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Lire "Je peux me passer de l'aube" et découvrir l'écriture lumineuse d’Isabelle Alonso

Le livre à conseiller à tous ceux qui sont à la recherche d’une belle histoire !

Lire "Je peux me passer de l'aube" et découvrir l'écriture lumineuse d’Isabelle Alonso

Avec Je peux me passer de l'aube, son dernier roman , Isabelle Alonso nous entraine à la suite de Je mourrai une autre fois, dans l’Espagne de la fin des années 30, de la guerre et de l’accession au pouvoir de Franco.

Années difficiles où l’Espagne à peine remise de ses années de guerre doit réapprendre à vivre autrement, en silence et en religion, celle de Dieu et celle du tout puissant Caudillo Franco.

 

 

L’avis de Stéphanie Tranchant

1er juillet 1939, Gelin, 16 ans, fait partie de la trentaine d’hommes, prisonniers du camp de Saint Cyprien qui ont choisi de rentrer en Espagne une fois la guerre d’Espagne officiellement finie. Après 10 mois dans l’armée populaire et 4 passés en détention dans le camp français,  Angel Alcalà Llach espère bien retrouver les siens. Mais, son pays tombé entre les mains des nationalistes, la fin de la guerre civile est désormais synonyme de dictature franquiste, et Gelin va devoir prendre son mal en patience avant de retrouver sa famille, contraint  d’intégrer un bataillon de travailleurs (chargé de reconstruire le pays) durant une année, jusqu’à ce qu’un télégramme annonce la mort de son père et qu’il soit libéré.

Son retour auprès de sa mère sera pour lui l’occasion de constater la terrible réalité de son pays faite de misère, d’arrestations et exécutions arbitraires et l’obligation de suivre les règles imposées par l’église et l’armée. Impossible pour ce « rouge » de rester et subir…

Les textes sur l’après-guerre espagnole ne sont pas nombreux, ou ne sont peut-être pas simplement assez mis en avant. Du coup, ce très beau roman d’Isabelle Alonso, qui a choisi de continuer à évoquer l’histoire de son père (faisant suite à Je mourrai une autre fois), permet de découvrir ces années sombres de dictature espagnole. Pour autant, elle ne s’étale pas dans un récit fourmillant de détails historique précis et encore moins dans des descriptions glauques de tortures ou d’arrestations. Il s’agit avant tout de nous transporter dans un contexte difficile marqué par la peur mais aussi dans un état d’esprit : celui du combat et de l’espoir, même si ce dernier a été parfois difficile à conserver.

Avec juste ce qu’il faut de précisions et d’explications, elle nous plonge totalement dans cette époque de franquisme (en plein guerre mondiale).  En ne noyant pas lecteur dans un récit encyclopédique, elle permet ainsi de se sentir proche du personnage principal que l’on suit avec un fort attachement. Sans mérite ni bravoure exceptionnels, Gelin est un très jeune homme qui refuse simplement d’attendre que ça passe et qui choisit de se battre à son échelle contre le fascisme. On sent l’espoir omniprésent et la lecture en est que plus agréable.

Isabelle Alonso a su parfaitement doser les émotions. Avec des mots simples, exempt de misérabilismes, elle choisit de parler d’un passage assez sombre de l’histoire espagnole dans un style assez sobre finalement, et c’est je crois que qui m’a le plus plu. elle ne tombe pas dans la facilité et ne cherche surtout pas à nous émouvoir ou nous choquer outre mesure. Elle raconte simplement mais aussi avec drôlerie, poésie, lucidité et beaucoup d’intelligence. Ça suffit à rendre son récit passionnant et si prenant. C’est finalement un bel hommage à son papa et à ces « Rojos » qui ont choisi de croire en la République.

 

Si vous deviez le conseiller :

A découvrir si vous voulez en savoir plus sur les années de fascisme espagnol ou tout simplement pour passer un bon moment entre les mots doux et lumineux d’Isabelle Alonso.

