"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Par le biais de la biographie d'Alexeï Féodissievitch Vangengheim, un météorologue passionné par son travail, Olivier Rolin nous livre un article d’actualité détaillé et objectif sur la Russie de la fin des années 30, période de purges et de dénonciations gratuites entrainant au fin fond des goulags, la mise à mort de milliers de pauvres hères innocents, cultivés ou non.
Le météorologue habité par l’espoir que l’erreur de sa condamnation soit reconnue, est un personnage attachant qui malgré l’injuste verdict à 10 ans d’enfermement dans un camp de travail sis aux îles Solovki, archipel dans la Mer Blanche, au nord-ouest du pays, puis par la suite, à 10 ans supplémentaires, va rester fidèle à Staline ou tout du moins l’écrira-t-il dans ses nombreux courriers à son épouse et sa chère petite fille, son « étoile », ou peut-être était-ce pour les protéger d’être elles aussi déportées, en sachant que les lettres étaient lues. Il enverra une description de son quotidien sans s’en plaindre sinon la fatigue et sa mauvaise santé. Il destinera à sa fille de touchants dessins de rébus et herbiers qu’Olivier Rolin a récupérés dans la foule des documents réunis pour créer ce livre et dont il nous livre quelques planches illustrées en toute fin. C’est terriblement émouvant… Sa femme et sa fille attendront Alexeï en vain et ne connaitront son sort véritable qu’après la mort de Staline. Fusillé. Où ? Quand ? Elles ne le sauront jamais et l’enfant qui deviendra une femme au métier de paléontologue, ne se consolera jamais de cette exécution au motif si dérisoire voire inexistant. Elle mettra fin à ses jours le 28 décembre 2011.
Le livre a 3 parties : la vie d’Alexeï avant et pendant son accusation ; sa vie au goulag ; puis les démarches faites par trois membres de l’association Mémorial qui, après 2011, finiront par découvrir et dénoncer les charniers.
Olivier Rolin brosse les paysages et la société russe passée et présente de façon simple, distante et talentueuse sans oublier le regard des intellectuels de gauche étrangers.
« J’ai raconté aussi scrupuleusement que j’ai pu, sans romancer, en essayant de me tenir à ce que je savais, l’histoire d’Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, le météorologue. Un homme qui s’intéressait aux nuages et faisait des dessins pour sa fille, pris dans une histoire qui fut une orgie de sang. Qu’est-ce qui a fait basculer sa vie dans la longue épreuve de la déportation et e la séparation, puis dans l’épouvante de la fin ? A partir de quand, de quelle dénonciation calomnieuse, de quel incident passé inaperçu, de quelle plaisanterie imprudente, se déclenche le processus inexorable qui aboutit à l’arrestation, le huit janvier 1934, puis à l’exécution, le trois novembre 1937 ? Je ne le sais pas précisément, et personne, apparemment, ne le sait plus. Il n’était pas besoin de grand-chose, à cette époque, pour se retrouver avec le canon d’un revolver sur la nuque. »
« Je n’ai pas caché les faiblesses d’Alexeï Féodossiévitch, quand je les connaissais. Je n’ai pas cherché à en faire un héros exemplaire. Ce n’était ni un génie scientifique ni un grand poète, c’était à certains égards un homme ordinaire, mais c’était un innocent. » (…) « C’était un homme qui peut-être ne se posait pas assez de questions — mais il est facile de dire ça trois quarts de siècles plus tard. Un homme, en somme, qui les valait tous, et que valait n’importe qui, avec son honnêteté, sa fidélité, sa part de conformisme et de crédulité. »
Je ne peux m’empêcher de me dire que certains pays connaissent encore cela de nos jours sur notre planète… Et je me dis chaque jour que j’ai de la chance de vivre sans peur dans un pays libre, libéré du nazisme entre autre… et que nous devons être vigilants à ce que la terreur de ces ignominies ne passent jamais plus nos portes.
