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Quand il reçoit la lettre, Paulin ne veut pas le croire. Lui qui vit le plus sereinement du monde entre sa boutique de poteries et son amoureuse, la troublante Lena, dans une ville de bord de mer au charme désuet, voilà qu'on lui annonce qu'il est peut-être le père d'une petite Hermine ? Aucun souvenir de cette amourette d'un soir, il y a neuf ans de cela, et pas question de se laisser prendre au piège de la vipère qui se réveille et voudrait lui imposer une paternité qu'il n'a pas choisie...
Paulin fait le mort, puis est obligé d'accepter le test, d'admettre qu'il est bien le père, tout en campant sur ses positions : il ne verra pas cette enfant. Il ne mettra pas en péril la passion exclusive qu'il vit avec Lena pour une petite inconnue dont il est le malheureux géniteur.
C'est compter sans la détermination de la fillette, qui veut absolument connaître son père et fera tout pour le rencontrer. Mère et fille déboulent donc dans la vie tranquille de Paulin, bien décidées à lui faire affronter la réalité... qu'il finira par accepter, non sans y laisser des plumes.
« Depuis ce matin l’enveloppe patiente dans mon veston. Je n’ose pas l’ouvrir. Je ne veux pas l’ouvrir. Je répugne à l’ouvrir. » Oh comme je comprends qu’il ne veuille pas l’ouvrir cette satané lettre qui risque de bouleverser toute sa vie. Une vie qu’il a choisie, surtout maintenant qu’il a rencontré « la femme de sa vie », qu’ils se veulent sans enfant, simplement tous les deux amoureux fous.
Mais voilà, le ver est dans le fruit, la réponse dans la lettre, la curiosité fera le reste. Bien entendu, la réponse est positive : il est le père de cette petite grenouille, le père d’Hermine dite Mine.
Il refuse cette paternité tardive et le lui dit « « Bien que vous n’ayez nullement eu l’honnêteté de partager avec moi le choix de garder cette enfant. Une enfant que vous avez faite uniquement vôtre pendant des années. Alors aujourd’hui assumez votre choix et je vous en supplie, respectez ma vie. » A quoi elle rétorque « Tu verras Mine. Tu verras ton enfant, déclare la femme au regard flamboyant. Je m’y suis engagé »e. Rien au monde n’est plus important pour moi, je ne pense plus qu’à ça. D’une façon ou d’une autre, je ne e lâcherai pas ».
Paulin et la mère font une partie de ping-pong dévastatrice. Mine est l’obus qui risque de faire sauter la vie de Paulin, sa pauvre vie qu’il a peiné à réinventer. Il est venu se lover dans le giron de sa Gironde natale, dans son village, dans la maison familiale et c’est petite chose va venir tout faire sauter !!! Ah mais non, il va ruer le bougre, refuser, pas question. Il a Lena, l’amour de sa vie !!! « Et je devrais prendre le risque de laisser une enfant inconnue jusqu’à ce jour ruiner un tel amour ? Entre une gamine qui m’est totalement étrangère et la femme de ma vie, y a pas photo. Et mollo, hein, les âmes bien pensantes, mollo. »
Mais c’est sans compter la douce insistance de Mine, qui telle l’hermine reviendra au terrier, doucement, sans brusquer, mais sans lâcher.
« -Tu veux pas m’aimer un peu ? supplie la petite d’une voix pleine de larmes.
- Mine, on ne commande pas ses sentiments comme des cornets de frites.
- Peut-être mais si on connaît pas les frites ben on peut pas savoir qu’on les aime. »
Petit à petit, ces deux-là vont s’apprivoiser sous le regard presque haineux de Lena qui refuse et s’enfuit. Paulin devra faire des choix, se colleter de nouveau aux réalités de la vie. La parenthèse enchantée est finie. Tout choix implique une petite mort et Paulin y laissera quelques plumes. Le bonheur (et la tranquillité ?) est à ce prix. Lena ne veut pas être la belle-mère
« Rien. En tout cas je ne serai pas la belle-mère de ta fille. Je ne redeviendrai pas celle à qui on peut prendre son père, je… (lapsus révélateur des souvenirs de son enfance)
Je ne suis pas ton père Lena ! Merde !
… Je ne serai pas celle à qui on peut prendre son compagnon, poursuit Lena des sanglots dans la voix, je ne serai plus jamais celle en trop, celle qu’on humilie, qu’on finit par chasser. Je préfère me chasser moi-même »
J’ai aimé la couverture acidulée de ce livre. J’ai aimé le papier issu de sources responsables. J’ai surtout aimé lire l’écriture de Claude Pernusch avec Soulac-sur-Mer en toile de fond ; elle en parle avec du plaisir sous les doigts. L’écriture vive me fait penser aux marées girondines, au ressac. Repartir pour mieux revenir.
En lisant la 4ème de couverture, je m’attendais à un livre gentillet et bien non. Sous ses airs de comédie (cela pourrait faire un bon scénario), Claude Pernusch parle de la paternité non désirée. « J’insiste beaucoup sur ce choix non partagé. Je le trouve plus salopard que mon refus de paternité imposée. Je veux avorter ». Sujet dont on parle peu. Cette Mine va faire exploser sa vie en mille morceaux d’étoiles et de verre.
Oui, vraiment une belle visite surprise. Soyez rassurée Claudie Pernusch, le grain de sable dans le bonheur d’un homme a su me toucher et me plaire. Merci pour votre délicate dédicace.
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