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Utah, printemps 1983. La montée des eaux du Grand Lac Salé atteint des niveaux records et les inondations menacent le Refuge des oiseaux migrateurs. Hérons, chouettes et aigrettes neigeuses, dont l'étude rythme l'existence de Terry Tempest Williams, en sont les premières victimes. Alors qu'elle est confrontée au déclin de ces espèces, Terry apprend que sa mère est atteinte d'un cancer, comme huit membres de sa famille avant elle - conséquence probable des essais nucléaires menés dans le Nevada au cours des années 1950. Bouleversée par la douleur de celle qu'elle accompagne dans la maladie, Terry se plonge dans une enquête sur les effets dévastateurs des retombées radioactives. Remarquable étude naturaliste et chronique familiale saisissante, Refuge entrelace le destin des oiseaux du Grand Lac Salé et celui des hommes frappés comme eux par les drames écologiques. Dans une langue tout à la fois sobre et poétique, Terry Tempest Williams refuse la tragédie et lance un formidable appel au renouveau.
Le Grand Lac Salé au pied des monts Wassatch dans le nord de l'Utah abrite dans ses marais le refuge de Bear River où viennent se reposer, se nourrir et nidifier plus de 200 espèces d'oiseaux migrateurs qui traversent par millions les Etat-Unis de l'Arctique à l'Amérique du Sud.
La pérennité de cet habitat naturel dédié aux oiseaux dépend essentiellement des crues saisonnières du Grand Lac Salé dont le niveau doit se maintenir à un niveau constant de 1 282 m, au délà le refuge est innondé.
L'année 1983 où commence le récit est le début de l'accélération des crues du Lac mettant en péril la vie des oiseaux. C'est sur cette tension constante que Terry Tempest Williams qui aime et étudie les oiseaux "indicateurs de la vie" et « pour la simplicité de leur vol et leur forme au dessus de l'eau" doit faire face à la récidive de la maladie de sa mère déclarée après les esssais nucléaires au cours des années 50 dans le Nevada.
Sans aucune sensiblerie et dans une langue très sobre, l'auteure témoigne comment elle a d'abord refusé la fin proche de sa mère avant de l'accepter : " En déniant son cancer et même sa mort, je lui dénie sa vie ; "Le déni.... nous séduit avec nos propres désirs et élève adroitement des murs autour de nous pour nous donner une impression de sécurité. Je veux faire s'écrouler ces murs".
Sa nouvelle vision de la mort qui n'est pas sombre l'encourage à accompagner sa mère qui ne veut vivre que l'instant présent « continuer à espérer que je vais survivre alors que je suis en train de lâcher prise, c'est me voler cet instant ».
Ce que j'aime beaucoup dans ce récit est l'entrelacement poétique de l'observation naturaliste des oiseaux « consolatrice du chagrin » menacés de disparition avec le lent et douloureux cheminement spirituel
pour accepter et accueillir la mort. Un témoignage poignant sur la capacité de l'individu à aimer pour faire partie d'un tout.
Comme nous le fait entendre si intensément Terry Tempest Willliam, en prenant le symbolisme de la spirale nous sommes "en mouvement vers l'intérieur et vers l'extérieur" de contraction et d'expansion d'énergie, comme la Terre en mouvement, la vie n'est pas équilibre.
Un très beau et bouleversant "nature writing.
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