Une sélection de livres jeunesse consacrés à l'Afrique, pour les enfants et les ados
Une fantasy unique et époustouflante autour de l'univers africain Résumé : Il fut un temps où la terre d'Orïsha était baignée de magie. Mais une nuit, tout a basculé, le roi l'a faite disparaître et a asservi le peuple des majis. Zélie Adebola n'était alors qu'une enfant. Aujourd'hui, elle a le moyen de ramener la magie et rendre la liberté à son peuple ; même si face à elle se dresse le prince héritier du trône, prêt à tout pour la traquer.
Dans une Afrique imaginaire où rôdent les léopardaires blancs et où les esprits ont soif de vengeance, Zélie s'élance dans une quête périlleuse...
Dès 14 ans.
Une sélection de livres jeunesse consacrés à l'Afrique, pour les enfants et les ados
Les pépites "Young adult" du moment, à découvrir sans tarder !
Haaaaa, se plonger dans un bon roman young adult emprunt de magie, de bastons et de lutte des classes, voilà comment passer une bonne semaine sous le soleil ! Au détour de ma boîte à lettres, l'Exploratrice littéraire que je suis pour lecteurs.com a sauté de joie. Bah oui faut me comprendre, recevoir un roman repéré depuis quelques semaines, ça donne le sourire... Mais est-il bon pour autant ? Oui, sans toutefois émettre quelques critiques... Car dans l'Afrique fantastique imaginée par Tomi Adeyemi, le personnage de Zélie s'est vue confier la difficile mission de ramener la magie sur la terre d'Orïsha, anéantie plusieurs années auparavant par le roi. Contre toute attente, la jeune fille de 17 ans est aujourd'hui le seul espoir de son peuple. Ravivera-t-elle la magie ? Parviendra-t-elle à libérer les siens ? Et si oui, à quel prix ? Fort de nombreuses actions, mais un peu redondant, le roman séduit par un univers maîtrisé et son allégorie de la société américaine. Parfois linéaire, ce premier tome pose une intrigue adroite et laisse entendre le grondement de fureur du second opus...
Roman choral à trois voix, De sang et de rage porte bien son titre français ! Du sang, je ne vous cache pas qu'il y en aura un peu, de la rage, beaucoup. Comment ne pas être en colère face à la situation dans laquelle se trouve Zélie et son peuple de majis déchus ? Humiliés et mis au banc de la société, ceux-ci ne sont plus que l'ombre de leur grandeur d’antan. Jusqu'à la rencontre entre Amari, fille du roi et voleuse d'un des trois artefacts magiques, et notre héroïne. Accompagnée de son frère, Tzain, et de la princesse en fuite, Zélie part à la rencontre de pouvoirs qu'elle pensait à tout jamais disparut.
Alternant entre les pensées de Zélie, Amari et son frère Inan, prince et héritier du royaume, Tomi Adeyemi propose une immersion dans les différentes strates de cette société ainsi qu'une observation accrue des différents parti-pris. Tandis que Zélie et Amari s'apprivoisent pour rallier d'autres devîns, - nom donné aux majis à la perte de leur pouvoir - Inan, quant à lui, est envoyé par son père le roi, à leur recherche afin de les éliminer.
Des scènes d'actions menées par les différentes pérégrinations du trio, s'entrecoupent de nombreux souvenirs ou pensées intérieures qui, malheureusement, ralentissent le rythme et tire le roman en longueur. Malgré une intrigue somme toute classique pour le genre, ce sont bien les décors et l'originalité de l'univers qui détonne. Ceci dit, ceux-ci ne sont qu'un moyen détourné d'aborder la violence et la haine dans une société qui la reproduit. Ainsi, on peut aisément comparer les discriminations et humiliations subies par les devîns par celles des afro-américain.
Balayant la morale manichéenne en énumérant tour à tour les points positifs et négatifs à la réapparition de la magie, Tomi Adeyemi souligne la complexité de la notion de choix et de justice pour l'acquisition d'une société saine et équilibrée.
