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Cybèle, Nora, Rome, Vivi : quatre femmes, quatre histoires qui représentent chacune une forme de résistance. À la guerre, au fascisme, à la mort, à l'oubli. Quatre roses noires qui n'ont pour arme que leur courage, leur détermination et leur force d'aimer. Ce sont elles les véritables héroïnes de cette dystopie. Entraînant dans leur sillage Orden, un poète réfractaire, poursuivi par la milice armée à la solde de l'ordre nouveau qui gouverne le pays, elles sont les fers de lance d'un réseau de résistance qui prépare une insurrection.
Dans ce roman politique, engagé, Gérard Mordillat, l'auteur de La Tour abolie et La Brigade du rire, nous parle de la France d'aujourd'hui et d'un monde qui est presque déjà le nôtre : celui de la confiscation des outils démocratiques, de la carte blanche laissée à la police, de la surveillance généralisée, de l'ambiance insurrectionnelle qui ne cesse de croître. L'écrivain des Vivants et les morts va droit au but : « Ce livre d'urgence, il faut le lire comme on boit un alcool fort ! »
En quelle année se passe cette dystopie, ce roman d’anticipation, Les roses noires ? Gérard Mordillat parle de 2028 mais le désastre qu’il décrit ne semble pas si éloigné de nous. Bien des détails qu’il donne sur l’environnement, le capitalisme, la vie politique, le tout sécuritaire, la chasse aux étrangers sont hélas de plus en plus actuels.
Dès le début, le tableau est un vrai désastre avec une guerre quasi mondiale alors qu’Orden, un poète, alerté par un ami, doit quitter précipitamment son domicile, abandonnant tous ses livres. Heureusement, ses poèmes jalonnent régulièrement le récit.
Intervient alors la première des quatre roses noires, Cybèle qui, avec Nora, Rome et Vivi, aura un rôle essentiel dans les événements terribles à venir.
J’apprends alors que les Souchiens qui, comme leur nom l’indique, sont de souche, du pays depuis plusieurs générations, ces Souchiens font la chasse aux étrangers, aux pauvres, aux mendiants, aux jeunes des banlieues.
Tous les habitants du pays ont dû passer des tests d’utilité alors que tous les artistes ont été déclarés inutiles. Un système de castes avait alors été mis en place avec les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Sachants, les Servants et les Inutiles. Ces derniers étaient considérés comme SERF (Sans Emploi et Revenu Fixe).
Cette folle histoire, basée sur un règne sans partage du capitalisme et du fascisme, m’a fait rencontrer plusieurs personnages très attachants, comme Cybèle et Orden mais Toller (66 ans) est de ceux-là comme Fanch, Tank ou M’Ba et surtout les trois autres femmes : Nora, Rome et Vivi. Elles aiment, souffrent, sont violentées mais luttent et se battent pour tenter de renverser une oppression ignoble.
Justement, d’autres personnages, absolument odieux, prêts à violer, à torturer, à tuer, suivent les ordres de Thor qui représente le Conseil et se croit tout permis, allant jusqu’à voler le bébé de sa propre fille pour tenter d’assurer sa descendance.
Avec Les roses noires, Gérard Mordillat ne néglige aucun pouvoir. Il implique la télévision, aux ordres bien sûr, décrit d’abominables prisons, un hôpital psychiatrique, véritable enfer, et surtout montre un racisme omniprésent envers ceux que les Souchiens nomment les niggers. Les Noirs, eux, sont obligés de vivre sous terre mais préparent la révolte qui fédèrera tous ceux qui veulent en finir avec « la servitude, la violence capitaliste, l’arrogance bourgeoise, cléricale et fasciste. »
Au cours de ma lecture, j’ai vibré, frémi, tremblé, souffert, été horrifié, déploré toutes ces vies sacrifiées mais j’ai surtout fait le parallèle avec ce que nous vivons. Je pense que Gérard Mordillat, hélas, n’exagère pas en nous offrant ce tableau apocalyptique qu’il faut lire et qui doit nous faire réfléchir avant qu’il ne soit trop tard.
Les alertes existent, les faits sont là. Il suffit de ne pas fermer les yeux et d’agir.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Les roses noires de Gérard Mordillat est une dystopie, c’est-à-dire, selon la définition de wikipédia, « un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre ».
Les roses noires est une fiction, certes, mais ce roman d’anticipation, situé dans un avenir proche, en 2028, nous réserve une vision cauchemardesque du monde, un monde alors gangrené par le néofascisme où la démocratie s’est effacée au profit d’un ordre nouveau qui gouverne le pays et qui nous laisse des sueurs froides tant les sujets abordés se rapprochent de l’actualité et d’un monde qui est presque déjà le nôtre. Mais l’insurrection guette…
Tout commence avec Orden, ce poète écrivain qui reçoit un appel de Fauch : Barre-toi ! Barre-toi ! Fous le camp… Orden écrase alors son portable, laisse derrière lui sa bibliothèque et près d’un millier de livres qu’il ne reverra sans doute jamais et s’empresse de fuir. Il court se réfugier chez Cybèle, son premier et grand amour qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années. Mais les Souchiens, des français de souche qui ont fait de ce sobriquet un titre de gloire, une milice armée qui traque tous les opposants à l’ordre nouveau qui désormais, gouverne le pays, va rapidement être à leurs trousses et les obliger à passer dans la clandestinité. C’est la guerre. Les syndicats, les associations sont interdits, il n’y a plus de presse, sinon les communiqués officiels, etc. Trois autres jeunes femmes entreront bientôt en résistance avec eux, Nora, la collègue de travail de Cybèle, ainsi que Rome et Vivi, quatre femmes avec chacune sa propre histoire, quatre femmes à l’existence bouleversée, quatre roses noires, chacune représentant une forme de résistance, résistance à la guerre, au fascisme, à la mort, à l’oubli. Déterminées et armées de leur seul courage et de leur force d’aimer, elles seront les fers de lance d’un réseau de résistance et instigatrices d’une insurrection qui va peu à peu prendre de l’envergure, de véritables héroïnes.
