La revue de presse livres vous dit tout ce qu’il faut savoir — et emporter — avant l’été !
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La Revue de Presse littéraire de février
Un thème original pour un récit confus. Dommage.
Haroun est un vieil homme qui, depuis soixante-dix ans vit avec le poids de la mort de son frère et l'obsession de ce roman balaie d'un revers de main le grand drame de sa vie.
C'est l'histoire d'un crime , mais l'Arabe n'y est même pas tué- enfin, il l'est à peine, il l'est du bout des doigts.
Sa mère ne s'est jamais remise de la mort de Moussa et elle a chargé son jeune fils d'un fardeau dont elle saura se libérer en le poussant au pire, mais lui ne s'en libérera jamais. Quand un universitaire lui demande de lui raconter son histoire, il peut enfin alléger un peu sa conscience en partageant ce qu'il a fait.
Quel riche roman que celui-ci, tant sur le fond que sur la forme ! J'ai adoré toutes les références à L'étranger et elles sont nombreuses et je recommande chaudement de se replonger dans le roman de Camus avant lire celui de Kamel Daoud qui est un vibrant hommage à L'étranger même si ce n'est qu'un versant de ce roman. Il y de nombreux jeux de miroirs entre les deux romans: les relations opposées qui unissent les mères et leurs fils, les femmes, Marie et Miriem, dont les prénoms se ressemblent tant alors qu'elles sont on ne peut plus dissemblables et puis ce roman L'étranger qui devient récit autobiographique. C'est aussi une description courageuse de son pays, qui ne pouvait être écrite que par un algérien. Critique donc d'un pays qui se perd dans la (pseudo) religion, des imams qui vociférent, magnifiée par une plume qui est très éloignée de celle de Camus :
La religion est pour moi un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers ce Dieu à pied s'il le faut, mais pas en voyage organisé.
C'est aussi un roman qui nous explique de l'intérieur les débuts de l'indépendance, pas celle des moudjahids, celle du commun des mortels, de ceux qui ont peu à peu occupé les villas abandonnées par les pieds-noirs, d'abord en vivant dans la cuisine, puis en investissant le reste de la maison. Un entrée sur la pointe des pieds dans un monde différent, dans lequel on tuait gratuitement. Comme Camus le fait dans L'étranger, Kamel Daoud joue avec l'absurdité des situations. Ici, l'absurdité est liée au meurtre et à l'instant mais je n'en dirais pas plus. Il y a de belles pages sur la mort:
Lorsque, penché à mon balcon, j'observe les jeunes enfants jouer, il me semble voir, en direct, les nouvelles générations, toujours plus nombreuses, repousser les anciennes vers le bord de la falaise.
Et sur les femmes, celles d'avant, representées par Miriem, belles, libres et conquérantes. Je ne sais pas si j'ai réussi à vous communiquer le plaisir immense que j'ai eu à lire ce roman mais je suis heureuse que les académiciens l'ait sorti de l'oubli dans lequel il a été plongé à sa sortie, en mai.
«Meursault, contre-enquête» un roman en miroir inversé de L'Étranger de Camus. Le narrateur, en vieil homme tourmenté, souvent affabulateur, «raconte» l'histoire de la victime de Meursault. La victime, c'est son frère, qui n'a jamais eu d'autre nom que celui de l'Arabe, «objet flou et incongru venu d'autrefois» et dont le cadavre n'a jamais été retrouvé. Le fantôme oppressant d'une famille exclue de tout procès. Écrit dans une langue superbe, Kamel Daoud redonne chair à la mémoire, questionne l'altérité et, en filigrane, revisite l'histoire de l'Algérie de la colonisation à l'Indépendance. Un premier roman et hommage littéraire absolument remarquable.
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