Des personnages attachants, mais un brin stéréotypés, un pays imaginaire foisonnant et une aventure périlleuse, forment un roman séduisant et palpitant. Curieuse de lire la suite de cette trilogie prévue pour 2020...
http://bookncook.over-blog.com/2019/08/mercredi-jeunesse-de-sang-et-de-rage-tome-1-tomi-adeyemi.html
Retrouvez d'autres chroniques sur mon blog : https://lesfantasydamanda.wordpress.com
Merci Lecteurs.com !
Depuis sa sortie en français, le premier tome de Children of blood and bone me faisait particulièrement envie, raison pour laquelle je l'ai demandé en service de presse sur le site lecteurs.com. Vous n’imaginez donc pas ma joie lorsque je l’ai découvert dans ma boite aux lettres, il y a quelque temps.
Verdict ? Même si j’ai quelques bémols à émettre - comme d’habitude ! -, j’ai passé un agréable moment de lecture.
Si cette saga a tant de succès, c'est parce qu'elle nous prend aux tripes !
Je vais être honnête avec vous : De sang et de rage n’a rien de fondamentalement original. Il s’agit d’une histoire de révolte comme il en existe tant d’autres. Néanmoins, elle a le mérite d’être addictive, bouleversante même.
Les pages défilent à une vitesse folle, Tomi Adeyemi étant particulièrement douée pour relater des moments forts, percutants, presque douloureux. C’est comme si l’on ressentait les souffrances de Zélie à travers ses mots. Alors, si ce livre a remporté un si grand succès, je pense que c’est avant tout parce que, sur le plan émotionnel, il s’apparente à une bombe. L’horreur côtoie l’espoir à chaque page, et on se sent constamment dans l’urgence.
Bien sûr, si l’on prend le temps de décortiquer le scénario, on ne tarde pas à y trouver des facilités. En fin de compte, l’intrigue se révèle très linéaire. Mais cela n’enlève rien aux atouts cités précédemment, pas vrai ?
En outre, je me suis rapidement rendu compte que l’histoire n’était pas aussi manichéenne qu’on aurait pu le croire. En effet, nos héros en arrivent pratiquement à comprendre leurs ennemis. Mais rien ne leur sera pardonné…
Un univers qui n'a pas encore révélé tout son potentiel
Comme l’ensemble des lecteurs, j’étais curieuse de découvrir cette Afrique imaginaire citée dans la quatrième de couverture. Et ce qui m’a plu, avant tout, ce sont les différentes magies inventées par l’auteure (guérisseur, faucheur, voyant...), toutes liées à une divinité propre. C’est donc un système de magie entier qui a vu le jour sous la plume de Tomi Adeyemi.
J'espère néanmoins que l'on découvrira d'autres aspects de cet univers, car je suis un peu restée sur ma faim.
Quand il n'est plus possible de distinguer ses alliés de ses ennemis...
Tour à tour, Zélie, Amari et Inan prennent la parole. Or, tous ne sont pas dans le même clan… au même moment ! Et oui, les intérêts de chacun évoluent sans cesse, poussant les uns à trahir les autres. Connaître leurs pensées et leurs motivations profondes nous permet cependant de mieux les cerner et, par extension, de les apprécier.
J’ai malheureusement trouvé Zélie un chouia caricaturée ; l’auteur nous la décrit comme une vraie tête brûlée incapable de faire les bons choix, alors qu’elle aurait pu être davantage que ça. Inan m’a semblé plus intéressant, plus complexe, malgré son inconstance qui m’a fait grincer des dents à plusieurs reprises.
Je suis partagée concernant la romance
Elle survient bien trop vite à mon goût, et à celui d’autres lecteurs si j’en crois les quelques chroniques que j’ai pu lire. Toutefois, elle confère à l’histoire une dimension beaucoup plus personnelle, ce qui, à mon sens, est un véritable atout compte tenu des émotions que fait naître De sang et de rage.
