Le livre à conseiller à tous ceux qui sont à la recherche d’une belle histoire !
On sourit souvent dans cette tragédie, parce qu'Angel ne perd jamais son humour, ni son sens de la répartie. On suit, porté par une écriture lumineuse, son histoire avec passion, comme si on n'en connaissait pas le dénouement dramatique.
Un perdant magnifique Juillet 39. La guerre d'Espagne est officiellement finie. Angel Alcalà Llach, 16 ans, rentre chez lui. Après dix mois au front et quatre au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), il croit retrouver les siens. Mais rien ne se passe comme prévu. L'Espagne franquiste est une prison à ciel ouvert et Angel ne sera finalement relâché qu'après un an de travaux forcés. Il rejoint enfin sa famille en juillet 1940 tandis que la répression fait rage. Il doit alors s'adapter à un monde inconcevable pour lui : sans droits, sans liberté, où tout devient risque, et où tout risque est mortel. Il choisit de continuer la lutte, et entre en résistance. Malgré la portée modeste de leurs actions, ses camarades vont colorer ces années de violence de toutes les teintes de l'espoir et de l'amitié.
En avril 44, son refus du service militaire le contraint à la clandestinité. Il rejoint Madrid. Les Alliés vont gagner la guerre, balayer Franco... Des temps nouveaux s'annoncent. La République va revenir, c'est sûr...
Le livre à conseiller à tous ceux qui sont à la recherche d’une belle histoire !
Après «Je mourrai une autre fois», Isabelle Alonso reprend son récit familial. Elle retrouve son héros et ancêtre Gelin. La République espagnole vaincue, le soldat de 16 ans est parqué dans un camp français à la frontière espagnole. Les conditions de vie décrites sont effroyables, à l'image de ce que l'on voit de nos jours à Calais ou ailleurs. Alors c'est «La camaraderie qui nous tient debout, personne ne peut nous l'enlever. C'est la solidarité de l'espadrille.»
Écriture imagée et sensible, le style d'Isabelle Alonso et son sens de la narration entraînent le lecteur dans les pas de Gelin. On tremble pour lui lorsqu'il décide de rentrer au pays malgré les risques encourus et la réalité qu'il découvre à Madrid, puis à Valence. «Les cicatrices de la guerre se lisent sur les façades et le bitume, mais au-delà de cette évidence, c'est l'air lui-même qui a mauvaise mine, qui pose sur la rue un filtre terne, un voile de veuve. Les passants, grisâtres même sous le soleil, font ce qu'ils peuvent pour se déguiser en ombres, ne pas se faire remarquer. On ne croise pas un regard.»
On ressent sa révolte face au dictat des franquistes et de l'église. Un clergé qui censure tout (musique, films, lectures), sonne le glas de l'école publique et impose d'assister à la messe, d'envoyer les enfants au catéchisme sous peine d'une terrible répression. Même le foot sert la propagande. Les équipes ont été rebaptisées. Une vraie machine de guerre est en place. On l'aurait presque oublié. Pourtant, Gelin résiste, car il est né à Madrid et en a retenu l'histoire : «Madrid appartient à son peuple. Qui se tait parce qu'il n'a pas le choix, mais qui en a vu d'autres. Il a dégommé Napoleon, inventé la guérilla urbaine.»
Une détermination qui habite Gelin et qui lui permet de traverser l'adversité, de ne pas renoncer. Il faut dire aussi qu'il se ressource dans les traditions populaires que fait si bien revivre Isabelle Alonso. On entendrait presque les airs de zarzuelas qui «mettent en scène le petit peuple de Madrid, celui-là même aujourd'hui qu'on écrase, celui qui a tenu tête pendant trois ans aux assassins.»
C'est pour ce même peuple que Gelin s'engage dans la résistance. Et, si on tremble à l'idée qu'il se fasse prendre, on ne peut que partager son combat et ses légitimes interrogations. Des questionnements tellement actuels autour de la religion et ses dérives extrémistes. «La religion n'est-elle pas en elle-même une conspiration contre la joie de vivre ? Pourquoi Dieu a-t-il pris la peine de créer le rire, si ses ouailles les plus zélées en ignorent la pratique ? Je ne me souviens pas d'une seule image pieuse, d'un seul tableau, d'une seule statue d'inspiration religieuse où l'on rit. On y esquisse parfois une expression béate, jamais guillerette. Un bel éclat de rire, un vrai, un contagieux, qui lézarde l'air, est-il antinomique avec le divin ? Ils se flagellent, ils se contraignent, portent des cilices et se coiffent de sinistres cagoules. Le Christ lui-même pleure, il y a de quoi, on le transperce, on le crucifie, mais où vont-il chercher tout ça ? Pourquoi ne pas aimer la vie sans se la compliquer ?»
