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La prédication des fins dernières est devenue aujourd'hui incertaine. Les homélies des funérailles sont le plus souvent des panégyriques qui présument couramment du salut automatique du fidèle défunt. Un silence pudique entoure le statut actuel de celui-ci : « où » est-il ? On s'adresse à sa dépouille mortelle comme à un sujet. On est bien embarrassé de prier pour lui car on ne voit pas bien l'alternative qu'il pourrait y avoir à sa résurrection totale. Les accents de nos homélies visent davantage à consoler ceux qui sont dans le deuil dessein assurément louable qu'à les alerter sur la gravité d'un enjeu éternel et sur la responsabilité qui en échoit. Les mots « enfer », « purgatoire », « jugement » ont quasiment disparu du lexique sermonnaire et catéchétique, à moins que leur contenu n'ait changé. La crainte semble désormais correspondre à un stade infantile de la religion et ceux qui la prêchent sont assimilés à des terroristes spirituels. L'« âme » elle-même, ainsi que le faisait remarquer le cardinal Ratzinger, n'est même plus mentionnée dans la liturgie réformée. La théorie moniste de l'homme mourant tout entier et ressuscitant tout entier rend d'ailleurs incompréhensible la résurrection des corps, à la parousie. Il y a sans doute peu de domaines autant marqués par une « herméneutique de la rupture » que celui-ci. Mais à escamoter ce chapitre des fins dernières, le christianisme contemporain s'expose à esquiver les grandes questions sur le tragique de la vie, qui font l'humanisme, et, de ce fait, à devenir sans intérêt.
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