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Sur la pente en contrebas se tenait la Chose sans Nom, immobile et livide à la clarté des étoiles. La pleine lune projetait sur elle une lumière sans ombre. Il n'y avait pas à s'y tromper : c'était bien elle. Je discernai presque le motif des bandelettes qui enserraient sa poitrine. Sa tête, informe, était enveloppée d'une sorte de linceul. La vue seule de ce monstre au repos avait de quoi faire frissonner mais lorsqu'il se retourna sans hâte, inexorablement, j'eus le plus grand mal à dompter ma terreur. C'était comme une créature marine sans regard et sans yeux, surgie du fond de l'abîme et qui cherchait sa proie.
L'indomptable Amelia Peabody, qui fait ici ses premiers pas sur la Terre des Dieux, se laissera-t-elle abuser par les facéties d'une momie somnanbule ? Saura-t-elle soustraire sa protégée aux entreprises d'un chasseur de dot cynique et langoureux ? Parviendra-t-elle à déjouer les roueries des indigènes ou à surmonter les mirages des sables et à dissiper les mystères qui jalonnent sa route, en digne émule de Sherlock Holmes et d'Indiana Jones ?
Un Crocodile sur un Banc de Sable, Crocodile on the Sandbank dans la version originale parue en 1975, a été publié en en 1999 par la Librairie Générale Française, une filiale du groupe Hachette, puis en version poche. Le style d'Elizabeth Peters est recherché, voire extrêmement travaillé: "Je connaissais à peine leurs prénoms, tant leur sollicitude à mon égard avait été grande dans les dernières années de leur grand-père. Puis ce furent des belles-sœurs à la voix suave qui m’invitèrent affectueusement à venir séjourner chez elles. Je serais choyée et traitée comme une reine. Bien entendu, on m’avait mise en garde également contre les chasseurs de dot. Mises en garde non dénuées d’arrière-pensées et surtout bien vaines. Une vieille fille – j’avais alors trente-deux ans et je n’avais jamais cherché à dissimuler mon âge – qui n’a encore reçu aucune demande en mariage serait par trop stupide et naïve si elle ne se rendait pas compte que sa fortune toute récente n’était pas étrangère aux soudaines attentions dont elle était l’objet. Or, je n’étais ni naïve ni stupide. Et, le matin, un coup d’œil à mon miroir suffisait à dissiper d’éventuelles illusions" (Page 11)...
...parfois un peu chargé: "Piero, comme tous les Latins, avait une certaine tendance à dramatiser. Voyant que personne ne s’occupait de la victime, sauf pour la regarder, je me levai et, après avoir, d’un geste sec, remis en place ma tournure, je m’approchai de l’attroupement. Mon ombrelle me fut fort utile pour me frayer un chemin. Je dus même en appliquer le bout avec une certaine vigueur dans les côtes de plusieurs gentlemen qui, sans cela, n’auraient pas consenti à me livrer passage. Finalement, je parvins au centre du cercle. Comme je l’avais pressenti, aucun des badauds ne manifestait la moindre pitié. Deux ou trois dames avaient même déjà entamé une prudente retraite, non sans force commentaires à propos des risques de contagion et de la moralité probablement douteuse de la malheureuse." (Page 15) =>Remarques qui n'enlèvent rien à la vivacité du récit, même si parfois l'auteur emprunte des chemins détournés pour parvenir à son but, mais avec une admirable élégance. Inconvénient tempéré par les nombreux dialogues, les prises de bec entre Amélia et Emerson, grandement distrayantes.
Le fait que le récit soit raconté à la première personne par un des personnages principaux le rend plus vivant, plus direct.
Miss Amélia Peabody, vieille fille de 32 ans extravagante et anticonformiste, vient d'hériter de son père, professeur passionné par l'Egypte ancienne, une fortune conséquente, décide de l'employer à satisfaire sa passion pour les voyages. Fuyant le brouillard et l'humidité de l'hiver anglais, elle s'embarque via Rome pour Le Caire.
Parvenue dans la capitale italienne, elle fait la connaissance de la jeune Evelyn, arrivée en Italie avec Alberto, maître de dessin engagé par son grand-père, un riche aristocrate, avec lequel elle s'est enfuie. Apprenant que la jeune fille qu'il a déshonorée est déshéritée, il l'abandonne, ne lui laissant qu'une robe, un manteau et une paire de chaussures. Au comble du désespoir, Evelyn, qui songe à se supprimer, s'évanouit dans la rue, sous les yeux d'Amélia qui passait opportunément par là.
