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Abdellah Taia

Abdellah Taia
Abdellah Taïa a publié trois romans au Seuil qui sont traduits ou en cours de traduction en Espagne, Hollande, Italie et surtout aux États-Unis. Il a également dirigé la publication de Lettres à un jeune Marocain (Seuil, 2009). Par ces livres et par ses prises de position publiques, à visage déco... Voir plus
Abdellah Taïa a publié trois romans au Seuil qui sont traduits ou en cours de traduction en Espagne, Hollande, Italie et surtout aux États-Unis. Il a également dirigé la publication de Lettres à un jeune Marocain (Seuil, 2009). Par ces livres et par ses prises de position publiques, à visage découvert pour défendre l'homosexualité et la liberté des personnes dans son pays, il est devenu une sorte d'icône au Maroc et dans les pays musulmans, violemment attaqué par les islamistes et encensé par les jeunes et les modernistes.

Avis sur cet auteur (24)

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taia aux éditions Julliard

    Ghislaine Degache sur Le bastion des larmes de Abdellah Taia

    J’ai retrouvé en lisant Le Bastion des Larmes (Prix Décembre 2024) tout l’enthousiasme, la spontanéité, la conviction et le réalisme avec lesquels Abdellah Taïa avait présenté son roman aux Correspondances de Manosque.
    Le personnage principal, Youssef, 46 ans, professeur marocain exilé à...
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    J’ai retrouvé en lisant Le Bastion des Larmes (Prix Décembre 2024) tout l’enthousiasme, la spontanéité, la conviction et le réalisme avec lesquels Abdellah Taïa avait présenté son roman aux Correspondances de Manosque.
    Le personnage principal, Youssef, 46 ans, professeur marocain exilé à Paris, sur l’insistance de ses six sœurs, est de retour à Salé, ville située au bord de l’Atlantique, tout près de Rabat. Il revient dans sa ville natale pour liquider l’héritage familial, vendre le dernier lien qui le rattachait à sa vie d’avant.
    C’est alors tout un passé, son enfance meurtrie dans le Maroc des années 1980, les traumatismes de sa jeunesse liés à son homosexualité, la soumission et les humiliations qui ressurgissent.
    Issu d’une famille pauvre, dernier d’une fratrie composée de six sœurs et trois frères, cet enfant pas comme les autres, drôle, efféminé, doit rester dans la cuisine quand la famille reçoit du monde et c’est avec ses sœurs qu’il a ri, dansé, qu’il a tout partagé, sans qu’elles n’aient jamais prononcé le mot gay, mithly. Tout en sachant les horreurs qu’on lui faisait subir dès qu’il mettait les pieds hors de la maison, elles ne le protégeaient pas mais ne le jugeaient pas. Mais très vite ses sœurs ont toutes quitté la maison familiale, se détournant de lui et oubliant ce qu’elles ont vécu avec lui, ce qui fait dire à Youssef, de manière récurrente : « Les femmes ne devraient jamais se marier ».
    Youssef se souvient aussi de Najib, son premier amant, qui, pour survivre, est parti vivre avec le colonel Toufik, un homme corrompu et trafiquant de drogue parce qu’il lui offrait un espace où il pouvait fuir. Pour Youssef, ce sont les poèmes arabes et romantiques qui lui ont permis de s’échapper.
    C’est toute la violence et l’hypocrisie de la société envers les minorités sexuelles, les femmes et les enfants et principalement la discrimination des homosexuels dans son pays natal sans oublier le poids de la religion que Abdellah Taïa dénonce avec force dans ce roman. C’est aussi une charge contre le pouvoir et cette caste de privilégiés corrompus qui font les lois, les impose à tous tout en les enfreignant en permanence. Les différences sociales se payent également au prix fort.
    Je me suis régalée à la lecture de ce roman dans lequel l’écriture peut être poétique et même lyrique et parfois très crue, mais toujours superbe et vivante.
    Le Bastion des Larmes est un titre qui fait référence à la construction de fortifications et de bastions tout autour de Salé, après l’attaque castillane de 1260, pour la protéger des futures attaques des chrétiens.
    C’est dans ce lieu triste et magique – Un mausolée en plein air pour les inconsolables, que Youssef viendra à deux reprises.
    Vengeance et pardon sont au cœur de ce roman déchirant et bouleversant largement autobiographique, avec un dernier paragraphe superbe !