La démocratie s’est en effet effacée au profit d’une oligarchie financière qui a réinventé un système de castes avec cinq degrés : les Puissants, les Possédants, les Dominants, les Sachants, les Servants. Ceux obtenant de mauvais résultats aux tests sont par ailleurs classés Inutiles. La littérature, le cinéma …en font les frais.
Une imagination débridée nous conduit dans ce monde du futur qui pourtant, ne semble pas si éloigné que cela du monde d’aujourd’hui et c’est bien ce qui fait la pertinence du bouquin. Gérard Mordillat, avec des dialogues très politiques montre comment, malgré le réchauffement climatique qui a engendré incendies, sécheresses, inondations, disparitions de multiples espèces animales, dans un monde où la précarité, la misère, les épidémies et la mort sont devenus l’ordinaire d’une majorité d’êtres humains, malgré les manifestations, les dirigeants et leurs porte-parole médiatiques n’ont eu que du mépris ou la répression policière comme réponse à leurs manifestations. Les tenants du pouvoir ont provoqué une guerre sans fin, préférant le chaos à la moindre remise en cause de leurs richesses et de leurs places, l’économie libérale s’accordant bien avec la dictature. « Le pouvoir est devenu anonyme et cet anonymat est sa force ».
En nous immergeant dans ce monde en guerre, dans ce chaos absolument terrifiant, l’auteur lance un véritable cri d’alerte en nous décrivant ce monde apocalyptique qui pourrait devenir le nôtre si nous n’y prenons garde, celui de la confiscation des outils démocratiques, de la carte blanche laissée à la police, de la surveillance généralisée, de l’ambiance insurrectionnelle qui ne cesse de croître.
Les roses noires est un roman noir, un roman militant, un roman d’action, un roman angoissant mais ô combien puissant et passionnant dans lequel Gérard Mordillat interroge le présent à travers la fiction et dans lequel il réussit à nous entraîner et à nous faire participer.
C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai suivi le cheminement de tous les personnages, combattant, souffrant, mais espérant avec certains, notamment ces roses noires, les accompagnant tout au long de leurs luttes et en en haïssant d’autres, escomptant bien leur élimination.
Des chapitres courts, des personnages aux noms originaux et souvent pertinents participent au plaisir de la lecture.
Je salue la large place accordée à la poésie, Orden nous faisant l’honneur de nous offrir quelques-uns de ses poèmes. Son dazibao (poème rédigé par un simple citoyen traitant d’un sujet politique ou moral et affiché pour être lu par le public), qu’il avait écrit contre la soumission passive des élèves devant leurs enseignants et dont « il restait encore parfois des traces malgré les déchirures et tags », m’a particulièrement marquée.
Après m’avoir enchantée avec Les vivants et les morts, Xénia, La brigade du rire, Gérard Mordillat avec ce roman engagé, Les roses noires, a une nouvelle fois conquis mes suffrages. Du vrai Mordillat comme j’aime !
J’espère une seule chose : que ce roman ne devienne jamais réalité !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
« Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'il est impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre. Wikipédia »
Et voilà un parfait résumé de cet excellent livre.
Cybèle, Noran, Rome, Vivi.
Quatre femmes à la vie différente vont illustrer la résistance face à la dictature qui mène le pays, réduisant une partie de la population à l'obéissance.
C'est sombre noir, angoissant, mais tellement bien écrit.
Un style impeccable.
De nombreux poèmes par l'entremise d'un des personnages, réussissent à embellir la situation.
Bien qu'on soit heureusement loin d'en être là, on ne peut s'empêcher de faire certains parallèles.
« A la télé aujourd'hui comme dans le cinéma, c'est la même merde : propagande officielle et éloge de la bêtise érigée en philosophie morale. D'un côté comme de l'autre vous devez abjurer toute intelligence, tout art et vous en tenir aux directives des chiens de garde du conseil. »
ou encore
« Ils ont brisé toutes les solidarités. Ils ont mis en concurrence les salariés entre eux, les jeunes contre les vieux, les hommes contre les femmes, les Blancs contre les Noirs, les jaunes, les n'importe quoi contre tous. Ils voulaient le chaos, l'amnésie, la confusion mentale pour qu'aucune force ne soit capable de s'opposer à eux. »
De nombreux sujets sociétaux sont exprimés dans cette histoire extrême.
Privation progressive des libertés (accentuée par la crise sanitaire), répression des rassemblements (gilets jaunes)
Je lis rarement des romans d'anticipation, mais là je dois reconnaître que j'ai été complètement captivée, complètement bluffée.
On sent l'engagement de Gérard Mordillat et cette fiction est à mon sens une grande réussite.
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Merci beaucoup Ghislaine pour cette chronique qui glace le sang . Il y a tant de bons livres qui nous mettent en garde contre nos ambitions démesurées, notre orgueil qui nous étourdit , croyant à notre toute puissance sur l’Univers et il est bon de temps à autre que les lanceurs d’alerte nous ouvrent les yeux pour éviter la projection de notre monde dans le chaos . Je note ce roman dans ma PAL. Belles lectures. Belle année . Prenez soin de vous