« ...En 1462, à l’âge de trente et un ans, il (François Villon) est arrêté, torturé et condamné à être pendu et étranglé ». Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement et le bannit de Paris. Nul ne sait ce qu’il advint de lui par la suite... »
Raphaël Jerusalmy trouve une suite à cette...
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« ...En 1462, à l’âge de trente et un ans, il (François Villon) est arrêté, torturé et condamné à être pendu et étranglé ». Le 5 janvier 1463, le Parlement casse le jugement et le bannit de Paris. Nul ne sait ce qu’il advint de lui par la suite... »
Raphaël Jerusalmy trouve une suite à cette disparition. François Villon a une dimension romanesque ; rebelle, amoureux de la littérature, un brin voleur… Tout ce qu’il faut pour un roman d’aventures épique.
Or donc, Louis XI, désireux d’asseoir son pouvoir par rapport à Rome, veut que les livres circulent en son pays. Bien entendu, la papauté s’y refuse, elle qui a la main sur tout ce qui se lit par le biais de ses copistes. « Le roi de France cherche à affaiblir le pouvoir du Vatican, afin de consolider le sien propre. Or, une industrie naissante mine soudain la suprématie papale. A la différence des moins copistes, l’imprimerie n’est pas assujettie à l’Église. Habilement utilisée, elle pourrait conférer bien de la puissance à ceux qui en assurent le contrôle. Il est donc regrettable qu’il n’y ait encore aucune presse en France". Louis XI veut unifier la France et la langue est un vecteur important. Et puis, il y a le motif bassement matérialiste « Il s’agit d’une simple question de finances. A cette heure, tout ce qui vient de Byzance, d’Alexandrie ou du Levant passe par la vallée du Rhône. La suzeraineté papale sur Avignon et le Comtat venaissin lèse donc le roi de gains énormes provenant des droits de passage et de taxation des denrées. C’est le légat pontifical qui les perçoit, renflouant ainsi les caisses de Rome plutôt que celles de Louis XI. »
Il fait libérer un François Villon en mauvais état suite aux tortures qu’il a subies et l’envoie retrouver son comparse coquillard, maître Colin de Cayeux, démarcher un certain Johann Fust pour qu’il ouvre une imprimerie à Paris, en échange de quelques livres très précieux. « François reste assis. Il range les précieux volumes dans sa besace, sans rien dire. Il n’a pas le sentiment d’une victoire. Il s’en veut d’être le courtier de Guillaume Chartier, d’obéir docilement aux consignes de ce faux jeton ecclésiastique. Et, surtout, de trahir les livres. »
Ce n‘est pas tout, ensuite, il l’envoie sur les traces de la Confrérie des chasseurs de livres en Galilée.
C’est parti pour des aventures, des mensonges, des chausses-trappes, des manipulations, des complots, de l’espionnage, pour un roman épique, polar, récit historique (vrai ou faux), roman d’aventures… desservi par une belle écriture où Villon découvre deux Jérusalem, celle du haut et celle du bas où des livres uniques sont cachés. Jérusalem, à l’époque, est une cité cosmopolite où se côtoient juifs, musulmans, chrétiens. Les érudits sont là, en terre sainte. Des hommes d’un grand savoir temporel et ou spirituel. Il s’y trame des alliances inattendues, voire contre-nature, cachées mais à grande portée politique
Un dur parcours initiatique vers une vie plus spirituelle pour François Villon via les Médicis, la Confrérie des chasseurs de livres, le désert… Peut-être n’est-ce pas toujours très crédible, mais après tout, c’est un roman écrit avec beaucoup de talent et une certaine érudition. Raphaël Jerusalmy m’a conquise une nouvelle fois. J’ai pris plus que du plaisir à cette lecture qui va de retournements en chausse-trappe et de rebondissements en découvertes.
Les descriptions sont très visuelles, voire en odorama :
« La place du marché s’éveille, emmitouflée dans l’épaisse brume du matin. Des sont tout d’abord timides, épars, picorent quelques grains de silence. »
« Les tréteaux de bois croulent sous le poids des caisses et des amphores. L’air est chargé de senteurs d’épices, d’essences de parfum, de vapeurs de vin, d’extraits de teinture. »
« Les ruelles étroites déroulent leurs méandres. Des silhouettes furtives trottinent le long des murs. Les rares enfants qui traînent dehors sont éclopés ou rachitiques. Ils jouent dans la crasse, criant en arabe, en hébreu, en arménien, en grec. »
Avec cette lecture, je diminue ma PAL et participe au challenge de Moka En sortir 21 en 21