"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Trois moments dans la vie de Malika, une femme marocaine de la campagne. De 1954 à 1999. De la colonisation française à la mort du roi Hassan II.
Son premier mari est envoyé par les Français combattre en Indochine.
Dans les années 60, à Rabat, elle fait tout pour empêcher sa fille Khadija de devenir bonne dans la villa de Monique.
La veille du décès de Hassan II, un jeune voleur homosexuel, Jaâfar, entre chez elle et veut la tuer.
C'est Malika qui parle ici. Tout le temps. Elle raconte avec rage ses stratégies pour échapper aux injustices de l'Histoire. Survivre. Avoir une petite place.
Malika, c'est ma mère : M'Barka Allali Taïa (1930-2010). Ce livre lui est dédié.
A.T.
Né en 1973 à Rabat, Abdellah Taïa a publié aux Editions du Seuil plusieurs romans, traduits en Europe et aux USA, dont Le Jour du Roi (prix de Flore 2010), Celui qui est digne d'être aimé (2017) et La Vie lente (2019). Il a réalisé en 2014 son premier film, L'Armée du Salut (Grand Prix du Festival d'Angers), d'après son roman éponyme.
Coup de coeur pour ce livre émouvant et poétique , une fiction écrite à partir d'éléments biographiques . Malika est la voix de la mère de l'auteur, Ahmed le fils homosexuel de Malika est le double de l'auteur.L'image plurielle de la mère et l'homosexualité dans sa diversité charpentent le texte.
le récit étrange, souvent déconcertant, mêle réel,rêve, sorcellerie, délire, bien et mal ;il déroule des fragments de la vie de Malika , marocaine,à trois moments de sa vie. Personnage complexe, capable d'une émancipation qui force l'admiration ,Malika devenue mère se révèle féroce, étouffante, impitoyable. Poursuit-elle un besoin de revanche depuis que la guerre d'Indochine lui a enlevé son premier mari Allal ? Ou lui est-il impossible d'échapper au carcan des coutumes et des valeurs de la société marocaine?Le poids de la colonisation traverse le récit à travers par exemple le personnage de Monique qui interroge sur la légitimité de se revendiquer d'un pays.
Le livre dit aussi la situation de la jeunesse au Maroc, la misère des homosexuels dans la société et les prisons.
Et le début du récit?
Malika raconte sa rencontre au souk avec Allal , un jeune homme pauvre.Elle sait qu'Allal et Merzougue s'aiment mais Malika est amoureuse et accepte cette situation. le mariage met fin à la maltraitance exercée sur Malika par la seconde épouse de son père .Elle évoque les souvenirs heureux aux chutes d'Ouzoud.Mais Allal veut gagner de l'argent pour ses parents et pour lui,pour une vie meilleure. Allal décide donc de s'engager au côté de la France dans la guerre d'Indochine d'où il rapportera une solde conséquente.Mais Allal se fait tuer en Indochine et Malika est veuve à 20 ans.
On retrouve Malika une vingtaine d'années plus tard à Rabat, mariée à Mohammed,mère de nombreux enfants.Malika a des rêves pour sa fille de 16 ans Khadija mais Monique une bourgeoise française veut en faire sa domestique avec l'assentiment de Mohammed.Malika tente tout pour convaincre Monique de renoncer à ce projet.
La dernière partie déroule la confrontation violente entre Jaafar, un homosexuel fraîchement libéré de prison et Malika maintenant sexagénaire et veuve.Malika n'a pas protégé son fils Ahmed ...
Vivre à ta lumière - Abdellah Taïa
L’auteur a souhaité à partir de la fragilité de Malika développer les trois grandes parties d’une histoire qui se passe au Maroc de 1954 à 1999.
Son premier mari Allal est envoyé par les Français combattre en Indochine et y est mort.
A Rabat avec son second mari et ses sept enfants, elle se bat pour empêcher sa fille Khadija de devenir la bonne de Monique, riche française. Or, elle ignore que Monique est d’origine marocaine et qu’elle partage une part de son histoire.
Enfin, vers la fin de sa vie, un jeune voleur homosexuel, Jaâfar, voudra la tuer.
L’auteur place la femme au centre d’une culture marocaine et rétrograde l’homme comme pour conjurer le malheur d’une femme qui doit toujours se taire. Mais le coup de force du roman réside dans le lien conté sur l’homosexualité.
Ecrit avec sérénité dans une douleur sourde, le calme respire le récit. Un roman qui se lit d’une traite et qui tient bien en main. Une douceur dans les phrases nous invite à parcourir des lignes récitées d’un chagrin de femme où la résilience musulmane se confond dans un quotidien bouleversant.
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