"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ils sont onze : Kowalski, dit Kol, né en colère, Betty, au chômage, Dylan, prof d'anglais et poète, les jumelles Dorith et Muriel, pour qui la vie est une fête permanente, L'Enfant-Loup, coureur et bagarreur, Suzana, infirmière en psychiatrie, Rousseau, prof d'économie, Hurel, industriel, lecteur de Marx, Isaac , distributeur de films, et Victoria, que personne n'attendait.
Constitués en « Brigade du rire », ils kidnappent Pierre Ramut, l'éditorialiste vedette de Valeurs françaises, et le forcent à travailler selon ses préceptes : semaine de 48 heures, salaire de 20 % inférieur au SMIC, productivité maximum, travail le dimanche. Il saura désormais de quoi il parle...
Existe-t-il une littérature de résistance ? À la connerie. À l'air du temps. À la montée de l'extrémisme. Oui, et Gérard Mordillat est l'un de ses meilleurs chefs de réseau. François Busnel, L'Express.
Cocasse, cynique, en plein dans le mille de l'actualité sociale. Hubert Artus, Lire.
Avec ce roman, vous prendrez le risque d'un rendez-vous manqué.
Le début du livre, qui nous décrit les nombreux personnages de l'intrigue, vous donne envie d'abandonner, et semble relever d'une maladresse d'écriture : comment le lecteur peut-il s'intéresser à des personnages qu'il ne connaît pas encore, et auxquels il ne peut s'attacher puisque l'intrigue ne commence pas ? Il faut passer les 80 premières pages au moins pour entrer dans le vif du sujet, qui vaut le coup d'oeil incontestablement. Ne vous en voulez pas, et à la limite, reprenez le roman à son début une fois que vous l'aurez terminé. Là, vous aurez envie d'en savoir plus sur les personnages attachants que vous aurez appris à connaître.
A noter que la petite troupe du roman fait penser à l'équipe Malaussène de Pennac.
De Gérard Mordillat je ne connaissais que le nom, de loin.
C'est en entendant à la télévision une critique sur ce roman que j'ai voulu le lire.
D'anciens potes de lycées, ayant connu un moment de gloire - et un entrefilet dans le quotidien L'Equipe - lors de leur victoire à un championnat d'une ligue inférieure de handball, se retrouvent chez l'un d'eux, devenu prof d'anglais tout en rêvant secrétement d'écrire un roman.
La soirée passant, l'alcool aidant, ils décident de kidnapper Ramut, un journaliste d'une revue bien à droite - pour ne pas dire autre chose - qui parle des ouvriers sans en avoir jamais vu un seul de sa vie et prône, sous couvert de compétitivité, le retour à la semaine de 48 heures, le travail le dimanche, un salaire au SMIC moins 20%... Facile quand on a grandi dans une famille bourgeoise et qu'on n'a jamais sué de sa vie, hormis en bord de mer l'été. Alors la fine équipe décide de le mettre au travail, appliquant à la lettre les principes qu'il expose à tour d'articles.
J'ai trouvé le livre drôle, caustique et intéressant. Et il soulève un gros problème de notre société: comment un petit tas de penseurs décident pour le reste, le "ventre mou"?
Car on peut aussi se demander comment un magistrat qui a grandi dans l'opulence peut légitimement condamner un petit gars de cité. Ou comment un policitien, qui ne connaît même pas le prix d'une baguette, peut dire sans sourciller qu'on s'en sort très bien avec 1500 euros par mois... Malheureusement, la méritocratie a ses limites et quand on vient d'un milieu social défavorisé il est bien difficile d'en sortir, quoi qu'on en dise ou pense.
Mais pour en revenir au roman, je l'ai trouvé très agréable à lire même si peu réaliste (mais est-ce un problème?) J'ai beaucoup aimé la toute toute fin.
Néanmoins, j'ai trouvé aussi qu'il y avait quelques longueurs et j'étais contente de le terminer.
Au cours d’une réunion d’anciens amis de lycée naît l’idée saugrenue de kidnapper un journaliste, défenseur de thèses économiques ultralibérales, pour lui apprendre ce que signifie « travailler ».
Le passage à l’acte constituera un véritable tournant pour tous les protagonistes de l’histoire.
J’avais adoré « Les vivants et les morts » du même auteur et ai été tentée par la quatrième de couverture quand j’ai croisé ce roman.
