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Juin 1957. Un après-midi, dans une petite ville du Sud profond des États-Unis, Tucker Caliban, un jeune fermier noir, recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, puis quitte la ville. Le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour.
Quel sens donner à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville, soudain vidée d'un tiers de ses habitants ? L'histoire est racontée par ceux qui restent : les Blancs. Des enfants, hommes et femmes, libéraux ou conservateurs. Une histoire alternative et audacieuse, publiée en 1962, un roman choc, tant par sa qualité littéraire que sa vision politique.
Quand on est une lectrice passionnée, avoir un fils conseiller en vente librairie se révèle être un avantage certain. "Un autre tambour" de William Melvin Kelley fut ainsi un cadeau de Noël fort apprécié qui m’a obligée à modifier mes lectures habituelles et à délaisser pour un temps la littérature française au profit d’un roman américain.
Et pas n’importe lequel ! Dans "Elle", Clémentine Goldszal dit de cet ouvrage "Un livre exceptionnel dont l’auteur mérite sa place au Panthéon des grands écrivains américains du XXème siècle." Je ne suis pas suffisamment spécialisée en littérature américaine pour plussoyer mais en tous les cas, je peux dire que j’ai trouvé ce roman, le premier de l’auteur, d’une grande intelligence, parfaitement raconté et magnifiquement maîtrisé. Il débute en juin 1957 dans une petite ville du sud des Etats-Unis, quand Tucker Caliban, descendant d’esclaves noirs, jeune fermier, recouvre son champ de sel, coupe l’unique arbre planté sur le terrain, abat son cheval et sa vache, et met le feu à sa maison avant de quitter la ville. Le lendemain, toute la population noire de l’Etat part à son tour en direction du nord.
Dans cet ouvrage, le jeune écrivain – il avait vingt-quatre ans – fait entendre une toute autre voix que l’officielle de l’époque, s’agissant de la ségrégation raciale, "un autre tambour" en quelque sorte. Ses talents de conteur incontestables font de son roman un récit très réussi et la traduction n’est pas en reste qui utilise magnifiquement – entre autres – l’imparfait du subjonctif. Les personnages, blancs, qui devisent sur ce phénomène incompréhensible, sur ses répercussions sur l’avenir de la ville désormais privée de la moitié de ses occupants sont tous particulièrement bien décrits. Et les propos tenus, les questions posées sur cet exode montrent à quel point la liberté à cette époque et dans ce pays était un mot peu usité.
Histoire engagée s’il en est, passionnante, émouvante et originale par la manière qu’a ce romancier noir d’imaginer les réflexions des blancs, elle se dévore tambour battant. Une très belle lecture.
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Les brocantes sont des coffres au trésor. En visitant l’une d’elles, au cœur du Maryland (Etats-Unis), une journaliste férue de littérature découvre en 2017 un exemplaire du recueil de poésie Ask Your Mama (« Demande à ta maman », 1961, non traduit), de l’écrivain afro-américain Langston Hughes (1902-1967). Le livre comprend une dédicace chaleureuse de l’auteur adressée à un dénommé William Kelley. Intriguée, Kathryn Schulz cherche à en savoir plus sur cet ami que Hugues semblait chérir. Une recherche rapide sur Internet la renseigne. L’homme en question vient de mourir, à 79 ans. En ligne sur le site du New York Times, sa nécrologie débute ainsi : « William Melvin Kelley, qui a apporté une voix nouvelle, expérimentale, à la fiction noire dans des romans et des nouvelles explorant les relations raciales et l’identité raciale aux Etats-Unis à travers des personnages récurrents, est décédé le 1er février 2017 à Manhattan. » De fil en aiguille, Kathryn Schulz s’intéresse à ce « géant oublié de la littérature américaine », titre de l’enquête – mieux, de l’éloge – qu’elle publie dans le New Yorker du 29 janvier 2018. Soit un an tout juste après la mort de William Kelley, survenue à 79 ans. Son premier roman, Un autre tambour, avait été publié en 1962 et traduit chez Casterman en 1965. Delcourt le réédite aujourd’hui dans une traduction révisée.
Publié en 1962, "Un autre tambour" est le premier roman de William Melvin Kelley, écrivain noir américain lié au Black Arts Movement qui eut une influence majeure sur l'esthétique des artistes afro-américains dans les années 60. Alors qu'on le compare aux plus grands, son oeuvre n'est pas très connue au point d'être surnommé "le géant oublié de la littérature américaine" par The New Yorker ! Et dire que c'est par hasard que ce roman a été découvert dans une brocante par un journaliste...
Après avoir lu ce roman, on se demande effectivement pourquoi il a fallu attendre si longtemps pour que cette petite pépite soit éditée et ne paraisse en France qu'en 2019!
C'est un roman magnifique sur la question raciale, écrit sous la forme d'une fable et qui raconte l'exode étonnant de toute la population noire d'une petite ville du sud des États-Unis sous le regard ahuri des Blancs, témoins impuissants et conteurs de l'histoire. Dans une Amérique encore marquée par la Guerre de Sécession, on découvre l'évolution d'une famille blanche du sud sur plusieurs générations, d'esclavagistes à libéraux et les raisons qui ont conduit ces Noirs à s'affranchir.
Brillamment écrit, ce livre d'une force incroyable apporte encore un autre regard sur l'Amérique ségrégationniste et ses tourments. On est happé dès le premier chapitre et la tension est grandissante jusqu'au point final. COUP DE CŒUR !
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