Alors Gelin continue le combat cette fois dans la clandestinité pour qu'un jour les rires fusent à nouveau en toute liberté. On le sait maintenant le combat sera long pour que l'Espagne retrouve la démocratie alors, avec Isabelle Alonso, on garde en mémoire Gélin et ses compagnons comme il le dit, lui-même en conclusion, : «Ils sont du voyage. Mes compagnons, mon père, tous les morts, les perdus, les oublies de tous. Pas de moi.» Pas de nous.
Dans Je peux me passer de l’aube nous retrouvons Gélin, que nous avions découvert dans « Je mourrai une autre fois » à 16 ans. C’est la fin de la guerre civile espagnole et il est toujours interné au camp de Saint Cyprien, côté français.
Dans les camps de ce côté des Pyrénées, les espagnols ont le choix entre rester ou repartir au pays. Angel choisi de revenir en Espagne, mais le voyage ne sera ni paisible, ni rapide. A son arrivée en Espagne, il est condamné à faire des travaux, reconstruire ces ponts qu’il avait aidé à détruire dans la résistance. Après plus d’une année, il va enfin rejoindre sa famille. Entre temps, son père est mort, il ne pourra s’expliquer avec lui.
Il découvre le quotidien dans l’Espagne franquiste. La peur de la délation, la misère, le manque de travail, la crainte d’être pris pour ces « Rojos » qui ont tout à craindre du pouvoir en place. Malgré cette situation, Gélin espère des jours meilleurs, découvre la fraternité faite de petite résistance, pour se prouver qu’une démocratie reste un rêve accessible. Il va rejoindre un groupe de clandestins communistes, les seuls un tant soit peu organisés, ces jeunes hommes qui par des actions souvent dérisoires prouvent que la guerre contre Franco n’est pas terminée. Bel espoir porté par ces jeunes hommes qui espèrent en la fin de la seconde guerre mondiale pour voir tomber tous les dictateurs, de Hitler à Mussolini, en passant par Franco.
Le sentiment qui s’impose à la fin de la lecture est celui d’un immense espoir et d’une grande foi en l’homme, en une fraternité dans la lutte pour préparer un avenir meilleur. Si vous aimez l’histoire, l’Espagne et le contexte de la seconde guerre un roman ni trop dur ni trop noir, écrit avec humour et dérision, celui-ci est pour vous. Isabelle Alonso évoque le quotidien des espagnols, trouver à manger, s’habiller, travailler en échange d’un salaire, laissant de côté la partie la plus sombre, celle des arrestations, tortures, exécutions (même si ces thèmes sont également abordés).
Avec juste ce qu’il faut de précisions et d’explications, elle nous plonge totalement dans cette époque de franquisme (en plein guerre mondiale). En ne noyant pas lecteur dans un récit encyclopédique, elle permet ainsi de se sentir proche du personnage principal que l’on suit avec un fort attachement. Sans mérite ni bravoure exceptionnels, Gelin est un très jeune homme qui refuse simplement d’attendre que ça passe et qui choisit de se battre à son échelle contre le fascisme. On sent l’espoir omniprésent et la lecture en est que plus agréable.......................................
http://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/isabelle-alonso-je-peux-me-passer-de-l-aube
JE PEUX ME PASSER DE L’AUBE DE L’AUTEUR ISABELLE ALONSO 300 PAGES EDITIONS HELOISE D’ORMESSON 6 SEPTEMBRE 2017
UN LIVRE EXCELLENT
Résumé :
Juillet 39. La guerre d'Espagne est officiellement finie. Angel Alcalà Llach, 16 ans, rentre chez lui. Après dix mois au front et quatre au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), il croit retrouver les siens. Mais rien ne se passe comme prévu. L'Espagne franquiste est une prison à ciel ouvert et Angel ne sera finalement relâché qu'après un an de travaux forcés. Il rejoint enfin sa famille en juillet 1940 tandis que la répression fait rage. Il doit alors s'adapter à un monde inconcevable pour lui : sans droits, sans liberté, où tout devient risque, et où tout risque est mortel. Il choisit de continuer la lutte, et entre en résistance. Malgré la portée modeste de leurs actions, ses camarades vont colorer ces années de violence de toutes les teintes de l'espoir et de l'amitié.
En avril 44, son refus du service militaire le contraint à la clandestinité. Il rejoint Madrid. Les Alliés vont gagner la guerre, balayer Franco... Des temps nouveaux s'annoncent. La République va revenir, c'est sûr...
Mon avis :
Un excellent roman d’Isabelle avec son thème de prédilection l’Espagne, le pays où elle est née. Nous allons suivre pas à pas Angel, 15 ans, au fil des années.
Il est difficile d’être un enfant en tant de guerre. On devient vite adulte et de l’enfance joyeuse, il ne restera plus beaucoup de souvenirs.
Avec tendresse, émotion, sensibilité, elle nous entraîne dans la dure réalité des familles qui essayent de survivre en gardant toujours l’espoir d’un monde meilleur.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui représente un hymne à la vie. Je le conseille vivement et je vous dis :
Go en librairie !
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