C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
Merci pour cette chronique qui donne vraiment envie de lire ce roman!
À la mort de Tom, Emily repart en quête de l'essentiel pour ne pas perdre pied. Son enfant, sa famille, des amis qui l'aiment et la soutiennent lui permettent de retrouver goût à la vie et de développer une nouvelle manière d'appréhender le monde. Sa rencontre avec Mark, un célèbre architecte d'intérieur qui s'interroge sur le sens de son travail, et, comme elle, porte en lui une fêlure, fera ressortir le meilleur de chacun d'eux.
C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
Écrire le deuil comme on franchit une montagne. Et se reconstruire.
Un roman grandeur nature à escalader avec le cœur.
Tom l’avait initiée à l’escalade, à la nature, au dépassement de soi. Au point de s’y perdre lui-même, d’y sacrifier tout son temps, tout leur couple. Grimper toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus vite. Elle avait tout quitté pour le rejoindre dans leur mazot des Houches près de Chamonix. Ses études, ses amis, sa vie de parisienne. Et puis le fameux coup de téléphone retentit un jour dans la vie d’Emily. Celui que toute compagne ou tout compagnon d’un ou une passionné(e) de la montagne redoute et auquel on se résigne presque fatalement. Il laisse derrière lui ce vide, ce gouffre. L’absence.
Comment faire pour repartir ? Quelle voie emprunter cette fois-ci et sans lui ? Quel virage prendre quand aller tout droit n'est plus permis ?
Le premier sera celui de sa propre quête, en allant le chercher, lui, sur des terres auparavant foulées ensemble, des parois explorées, des cavités où se retrancher. En allant se réfugier dans sa famille dans le sud de la France, l’air des Calanques le rappelait à elle. Alors elle s’est écoutée. Avec la lenteur et le dégrisement face au risque inutile aussi parfois, la vie reprend ses droits. Au point de sentir cette présence réelle monter en elle. Cette présence en plus. Et la confirmation tombe... Elle porte leur enfant.
Puis le second. Alors qu’elle prend la décision de repartir vivre à Paris et reprendre ses études de lettres tout en regardant grandir leur fille, Lucie, les rencontres se multiplient. Des voisins bienveillants, des amis, des collègues. Une opportunité de travailler en tant que rédactrice pour le blog d’un magazine de décoration tombe. Et Mark s’ensuit. Célèbre architecte d’intérieur qu’elle interrogera lors de son reportage en Australie et qui se questionne lui-même terriblement. Sa place, son travail, son rôle. Comment être au monde pour l’habiter ? A moins que ce ne soit l’inverse ? Ils se retrouvent sur toutes ces orientations à définir, redéfinir, préciser, remettre en question, qu’elles soient environnementales, sociétales, philosophiques. D’abord là-bas puis à travers leurs échanges épistolaires après le retour en France d’Emily.
Stéphanie BODET nous emmène en deuxième partie dans le symbolisme du foyer et de la représentation que l’on peut en avoir, ponctué de ces références poétiques et philosophiques qui s’égrènent à chaque début de chapitre. Baudelaire et son rêvoir, Heidegger et ses liens entre habiter et bâtir. Ils sont tous là, et c’est heureux.
Mais elle nous transmet surtout de façon plus globale, cette fois-ci, après "A la verticale de soi" paru en 2016, son amour de la montagne et de l’alpinisme sous un autre angle. Écrire le deuil comme on franchit une montagne. Faire face au vertige créé par le vide tragique de l’être aimé. Franchir chaque étape de l’absence comme on aborderait une voie, par étape, le sommet en fond, en allant chercher chaque prise dans un équilibre fragile, en pensant retrouver l’être absent dans l’ailleurs du passé... et se retrouver soi, finalement. L’auteure qui pratique cette discipline nous fait cadeau de toute sa symbolique et de sa poésie à travers cette belle métaphore de vie, et c’est réussi. Par respiration progressive et patiente, on accueille chaque mot, chaque émotion, en se les autorisant aussi finalement, comme Emily pour qui le voyage se déplace et de géographique, devient intérieur. Et sans nul doute, on la suit.
Un roman fin et positif, rythmé et sensible. Sans sensiblerie.