Quoi qu’il en soit, je suis impatiente de connaître la suite annoncée pour 2020, d’autant plus que la fin de ce premier opus est tout simplement… incroyable !
De sang et de Rage
Tomi ADEYEMI
Résumé de l’éditeur :
Ils ont tué ma mère.
Ils ont pris notre magie.
Ils ont voulu nous éliminer.
À présent, dressons-nous.
Il fut un temps où la terre d'Orïsha était baignée de magie. Mais une nuit, tout a basculé, le roi l'a fait disparaître et a asservi le peuple des majis. Zélie Adebola n'était alors qu'une enfant. Aujourd'hui, elle a le moyen de ramener la magie et de rendre la liberté à son peuple - même si face à elle se dresse le prince héritier du trône, prêt à tout pour la traquer.
Dans une Afrique imaginaire où rôdent les léopardaires blancs et où les esprits ont soif de vengeance, Zélie s'élance dans une quête périlleuse...
Mon avis :
Tout d’abord, je tiens à remercier l’éditeur de ce roman : Nathan, ainsi que l’équipe explorateurs du Polar de lecteurs.com, qui m’ont fait découvrir ce beau roman.
Que dire de ce livre… Beaucoup de chose je dois bien l’avouer. Je vais commencer par mon sentiment de fin de lecture : Ouah ! J’ai vraiment adoré ! Ça faisait quelque temps maintenant que je n’avais pas lu ce type de roman fantasy. Et De Sang et de Rage m’a « réconcilié » avec mon envie d’en lire d’autres !
Je vais commencer cette petite chronique par vous représentez le paysage. Imaginez vous dans un pays légèrement (voir totalement) totalitaire, gouverné par un roi aveuglé par ses convictions, sa rage, sa peine et des souvenirs parfois trop douloureux pour pouvoir avancer sereinement. Dans ce pays réprimé, un peuple vit (ou survit). Composé de nobles, de paysans, de différentes classes sociales en quelques sortes. Et de Majis. Oui oui, Majis. Ces humains asservis par ce roi fou, doit lutter pour sa survie dans un Afrique privée de son histoire. De son identité, de ses traditions. De ses Dieux. Le peuple Majis se décompose en deux : les majis, ces être dotés de pouvoirs hors du commun par un dieu-père ou une déesse-mère qui est propre à chaque type de pouvoir. Les Devins, sont en quelques sortes des enfants destinés à devenir Majis lorsqu’ils auront atteint un certain âge. Ce peuple est caractérisé par des cheveux blancs et frisés.
Les cheveux. Je m’arrête quelques instants sur ce signe assez important dans le livre. Le peuple des devins et Majis est donc opprimé, voir tué par le roi et ses soldats. Dès lors qu’un enfant nait avec ses cheveux blancs, contrastant avec sa couleur de peau, il est mis à l’écart et traité comme un pestiféré. Je dirais même que son existence sera remplie de solitude, de servitude. Une sorte d’esclave, qui n’a aucuns droits. J’aime voir la de la part de l’auteur, une marque de respect envers le peuple africains, colonisé et réduit en esclavage par les blancs. Dans son roman, elle inverse les couleurs. Les cheveux blancs sont opprimés par le gouvernement, comme avaient pu l’être les peaux noires il y a un certain temps. Je trouve son choix juste et respectueux envers ses ancêtres, pour ma part.
Le roman prend donc place sur les terres d’Orïsha, dans une Afrique fictive. J’avoue que ce livre m’a fait voyager. J’avais vraiment l’impression de voyager dans ces terres arides, remplies d’une aura mystérieuse, d’une culture unique et de paysages magnifiques. Je n’ai jamais eu la chance d’aller en Afrique, mais je dois bien avouer que ce roman m’en a donné encore d’avantage envie !