© stephanie tranchant


L’avis de Nath Bertrand :

L’Espagne sort meurtrie et écorchée au plus profond de son être d’une guerre atroce qui a porté au pouvoir le dictateur Franco, lorsqu’en 1940, le jeune Angel Alcalà Llach rejoint sa famille à Madrid après deux ans d’absence. En effet, il n’était encore qu’un adolescent de quinze ans lorsqu’il avait décidé, au grand désespoir de son père, de rejoindre les rangs des combattants républicains. C’est en apprenant la mort de ce père qu’il décide de rejoindre sa mère et les derniers “petits” de la famille à Madrid.

Un père, c’est une digue. Mais comme elle a toujours été là, on n’imagine pas de quoi elle nous protège. Maintenant, je le sais. Mais maintenant il est trop tard”.

Angel découvre alors son pays crucifié, asphyxié par la dictature franquiste : la peur, la famine, la misère, la délation ont épousé, sous le regard bienveillant et liberticide de l’église et de l’armée, la répression, la torture et les lois ridicules.

Quittant alors Madrid pour Valence, où vit et travaille l’un de ses frères, Angel va décider de rejoindre ceux qui ont décidé de se battre eux aussi, de ne pas laisser grandir les “petits” dans un monde privé des droits fondamentaux, dans un pays amputé de valeurs républicaines et démocratiques. Le conflit mondial aux portes de l’Espagne ne fait qu’exacerber cette volonté de se battre.

“La planète entière est en train de s’anéantir. Avec notre pauvre Espagne en éclaireuse… Si on ne se bat pas, on est complice”.

Le combat d’Angel le mènera à la clandestinité, lorsqu’en 1944, il refusera de répondre à l’appel du service militaire. La lutte continue, l’espoir demeure, d’autant plus que les Alliés ont gagné la guerre. Les lendemains qui chantent sont donc tout proches…

Le renouveau éclate, l’air se parfume. Le printemps et la mer célèbrent, une fois encore, leurs fiançailles“.

J’ai été particulièrement touchée par ce roman, parce qu’il est porteur d’espoir. Parce que c’est une magnifique histoire de transmission... Parce qu’en dépit du thème abordé, la plume d’Isabelle Alonso se teinte d’humour et de lumière. L’écriture est d’une élégance, d’une sensibilité et d’une justesse qui font que forcément, on croit à l’aube.

L’Espagne franquiste est décrite avec justesse, avec précision, avec une véracité historique. C’est sans doute pour tout cela qu’on se sent si proche de chacun des personnages.

 

Si vous deviez le conseiller :

Je conseille cette lecture à tous ceux qui ont peut-être oublié que leurs ancêtres se sont battus pour eux, à ceux qui sont à la recherche d’une belle histoire, une histoire vécue, abordée avec la pudeur de l’intime, car il faut savoir qu’Angel n’est autre que le père d’Isabelle Alonso.

Enfin, je la conseille à ceux qui veulent juste passer un bon et beau moment littéraire.

 

© Nath Bertrand

 

 

Merci à nos deux lectrices pour ces chroniques, nous espérons qu’elles vous auront donné envie de découvrir ce roman !

Et quand on aime, on vous fait gagner ! Alors tentez de gagner le roman Je mourrai une autre fois d’Isabelle Alonso qui vient de paraître aux éditions Pocket, c'est ici.

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Commentaires (3)

  • Colette LORBAT le 07/12/2017 à 11h26

    Je fus déçue par la lecture d'un précédent livre d'Isabelle Alonso, je passe mon tour et préfère rester avec le souvenir de "Pas pleurer" de Lydie Salvayre

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  • Frederique Letilleul le 23/11/2017 à 02h15

    Bonjour, merci pour ces avis qui mettent en appétit ! L'actualité donne envie de se replonger dans l'histoire de l'Espagne, aussi je tente ma chance pour lire de nouveau la plume d'isabelle Alonso

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  • Florence Mur le 11/11/2017 à 14h43

    Petite fille d'immigrés espagnol, je suis toujours attirée par les romans qui ont pour cadre cette preriode de l'Histoire. Racontée par la plume d'Isabelle Alonso dont j'ai lu et beaucoup aimé "fille de rouge" ce roman à tout pour me tenter. Je participe donc à ce concours en croisant les doigts pour avoir la chance de' découvrir ce titre très bientôt.

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