"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Le poème signe toujours un éclair de lucidité. »
Étreindre les mots de Gérard Mordillat, et prendre les éclats pour soi, ce qui persiste comme interpellation, dans cette orée signifiante. L’expérience de la vie comme alliage.
« Nous sommes nés du froid / De l’obscur puits social / Ce que cette souffrance cristallise / Accuse au miroir de nous-mêmes.../ L’indifférence notre patrie. »
Un labyrinthe engagé, puissamment révélateur de notre monde.
Marcher les yeux au loin, dans cette éclairante poésie qui ne pourrait jamais avoir de point final.
« Des peines ignorées / De l’oubli carcéral / Du désir torturé…/ Le monde entier est mon théâtre. »
Manège où acclame à haute voix cette noria de mots formidablement dévoués à l’humanité.
Le spectacle du vivant, d’ombre et de lumière.
« L’obscur tympan du monde », un poète qui sème ce que le verbe ordonne.
« Quand la terre s’enfonce / Sous la poussière des âges. »
L’Histoire tsunami, les peuples ravagés de haine, l’oubli d’une paix à grande échelle.
« Celui qui dit le premier/ Avance face à l’ennemi. »
Les injustices, les épreuves, les taches d’encre sur les mémoires qui défient la raison. Gérard Mordillat est le tympan du monde.
Celui qui rassemble l’épars, brusque les consciences, ose la poésie comme une boule de neige qui chute de la montagne, jusqu’à notre regard, lourd de honte, aveuglés par nos indifférences.
La religiosité effacée du tableau, reste la foi en l’homme. Le poème comme flambeau, un livre blanc et une orange dont on retient la peau entre nos mains.
On aime les sons, on dévore les boucles et les insistances. On pleure e t parfois le sourire écarte le poème en grand.
Cette mappemonde est un cri dans la nuit noire. L’humanité dans toutes ses détresses et ses faillites.
« Que sais-tu de l’exil / Toi qui regarde le monde d’en haut. »
« L’obscur tympan du monde » à l’instar d’un coquillage où l’on entend la mer, ses ressacs et ses sanglots longs, d’un monde où l’alerte est lancée.
« Dans le récit national / Prêts à tuer / Quiconque oserait / Éclairer leur obscurité. »
La contemporanéité est un ballet de lucioles en pleine nuit sombre. Il est encore l’heure de la vérité.
« On fait quoi ? / Il s’amende et travaille / Il redouble encore une fois / Je le renvoie ?/ Le père souleva son fils / Et l’assit sur le bureau du directeur / Donnez-lui à manger. »
Cet écrin poétique est un edelweiss à flanc de rocher.
La compassion, les soubresauts, les miracles d’une langue qui sait le passage du gué.
Ici règne la ferveur des conjugaisons de sens et d’urgence.
Lire, retenir, le vibrant du jour et la larme du fragile, la main tendue du vulnérable.
Ce recueil de poèmes est le pain pour la faim et l’eau pour la soif.
L’humilité comme une majuscule, bras tendus vers le monde.
Publié par les majeures Éditions Le Temps qu’il fait.
"Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pire coïncidence." À moins que ? Peut-être pas finalement...
Il est flagrant que le récit de Gérard Mordillat s'appuie sur l'itinéraire récent (depuis 2017) de Franck de La "Personne" (Ulysse "Nobody"). Franck de La Personne est un acteur / théâtreux qui a clairement disparu de la scène médiatique, après des incursions nombreuses dans les années '90 sur des projets plutôt qualitatifs. Sa carrière dans les années 2000 est devenue plus confidentielle, et il a trouvé bon au cours de la campagne présidentielle de 2017 de se rapprocher des partis extrêmes, de soutenir Marine LePen (M. Maréchal dans l'album, un nom à peine voilé qui fait penser à Marion) puis de présenter sa candidature aux législatives dans une région du Nord plutôt acquise au RN. Contre les pronostics, il n'est pas parvenu à passer le 1er tour. La caution Culture du RN s'est alors effacée, le RN a pris ses distances, un gros raté de tous partis finalement.
Gérard Mordillat est un proche de Franck de La Personne, qu'il a fait tourner à plusieurs reprises dans certaines de ses séries / films. On peut imaginer qu'il connaît mieux l'individu que nous et a été surpris / déçu de sa posture politique, qui tenait plus de la volonté de faire parler de lui que d'une réelle conviction politique. C'est ce dont parle cet album.
Les dernières pages (comme la couverture) illustrent le suicide médiatique de l'artiste, qui s'est noyé dans quelque chose qui le dépasse.
Ce titre fait également partie de la collection « Le roman d’un chef d’œuvre », qui mêle « récit romanesque et enquête historique » en racontant l’histoire d’une œuvre célèbre.
Si j’ai apprécié celui sur Niki de Saint Phalle, celui-ci ressemble beaucoup moins à un roman et plus à un essai.
Ce livre aborde essentiellement « Le portrait de Pasolini portant son cadavre », affiché sur un mur de Naples en 2015. L’auteur rapproche Pier Paso Pasolini du Caravage et d’Ernest Pignon-Ernest.
Ernest Pignon-Ernest est un rebelle. L’art relève pour lui d’un acte politique. Son engagement se traduit par son refus de toute commercialisation de son art puisque ses œuvres sont éphémères. Elles surprennent les passants, dont le regard est attiré par la profondeur des traits, des regards des personnes peintes. Elles interrogent tout le monde et non pas uniquement les visiteurs d’un musée.
Ernest Pignon-Ernest est un artiste dont j’admire l’œuvre. Je suis donc plutôt déçue par cette lecture qui ne m’a pas permise d’entrer autant que je l’aurais souhaitée dans son œuvre. J’ai eu l’impression d’avoir une succession d’extraits, d’archives, de journaux, etc. plutôt qu’un roman.
Avec ce roman, vous prendrez le risque d'un rendez-vous manqué.
Le début du livre, qui nous décrit les nombreux personnages de l'intrigue, vous donne envie d'abandonner, et semble relever d'une maladresse d'écriture : comment le lecteur peut-il s'intéresser à des personnages qu'il ne connaît pas encore, et auxquels il ne peut s'attacher puisque l'intrigue ne commence pas ? Il faut passer les 80 premières pages au moins pour entrer dans le vif du sujet, qui vaut le coup d'oeil incontestablement. Ne vous en voulez pas, et à la limite, reprenez le roman à son début une fois que vous l'aurez terminé. Là, vous aurez envie d'en savoir plus sur les personnages attachants que vous aurez appris à connaître.
A noter que la petite troupe du roman fait penser à l'équipe Malaussène de Pennac.
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