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Voilà trente-cinq ans que M. Hanta nourrit la presse d'une usine de recyclage où s'engloutissent jour après jour des tonnes de livres interdits par la censure, et jusqu'aux chefs-d'oeuvre de l'humanité. « Ce genre d'assassinat, ce massacre d'innocents, il faut bien quelqu'un pour le faire. » Hanta travaille, boit de la bière, déambule dans les rues de Prague, lit, et ressasse la mission dont il s'est investi : sauver la culture en arrachant à la mort des trésors si injustement condamnés. Il en sauve jusqu'à deux tonnes qu'il entasse au-dessus de son lit. Mais à ce jeu de cache-cache, son rendement baisse. Rejeté, abandonné de tous, il ne lui reste plus qu'à rejoindre ses livres bien-aimés.
Le lecteur suit les pensées de Hanta à travers un long monologue obsessionnel et émaillé d'images singulières. Hanta revient sans cesse sur son travail, son passé et, sans le dire réellement, sur la solitude qui le mine. C'est le destin d'un homme, un ouvrier, rattrapé par une modernité assassine.
Publié d'abord en 1976, traduit dans plus d'une dizaine de langues, ce soliloque, révélant l'absurdité tragicomique du quotidien, à propos duquel Hrabal disait : « Je ne suis venu au monde que pour écrire Une trop bruyante solitude », est un splendide apologue de la « normalisation », machine à broyer l'esprit, dont Hrabal fut lui-même la victime.
Cela fait 35 ans que, inlassablement, Hanta broie de vieux papiers dans le ventre de Prague. Chaque jour, des livres destinés au pilon, des journaux, des emballages, sont jetés dans sa cave. Avec sa presse, Hanta en fait de jolis ballots. Un brin artiste, il fait en sorte que ce qui restera visible de ses ballots soient les illustrations de beaux livres d'art, ou les belles lignes de grandes oeuvres, ce qui est du plus bel effet ! D'ailleurs, quand il partira à la retraite, il emportera sa presse avec lui pour faire des oeuvres bien à lui. De temps en temps, ce sont de sales papiers de boucherie imbibés de sang et couverts de mouches vertes qui tombent dans sa cave, mais en bon professionnel, Hanta continue son oeuvre tout en avalant des litres de bière pour se donner du courage tandis que dans les bas-fonds de Prague, deux bandes de rats se font la guerre pour savoir qui sera chef !
Hanta est aussi un doux rêveur, il puise dans tous les livres qui lui sont jetés pour être détruits, toute la connaissance qu'il peut y trouver et connaît comme personne Hegel, Schopenhauer ou Nietzsche ! Parfois, il ne détruit pas les livres, il les ramène chez lui et s'est, durant ces 35 années fait un ciel de lit composé de centaines de livres. Il doit être prudent, il se pourrait bien qu'un jour ou l'autre, il finisse broyé par l'effondrement de ces tonnes de livres sous lesquels il dort ! Ainsi va la vie de Hanta, jusqu'au jour où il se fait renvoyer. Qu'adviendra-t-il de lui, qui n'a rien d'autre dans la vie que sa presse à papier ?
On dit que Bohumil Hrabal est, avec Milan Kundera, le plus grand écrivain thèque, je m'étais donc plongée, il y a quelques années, dans la lecture de La chevelure sacrifiée dont on disait que c'était un petit bijou. Je n'avais malheureusement pas du tout été séduite par cette lecture et me suis même obligée à aller jusqu'au bout pour en finir, mais pas convaincue du tout par la critique. J'ai voulu retenter l'expérience avec Une trop bruyante solitude, dont on dit également que c'est un chef d'oeuvre, mais là encore, j'ai subi cette lecture sans l'apprécier. Je n'arrive pas à cerner ce qu'il y a de merveilleux dans ces écrits et j'avoue même que certains passages, tout comme dans La chevelure sacrifiée, m'ont un peu dégoûtée ! Je n'ai sans doute pas réussi à comprendre ce qu'a voulu dire l'auteur, ni la sensibilité qui devait émaner de ces pages... C'est peut-être une lecture métaphorique trop poussée dont je n'arrive à saisir la signification ? Sans doute un message politique ? Un plaidoyer contre le totalitarisme ? Une peinture philosophique de la condition humaine ? Peut-être... En tout cas, désolée mais je n'ai pas aimé !
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