Amélia engage la jeune fille comme dame de compagnie. Arrivées au Caire, les deux femmes font une halte à l'hôtel Shepheard afin de préparer leur croisière pour remonter le Nil, à bord d'une luxueuse dahabieh. Au cours d'une escale pour visiter le site de Tell el-Amarna, la capitale érigée par le pharaon hérétique Akhénaton, elles font la connaissance de deux archéologues anglais, sans se douter combien cette rencontre va bouleverser leur vie à jamais...Et les précipiter dans de rocambolesques aventures, en but à une momie qui terrorise les ouvriers crédules et superstitieux.
Archéologie à la fin du XIXe siècle: l'état des lieux de cette discipline scientifique, qui n'en était qu'à ses balbutiements et n'était régi par aucune loi protégeant les édifices, permet un autre ancrage dans la réalité, d'autant plus intéressant pour le lecteur d'aujourd'hui qu'il figure sous forme de dialogues: "Raison de plus pour faire régner l’ordre et la propreté, rétorquai-je. Dans les premiers temps, lorsque les richesses archéologiques étaient mises au pillage par les aventuriers européens, on pouvait se passer d’un musée national. Puis M. Mariette1, le prédécesseur de M. Maspero, a lutté pour que l’Égypte conserve une partie de ses trésors nationaux. La coopération entre la Grande-Bretagne et la France pour gouverner et donner des lois à ce malheureux pays a eu pour résultat de confier aux Français le contrôle du Service des antiquités. Je suppose qu’il fallait leur laisser quelque chose. Après tout, nous avions la mainmise sur les Finances, l’Éducation, les Affaires étrangères et bien d’autres secteurs encore. Néanmoins, j’estime qu’en l’occurrence la propreté et le sens de l’ordre anglais auraient été plus efficaces que le laisser-aller franç
Quand son père meurt en lui laissant un confortable héritage, Amelia Peabody est une vieille fille de déjà 32 ans qui n'espère plus trouver un jour un mari. Mais là n'est pas sa principale préoccupation. Consciente de son manque d'attraits physiques, peu encline à obéir à un époux, Amelia a fait une croix sur le mariage et désire vivre de plus palpitantes aventures. Ce qu'elle veut, c'est parcourir le monde, découvrir d'autres contrées, à commencer par les merveilles de l'Egypte. En route pour la vallée du Nil, elle est malheureusement coincée à Rome où sa dame de compagnie est tombée malade. Le hasard met alors sur sa route Evelyn Barton-Forbes , une jeune fille en détresse qu'elle prend immédiatement sous son aile et qui sera son accompagnatrice. Au Caire, les deux jeunes femmes font la connaissance des frères Emerson, deux archéologues qui essaient concerné et consciencieux. Si le jeune Walter et Evelyn tombent sous le charme l'un de l'autre, il en va tout autrement pour Radcliffe et Amelia qui dès cette première rencontre ont une altercation qui sera suivie de bien d'autres disputes. Car ils seront amenés à se revoir et même à cohabiter sur un site de fouilles hanté par une menaçante momie.
Premier tome des aventures de l'intrépide Amelia et d'emblée on pressent qu'on a là affaire à un personnage haut en couleurs. Voilà une femme de caractère qui souffre de vivre à la fin du XIXè siècle. Elle aurait tant aimé naître un siècle plus tard, à une époque qu'elle pressent plus libérale pour les femmes. C'est que la dame est indépendante ! Elle voudrait pouvoir voyager sans chaperon, sans souci des convenances, porter le pantalon, et pourquoi pas être médecin ou archéologue ! Pourtant, elle doit se plier à certaines contraintes dues à sa condition de femme, même si elle se démène pour contourner les obstacles. Partout où elle passe, elle fait des étincelles, pour le plus grand déplaisir de Radcliffe Emerson qui voit d'un mauvais œil ce dragon se mêler de ses affaires, de sa santé et même de ses fouilles ! Leurs relations tumultueuses donnent lieu à de savoureux dialogues qui sont un point fort de ce roman sympathique et rafraîchissant.
Et l'intrigue dans tout cela ? Et bien, Elizabeth PETERS, sans être une experte du grand frisson, réussit à maintenir un suspense relatif où se mêlent une inquiétante momie, un Lord encombrant, un amant plus que fourbe, tout en évoquant les beautés de l'Egypte, les prémices de l'archéologie et le rôle de la France et de la Grande-Bretagne dans la conservation des vestiges, la gestion économique et politique du pays.
Des sentiments, de l'humour et de l'aventure pour un petit livre sans prétention qui fait passer un très bon moment de détente.
Premier tome de la série écrite par Elizabeth Peters nous suivons Amélia Peabody, Radchiff Emerson et leur rejeton Ramès dans leurs aventures archéologiques et policières en Egypte ...
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