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Échangée entre 1922 et 1931 par le frère de Marcel Proust, le docteur Robert Proust (1873-1935), et l'équipe de la N.R.F. - Jacques Rivière, Gaston Gallimard, Jean Paulhan -, la correspondance qu'on trouvera réunie ici éclaire un chapitre important mais méconnu de notre histoire littéraire : l'édition des posthumes d'À la recherche du temps perdu. Chapitre important, car les décisions prises au lendemain de la mort de Marcel Proust (sans qu'on sache aujourd'hui encore quel fut le rôle exact de tous les protagonistes) ont façonné la lecture de plusieurs générations et modelé la réception de la Recherche. Chapitre méconnu, car c'est sur un effacement silencieux, celui des traces, parfois stridentes, de l'inachèvement du roman à la mort de son auteur, qu'il s'est édifié. Pieusement, obstinément, mais aussi jalousement, Robert Proust va, dans une solitude croissante après la disparition prématurée de Jacques Rivière, assurer la restauration du legs manuscrit de son frère. Il écartera la dactylographie d'Albertine disparue, qui fracturait la continuité des derniers cahiers et compromettait la publication du Temps retrouvé. À sa figure ombrageuse, autoritaire, farouchement attachée à ce «frère bien-aimée» et qui domine cette correspondance, nous devons le profil sereinement classique, désormais entré «dans le Temps», d'À la recherche du temps perdu comme oeuvre achevée.
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