"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Je suis la véritable trace, le plus solide des indices attestant de tout ce que nous avons vécu en dix ans en Algérie. Je cache l'histoire d'une guerre entière, inscrite sur ma peau depuis que je suis enfant.» Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d'indépendance, qu'elle n'a pas vécue, et oublier la guerre civile des années 1990, qu'elle a elle-même traversée. Sa tragédie est marquée sur son corps : une cicatrice au cou et des cordes vocales détruites. Muette, elle rêve de retrouver sa voix. Son histoire, elle ne peut la raconter qu'à la fille qu'elle porte dans son ventre. Mais a-t-elle le droit de garder cette enfant ? Peut-on donner la vie quand on vous l'a presque arrachée ? Dans un pays qui a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile, Aube décide de se rendre dans son village natal, où tout a débuté, et où les morts lui répondront peut-être.
Un roman poignant, bien écrit qui relate la difficulté de naitre femme dans un pays où leurs droits sont bafoués. Prouesse de l'auteur homme de se faire entendre en tant que femme.
Mais autant j'ai trouvé ce livre intéressant et nécessaire, autant j'ai peiné à le finir. Par sa dureté tout d'abord mais aussi par le style: une belle écriture certes, ponctué de (trop?) longs monologues , comme pourraient l'être ceux d'une femme qui ne peut plus parler et qui a donc des pensées obsédantes, qui furent difficiles à lire pour moi. J'ai dû entrecouper cette lecture par des ouvrages plus gais afin de réussir à le finir...
Magistral. Quelle lecture ! Après le roman de G.Faye, et dans mon confort, je pensais lire ce « roman » plus tard. Trop de sang . Et pourtant , quel texte !
Les années 1990-2000 , cette décennie noire fut une guerre civile entre militaires et islamistes , 200.000 morts que 10 ans plus tard les autorités ont voulu occulter par une voie hypocrite, celle de la Réconciliation.
Une seule guerre a eu lieu officiellement en Algérie, c’est celle « contre les français »
Mais , en 1999, le 31 décembre, une petite fille de 5 ans Farj ou Aube en français a été égorgée comme un mouton de l’Aïd et laissée pour morte ainsi que sa petite sœur de 8 ans, décapitée. Tout le village a subi cette boucherie sans nom.
Aube a été récupérée mourante , mais soignée ou plutôt rafistolée en urgence, elle porte une balafre de 17 cm, ce qu ‘elle appelle son sourire, et une canule qui l’aide à respirer, et elle n’a plus de cordes vocales.
Elle a 26 ans , elle est enceinte,elle a cru un instant avoir le droit d’avoir une vie de jeune femme, elle est persuadée que ce sera une fille , elle lui parle avec des petits mots doux, elle l’appelle Houri, ce nom que l’on donne aux jeunes filles du paradis…
Elle lui raconte ce qu’a été sa vie, son pays depuis son égorgement et la prévient qu’elles vont vite se séparer grâce à 3 pilules. Elle ne veut pas que cette petite fille devienne femme dans ce pays qu’est l’Algérie, elle veut la protéger de la vie qui l’attend.
Elle prend la route pour retourner sur les lieux du massacre, elle pense trop à sa sœur.
Le voyage est plein d’embûches, elle fait des rencontres, un libraire, qui ne peut plus vendre que des livres de cuisine, un routier lui aussi abîmé qui roule sans arrêt, à chaque fois quand elle déroule son foulard et laisse sa blessure béante , chacun est saisi , elle est l’image vivante de ce que les hommes de son pays ont été et sont capables de faire.
Contre cette barbarie, le roman de K.Daoud dresse un réquisitoire implacable , cruel, l’écriture est raffinée, poétique parfois , malgré l’horreur du propos .
Un livre essentiel. Le Goncourt demain peut-être.
Un roman remarquable, engagé sur le plan politique et le sort des femmes algériennes.
Une partie de l’histoire que je ne connaissais pas. Une guerre civile éclate,une période de tension, de peur, où l'insoutenable est perpétré . Aube , âgée de 5 ans ,a vécu, le plus douloureux, le plus horrible moment de sa vie, Elle assiste à l’exécution de ses parents et de sa sœur, d'une manière effroyable. Elle est une miraculée, mais elle est muette , les cordes vocables sont touchées , un large sourire gravé par un couteau, un sourire , partant des deux cotés de son visage,
Une jeune fille détruite psychiquement et psychologiquement, Elle tombe enceinte , elle pense avorter, mais pour le moment, ce fœtus est un moyen d'exorciser , de parler de tous les malheurs, qu'elle a vécu ,pour elle c'est sa voix intérieur , elle peut tout dire, sans aucune répercussion . Sa voix externe n'est que silence.Elle décide de partir, à la recherche de ses racines, dans ce villages ou plusieurs personnes ont trouvé la mort. A t-elle eu une bonne idée ?
