la mort – de Van Gogh ou qu’elle me parle de Léonard de Vinci et autres artistes talentueux, la magie opère toujours. Elle réitère cette fois en m’emmenant à Rome aux côtés de "L’ami du Prince" et c’est encore merveilleux.

    Cette fois, c’est d’autant plus extraordinaire qu’elle me replonge dans mes années collège/lycée et même université quand je me battais contre les thèmes et les versions, le Gaffiot et le Bailly. Nous sommes, en effet, en 65 après Jésus-Christ, près de Rome, et nous assistons aux dernières heures de Sénèque pendant lesquelles il va écrire à son ami Lucilius et lui raconter, expliquer, se confesser. Néron, l’empereur, a ordonné sa mort, lui dont le philosophe fut le précepteur et "l’ami". Et l’auteure s’empare brillamment du sujet "…dans ce blanc laissé par la disparition des derniers mots du philosophe."
    Elle le fait, comme d’habitude avec toute la finesse d’écriture et l’érudition
    dont elle est capable. Elle le fait avec la simplicité d’une brillante élégance. Elle raconte la difficulté pour Sénèque de revivre les années passées auprès de ce Prince, la difficulté à se remettre en question, à se dire qu’il a failli, qu’il s’est parfois trompé, qu’il est finalement allé de compromis en compromissions. Mais ne le savait-il pas dès le début ? "En me faisant revenir, Agrippine faisait de moi son obligé à tout jamais. Si elle m’avait demandé d’aller récurer les latrines de sa villa d’Antium, il m’aurait fallu y aller. Heureusement, ou malheureusement, elle avait d’autres projets pour moi."

    J’ai beaucoup aimé le regard posé sur les intrigues du pouvoir. J’ai aimé aussi celui nimbé d’empathie que Marianne Jaeglé porte sur Néron, ce jeune garçon à la vie pas si drôle, privé d’amour, élevé par une mère longtemps absente, dure et manipulatrice. J’ai aimé retrouver Agrippine, Claude et les autres, personnages longtemps fréquentés mais peu à peu oubliés. A travers ce roman, l’auteure se pose et nous pose la question : comment Sénèque et ses idées de vertu ont-ils pu se mettre au service de ce tyran qu’est devenu Néron ?

    Un fabuleux roman, éclatant, savant qui sous d’apparents aspects biographiques, nous raconte une histoire de pouvoir et de ses querelles.

    https://memo-emoi.fr

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