Peggy Poirrier, libraire à Marseille et membre du jury du Prix BD Lecteurs.com, partage ses découvertes du moment
Acteur dévalué, réduit à faire le « zouzou » à la radio, Ulysse Nobody vient de se faire jeter de Radio Plus, après une prestation désastreuse en direct. Rejeté de partout, Ulysse se retrouve sans travail, sans droits au chômage, sans le sou. Sans rien. Le voici aux abois. Une rencontre va changer son destin. Pour le meilleur, momentanément, et le pire, durablement.
Fabio, un ancien collègue de Radio Plus, travaillant désormais « dans la communication », souhaite aider Ulysse : il l'a toujours trouvé « génial » et il estime de la plus grande injustice qu'un talent comme le sien ne soit pas reconnu. En fait de « communication », Fabio milite pour le PFF, le Parti fasciste français, dirigé par Maréchal, candidat à l'élection présidentielle. Fabio propose à l'acteur de prendre la parole sur la scène du Zénith de Lille où se tient le grand meeting fasciste : « Il y aura 10 000 personnes pour t'applaudir. » De fait, Nobody fait un tabac : « Vive le PFF, vive la France ! », conclut-il sous une avalanche de vivats enthousiastes. Maréchal, ravi de son « show », lui propose alors d'être un candidat du Parti fasciste aux législatives... Le début de la fin pour Nobody.
Un récit impitoyable et jubilatoire signé par Gérard Mordillat (Le Suaire, Corpus Christi) et mis en scène par Sébastien Gnaedig (Profession du père). Évidemment, toute ressemblance avec la réalité ne saurait être fortuite.
Peggy Poirrier, libraire à Marseille et membre du jury du Prix BD Lecteurs.com, partage ses découvertes du moment
"Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pire coïncidence." À moins que ? Peut-être pas finalement...
Il est flagrant que le récit de Gérard Mordillat s'appuie sur l'itinéraire récent (depuis 2017) de Franck de La "Personne" (Ulysse "Nobody"). Franck de La Personne est un acteur / théâtreux qui a clairement disparu de la scène médiatique, après des incursions nombreuses dans les années '90 sur des projets plutôt qualitatifs. Sa carrière dans les années 2000 est devenue plus confidentielle, et il a trouvé bon au cours de la campagne présidentielle de 2017 de se rapprocher des partis extrêmes, de soutenir Marine LePen (M. Maréchal dans l'album, un nom à peine voilé qui fait penser à Marion) puis de présenter sa candidature aux législatives dans une région du Nord plutôt acquise au RN. Contre les pronostics, il n'est pas parvenu à passer le 1er tour. La caution Culture du RN s'est alors effacée, le RN a pris ses distances, un gros raté de tous partis finalement.
Gérard Mordillat est un proche de Franck de La Personne, qu'il a fait tourner à plusieurs reprises dans certaines de ses séries / films. On peut imaginer qu'il connaît mieux l'individu que nous et a été surpris / déçu de sa posture politique, qui tenait plus de la volonté de faire parler de lui que d'une réelle conviction politique. C'est ce dont parle cet album.
Les dernières pages (comme la couverture) illustrent le suicide médiatique de l'artiste, qui s'est noyé dans quelque chose qui le dépasse.
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