C'est le genre de roman que l'aime ou pas, aucun juste milieu L'auteur use d'un vocabulaire enrichi, C’est tout en finesse,n, autant sensible que subtile, avec une pointe poétique voir philosophique. L'auteur m'a immergée avec une grande dextérité , dans cette histoire troublante, On ne peut sortir indemne d'un tel récit. Une histoire qui reste , encore d'actualité, surtout pour le sort des femmes.
Un livre qui mérite amplement le prix Goncourt et le prix Transfuge du meilleur livre français 2024, Un véritable coup de cœur, qui me laisse dans mon questionnement Je vous conseille de découvrir ce roman.
Une claque ce roman.
"Houris" c'est d'abord le monologue intérieure d'une jeune oranaise au passé des plus traumatiques : elle a survécu à un égorgement lors de la guerre civile algérienne, celle-là même qu'on tait et passe sous silence car c'est une période de l'histoire du pays qu'on aimerait oublier tant elle fait "tâche".
"Houris" c'est aussi la voix des femmes dans une société où elles n'ont pas le droit de s'exprimer ni d'exister pour elles-mêmes au risque d'être bannies voire violentées. Enfin, "Houris" c'est un roman qui tente de donner à lire toute la complexité et certaines contradictions liées à cette culture des vierges offertes au paradis à des hommes qui se seront montrés conformes aux principes religieux qui dictent leur conduite.
Sans conteste,"Houris" est un roman qui fera parler et réfléchir le plus grand nombre.
Genre : Roman historique
Avis : OBSÉDANT
Format : Broché
Quand un roman dévoile au lecteur ce qu’un pouvoir en place empêche de dire…
Aube est une jeune Algérienne qui doit célébrer l’indépendance de son pays mais oublier la décennie noire durant laquelle elle a eu les cordes vocales détruites, à 5 ans. Elle n’a pas le droit de raconter une histoire dont elle est un témoin rescapé ; elle ne peut le faire qu’auprès de la fille qu’elle porte dans son ventre. Harcelée et menacée par les hommes devenus les barbares du quotidien, elle va se rendre dans son village natal pour trouver des réponses auprès des morts et surtout de sa sœur qui elle, a été tuée, le même jour de tragédie ordinaire.
Ce roman vient de remporter le Goncourt, j’ai lu et chroniqué plusieurs livres qui étaient en lice et dès ma lecture terminée, j’ai su que cela allait être celui-là. Pourquoi ? Eh bien parce qu’il y a LA différence, celle qui a du mal à être définie mais qui répond à plusieurs exigences : une écriture illuminée, une forme particulière, un fond rédempteur, des défauts consciemment mis en scène, une obsession qui prend possession de votre esprit.
Je n’avais jamais pris conscience de ces années noires en Algérie, ces jours de quasiment guerre civile durant lesquelles la population était coincée entre le pouvoir militaire et les terroristes qui ne relâchaient pas leur emprise. Cela n’est pas étonnant puisqu’encore aujourd’hui, les raconter est passible d’emprisonnement. L’avertissement est bien présent sur l’une des premières pages du roman, comme un drapeau de révolte ultime de l’auteur. Un métier résume l’hypocrisie : cuisinier. Je ne vous en dirai pas plus, bien entendu. Il fallait choisir son camp et de nombreux libraires qui ne voulaient pas vendre exclusivement des livres de cuisine et des livres religieux, par exemple, ont été assassinés. Car c’est là, le propre de ces régimes despotiques, c’est que le modéré est aussi haï et en danger que le pire des terroristes. Réfléchir peut devenir un crime !
La lecture peut être déstabilisante car toutes les actions ne sont pas par ordre chronologique. Il y a aussi des répétitions, des interprétations, des approximations mais cela pourrait être voulu, comme le chaos qui existait dans la réalité des combats en sous-main. Seul, l’auteur le sait. J’ai visualisé une immense fresque aux tableaux aussi littéraires que picturaux, tous marqués du sceau de l’Histoire.
Il y a un suspense qui s’installe dû au mélange des évènements et des récits des personnages. Il n’y en a aucun sur les interdictions faites aux femmes. Aube porte la résilience et le courage au summum de ce qui peut être, l’homme qui veut la sauver et dont le cerveau a enregistré tous les chiffres liés aux massacres est fascinant et l’on souhaite que la fille dans le ventre de la mère la connaisse un jour. Car espoir, il y a, malgré tout le désespoir dans lequel on s’englue.