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/11/abdellah-taia-le-bastion-des-larmes.html

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taia aux éditions Julliard

    Isa Pouteau sur Le bastion des larmes de Abdellah Taia

    Tel les habitants de Salé venus au 13ème siècle pleurer devant ce rempart marocain l’enlèvement, par les Castillans, de 3000 des leurs, Youssef vient aujourd’hui, au bord de l’océan, pleurer sa jeunesse détruite et son ami perdu, Najib.

    Lui qui a tant aimé ses six sœurs « indomptables et...
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    Tel les habitants de Salé venus au 13ème siècle pleurer devant ce rempart marocain l’enlèvement, par les Castillans, de 3000 des leurs, Youssef vient aujourd’hui, au bord de l’océan, pleurer sa jeunesse détruite et son ami perdu, Najib.

    Lui qui a tant aimé ses six sœurs « indomptables et dominatrices » lorsqu’il était un enfant efféminé, s’est vu rejeté, méprisé et abandonné par celles en qui il avait toute confiance, lorsque son homosexualité s’est révélée.

    Le calvaire des viols qu’il a vécu dans son quartier de Hay Salam a développé en lui un sentiment de vengeance qu’il porte avec « haine et détermination ». Devenu professeur à Paris, il revient à Salé à la mort de sa mère, marchant dans les traces de son passé douloureux et tentant de trouver un « bastion » où déposer ses larmes.

    La première partie de ce roman est déchirante et j’ai lu avec indignation et émotion le calvaire que vivent les gays dans un Maroc très religieux. J’ai trouvé la suite un peu décousue même si le sujet de la vengeance imprègne toujours les mots en toile de fond. Quant à savoir si la résilience est au bout du chemin, la question me semble rester une interrogation, certainement légitime.

    AbdellahTaïa est un auteur engagé qui dénonce à la fois le martyre des gays mais également l’asservissement des femmes et son Bastion des larmes devient essentiel pour cette réalité qu’il révèle.

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taia aux éditions Julliard

    Rédactrice sur Le bastion des larmes de Abdellah Taia

    Magnifique livre de l'écrivain marocain Abdellah Taïa, il a été récompensé du Prix de la langue française et Prix décembre 2024.
    Direction Salé, ville fortifiée située au Maroc, où Youssef doit retourner après la mort de sa mère.
    S'il est aujourd'hui professeur en France, c'est ici, dans ce...
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    Magnifique livre de l'écrivain marocain Abdellah Taïa, il a été récompensé du Prix de la langue française et Prix décembre 2024.
    Direction Salé, ville fortifiée située au Maroc, où Youssef doit retourner après la mort de sa mère.
    S'il est aujourd'hui professeur en France, c'est ici, dans ce lieu hors du temps, qu'il a grandi, avec, il faut bien le dire, des joies mais surtout beaucoup de difficultés car il y était victime de discrimination, de violence…
    Youssef fait partie d'une grande fratrie, 3 frères et 6 sœurs, ce sont les voix de ses sœurs que nous entendons aussi dans ce livre, des voix qui chantent presque et résonnent comme une psalmodie.
    Pour autant, si cela semble sur le papier un cocon chaleureux pour grandir, et si Salé est, au sens propre, un véritable bastion défensif, cela n'a en rien protégé le jeune homme de la vindicte populaire ou même de la violence familiale.
    Tout commence avec une mission que se sont donnée les 6 sœurs : arpenter les rues de Salé dans le but de rembourser les éventuels créanciers de leur mère Malika. On comprend que c'est une question d'honneur et qu'il s'agit aussi d'alléger l'âme de celle qui est partie.
    Avec ce premier chapitre, tout est dit : le poids des traditions, l'honneur qu'il ne faut surtout pas salir et en même temps cette fascination exercée par les 6 sœurs - Kamla, Hadda, Samira, Ilham, Ibtissam, Farida - sur Youssef, cette adoration qui efface même le mal qu'elles ont pu lui faire…
    Car Youssef est gay. Revenir à Salé, c'est refaire le compte des souffrances qu'il y a subies et qu'il avait enfouies au fond de lui pour se reconstruire ailleurs tout simplement, c'est aussi évoquer ce premier amour interdit.
    Ce livre est d'une puissance émotionnelle forte, Abdellah Taïa nous entraîne avec lui dans les pas de Youssef, on sent presque le souffle chaud du chergui balayer les ruelles de Salé.
    C'est que l'écrivain, s'il manie les mots et la poésie, est aussi cinéaste et cela se voit aux images fortes qui s'imposent à la lecture de ce livre d'une beauté ensorcelante et vénéneuse.