Tom et Emily se rencontrent à l'adolescence. Le garçon a une passion, l'escalade ; il y initie la jeune fille, sur les rochers de Fontainebleau. Tom veut assouvir sa passion et part s'installer près de Chamonix. Emily l'y rejoint quelques années plus tard. Ils s'y marient. Mais le bonheur ne dure pas : Tom se laisse emporter par sa passion et délaisse son épouse. Il enchaîne des courses de plus en plus difficiles, partout dans le monde ; il est médiatisé... Jusqu'à la course de trop !
Après une courte phase de dépression, Emily reprend goût à la vie en découvrant qu'elle est enceinte. Elle vivra dix ans à Paris, avec sa fille et quelques amis très proches. Jusqu'au jour où elle part en Australie interviewer Mark, un célèbre architecte d'intérieur.
J'ai lu ce livre après avoir lu le commentaire, enthousiaste, d'un ami. Mon avis est un peu plus partagé...
L'écriture et le style sont intéressants : pas aussi simples qu'il n'y paraît, recherchés et parfois flamboyants, mais toujours faciles à lire. Stéphanie Bodet fait preuve d'érudition (peut-être un peu trop parfois ?) : on sent qu'elle a approfondi les recherches sur les sujets qu'elle traite. C'est finalement un roman assez court, instructif, qui se lit vite.
Les personnages sont attachants, mais c'est là que le bât commence à blesser : à part Tom, qui laisse apparaître ses zones d'ombre, les autres sont tout gentils et tout bons. Pas, ou très peu, d'ambiguïté chez eux : même si les personnages principaux affichent leurs failles, elles sont toujours dans la recherche du positif, du mieux faire ou du mieux être, jamais dans l'ombre ou le négatif...
Ce qui m'a le plus gêné, c'est l'environnement de cette histoire. C'est un peu un conte de bisounours dans un monde de bisounours. Il y a bien quelques coups de canif à l'encontre d'un monde capitaliste, où la recherche du profit et la vitesse d'exécution emportent tout ou presque. Mais globalement, la narration se déroule dans un monde rêvé, idéalisé, qui sera peut-être celui de Lucie, la fille d'Emily (j'en doute quand même un peu), mais qui n'est pas la réalité d'aujourd'hui. Un seul exemple, celui des relations humaines : Emily ne rencontre pour l'essentiel que des gens bienveillants, désintéressés, à l'écoute de l'autre... Un peu trop idéal, non ?
Ce roman se décompose en deux parties bien distinctes. Une partie est consacrée au deuil d’Emily et son évolution. Dans une première phase, elle se souvient de sa rencontre avec Tom, de leur vie commune, avec une grande nostalgie. Après ce chagrin, on assiste à sa reconstruction. L’importance de l’entourage est mise en évidence dans ces périodes difficiles. La famille, les amis, les voisins sont autant de piliers sur lesquels l’héroïne peut s’appuyer afin de tourner la page. Sans pathos et avec une certaine délicatesse, Stéphanie Bodet décortique la restauration de ceux qui restent après le drame.
Mais cette première moitié de livre dissimule aussi une ode à l’escalade et à la montagne. L’autrice nous entraîne dans les hauts sommets grâce à une écriture poétique. On sent à travers ses lignes, tout l’amour qu’elle porte à cette activité et à la nature.
La seconde partie fait entrer en jeu le charmant Mark. Et là, le roman prend une tout autre direction. Il devient une romance plutôt banale. La relation entre les deux protagonistes n’a aucune nuance et déborde de bons sentiments. Elle est entrecoupée d’échanges épistolaires qui utilisent des références artistiques en abondance. Vous aurez donc compris que j’ai beaucoup moins adhérer à cette partie à la fois mièvre et élitiste.
« Habiter le monde » a été d’abord une lecture très agréable, puis plus laborieuse. Comme la deuxième moitié de l’histoire est à mes yeux moins réussie, je ressors avec un sentiment mitigé. Mais la plume de Stéphanie Bodet fait merveille lorsqu’il est question de conter des maux du cœur et de décrire les grands espaces. J’ai été touché par le lyrisme de son style. Je me retournerai donc volontiers vers son précédent livre qui traitait de sa passion pour l’escalade. J’espère pouvoir y retrouver tout ce que j’ai aimé dans ce premier roman !
http://leslivresdek79.com/2019/04/23/453-stephanie-bodet-habiter-le-monde/
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/04/habiter-le-monde-de-stephanie-bodet.html
Emily a rencontré Tom en terminale, elle a toujours su qu'elle ne pourrait pas lutter contre sa passion pour la montagne. Lorsqu'elle apprend qu'il vient de disparaître dans un accident d'escalade, Emily va avoir besoin de s'isoler dans la nature au fond d'une grotte sauvage des Calanques pour commencer son deuil, pour "faire face au vide et à l'absence".
