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Publié au lendemain de la guerre en cinq fascicules échelonnés de 1949 à 1951, le roman des Communistes appartient de droit au cycle du Monde réel. Aragon ne l'a jamais renié. Il entreprit, après quinze ans, de le ré-écrire en vue de son intégration à l'édition des oeuvres romanesques croisées. Réécrite au présent où celui des chansons de geste et des premiers romans, qui ravive les couleurs, mais qui est aussi le temps des rêves où, la version définitive en altère, comme on le dit en musique, les accords et la tonalité. C'est un autre roman. Conçue pour ainsi dire à chaud, la version originale se ressent du bruit et de la fureur des années de guerre et de l'après-guerre. Devenue introuvable, elle mérite de ne pas disparaître. C'est donc elle qu'on a choisi de rééditer.
Les premiers romans d'Aragon s'arrêtaient chaque fois au seuil de la fureur inhumaine. Ils furent écrits dans la hantise et le pressentiment d'une nouvelle guerre, que racontent les Communistes, non pas roman historique, mais à la fois le plus autobiographique et le plus politique du cycle : rescapé de Dunkerque, l'auteur s'y exerce à plein.
Le titre lui-même ne va pas sans nuances. C'est bien des communistes qu'il s'agit, et non du communisme, en blanc ou en noir, et il faut l'entendre, comme l'avait d'emblée précisé Aragon, au féminin : les Femmes communistes. Le livre relève de la conception fort ambitieuse qu'Aragon s'était faite du roman : on y touche, comme nulle part ailleurs, à la formation de la conscience dans l'homme dans ses rapports avec les autres, que pour simplifier on appelle la politique, ce mot grec, disait-il, qu'Orph'é n'avait pas su dire aux Ménades.
B.L.
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