Le roman suit les aventures de Zélie, une jeune devin, qui a connu la peine de perdre sa maman, tuée lors du massacre des Majis. Oppressée depuis son plus jeune âge, l’auteur parvient à transmettre sa rage, sa peine mais aussi son sentiment d’insécurité tout au long du roman. Son personnage est je trouve dans l’ensemble, assez bien construit. Certaines décisions qu’elle peut prendre au cours des 550 pages restent néanmoins parfois trop hâtives et moins bien expliquées, du point de vue de son caractère. Alors oui, j’ai adoré ce personnage fort, féministe et attachant, mais parfois, j’ai senti comme un manque de précision et d’exploration du personnage à travers ses décisions.
Zélie est accompagnée de son frère Tzain, plus âgé qu’elle, et qui est très protecteur envers elle. C’est l’un de mes personnages préférés dans ce roman. Il est sans conteste un point fort, et parfois un peu sous-exploité. J’espère que le tome 2 nous permettra d’en savoir un peu plus sur lui, voir de lui consacrer plus de temps pour le développer et en faire un véritable héros. Il reste selon moi, parfois trop en retrait, trop accompagnateur de sa sœur, si bien qu’il apparait plus fade, alors que sa présence rend le roman bien plus attachant.
Tzain accompagne donc sa sœur dans sa quête pour restituer la Magie et rendre leur dignité aux Majis.
Au tout début du roman, ils rencontrent une jeune fille : Amari. Cette jeune princesse en fuite rencontre par hasard Zélie, qui va l’aider, un peu prise au dépourvue. Amari est également un personnage central de l’histoire. Une jeune femme en retrait au début du livre, qui va se montrer d’une grandeur et d’une force remarquable au fil des pages. J’ai vraiment adoré la rencontrer, apprendre à la connaître, et c’est avec délectation que j’ai lu sa renaissance en tant que femme forte, et sûre d’elle-même. Ce personnage est vraiment bien construit encore une fois, comme le fut Zélie et Tzain. Mais (car oui il y a un mais !) encore une fois, je trouve que son développement est un peu précipité.
Globalement, j’ai vraiment adoré ces trois personnages, mais je trouve que l’histoire en elle-même est légèrement trop rapide, ce qui par conséquent, rend l’évolution des personnages, de leurs décisions et de leurs sentiments, trop peu développée. J’ai eu l’impression de lire quasiment 2 tomes en un seul. Je trouve que ce roman, cette histoire est si riche qu’il aurait fallut ralentir les actions et prises de décisions des personnages pour en apprécier l’intégralité. J’ai adoré ce livre, et je lirai les prochains tomes avec impatience, puisque c’est un véritable coup de cœur. J’espère que le prochain tome prendra plus son temps pour dévoiler certaines facettes des personnages qui m’ont manquées.
D’autres personnages sont également présents dans le livre : Inan, le frère d’Amari. Futur roi d’Orïsha, il a été éduqué par un père enragé contre la magie. Cet endoctrinement précoce à forcément laissé des traces. Je n’en dis pas plus, je préfère que vous le découvriez au fil des pages. Mais encore une fois, comme c’était le cas pour Zélie, je trouve son évolution trop rapide, et parfois pas très crédible. Je dois bien avouer que certains passages m’ont fait l’apprécier, alors que d’autres m’ont laissé perplexe et sur ma faim.
Son père, Saran, est peu présent en tant que personnage, mais son esprit règne en roi / dictateur dans l’esprit de tous. Il plane tout au long du livre comme une ombre menaçante. Un souffle de mort. Je dois bien avouer que l’auteure à vraiment su le rendre redoutable, craint de tous, même de nous, lecteurs. C’est avec brio qu’elle parvient à rendre sa noirceur palpable.
Pour conclure sur les personnages, j’attends donc une exploration plus profonde de leurs caractères en prenant plus le temps de les développer individuellement.