Lorsqu'elle réalise que, comme Tom, elle se met en danger en escaladant les parois des calanques Emily se ressaisit et part s'installer à Paris où elle découvre rapidement qu'elle est enceinte. Elle reprend les études de lettres qu’elle avait abandonnées pour suivre Tom, obtient un poste de rédactrice dans un magazine de décoration et se constitue un noyau d'amis précieux. C'est par le biais de son travail qu'elle rencontrera Mark un décorateur d'intérieur à la mode qu'elle part interviewer en Australie.
Ce roman est bien "Un hymne à la montagne, à l'amour, à la lumière du cœur" comme l'indique Jean-Christophe Rufin sur sa couverture. Stéphanie Bodet engage ici une réflexion sur la puissance consolatrice de la nature, sur l'importance de cultiver sa vie intérieure, sur la façon d'habiter vraiment un lieu et d'habiter le monde. Quête de l'essentiel, sens à donner à sa vie, quête d'authenticité, éloge de la lenteur... Le tout baigne au milieu de références littéraires puisque Emily est une femme de lettres. J'ai déploré que la deuxième partie ne soit pas à la hauteur du début du roman et que certains passages vraiment trop fleur bleue gâchent mon plaisir de lecture, peut-être qu'un texte allégé d'une centaine de pages aurait suffi pour étayer ses réflexions.
Merci pour cette chronique qui donne vraiment envie de lire ce roman!
« Elle attendait cet appel depuis si longtemps…
Comme si son esprit avait anticipé chacune des paroles du gendarme du PGHM, lui délivrant un message qu’elle connaissait depuis toujours. Elle s’apprêtait à donner la réplique d’une tragédie qu’elle avait répétée durant des nuits. Impression d’entrer en scène, lorsqu’elle avait répondu au pauvre homme chargé de lui apprendre la terrible nouvelle :
— J’attendais ce coup de téléphone depuis des années.
Avant de raccrocher. Effondrée. »
L’alpiniste le plus rapide du monde s'est tué. Emily, sa compagne se retrouve toute seule. «L’épouse du héros», comme Paris-Match l’avait nommée, a la peine à surmonter son chagrin. «À chaque pas, elle butait sur l’absence. Le soleil la révoltait. Il n’avait pas cessé de briller depuis sa mort. Il fallait fuir.»
Après avoir choisi le Sud et les contreforts de la Sainte-Baume, elle va choisir de trouver un peu de réconfort auprès de sa famille. Guillaume, son frère parfumeur, l’accueille chez lui. Avec lui, elle va pouvoir se raccrocher à ses souvenirs d’enfance, se rapprocher de son père dont l’essentiel du temps est consacré à accompagner son épouse, dont la «maladie invisible» l’éloigne tous les jours davantage de lui. Mais cette mère qui n’a plus sa tête et ce père si dévoué font du bien à Emily.
Si elle retrouve l’envie d’avancer, c’est aussi parce qu’elle porte un enfant et qu’elle a envie d’avancer avec lui dans la vie.
Elle va s’installer à Paris pour y étudier et y travailler. Les concierges de son immeuble, Georges Dubois et son épouse Fatou, vont devenir des amis proches et lui proposer de garder Lucie pour lui offrir du temps pour elle.
Une autre rencontre va lui permettre de trouver du travail. Elle croise Juliette, qui faisait partie de l’équipe de Paris-Match, et qui lui propose de prendre une place laissée vacante dans la rédaction du blog de déco du magazine Your home. Très vite, elle va s’imposer avec ses articles rose bonbon.
Entourée de ses amis, elle reprend goût à la vie, constate que Lucie grandit avec les mêmes envies de grimper que son père qu’elle n’a pas connu. C’est alors qu’on va lui confier un reportage en Australie où elle devra notamment réaliser un entretien avec Mark, un architecte d’intérieur.
Dans ce roman des rencontres et des liens qui se nouent entre des personnes qui jusqu’alors ne se connaissaient pas, Stéphanie Bodet va choisir les antipodes, le dernier rivage, pour rassembler Mark et Emily. Une rencontre d’autant plus féconde que les circonstances vont leur permettent d’échanger longuement, de se trouver de nombreux points communs. Aussi c’est avec un pincement au cœur qu’Emily regagne la France.