Même si, pour moi, cette oeuvre n’égale pas celle que j’ai lue il y a quelques années, je l’ai beaucoup aimée.
L’idée de départ m’a séduite. Confronter un penseur à la réalité de ses propres thèses, c’est toujours merveilleux.
A la lecture, c’est la colère des kidnappeurs qui m’a touchée. Ces hommes et ces femmes encore jeunes mais déjà si abîmés par la vie. Et malgré tout la renaissance de divers espoirs à laquelle on assiste au fil des pages.
Un très bon moment.
https://lucioleetfeufollet.com/2016/12/15/je-ne-suis-quune-illumination-entre-deux-tenebres/
Pierre Ramut sort de l’hôtel Westminster, au Touquet. Ce journaliste célèbre, auteur de "La France debout" est accosté par une admiratrice, « une jeune fille blonde, lunettes en plastique rouge, décolleté avantageux » qui lui fait dédicacer son livre puis l’emmène jusqu’à une voiture où débute une histoire extraordinaire.
La verve de Gérard Mordillat et la justesse de ses analyses à propos de notre société se révèlent une nouvelle fois très pertinentes et percutantes grâce aux retrouvailles de ces anciens camarades de lycée décidés à célébrer une victoire lors d’un tournoi scolaire de hand. Chacun a son histoire et, tout au long du livre, l’auteur nous emmène d’abord dans les pas de Kol qui vient d’être licencié. Il raconte ses batailles syndicales : « Il fallait obtenir des garanties, des primes, ces merdes ou ces hochets qui sont distribués à chaque fermeture d’entreprise. », et ses galères pour retrouver du travail.
L’Enfant-Loup, le second compère, est garagiste dans le Nord. Il ne se retrouve plus dans la vie actuelle : « La société n’était plus démocratique ni républicaine. Il n’y avait plus de vertu, que de la cupidité et du cynisme. »
Dylan est prof d’anglais. Il vit avec deux sœurs, Dorith et Muriel qui sont très délurées : « s’aimer c’est rire ensemble même quand il y a de quoi pleurer. » Arrive Zac Bergmann : « le juif rouquin qui jouait à l’arrière-centre, était devenu un gros poussah aux joues mal rasées, à la mine négligée, à la volubilité anxieuse. » Il est critique de cinéma. Puis voilà Rousseau, prof de droit du travail et Hurel, l’arrière-gauche. L’équipe serait au complet si Bob, le gardien était là mais Victoria le remplace…
Les conversations s’enchaînent et s’enflamment puis le plan se met en place pour s’occuper de l’éditorialiste de "Valeurs Françaises", Pierre Ramut : « Le faire travailler dans les conditions qu’il met en exergue dans son journal. Pas les brigades rouges mais "La Brigade du rire". »
Si tout se passe comme prévu, chacun se débat avec ses problèmes personnels et son histoire ce qui peut nous emmener jusqu’en Israël. Pour ne pas être reconnus plus tard, ils portent les masques des sept nains avec une combinaison de travail, des gants et des chaussures de sécurité.
Les discussions sont édifiantes car les réponses aux questions de Ramut sont les propres arguments qu’il développe à longueur d’articles. Lui qui veut supprimer les 35 h, passer à 40 ou 48 h, il va être obligé de travailler afin de perforer des pièces métalliques avec une perceuse à colonne. Il va faire les 3x8 et 600 pièces à l’heure pour gagner le Smic moins 20 % « afin de rivaliser avec les Chinois. » Un forfait nourriture, logement, eau, électricité sera déduit mais un bleu lavé et repassé lui sera fourni chaque semaine… Au bout de plusieurs semaines, L’Enfant-Loup pourra dire à Ramut : « On ne rabaisse personne en le faisant travailler… Vous travaillez et comme travailleur vous avez droit à notre respect. »
"La Brigade du rire" est un livre très vivant, souvent drôle avec des rebondissements et des discussions sur le cinéma qui posent « la seule question que Sautet posait quand on lui parlait d’un scénario, c’était : « Ça finit comment ? » Et bien, lisez Gérard Mordillat et vous ne serez pas déçus !
