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Campus en mouvement « Campus en mouvement » : avant d'être le titre de ce numéro, c'était celui du colloque organisé par la Conférence des présidents d'université (CPU) à Orléans les 25, 26 et 27 mai 2016. L'occasion de remettre la forme, l'économie et la gouvernance des campus au coeur des débats sur la transformation des universités françaises. Cela faisait dix ans que le thème de la rencontre annuelle n'avait pas porté sur cette question - on parlait davantage à l'époque de « vie étudiante ». Entretemps, la mutation en profondeur des campus a commencé. Certains sont remarquables ; d'autres entament leur mue. Le paradoxe est que la société française ne le voit pas. Absents du cinéma, des séries télévisuelles et des romans - au Royaume-Uni ou aux États-Unis le « campus » est un genre en soi -, ils accueillent de plus en plus de jeunes : 2 596 800 très exactement pour la rentrée 2016-2017. Mais il manque un imaginaire autour du campus à la française, révélateur de la place de l'université dans la société, regrette Jean-Loup Salzmann, président de la CPU, dans l'entretien qui ouvre ce numéro. Il est vrai que coexistent en France plusieurs types de campus, comme l'analyse Hélène Dang Vu, à la différence du campus anglais ou américain. A contrario, « le campus bouge parce que le rapport de la société à l'enseignement supérieur change », a relevé Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'enseignement supérieur et à la recherche, en ouvrant le colloque de la CPU. Les campus, donc, se transforment. Les universités en font le signe tangible de leur autonomie, l'incarnation de leur singularité et de leur stratégie. Quant aux collectivités locales, à l'image d'Orléans qui veut « redevenir une ville universitaire », elles ont compris le facteur d'attractivité qu'ils représentent et leur rôle de locomotive urbaine, comme à Saclay ou sur le site du campus Condorcet, ou économique comme à LyonTech-la Doua, exemples présentés dans ce numéro. À lire les récits, interviews et analyses, on comprend que la « vie de campus » vise toujours à améliorer les conditions matérielles des étudiants et à leur offrir la possibilité d'y vivre des « expériences » enrichissantes et formatrices. Mais elle va bien au-delà, en cherchant à donner corps à une communauté universitaire élargie, associant étudiants, enseignants, chercheurs, personnels, mais également collectivités locales et entreprises. Elle se comprend à l'aune de la transformation du patrimoine immobilier, non seulement les bâtiments d'enseignement, mais aussi les bibliothèques, les halls, les voies de circulation, les espaces extérieurs, les logements étudiants, les restos-U... qui élargissent leur usage et se transforment, qui en learning center, qui en espace de co-working, qui en lieu d'échange et de rencontre. Avec partout le même leitmotiv : l'ouverture sur le territoire. Ce n'est plus un voeu. Longtemps repoussées en périphérie pour éloigner l'agitation étudiante, les universités ont été rattrapées par la ville. Aujourd'hui, elles en réinvestissent de plus en plus le centre à la demande des collectivités elles-mêmes. La porosité entre la ville et le campus devient réalité. Lui-même commence à s'ouvrir aux habitants et aux acteurs économiques sous des formes variées : accès aux équipements sportifs ou culturels, parfois même aux cours, mise à disposition d'équipements ou de fablabs, co-construction d'événements et de projets. De ce point de vue, les expériences étrangères tirées d'une étude financée par la CPU et la Caisse des Dépôts sur les modèles économiques de la vie de campus constituent une source d'inspiration. Les universités françaises ont aussi des exemples à faire connaître. Plus que jamais, l'heure est à la diffusion des bonnes pratiques. Car, dans les transitions en cours (numérique/écologique), les universités sont plutôt bien placées pour jouer le rôle de poisson-pilote. C'est la bonne nouvelle qu'il faut diffuser : les campus se sont mis en mouvement.
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