Commence alors un échange épistolaire dans lequel chacun va de plus en plus se dévoiler. Je vous laisser découvrir les derniers rebondissements et l’épilogue de cette quête qui, j’en suis persuadé, vous emportera à votre tour.
La plume allègre, la construction très classique mais ponctuée de scènes fortes en émotions alternant avec quelques épisodes cocasses, des personnages attachants et une philosophie de vie lumineuse donnent en effet envie d’«habiter le monde».
https://urlz.fr/9hvX
Ce livre m'a beaucoup plu, de l'amour ,de la nature, de l'espoir, de la culture ,une vraie ouverture sur le monde .Un livre de valeur avec des valeurs .
Il n y a que des belles rencontres dans la vie d'Emily jusqu'à l'ultime rencontre avec Mark, ils vont se découvrir et s'aimer, sur fond d'un passé douloureux de part et d'autre. J'ai pris le temps de savourer cette lecture. De vivre avec eux dans cet environnement naturel en harmonie avec la montagne et tout ce qui les entoure. Un très bon choix validé par Jean -Christophe Rufin et Ludovic Escande ,des passionnés de la vie .A mon tour je suis sous le charme de ce livre.
Ce livre m'a fait beaucoup de bien, un vrai plaisir.
Habiter le monde pour mieux le regarder, pour tracer sa route dans l’intégrité de son âme, pour mieux comprendre ce qui peut échapper. Habiter le monde pour s’accrocher à ce que l’univers peut nous offrir tout en prenant conscience de la nécessité de le protéger. Habiter le monde pour mieux voyager à l’intérieur de soi-même.
Ne pas toujours se fier à la quatrième de couverture car le menu littéraire peut se révéler bien plus succulent que la mise en bouche proposée ; ce premier roman de Stéphanie Bodet est tout simplement une bouffée d’air pur et une invitation à penser positivement.
Emily reçoit un jour un appel téléphonique qu’elle redoutait depuis longtemps étant donné le comportement ordalique de son mari : l’annonce de son décès brutal lors d’une escalade. Choc immense pour cette jeune femme qui pratique également ce sport mais sans prendre autant de risques que feu son Tom. Elle s’enfuit dans les Calanques pour s’isoler et, au fond d’une grotte, elle réalise qu’elle doit évacuer, continuer son chemin de vie mais différemment, avec encore plus d’authenticité et de simplicité. Elle quitte les Alpes pour retrouver Paris et c’est lors d’une nidification sur le bord de sa fenêtre que la jeune femme s’aperçoit qu’elle est enceinte de son compagnon disparu. Progressivement les années passent, sa fille Lucie s’avère d’une maturité exceptionnelle, puis c’est la rencontre avec Mark, une rencontre qui prend la forme d’une délicatesse ailée d’élégance…
En tant qu’écureuil arboricole, j’ai noté l’importance qu’accorde la narratrice aux arbres, ces êtres végétaux capables de devenir des sources de renouveau tout comme la terre et la spiritualité qu’elle peut inspirer. Sans oublier la poésie qui en découle avec les références à l’un de ses maîtres contemporains : Christian Bobin.
Un récit qui sous la douceur des mots souligne avec brio de nombreux sujets de société comme la surconsommation, le marketing sauvage, l’écologie, l’éducation (sur les passages de l’intégration scolaire j’ai eu envie d’embrasser l’auteure sur le museau), les relations intergénérationnelles (Marcellin et sa sagesse) mais également sur cette notion du temps qui passe et que l’on a trop tendance à le laisser s’échapper, un peu de philosophie dans le tourbillon de la vitesse humaine permet de prendre un peu de hauteur…
L’autre point qui charme considérablement est la rencontre amoureuse. D’abord avec Tom mais surtout avec Marc. Combien de romans, combien de récits tombent si rapidement dans des amours rapides et hélas trop souvent tournées vers uniquement le sexe avec un vocabulaire oscillant entre cul et baise. Là, on assiste à une rencontre bien plus cérébrale sans occulter heureusement le côté physique mais avec la délicatesse du verbe et l’élégance des sentiments. Peut-être que d’aucuns trouveront cette forme un peu désuète mais franchement une rencontre sentimentale qui s’ouvre sur un déjeuner avec une discussion sur la poétique de l’espace de Gaston Bachelard, cet espace vécu selon les imaginations dans nos âmes, est d’une richesse absolue. S’ensuivent les références littéraires et les réflexions sur la symbolique de la nature ou l’éloge de la cabane. Puis, à l’heure du numérique et du tout virtuel, c’est une relation épistolaire comme au temps jadis que les futurs amants échangent. Livresquement romanesque.