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taia aux éditions Julliard

    Leschroniquesdelyane sur Le bastion des larmes de Abdellah Taia

    Genre : Littérature générale
    Avis : INTIME
    Lu en numérique
    Quand un roman vous entraîne au plus profond des psychés…
    Youssef doit vendre l‘appartement de sa mère et pour cela revenir au Maroc qu’il a quitté depuis de nombreuses années afin de vivre et de travailler à Paris. Cette...
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    Genre : Littérature générale
    Avis : INTIME
    Lu en numérique
    Quand un roman vous entraîne au plus profond des psychés…
    Youssef doit vendre l‘appartement de sa mère et pour cela revenir au Maroc qu’il a quitté depuis de nombreuses années afin de vivre et de travailler à Paris. Cette obligation de retour va faire remonter en lui de nombreux souvenirs liés à sa différence et le remettre en face de ses sœurs qui ne l’avaient pas protégé. Le pardon se trouvera-t-il au Bastion des larmes, terre de martyrs ?
    J’ai qualifié ce roman d’intimiste faute de trouver mieux pour cette plongée dans la souffrance d’un homme qui n’a jamais pu ou su se guérir de son enfance. L’auteur nous invite à assister à un long monologue intérieur, quoique parfois coupé par une correspondance, un appel téléphonique, un rêve donnant la parole à une sœur ou un ami. La forme est volontairement compacte, sans dialogues, comme en réponse aux tourments intérieurs qui ne laissent pas le personnage principal en paix.
    Heureusement qu’il vient au Maroc, plus précisément à Salé qui a connu l’un des plus grands massacres religieux perpétrés par les Espagnols en 1260. C’est l’occasion de nous convier à découvrir cette ville ouverte et malmenée par l’Océan Atlantique.
    Déboussolée au départ par la forme, j’ai été rattrapée par la qualité du fond. Horrifiée par les descriptions des outrages et sévices ayant quasiment valeur de normalité dans cette ville et sûrement beaucoup d’autres, j’ai reconnu malgré tout une pudeur intérieure à ne révéler que la face extérieure des viols, et la volonté de mettre des mots qui obligent à voir. Car tout le roman est bâti sur les horreurs de l’enfance liées à une différence source d’ostracisme et de convoitise à la fois, mais aussi sur des relations intrafamiliales centrées sur les femmes de la famille.
    L’ode aux amitiés, l’injustice des abandons, la liberté inventée des femmes, la corruption, le rigorisme moral et religieux sources de dérives et de corruption, sous-tendent le récit qui se voudrait autobiographique si le personnage était cent pour cent attribué à l’auteur. C’est un livre effroyable lors de certains passages, toujours douloureux, et fait pour activer une rébellion contre des siècles d’inaction. Un livre écrit sans pathos mais dont les faits bruts décrits comme quotidiens suffisent à susciter une émotion des plus terrifiantes.
    L’auteur vient de recevoir le Prix Décembre pour ce roman
    Je remercie #NetGalleyFrance et les éditions Julliard pour #LeBastiondesLarmes