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
La belle équipe que voilà. Je ne sais pas si je les aurais suivi, sans doute trop modéré, même si selon Kol qui a sûrement raison, "se dire "modéré", c'est se trouver une bonne excuse pour ne rien faire." (p.363), mais j'aurais aimé les connaître. Ma seule angoisse dans ce bouquin fut de craindre qu'ils ne puissent aller au bout de leur action et qu'ils se fassent piquer, mais bien évidemment, je ne dirai rien là-dessus... Et de me prendre à rêver d'enfermer et d'obliger à travailler ceux qui ont de belles théories sur tout et ne connaissent rien de la vie à 1000 euros par mois, se permettent de critiquer les ouvriers et leurs avantages acquis sur lesquels ils ne veulent pas revenir pendant qu'eux-mêmes se payent des bagnoles ou des montres qui valent plus d'un an de salaire d'un smicard. Et de noter dans un coin de ma tête des noms de personnes à kidnapper et mettre face à la réalité, je crois même trouver des complices assez facilement. Ah, putain, ça fait du bien, au moins d'y penser...
Gérad Mordillat y va fort, il développe ses idées, ses convictions déjà superbement mises en mots dans Les vivants et les morts.
"Kol s'interrompit un instant au souvenir des saloperies de Ramut et de ses semblables éditorialistes, pseudo-philosophes, politologues, journalistes, experts en tout et n'importe quoi. Pour eux, l'affaire était entendue : la classe ouvrière n'était plus qu'une bande d'abrutis, incultes, illettrés, tout juste bons à lire les titres de journaux gratuits et à faire des mots-fléchés, hypnotisés par le foot à la télé. Mais surtout leur abrutissement, leur alcoolisme, leur dégénérescence en faisaient une armée de réserve pour l'extrême droite dont ils partageaient le machisme, le racisme, le nationalisme et l'antisémitisme." (p.363)
Et ça fait du bien car les romans mettent assez rarement en scène des personnages simples, des gens de "la France d'en bas" comme disait un politique il y a quelques années -une manière de snober (pour ne pas dire mépriser) cette France-là. La brigade du rire est attachante, tous ses membres avec leurs défauts, leurs vies parfois cabossées, leurs amour compliquées ou pas, leurs boulots quand ils en ont, le sont également individuellement. C'est cela qui est bien dans ce roman aussi, Gérard Mordillat s'intéresse à tous et à leurs proches, par exemple, Betty une ex-collègue et ex-amante de Kol, qui se promène dans ce roman sans croiser aucun des protagonistes mais qui est là jusqu'au final. Il construit son roman très habilement et ce qui pourrait paraître irréaliste est en fait crédible, ce n'est pas forcément une simple utopie (enfin utopie pour les kidnappeurs, parce que pour Ramut, c'est plutôt l'enfer).
C'est un très beau roman, qui donne envie de se révolter, de montrer à tous ceux qui théorisent que leur cynisme -ce qu'ils appellent pragmatisme- fait souffrir des hommes et des femmes. Mais ce roman est également drôle, bourré de références cinématographiques, littéraires, de blagues potaches. Il n'est absolument pas plombant, et c'est le sourire aux lèvres qu'on avale les 516 pages -il faut bien cela pour savoir comment tous évoluent. Comme quoi, la révolution -qui s'annonce- peut être joyeuse.
Quel livre ! Très contemporain. Mordillat avec talent, farce et force nous met en scène une histoire qui nous donne envie de la faire vivre à tous ceux et toutes celles qui ont des responsabilités importantes à tous ceux toutes celles qui considèrent que le SMiC est trop élevé quand eux peuvent, à la limite, dépenser l'équivalent en une journée.
Un bon moment de "lecture sociale et politique"
Je n'ai pas beaucoup ri avec cette brigade-là... Pourtant la manière dont Mordillat en avait fait le pitch lors d'une rencontre m'avait donné hâte de le lire.
Le kidnapping et la mise au travail de Pierre Ramut, un éditorialiste qui fustige les revendications ouvrières dans chacune de ses chroniques et qui prône des conditions de travail dictées par le libéralisme le plus intransigeant, auraient pu donner lieu à des situations assez drôles. Mais que nenni ! La narration et surtout les dialogues sont plombés par un didactisme explicatif tout-à-fait indigeste.
Où est la grâce de "Les vivants et les morts" ? Où est l'auto-dérision légère et comique de "Vive la sociale !" ? La façon dont l'auteur veut faire passer un message humaniste et politique est contre-productive ici, tant il insiste, tant le sérieux des protagonistes est soporifique.
De ma lecture, je ne garde le souvenir que de l'ennui dû à des tirades qui m'ont semblé interminables. Cette "Brigade du rire" m'a bien déçue !
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