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Visages cachés

Couverture du livre « Visages cachés » de Salvador Dali aux éditions Sabine Wespieser
Résumé:

Visages cachés est le seul roman de Salvador Dali : écrite en quatre mois, en français, en 1943, publiée en 1944, immédiatement traduite en anglais, cette imposante fiction s'empare du destin d'une poignée d'aristocrates mondains durant une période déterminante de l'histoire, de 1934 à 1945. De... Voir plus

Visages cachés est le seul roman de Salvador Dali : écrite en quatre mois, en français, en 1943, publiée en 1944, immédiatement traduite en anglais, cette imposante fiction s'empare du destin d'une poignée d'aristocrates mondains durant une période déterminante de l'histoire, de 1934 à 1945. De facture apparemment classique, le roman commence comme un récit fitzgeraldien peignant la dérive d'individus aussi fortunés que désoeuvrés, pour se transformer peu à peu, avec la guerre, en roman de l'engagement. Mais ce sont sans aucun doute les obsessions daliniennes, ses fulgurances, son sens du baroque et sa fascination pour l'occultisme qui inscrivent ce texte à la fois dans son oeuvre comme une des figures de son génie protéiforme et dans l'histoire de la littérature comme un objet rare et fascinant.
Le roman s'ouvre dans la propriété du comte de Grandsailles, sur une terre vauclusienne qui n'est pas sans rappeler celle du château de Sade. Avec son fidèle notaire Girardin, Hervé de Grandsailles tente d'imaginer comment sauver sa propriété familiale, démantelée, des menaces d'industrialisation. Son autre obsession touche à sa liaison violente et platonique avec la belle Solange de Cléda : ces deux-là conjuguent leurs orgueils, se séduisent sans jamais se toucher, s'évitent et élèvent au rang des beaux-arts ce que Dali, n'hésitant pas à se substituer à son narrateur omniscient, nomme le clédalisme. Solange en mourra, consumée par sa passion, jouet de la cruauté du comte, visitée en songe par les passions occultes de son bourreau.
En ce mois de février 1934, ce sont les émeutes parisiennes que commentent les convives du brillant dîner offert par le comte : mais jusqu'à la déclaration de la guerre, la politique ne sera qu'un arrière-plan pour cette société tout occupée de ses plaisirs. Le comte et Solange en sont les acteurs principaux, entourés par Barbara Stevens, une riche Américaine vivant à Paris, et sa fille Veronica, en quête d'amours extrêmes, qui s'éprend de Betka, une exilée roumaine exaltée. Avec Baba, l'aviateur, héros de la guerre d'Espagne, à son tour emporté dans ce chassé-croisé de passions, les personnages sont posés, que Dali suivra pas à pas dans sa préfiguration visionnaire de cette fin de la guerre.
En 1939, les événements contraignent Veronica et Barbara, accompagnées de Betka devenue mère, à un retour aux Etats-Unis, alors que Hervé de Grandsailles entre dans la Résistance à Casablanca. Solange, en achetant les terres abandonnées des Grandsailles, voit s'éloigner encore son union avec le comte, outragé par ce qu'il interprète comme une manoeuvre pour le contraindre au mariage. En Afrique du Nord, il ourdit des complots, manipule royalistes et communistes, risque un voyage à Malte au coeur de la tourmente. C'est Baba, l'aviateur, qui le pilote, et lui confie pour Veronica, parce qu'il sait que le comte part en Amérique, une croix en diamants gage de leur amour.
Aux Etats-Unis, le roman prend un tour baroque et rocambolesque : Grandsailles, victime d'une méprise tragique, se voit contraint d'épouser Veronica, au moment même où renaissait son amour pour Solange de Cléda. Quand le malentendu est levé, il est trop tard. Le roman s'achève en France, avec le retour du comte, désormais dans le crépuscule de sa raison.
Dans un avant-propos, Salvador Dali dit qu'il a écrit son livre " parce que l'histoire contemporaine offre une charpente exceptionnelle pour un roman sur l'évolution et les conflits de grandes passions humaines, et parce que l'histoire de la guerre devait fatalement être écrite ". Et il ajoute fièrement : " parce que si je ne l'avais pas écrite, un autre l'aurait fait à ma place, et il l'aurait fait mal ". Au terme de cette histoire haletante, traversée par de fulgurants éclairs langagiers et caractérisée par un style dalinien époustouflant, on ne peut s'empêcher de lui donner raison.

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