Ce roman n’a pas suscité d’interrogations de la part du Jury, vous comprendrez pourquoi en le lisant. J’avoue que mon cœur était accroché à « Madelaine, avant l’Aube » de Sandrine Collette mais ma raison savait…
Vingt ans après le massacre dont elle a été victime à l’âge de six ans, Aube, seule survivante de sa famille, raconte au petit embryon qu’elle porte en son ventre ses souvenirs de cette journée du 31 décembre 1999. Le récit à sa Houri ne peut s’exprimer à d’autres, le son de sa voix étant bloqué à jamais par la canule qui lui traverse la gorge, lui sculptant par ailleurs un large sourire monstrueux. Recueillie par Khadija, sa seconde mère,à Oran, Aube est encore capable d’affronter les interdits des barbus en tenant un salon de coiffure face à la mosquée, avant d’entreprendre un pèlerinage jusqu’à Had Chakala son village natal, long parcours au cours duquel elle croisera entre autres, Aïssa, lui aussi rescapé, libraire dont la foi en la littérature lui a toujours permis de rester amnésique certes, mais debout ! Ainsi, si Aube décide de ne pas mettre au monde sa petite fille, elle lui aura expliqué les dangers à venir au monde dans un pays où les femmes sont soumises à des lois barbares.
Parvenue à son but, quelle mémoire restait-il du 31 décembre 1999 ? S’agissant des habitants du village « Ils auraient dû être payés comme des employés de la mémoire pour ne jamais se taire, et que voyais-je ? Des enfants rieurs. Des têtes d’ânes. Ces gens n’étaient-ils pas les survivants des douze tribus du Ouarsenis, égorgées, tuées, massacrées avec leurs animaux le 31 décembre 1999 ? ... »
Dès les premières pages, malgré les terribles faits, j’ai été littéralement éblouie par l’écriture de Kamel Daoud. Si « Meursault contre-enquête » m’avait fait découvrir son talent, il ne me restait de ce roman qu’un bon souvenir de lecture. Pour moi « Houris » franchit une barre très haute avec un style particulier empreint de poésie pour faire revivre la tragédie sanglante de dix années de guerre civile tue par une loi. En dehors d’un devoir de mémoire accompli, ne peut-on voir dans ce roman l’expression d’une critique personnelle de l’auteur sur les lois de son pays ?
Je terminerai mon propos en reconnaissant que j’ai trouvé un peu de longueur de cette lecture très exigeante dans sa forme. Minime critique en considérant la beauté de cette œuvre.
J’ai eu une amnésie en le lisant à l’image de l’amnésie collective et volontaire liée à la guerre civile des années 1990 à 2000 en Algérie, dont l’objectif était la répression en assassinant nombre de citoyens, au nom d’une religion, dont l’héroïne, Aube, qui échappa par miracle à son égorgement. Toute la première partie lui est consacré. Un long monologue dans lequel elle raconte toute sa vie passée et présent en s’adressant à son ventre qui porte sa future fille, qu’elle surnomme Houri.
Dans la seconde partie du livre, j’avais l’impression que le temps ne s’écoulait plus, entre l’histoire du libraire, rescapé lui aussi et celle d’Aube (encore) roulant dans cette camionnette comme suspendue dans un rêve où la frontière entre réalité et imaginaire n’existe plus.
Enfin la 3e partie, Le couteau, explique la situation et ce qui va sauver Aube et son bébé.
La répétition de la situation violente vécue par Aube m’a étouffée.
Et la densité des phrases à la limite de la compréhension m’a coupé des émotions, malgré le style poétique, « la belle écriture » qui pour moi a plutôt desservi le propos.
C’est un style assez lourd et ampoulé, j’ai essayé de comprendre et ce roman m’est apparu brumeux comme une langue étrangère. Dommage !
Le succès est au rdv et tant mieux, il mérite sans doute ce prix Goncourt de part le sujet évoqué. Mais je n’y étais pas de mon côté, désolée pour les déjà et futurs aficionados.
Lu dans le cadre du prix Landerneau des lecteurs 2024
'Houris' a pour thème la guerre civile qu a marquée l'Algérie dans les années 1990. Des années de plomb où beaucoup d’algériens ont perdu la vie, plus de 200 000 morts.
Vous l'aurez compris ce n'est pas un roman très joyeux. Ici il est question de souffrance, de déchirement familial, d'atrocités, de solitude, de violence. L'auteur a voulu montrer dans son livre tout le désastre et les conséquence d'une telle tragédie à travers la voix d'Aube la narratrice.
Petit bémol : le livre est un peu trop long selon moi.
Un roman incontournable de la rentrée littéraire d'automne récompensé par le Goncourt 2024.
à noter : Les houris sont, selon la foi musulmane, des vierges dans le paradis, qui seront la récompense des bienheureux. Ce sont des personnages célestes (source : Wikipédia).
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