Concernant le style de l’auteur, j’ai vraiment apprécié sa fraicheur. Le livre se lit bien, et vite. Elle parvient à transmettre avec justesse l’aura africaine à travers ses mots, ses images. On s’y croirait, en entendant les bruits de la savane, en sentant le vent chaud sur nos bras et les odeurs de mer ou de désert. Le seul bémol est la rapidité à laquelle se passe les évènements. Parfois, l’histoire avance trop vite, et j’aurai préféré explorer plus en profondeur certaines parties (dans le camp de Devins, la confrontation Zélie/Saran et surtout la phase finale du livre sur l’île). Je pensais honnêtement que l’histoire n’irait pas aussi loin lorsque je l’ai commencé ! La quête de restitution des pouvoirs des Majis aurait pu prendre deux tomes sans problèmes, quitte à faire plus de trois tomes.
Pour conclure, je dirai que ce livre vaut vraiment le coup d’être lu, même si j’ai ici décrit plusieurs points négatifs, j’ai adoré cette histoire. L’auteure parvient à rendre hommage à ses racines à travers l’aventure de Zélie dans une Afrique adaptée à la Fantasy. J’ai adoré découvrir cette aura de culture africaine, mystique et profonde.
Note finale : 17/20
Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman-événement, je pense que je peux le formuler ainsi. En effet, depuis sa sortie outre-Atlantique l'an dernier, j'entends énormément parler de ce titre, et j'en entends qui plus est beaucoup, beaucoup de bien. J'étais donc déjà fortement attirée par ce roman en V.O. mais, in fine, c'est grâce aux éditions Nathan que j'ai eu l'occasion de me plonger dans ce livre en français. Je les en remercie du fond du cœur et désormais, je ne peux que vous recommander de vous jeter sur cet ouvrage dès qu'il sera disponible en librairie le 2 mai !
Mais d'abord, laissez-moi vous expliquer pourquoi vous ne devez pas hésiter à laisser sa chance à ce livre quand il se retrouvera entre vos mains. Déjà, regardez-moi cette couverture : c'est exactement la même que celle en version originale et j'ai envie de dire tant mieux ! Car, honnêtement, il n'y avait rien à changer tant elle correspond bien à son contenu extrêmement intriguant et palpitant et tant elle nous met l'eau à la bouche. Je sais, c'est très superficiel de souhaiter lire un livre à cause de sa sublime couverture mais, quand l'enveloppe est aussi plaisante que ce dont elle recèle, c'est d'autant plus plaisant, non ? En tout cas, ce que je peux vous assurer, c'est que la magnifique apparence de ce livre n'est pas juste là pour vous mettre de la poudre aux yeux, bien au contraire.
En effet, De Sang et de Rage va bien nous parler d'un peuple pas comme les autres, d'êtres à la peau très sombre et aux impressionnants cheveux blancs et bouclés, indomptables, comme leur volonté d'être enfin considérés comme des citoyens égaux en libertés et en droits au sein de leur nation, et non plus comme des sujets esclaves et opprimés.
Dès les premières pages du roman, j'en avais la boule au ventre car on réalise immédiatement que les magis, la communauté représentée avec brio sur la couverture, et leurs enfants appelés des devins, des magis encore non accomplis en quelque sorte, n'ont jamais été traités avec le respect élémentaire dus aux êtres humains et même à tout être vivant. Ils ont été depuis des années rabaissés au rang de cafards, un terme utilisé de façon récurrente au cours du récit et qui m'a laissé un amer goût dans la bouche.
Ce que j'ai d'abord tout simplement adoré avec ce livre, c'est le fait que l'autrice y rende hommage à ses origines africaines, à ce folklore si riche, rempli de couleurs et à l'histoire qui date de la nuit des temps et qui m'a toujours profondément fascinée. Tomi Adeyemi a su m'immerger dans une Afrique imaginaire empreinte d'éléments réels, de coutumes, de senteurs, et cela m'a fortement rappelé Black Panther (voir ma chronique ici) tant ce fut une expérience visuelle extrêmement marquante. En effet, au fil de ma lecture, je voyais le pays fictif d'Orïsha naître sous mes yeux ébahis, avec ses paysages très variés et singuliers et ce fut un véritable bonheur que de vivre ce périple et ces extraordinaires découvertes au côté des protagonistes de ce récit. Tomi Adeyemi a réussi le pari de créer un univers fantastique très complexe, avec l'histoire d'une nation reconnaissable entre mille (malgré le schéma de la tyrannie qui, lui, est somme toute assez basique en fantasy) qui s'est bâtie dans la terreur et le massacre, son passé douloureux, ses traditions, sa hiérarchie sociale bien particulière, tout en y insufflant une magie colossale qui dépasse notre entendement sans que cela en perde en crédibilité.
