L’amie qui m’a prêté ce roman m’avait prévenu : il est très noir. J’y ai trouvé beaucoup de lumière.
Cet Homme, Pierre Delmain, prisonnier au Struthof (seul camp en France) est chargé d’étrangler les détenus dont le docteur du camp ne veut plus pour ses expériences.
J’ai aimé le narrateur...
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L’amie qui m’a prêté ce roman m’avait prévenu : il est très noir. J’y ai trouvé beaucoup de lumière.
Cet Homme, Pierre Delmain, prisonnier au Struthof (seul camp en France) est chargé d’étrangler les détenus dont le docteur du camp ne veut plus pour ses expériences.
J’ai aimé le narrateur Pierre qui à la fois profite de son travail au chaud et avec du rab’ de nourriture, mais dont le travail est inhumain.
J’ai aimé qu’il donne un nom, même inventé, à chacune des personnes qu’il tue, abrégeant leurs souffrances, parfois.
J’ai aimé qu’il les regarde dans les yeux, accompagnant leur dernier souffle d’un dernier regard.
J’ai aimé sa discussion avec un prêtre qui lui fait connaître Bernard de Clairvaux, lui permettant de s’enfuir par l’imagination.
J’ai aimé Saül Berstein, le collectionneur d’art, qui sourit au milieu des autres sujets d’expérience.
J’ai aimé que la beauté de l’art aide Berstein à ne pas succomber à la noirceur du lieu.
J’ai découvert l’artiste Natalia Gontchareva dont le tableau de descente du Christ en croix obsède Berstein.
J’ai aimé que les deux hommes se croisent au camp, échangent des propos sans intérêt. J’ai aimé cette vie si simple au milieu des ruines.
J’ai aimé que ce roman me parle du corps, celui que perd le narrateur au fur et à mesure de sa tâche. Ce corps qu’il ne se ré-approprie que par petites touches à la sortie du camp.
Un roman qui montre que l’Art (littérature et peinture) nous aide à rester Humain au milieu de la Barbarie.
Un coup de coeur.
Quelques citations :
Tu fais semblant de soutenir le regard de ta victime. Tu lui donnes l’impression de communier avec elle, tout en t’efforçant de ne pas la voir. De t’en éloigner le plus possible… (…) sans toutefois y parvenir. (p.109)
Les hommes savent quelque chose que Dieu même ignore. (…) Ce que c’est que de devoir mourir. (p.131)
L’image que je retiendrai :
Celle du Musée de Cluny que Berstein et Paul visitent chacun à des moments différents de leur vie.
https://alexmotamots.fr/in-absentia-raphael-jerusalmy/