Mille mercis Monsieur Rolin pour, sans relâche, nous livrer des textes exceptionnels qui font poser questions et par les histoires du passé nous rappellent de ne pas oublier le présent…
Après avoir fini ce livre, j'ai enfourché mon vieux vélo rouge, arpentant le front de mer, croisant des retraités boitillant, des couples enlacées, de jeunes parents attendris par leur progéniture: tous ignorant du privilège de la liberté d'aller et venir, de penser, de s'exprimer, de vivre!
Olivier Rolin s'appuie sur la biographie d'Alexeï Féodissievitch Vangengheim, météorologue russe, pour nous faire découvrir cette sombre et abominable période de purges, pour réfléchir sur la responsabilité éventuelle de certains intellectuels européens et pour magnifier le sens de l'honneur, de l'amitié et de la famille.
Ce scientifique est un homme ordinaire, condamné à dix années de détention en camp, pour un motif futile, voire inexistant, comme des milliers d'autres hommes ordinaires. La correspondance de ce prisonnier avec sa famille est émouvante; des dessins arithmétiques et des devinettes pour sa fille, des mots d'espoir pour sa libération prochaine, quelques lignes d'anéantissement devant cette injustice.
L'horreur se fait corps: une exécution sommaire, au fond d'un fossé, avec des centaines de compagnons d'infortune.
La vérité est longue à parvenir à l'épouse et à la fille: des années s'écoulent dans l'illusion d'un retour impossible. Cet homme paisible meurt une seconde fois, après la disparition de Staline, à l'annonce de la terrible nouvelle à sa famille.
Habilement construit en alternant passé et présent, faits précis et réflexions personnelles, précisions géographiques et récits historiques, ce roman finit non par un épilogue mais par une chute...celle de la fille inconsolable de ce père aimant, en 2011. Les petits textes et dessins qui suivent m'ont beaucoup ému.
Un livre extraordinaire pour un homme ordinaire au destin tragique.
Je remonte sur mon vélo et je pédale à fond, contre le vent, contre la haine, contre la mort.
Excellente surprise que ce récit d'Olivier Rolin sur un scientifique météorologue russe, passionné par son métier et dont la foi dans le système soviétique parait inaliénable malgré son arrestation en 1934 suite à une dénonciation qui est à l'époque le sport préféré à Moscou. S'en suit un parcours classique une fois dans les griffes du NKVD, déportation, goulag en Sibérie, exécution de nuit au fond d'une forêt après quatre ans de galère, de doutes et de désespoir.
Rolin traite le sujet avec l'objectivité et la distance nécessaire pour ne pas glisser vers un pathos presque inévitable, rendant encore plus attachant ce personnage acquis à la cause du petit père du peuple et qui jour après jour devra admettre l'absurdité horrifique de la paranoïa du leader soviétique et de son entourage, dont chacun des bourreaux deviendra à son tour victime.
Comme souvent chez Rolin, une écriture à la fois documentaire et digne des meilleurs romans historiques.
C'est une partie de la vie d'un météorologue russe que nous conte O.Rolin.
C'est un homme sons aspérités, apparemment sans problèmes métaphysiques non plus , bref, un citoyen lambda que l'Histoire va broyer.
En effet , si cet homme y , peut être remplacé par un homme z, il est surtout question de la terreur provoquée par Staline dans les années 30, le terrain ayant été bien préparé par Lénine auparavant.
Pendant sa détention, cet homme , scientifique renommé va beaucoup écrire à sa femme , et sa petite fille.Il écrira aussi à Staline et s'étonnera , après plusieurs années de détention de ne pas avoir de réponse du "camarade en chef", et il gardera toute sa confiance dans le Parti;peut -être comprendra t-il quelques heures avant d'être exécuté.
O;Rolin connaît la Russie depuis très longtemps, et malgré une description sans concession des camps du bout du monde,il me semble éprouver une certaine nostalgie.
Si l'idée du communisme n'avait pas été dévoyé pas des tyrans, quelle belle société aurions nous eu! Peut-être.
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