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" Discuter des techniques de la tragédie moderne, c'est pour moi examiner sans complaisance ce qu'on pourrait appeler la tragédie de l'art de la tragédie. L'amertume que je ressens à voir le triste état dans lequel se trouve l'art dramatique n'implique pas que tout soit perdu, ni que le théâtre contemporain puisse être rejeté d'un simple et primitif haussement d'épaules. Ce que je veux dire, c'est que si quelqu'un ne fait pas quelque chose, et très vite, le genre dramatique ne fera bientôt plus l'objet d'aucune discussion sur les valeurs littéraires. L'art du dramaturge sera entièrement remplacé par le spectacle, absorbé tout entier par l'art de l'acteur et du metteur en scène _ sans aucun doute un très grand art et que j'aime avec ferveur, mais aussi éloigné de la préoccupation essentielle de l'écrivain que le sont les autres arts, peinture, danse, musique. Ainsi, la pièce de théâtre sera l'oeuvre des impresarios, des acteurs, des machinistes _ et d'un ou deux scénaristes dociles dont personne ne tiendra compte; elle sera le fruit d'une collaboration, et il est bien certain qu'aucune collaboration ne pourra jamais produire rien d'aussi durable que l'oeuvre d'un seul homme, car quels que soient les talents respectifs des collaborateurs, le résultat sera inévitablement un moyen terme entre ces talents, une certaine médiocrité, un arrangement, un émondage, un nombre rationnel tiré du mélange de nombres irrationnels. Cette cession de tout ce qui concerne le théâtre à ceux qui, j'en suis convaincu, ne devraient recevoir que le fruit mûr (le résultat final du travail d'un seul homme) est une affligeante perspective, mais peut-être faut-il y voir l'issue logique du conflit qui déchire l'art dramatique, et surtout la tragédie, depuis plusieurs siècles. "Vladimir Nabokov est né en 1899 à Saint-Pétersbourg, dans une famille aristocratique et libérale. Exilé en 1919, il vécut d'abord à Cambridge, où il acheva ses études, puis en Allemagne et en France, qu'il quitta en 1940 pour s'installer aux Etats-Unis. Il y enseigna pendant près de vingt ans, à Wellesley College (1941-1948) et à Cornell University (1948-1958). Après l'immense succès de Lolita, il se retira à Montreux, en Suisse, où il mourut en 1977.
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