Un autre point commun avec Black Panther, c'est la place des femmes dans le récit. Alors oui, par rapport au grandiose Wakanda, il y a encore du chemin à faire pour que toutes les femmes du royaume soient traitées avec les égards qu'elles méritent. Beaucoup d'entre elles, notamment les nobles, sont encore considérées comme de simples objets qui feraient mieux de se taire et de laisser les hommes se charger des questions importantes du pays. Cependant, j'ai adoré le fait que ce soit justement celles qui paraissent être les plus faibles qui se révèlent en réalité les plus surprenantes et les plus fortes et armées pour renverser ce patriarcat injuste et ignoble et changer ainsi la donne. Je suis en effet certaine que, par exemple, la reine d'Orïsha sera un personnage-clé du second tome, que je suis d'ores et déjà impatiente de dévorer quand il sera paru. Aux premiers abords, elle peut paraître tout bonnement insupportable mais je suis persuadée que, sous cette façade de femme fragile et raffinée, se cache un tempérament de guerrière et de mère qui serait prête à tout pour défendre les intérêts de ces enfants.
D'ordre général, je vous invite à ne pas juger les personnages de ce récit trop vite. Cela me permet d'aborder le second point de ce roman qui m'a énormément plu : le développement des protagonistes. Je les ai tous trouvés extrêmement bien construits, même si les réactions de chacun peuvent parfois être particulièrement agaçantes. Je peux d'ailleurs comprendre que cela ait empêché certains lecteurs de véritablement s'attacher aux divers personnages principaux du récit car il est vrai que leur comportement s'est révélé être à certains moments tout à fait déroutant.
Pour ma part, loin de considérer cela comme un défaut, j'y ai vu un souci du réalisme particulièrement frappant. J'exagère sûrement mais il faut se rendre à l'évidence : des personnalités parfaites et toutes lisses, cela n'existe pas. Pas plus que d'avoir un comportement tout à fait rationnel en toute circonstance. Je suis la première à me plaindre régulièrement de l'attitude de tel ou tel personnage que je croise au cours de mes lectures, parfois à raison mais généralement à tort, car je me permets de juger leur agissement dans des situations dans lesquelles je ne me suis souvent moi-même jamais retrouvée. J'ai appris au fur et à mesure à voir les lacunes de certains comme des imperfections tout bonnement belles parce qu'elles font d'eux ce qu'ils sont. Nos défauts sont en effet révélateurs de notre identité et c'est ce que l'on en fait qui indique si nous sommes aptes à nous regarder en face et à nous remettre en question. Dans le cas de De Sang et de Rage, la plupart des personnages vont avoir le courage d'affronter leurs démons et d'aller de l'avant, même si cela va prendre le temps qu'il faut. En effet, je suis convaincue qu'on ne change pas du jour au lendemain, qu'il faut traverser des étapes de diverses natures avant d'atteindre son idéal. Nous sommes humains après tout et commettre des impairs constitue notre première caractéristique.
Chaque personnage de ce récit traîne son lot d'erreurs avec lui, a son revers de la médaille peu reluisant : Zélie, l'héroïne au cœur de cette extraordinaire quête pour reconquérir la magie des dieux, est farouche, tout ce qu'il y a de plus badass, mais elle est aussi pas mal susceptible et têtue. Je ne peux pas l'en blâmer car on se ressemble à ce niveau-là, et même à de nombreux points de vue. Zélie est une vraie combattante, passionnée par la cause qu'elle défend et prête à tout pour protéger sa famille et tous les êtres qui lui sont chers. Je l'ai trouvée très inspirante car elle va notamment apprendre de ses nombreux échecs, et ses compagnons de route ne seront pas non plus en reste.