Un roman à lire en prenant son temps, pour savourer chaque paragraphe, chaque rencontre dans cette galerie de personnages, ces instants où les lettres subliment la poésie de l’esprit. Parce qu’il a été écrit avec une plume lumineuse dotée d’un cœur qui bat intensément et humainement.
Livre lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2019
https://squirelito.blogspot.com/2019/02/une-noisette-un-livre-habiter-le-monde.html
Sur la couverture, le petit mot de Jean-Christophe Rufin ne peut qu'attiser ma curiosité "Un hymne à la montagne, à l'amour, à la lumière du coeur"... Alors, désolée pour les autres mais je lui accorde immédiatement un pass / coupe-file, et tant pis pour l'abolition des privilèges et les accusations de favoritisme. L'auteure est championne d'escalade, amoureuse de la nature et des mots. Alors je passe sur la jaquette qui arbore une photo assez banale, impersonnelle et peu valorisante et je me lance à la rencontre d'Emily.
Lorsque nous faisons sa connaissance, Emily vient de recevoir l'appel téléphonique qu'elle redoute depuis des années. Tom, son homme, son champion d'escalade, celui pour qui elle a quitté Paris, l'université et sa famille pour s'installer à Chamonix, Tom a disparu, une terrible chute, son corps a été happé par la montagne. C'est d'abord en s'isolant dans la nature, en faisant corps avec les éléments qu'Emily va trouver les premiers éléments de consolation et d'apaisement ; mais très vite, elle doit reprendre sa vie en mains, et surtout, se la réapproprier, d'autant qu'elle s'apprête à devenir mère. Retour à Paris où elle reprend ses études de lettres, fait de nouvelles rencontres et finit par dégoter un poste de rédactrice pour un magazine de décoration. Poste grâce auquel elle fera la connaissance de Mark, un célèbre architecte d'intérieur...
Stop. Je m'aperçois en écrivant ces lignes à quel point ce roman est difficile à résumer. Ce que je viens d'écrire donne l'impression d'un truc vraiment fleur bleue, hyper romanesque... Et certains passages le sont, en effet. Mais heureusement, ce n'est pas tout. Ce qui sous-tend toute l'intrigue c'est une réflexion sur notre façon d'être au monde ; et l'auteure n'hésite pas à convoquer la littérature, la poésie et la philosophie. Avec au centre, La poétique de l'espace de Gaston Bachelard. Une réflexion qui englobe la représentation de nos intérieurs, de ce que nos maisons représentent pour nous, de la façon dont nous constituons ou fantasmons notre "chez nous". Et des traces profondes que laissent ces espaces qui évoquent un bonheur passé.
Si l'on trouve dans ce roman bon nombre de considérations d'actualité - écologie, environnement, règne de l'apparence et des images, société de consommation - il s'en dégage aussi un charme quelque peu désuet par l'importance accordée aux mots et aux écrits. Les dialogues truffés de citations littéraires où se mêlent Eluard, Nicolas Bouvier, Zola ou encore Anna Gavalda ; une correspondance à l'ancienne, oui oui, des échanges de lettres plutôt que des mails. Une sorte d'éloge de la lenteur.
"Emily avait choisi de voyager sans GPS. On avait tout son temps. Lorsque on se trompait, on faisait demi-tour. On s'arrêtait dans un café pour demander la direction. Quand il n'y avait pas de commerce ouvert, on trouvait toujours un petit vieux savourant le soleil, les yeux mi-clos sur son banc, heureux de pouvoir se rendre utile".
Résultat : j'ai dévoré ce roman en pardonnant quelques passages un poil "faciles" joliment rattrapés par l'ambition affichée de l'auteure de stimuler notre réflexion et nos voyages intérieurs. C'est un roman lumineux, une invitation à voir le monde par un prisme qui fait sacrément du bien.
(Idéalement, je voudrais lui donner 3,5 étoiles...)
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Merci beaucoup. Je suis ravie qu'elle vous donne envie de découvrir ce roman.