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Les mémoires d'un veuf, le titre choisi dit assez l'intention autobiographique. Verlaine n'a pas attendu le remariage de Mathilde, qui eut lieu le 30 octobre 1886, dans le temps même, précisément, où paraissait l'ouvrage, pour se considérer, par un pathétique paradoxe qui n'en traduit pas moins une étrange fidélité, à soi, à l'autre, comme «veuf». «C'est moi le quitté», disait déjà la lettre du 4 octobre 1872 à Victor Hugo. Parti, en effet, mais non détaché. Détaché, il ne le sera jamais. Et il lui a suffi, pour se sentir rejeté, abandonné, «veuf», de n'être pas aussitôt pardonné et repris ; il a suffi, même, que sa supplication ne fût pas entendue. Le veuf, lui aussi, l'inconsolable, c'est cela qu'il se croit, qu'il se sent ou qu'il se veut. Un des beaux poèmes d'Amour : Un veuf parle, est daté de 1878. La litanie ne finira plus. Mais, veuf, ce n'est pas de Mathilde seulement qu'il l'est : c'est de tout ce qu'il a connu et aimé, et dont pas davantage, jusqu'à la fin, il l'est de Lucien Viotti, l'ami ou l'amant de sa jeunesse, il l'est de soi-même peut-être et de sa propre vie. Jacques Borel.
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