"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En marge de son oeuvre romanesque, plus connue, Le métro blanc rassemble des textes rares, publiés par Burroughs dans de petits magazines underground éphémères. Ce volume constitue la première vraie tentative de mise en trajectoire de son oeuvre la plus radicale, de ces pages produites à coups de cut-ups et autres procédés d'attaque. En effet, grâce à des propagandistes acharnés comme Jeff Nuttal et Jan Herman, en utilisant des techniques littéraires désormais bien connues, Burroughs a progressivement inventé un contre-journalisme destructeur, avec parasitage et piraterie des tics des grands magazines. Il a mené, sans moyens, une guerilla prolongée contre les messages policiers et politiques, contre les élucubrations des hommes de science qui " sont obligés de rendre les choses réelles pour mettre le grappin dessus ". Minutes to go ; Je me meurs, Mister ?; D'une main lointaine ; Les techniques littéraires de Lady Sutton-Smith ; Arrière-plan technique ; Le jour où les dossiers ont explosé... etc. sont, en somme, autant de contre-textes déversés sur l'horizon culturel occidental comme de l'huile du haut des tours.
Cobble Stone Gardens est un résumé en tourbillon de quelques-uns des thèmes traditionnels de l'auteur, éclairés sous le jour inattendu d'un hommage à la mémoire de ses parents disparus, symbolisés par l'enseigne des jardins de rocaille, le nom du magasin qu'ils tinrent toute leur vie. Les Journaux de retraite regroupent certaines pages arrachées aux carnets journaliers de l'auteur. Il y transcrit, lors d'une retraite, rêves et réflexions, les entrecoupant selon une méthode qui prend le cut-up au plus large. Le tout avec une acuité stylistique et mentale exemplaire. Né à Saint-Louis en 1914, mort en 1997 à 83 ans. A la fin de ses études, il émigre à New York, plonge sciemment dans le monde de la pègre et devient intentionnellement héroïnomane.
Parallèlement, à l'université de Columbia, il fait la connaissance de Ginsberg et de Kerouac. Vers 1950, Burroughs commence à écrire. Il tue sa femme accidentellement dans un exercice à la Guillaume Tell raté et s'éclipse en Amérique du Sud. En 1954, il s'installe à Tanger qu'il ne quittera qu'en 1964.
Ses intoxications se font de plus en plus aigües. Après sa désintoxication entreprise à Londres, il se remet à l'écriture. C'est en 1975 que Burroughs est reparti vivre à New York, où il est devenu une des " stars " de la " scène new- yorkaise ". Gourou de la Beat Generation, éminence grise controversée de l'avant-garde internationale, prophète sombre à l'humour des plus noirs, William Burroughs a eu une influence avec laquelle peu d'écrivains vivants ont rivalisé. " Insatisfaction complète de tout ce que j'ai fait comme écriture...
Si l'écriture n'a pas le danger et l'immédiateté, l'urgence de la tauromachie, elle n'a rien à faire avec la façon dont je la conçois... appareil d'enregistrement imparfait qui reçoit des bulletins inexacts... je dois atteindre le Front. " (William Burroughs) " Avec Le métro blanc, Burroughs se et nous donne des nouvelles armes pour changer la littérature et nos rapports avec les virgules et les mots ; avec les autres. Cela n'est guère loin de montrer en ce pape de l'underground un fou d'amour plein d'espoir en l'homme et la femme, en l'écriture et le temps, en nous. " (Le Quotidien de Paris)
Ce livre est une sélection de textes qui furent publiés précédemment dans des revues underground, la particularité étant qu'ils utilisent, quasiment tous, la technique du cut-up et de ses autres dérivés. Ce qui donne une autre signification au texte d'origine. En voici un extrait : "Quelques jours plus tard les fragments-Yen de Johnny laisseront échapper "Oh mais voici mon docteur!", en gargouillis dans son accident du Terroir. "Vous l'aimerez parlant de vie-gélatine. ça colle et le docteur vous pousse dessus comme Johnny."" Assez étrange, ce livre n'est pas à recommander à tout le monde.
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