Des idées de lecture pour ce début d'année !
Comment peut-on échapper au gouffre qui attire vers la mort ? Ce n’est pas ce musicien enrôlé dans la Première Guerre Mondiale et revenu lourdement handicapé qui pourra répondre à cette question. Ni cette jeune bonne qu’un avortement de jeunesse entraîne inexorablement vers le fond.
Alors est-ce que la rencontre de ces deux destins peut créer l’alchimie qui leur redonnera le goût de vivre ?
Ce roman de Bérénice Pichat est avant tout un roman social qui parle des conditions de vie de l’après-guerre, à la fois de la bourgeoisie parisienne mais également de ses employés de maison.
La différence de classe est très marquée dans cette période qui hérite d’anciennes traditions de servitude. La bourgeoisie a très peu de considération pour ceux qu’elle emploie et la misère rend le personnel de maison corvéable à merci. Chaque jour n’est qu’humiliation et combat pour une survie qui reste fragile.
C’est ce fort contraste entre deux niveaux opposés de l’échelle sociale qui m’a dérangée et le cheminement de ces deux êtres brisés est tellement faussé d’avance que j’ai eu du mal à y voir le côté positif.
C’est si facile donner la part belle à la culture face à l’ignorance, à l’expérience de l’âge face à la naïveté de la jeunesse, aux privilèges de la bourgeoisie face au dénuement du prolétariat.
Alors oui, la beauté intérieure est ce qui compte le plus, surtout quand on est riche et éduqué…. Et cette histoire, certes émouvante et porteuse d’espoir, m’aurait beaucoup plus touchée s’il n’y avait pas eu une telle fracture sociale et intellectuelle entre les deux personnages.
Un roman agréable à lire par sa jolie construction qui fait croître en nous l’émotion et nous offre une belle image de la grandeur d'âme de cette Petite Bonne mais qui, au final, m’a plus hérissée que séduite.
Avec ce huis clos Berenice Pichat aborde des thèmes qui reste d'actualité avec le droit à mourir, le handicap, la dépendance. Sur un fond historique de la première guerre mondial l'autrice explore la douleurs des corps des gueules cassés, les différences des classes sociales, un récit avec une profondeur psychologique, la résilience d'âmes marquées par la guerre ou la vie. Une brillante lecture où l'on alterne vers libres et proses. Récit humain, cruelle et lumineux, une musicalité envoûtante. Une oeuvre riche. Un couple atypique avec Blaise le pianiste revenu de la guerre mutilé et la narratrice une "Petite bonne" au service d'Alexandrine.
"À ce petit jeu, tel est pris qui croyait prendre. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle l'invite à sa table. Un point pour elle. Elle a compris qu'il jouait, elle est entrée dans la partie. Ce qu'elle ignore encore, c'est l'issue de ce jeu.
Elle se demande ce qu'elle doit faire."
L’histoire : Années 30 , la petite bonne , jeune femme courageuse, travailleuse irréprochable, et qui jamais ne se plaint, est au service de la famille Daniel.
Blaise, gueule cassée, bloqué dans un fauteuil roulant , passe son temps derrière la fenêtre à regarder passer les gens. Ancien pianiste , il ne peut plus jouer.
Alexandrine , son épouse , plus aide-soignante que femme et dont Blaise devine la douleur.
Blaise a un projet et il compte bien sur ces 2 prochains jours qu’Alexandrine va passer à la campagne chez des amis, ( histoire de se re sociabiliser) pour le réaliser.
La « to do list » de la petite bonne est très claire . ménage , préparer les repas , faire la vaisselle. Mais la liste est loin d’être limitative puisque s’occuper d’un infirme implique un rapprochement , une intimité. Et Blaise n’est pas des plus accommodants
« La petite bonne » , dont l’action se déroule en huis clos sur deux jours, est l’histoire du rapprochement de 2 fortes personnalités qui n’auraient jamais dû se rencontrer . Parce que l’un est le Maître et que l’autre est la bonne. Deux statuts différents. Chacun à sa place.
L’infirmité de l’un , l’humanité et le courage de l’autre favoriseront ce rapprochement progressif.
Quelle belle idée que cette écriture en vers libres lorsqu’ la petite bonne parle , et en prose pour les bourgeois.
Et puis cette voix supplémentaire, avec indices. Bien entendu, j’ai relu exclusivement les passages de cette voix à la première personne du singulier.
Quelle belle idée que cette musique qui aide au rapprochement de ces 2 mondes parallèles, bourgeois et ouvrier.
Quel beau personnage que celui de cette petite bonne , à la fois invisible par son statut mais courageuse et lumineuse.
Un grand merci à celles et ceux qui ont eu la très bonne idée de donner leur avis lecture sur ce très beau roman qu’est « La petite bonne » et particulièrement à @flo herisson qui la première m’a interpellé avec sa chronique sur ce délicieux roman
Un énorme merci à @Bérénice Pichat pour avoir écrit un tel roman , véritable petit bijou.
La petite bonne
« invisible »
toujours à nettoyer
avec son seau
jamais en repos
coupable
dans le passé
mal-aimée
Le maître de maison, un homme cassé, en morceaux, cloué dans un fauteuil, cloitré dans sa chambre, n’attendant plus rien ! Espérant uniquement que la mort vienne le prendre, regrettant que son bout de corps ne soit pas resté définitivement au champ de bataille.
La maîtresse de maison totalement dévouée à son mari, perdue dans une vie sans réel horizon.
Tellement fidèle qu’elle est prête à tout pour satisfaire son époux. Même à le laisser quelques jours avec la petite bonne, pour reprendre une vie sociale.
La petite bonne
sensible
fragile et forte
possédant l’intelligence du coeur
compréhensive
construira avec eux
un lien
inattendu
Une plongée émotionnelle au coeur des relations entre une petite bonne des années 30, une gueule cassée de la guerre de 14 et son épouse. Un huit-clos touchant et fort.
Un premier roman tout en pudeur, plein de sensibilité.
C’est parfois brutal, souvent très intime, plein de poésie et toujours profondément humain.
Une construction très originale qui donne une force supplémentaire. Je ne vous en dis pas plus sur la construction, car j’ai vraiment apprécié de découvrir sa particularité lors de ma lecture (peut-être la forme de ma chronique - modestement - vous aiguillera t’elle un peu
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