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Ce livre se divise en trois parties. La première partie, inédite, est mon Journal de guerre de 1940 à 1944. La deuxième partie est constituée par mes chroniques du Cheval de Troie en 1947-1948. Cette époque elle-même est plus loin de notre mémoire que nous ne pensons communément. C'était l'époque de la grande floraison existentialiste, et c'est pourquoi j'ai laissé ma chronique intitulée " Désespoir de cause ". C'était aussi l'époque où Staline faisait peser une menace immédiate sur l'Europe occidentale et où le monde s'installait dans la guerre froide. La troisième partie a déjà paru en livre (aux Éditions Amyot-Dumont), en 1949. Mais le livre est depuis longtemps épuisé et s'intègre parfaitement dans cette chronique des années noires.
Il faut toujours viser beaucoup plus haut que soi. Si, dans toute la littérature française, j'avais un modèle à donner à ce livre, ce serait " Choses vues ", de Victor Hugo. Tout l'intérêt de mon livre se résume à ceci : " J'étais là. Voici ce qui est arrivé ! " Ainsi, vingt ans après, j'ai relu ces récits si loin de moi. C'est vrai qu'en 1940 je croyais au Père Noël. J'ai cru plus loyal de ne pas supprimer les traces de cette candeur.
C'est vrai aussi que j'ai traversé le feu. Forcément, on en sort un peu roussi. Je ne regrette rien que mes péchés, surtout ceux contre la charité. Je vois venir le terme, où comme tout homme qui a vécu, je serai jugé sur l'amour. Pour le reste, j'ai vécu en effet, et j'ai manqué mourir. C'était très passionnant, je m'y suis passionné.
R.L. Bruckberger, 5 avril 1967.
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