Ce road-movie intimiste est l'une des BD à ne pas manquer en cette rentrée
Après avoir découvert Rita j'ai lu ce livre, je ne le conseil pas, beaucoup de mal rentrer dans cette intrigue, des personnages qui ne sont pas attachants.
Vieillesse, Ephad, Drame, Amitié, Deuil, Tranche de vie.
Une lecture sombre et lumineuse, le devenir des ainés, l'abandon, un sujet intéressant et souvent d'actualité, l'autrice est dans certains passage peu crédible.
"Le lit mortifère est une brise qui caresse les cheveux, discrète, par petits à-coups doucereux, surtout quand la chaleur moite fait transpirer. On finit par l’oublier et alors elle harponne, entraîne vers le fond, là-bas, dans le noir que les bruits extérieurs n’atteignent pas. Le lit est une région de l’enfer déguisée en jouvencelle aguicheuse. Dans ses bras, Lucien se perd, il a peur de ne plus retrouver son chemin vers la réalité."
Astrid a tout perdu et n’a qu’un désir : partir. Dans une région inconnue. Peu importe le confort, pourvu qu’elle soit loin de tout en terre inconnue ; la résilience se fera au sein du Mercantour dans une maison qu’elle n’a même pas visitée. Affronter la rudesse des hivers, la rusticité de l’habitat, lui offrira peut-être une parenthèse dans la douleur de la perte de ses êtres chers. Ce qu’elle ne pouvait imaginer c’est qu’elle va recueillir dans la neige, lors d’une de ses sorties en solitaire dans la montagne, une jeune femme syrienne se cachant de la police des frontières avec une vie non désirée dans son ventre.
Elle trouvera la bienveillance d’une voisine – potière dans ses heures perdues – et une attitude narquoise d’un voisin bien trop curieux. L’enfant va naître entre ces deux femmes perdues mais tout ne se passe pas comme prévu. À Astrid de prendre en main cette force du destin qu’elle a rencontrée sur son chemin.
Le titre est déjà un roman, le roman l’est beaucoup plus. Une fresque quasi pastorale au milieu de la montagne – la vraie, pas celle de cartes postales – qui se cogne à la tragédie de l’exil et des drames de la vie. Un parallèle excessivement bien construit – même si à force le lecteur peut perdre un peu la notion du temps – et créatif par la forme.
Le lecteur se trouve happé par ce récit authentique, pétri d'humanité, beau et tragique, traçant deux superbes portraits de femme et décrivant avec précision la douleur de la fuite – ou de la perte – le courage qu’il faut avoir pour résister aux avaries de la vie et le contraste des âmes humaines entre l’aide humanitaire et la dénonciation. Un livre qui était nécessaire.
Blog Le domaine de Squirelito ==> https://squirelito.blogspot.com/2024/08/noisette-dexil-traverser-les-montagnes.html
L’ombre qui pèse sur Astrid, les fantômes qui l’entraînent vers un isolement volontaire, loin de la ville, dans un univers de montagne qu’elle découvre, on les découvrira peu à peu.
Pour Soraya, en revanche, on suit pas à pas son parcours fait de pertes et de drames, de terreur perpétuelle. L’enfant qu’elle porte en elle en est le témoin.
Les mots confiés sont souvent moins révélateurs que les regards, d’autant que la langue est ici une barrière, comme une punition de plus.
L’enfant qui naît, la « chose » que Soraya refuse de nommer, sera t-elle une issue au chagrin d’Astrid ?
On s’attache sans délai à ces deux femmes qui ont subi ce que la vie peut réserver de pire. Les personnages secondaires apportent la lumière qui leur manque. Ida, la voisine accueillante et Matthieu l’interprète prêt à tout donner pour éviter à Soraya l’expulsion, tout en tentant de préserver Astrid, qui risque elle aussi des ennuis pour avoir porté secours à une adolescente en danger de mort !
La logique protectionniste ne tient pas lorsque la notion de migrant s’incarne dans des êtres humains qui attendaient tout du pays des lumières. Tristes lueurs blafardes, à présent.
Roman poignant, qui ne révèle rien de nouveau, l’actualité n’est pas avare de brèves qui commentent rapidement le chavirement d’une embarcation de fortune, en petits caractères sous les titres massifs de médailles conquises. Un très beau récit, nécessaire autant qu’émouvant.
Merci aux éditions Les Escales pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi.
352 pages Les escales 22 août 2024
#Traverserlesmontagnesetvenirnaîtreici #NetGalleyFrance
Marie Pavlenko signe un très beau roman à paraître au mois d'août aux Éditions Les Escales : un récit engagé qui fait la part belle aux femmes, à la force incommensurable de la sororité et à la puissance de leurs actions lorsqu'elles se retrouvent et s'allient.
J'ai adoré ce roman dans l'air du temps et surtout parce que malgré les thèmes difficiles (la perte, le deuil, la violence, le harcèlement sexuel, la clandestinité…), il offre aussi beaucoup d'espoir à toutes les femmes, à toutes les victimes et à tous les réfugiés déplacés ou meurtris par la violence de notre monde.
Sous la patine de fragilité et des sentiments tus mais non moins exacerbés, ces femmes si différentes, dont les histoires entrent pourtant en résonance, trouvent ensemble les ressources pour affronter le quotidien et reconstruire LA vie.
Marie Pavlenko dépeint de merveilleux portraits de femmes d'une subtilité de chat qui dévoilent leur puissance de lionne au fur et à mesure qu'elles se rencontrent pour se déployer pleinement dans une nature sauvage (les sublimes montagnes du Mercantour), qu'il leur faudra encore apprivoiser.
De beaux exemples de ce que les femmes peuvent faire ensemble pour changer le monde et les mentalités : engagez-vous à le lire, il est bouleversant d'humanité et ça fait du bien !
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