En effet, Tsain, le frère de notre intrépide héroïne, et Amari, sont tous les deux des personnages qui ont su me toucher en plein cœur. Tsain vaut bien plus que l'éternel cliché du grand frère trop protecteur et moralisateur. C'est un être profondément généreux, dont l'abnégation donne envie de se surpasser et d'en prendre exemple. Quant à Amari, notre princesse échappée de sa prison dorée, elle a sûrement connu l'évolution la plus remarquable de tout le roman. Martyrisée dès son plus jeune âge, elle ne s'est pour autant jamais mis à genoux, n'a jamais ployé face à l'humiliation et à la souffrance, n'a jamais renié les valeurs qu'elle porte au plus profond d'elle. Une vraie lionne dans toute sa splendeur.
J'aurais encore certainement beaucoup de choses à dire sur ce formidable premier tome, notamment sur Inan, qui a su capturer mon cœur malgré les doutes incessants qui l'assaillaient et qui ne manquaient pas de me faire lever les yeux au ciel ; sur son père aussi, roi abominable d'une nation qui mérite un milliard de fois mieux. Mais je vais vous laisser la surprise car même l'infâme tyran d'Orïsha saura faire naître en vous une once de pitié, même si l'on s'attend à tous sauf à ça de lui. En même temps, lui même a un background bien chargé et qui explique ses décisions d'une cruauté sans nom. Cela ne se pardonne pas, bien sûr, mais ça suit une certaine logique, une cohérence indéniable.
Je terminerais juste sur l'écriture de l'autrice, que j'ai trouvé extrêmement fluide. Je n'ai franchement rien à redire car j'ai lu ce roman d'une traite, sans voir le temps passer. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée à ce point absorbée par ma lecture et c'est un sentiment qui est honnêtement extrêmement agréable. Plus rien ne semble exister à part ce que l'on vit grâce au livre et une chose est sûre : Tomi Adeyemi ne nous épargne en rien, tant au niveau des sentiments qui ébranlent les différents personnages que des obstacles qu'ils vont devoir surmonter. Sa plume est acérée, sincèrement engagée, elle défend la cause des plus faibles avec beaucoup de panache et de férocité. Je ne peux que soutenir cette jeune autrice au cœur aussi vaillant que celui de son inoubliable héroïne, qui se fait la voix de personnes comme elle, issues de minorités injustement discriminées, même encore aujourd'hui en 2019. C'en est d'une tristesse à pleurer. J'ai aimé que, sous la plume rafraîchissante et très intelligente de Tomi Adeyemi, la magie devienne l'allégorie parlante de nos différences. Cela nous rappelle ainsi ce qui est la réelle source de notre pouvoir en ce bas monde : notre amour de soi. Avec ces thèmes forts d'actualité traités avec beaucoup de finesse et doublés d'une intrigue fantastique riche en rebondissements et en scènes bouleversantes et marquantes, je vous le dis tout de suite : votre cœur n'en sortira pas indemne.
A vos risques et périls donc que de vous lancer dans cette saga minutieusement travaillée et qui regorgent pour le moment de nombreux points forts. Je ne m'inquiète pas que le tome deux sera du même acabit et je redoute tout comme j'espère ce futur grand moment. En attendant, j'espère vous avoir convaincu de prendre un ticket pour Orïsha. Un conseil : fermez les yeux et le monde de vos songes les plus sombres comme les plus époustouflants vous y emmènera. Vous y saluerez un certain petit prince de ma part... COUP DE CŒUR ♥
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Je te rejoins tout à fait ! On repère rapidement les défauts, mais c'est un bon roman dans l'ensemble. J'ai tout de même été entraînée par cette aventure, cette magie, l'écriture... Vivement 2020 ! ;) Ma critique est prévue pour la semaine prochaine...